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EAN : 9782290074985
476 pages
J'ai lu (11/09/2013)
3.32/5   59 notes
Résumé :
« Planté devant le congélateur, Bernie actionna lentement la poignée chromée qui fermait le couvercle. Ce dernier s'ouvrit brusquement et, dans une volée de steaks et de filets ramollis, un vieillard trempé surgit, tel un diable à ressort archaïque, vêtu d'un chapeau en fourrure qui puait comme une bête écrasée sur la route. »
Le rabbin avait l'habitude de méditer au bord d'un certain étang, plongé dans une profonde transe mystique. Un jour de 1889, les eaux ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Je verrai assez bien Louis de Funès jouer le rôle du rabbin congelé s'il était encore de ce monde. Entre Rabbi Jacob et Hibernatus, ce road-movie peu banal d'un rabbin congelé de sa Pologne natal aux Usa et plus surprenant encore, son retour au monde des vivants en ce début XXIème siècle est assez hallucinant. Conte, fable, récit hassidique, roman, saga ce livre où l'humour perce en permanence dans un contexte assez mouvementé, cumule un peu tous les genres pour notre plus grand bonheur. L'absurde des situations souvent fort loufoques et le sérieux avec lequel elles sont décrites m'ont fait quelquefois penser aux romans de John Irving, un John Irving qui serait devenu juif. Quant au rabbin, qui parle comme Yoda ( "Tu vois, le rebe que j'étais ne s'est réveillé jamais de son rêve dans la glace, et un long cauchemar, c'était"), il est totalement farfelu, imprévisible et grand amateur des modernités de notre monde.
Il y a bien quelques longueurs mais dans l'ensemble ce livre est épatant !
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Gagné avec le concours Babelio/masse critique

Dans sa célèbre pièce «Peer Gynt», Henrik Ibsen concevait l'homme comme un oignon, différentes couches de caractères se superposant en pelures : sédimentation. Gravité d'une histoire capricieuse. Et, s'apercevoir chaque jour de nos difficultés à grandir, à nous élever, être adulte enfin, et trop souvent en constater l'impossibilité – combien d'entre-nous mourront vieillards adolescents ? –, peut faire surgir le désir de tout reprendre à rebours, remonter sa généalogie, et atteindre aux racines du mal.

Steve Stern choisi d'explorer ce jaillissement dans «Le rabbin congelé», joli roman métaphorique paru aux éditions Autrement.

Bernie Karp, jeune adolescent du Tennessee, mal dans sa peau, découvre un bloc de glace contenant un rabbin dans le congélateur familial du sous-sol. Et par n'importe quel rabbin ! le congelé est le « miraculeux » Rabbi Eliezer ben Zephyr (inventé de toute pièce, je préfère préciser), autrefois connu pour sa piété et ses dons mystiques. Un Saint de cet acabit ne peut bien sûr être atteint par des considérations aussi dérisoires que la glaciation, il reste donc vivant un siècle après sa congélation. Et le bloc de glace finit bien vite par fondre. Au devenir de ce Rabbin de 1899 égaré dans la ville d'Elvis au XXIè siècle, va s'ajouter la question du bloc de glace, ses pérégrinations du shteïtl jusqu'à Memphis.

Le coup de maître de Steve Stern est de faire du destin d'un bloc de glace la métonymie de celui des Juifs sur un siècle. Des pogroms d'Europe de l'Est à l'émigration vers New-York, en passant par la Palestine mandataire, toute une ronde de personnages, une chaîne de vivants, portée par un style qui rappellera Isaac Bashevis Singer. Tendre, âpre, cocasse, Stern se permet des références appuyées à la mythologie yiddish et aux classiques de sa littérature, Yentl en tête. En outre, ces passages nous offrent trois rencontres amoureuses qui réjouiront les amateurs de romance et font espérer que la déchéance et la souffrance ne fassent jamais obstacles à l'affection.

Le roman tourne vite au délire dès lors qu'est abordée l'adaptation – fort rapide – de Rabbi Eliezer Zephyr à son nouvel environnement : avide d'émissions de téléréalité et changement en homme d'affaires. Steve Stern porte là une charge extrêmement violente contre l'usage qui est parfois fait de la mystique juive par certains rabbins, mercantilisme et manipulation, ainsi que l'attrait qu'elle peut exercer sur nos contemporains. Apparaît aussi en creux une féroce critique de nos sociétés matérialistes qui, non contentes de happer une idée et de la transformer en bien de consommation immédiate, recherchent le bonheur comme un produit qu'on achèterait.

Mais «Le rabbin congelé» est aussi l'histoire d'une maturation. de malhabile et insignifiant au début du roman, Bernie Karp se révèle à lui-même. La découverte d'une langue, le yiddish, puis celle de ses racines, le judaïsme, sont les premiers jalons à l'appropriation de son existence et à son inscription dans la chaîne des générations. Plus que métonymie du peuple juif, le bloc de glace devient métonymie de sa famille ; et s'il libère un rabbin en fondant, il fixe enfin un jeune homme. À ce titre, plus qu'un successeur des romanciers yiddish, Steve Stern se pose comme le brillant auteur d'un Bildungsroman, le classique roman d'apprentissage.

Le lecteur qui mettra l'accent sur ce point précis découvrira en seconde lecture un tout autre texte, dont l'étrangeté du style diverge nettement des passages racontant le cheminement du bloc de glace. Les 540 pages seront lues sans effort, ce petit pavé tenant aussi bien du page turner que du roman américain alternatif porté par Jim Dodge dont le «Stone Junction», plus fluide encore, est sans doute une inspiration à ce «rabbin congelé».
Il conviendra surtout que le point final du roman n'empêche pas la persistance d'une troublante vibration : la conscience d'avoir grandi un peu ?

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Pologne, 1889. En plein hiver, le rabbin Eliezer ben Zephyr meurt en tombant dans une mare gelée. Un siècle plus tard, à Memphis, Bernie Karp, ado américain décérébré, retrouve le rabbin dans le congélateur familial. Lorsqu'une coupure de courant survient pendant l'absence de ses parents, Bernie voit le vieil homme dégeler et se réveiller bien vivant...

A lire le résumé, on se dit qu'il y a du Hibernatus dans ce rabbin congelé. Un Hibernatus juif dont la dépouille, préservée telle une relique sacrée, s'est transmise de génération en génération, de Lodz à New York et de New York à Memphis. Steve Stern remonte le fil de l'épopée du rabbin à travers le 20ème siècle. L'histoire de sa famille « protectrice » est picaresque à souhait. Alternant les bonds dans le passé et les événements du présent vécus par Bernie, le récit met en lumière à la fois la quête d'intégration d'expatriés juifs et les errements d'un gamin grassouillet n'ayant aucune connaissance de l'histoire de sa communauté. En fin connaisseur de la culture et des traditions juives, Steve Stern tisse d'esprit ironique et d'humour yiddish les péripéties de cette fresque polyphonique savoureuse.

Au final, ce Rabbin congelé habilement construit, même s'il souffre parfois de quelques longueurs, permet aux lecteurs français de découvrir un auteur dont le talent et la verve n'ont à l'évidence rien à envier à l'excellent Jérôme Charyn.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Frozen Rabbi
Bernie est un jeune ado abruti de télévision, après la lecture d'un passage de Portnoy et son complexe il descend à la cave pour rechercher fébrilement une tranche de foie dans le congélateur au fond duquel il trouvera à la place un rabbin prit dans un bloc de glace. Quelques jours plus tard un orage provoque une coupure d'électricité, et le retour à la vie de cet encombrant "héritage" familial. Deux trames narratives en découlent, d'un côté on assiste à l'éveil à la spiritualité de Bernie et aux bouleversements que cela entraînent dans sa vie quotidienne, de l'autre on peut lire le récit de la transmission de cet héritage de génération en génération, depuis un petit village de la Pologne de la fin du XIXème jusqu'à son arrivée dans la communauté juive de Memphis, en passant par le New York du début du XXème et les troubles en Palestine avant la création de l'Etat d'Israël. Ce retour sur cette période de l'histoire juive est pleine d'humour, la relation des pires atrocités étant toujours ponctuée d'éclats de rire. L'évocation des traditions, du folklore yiddish et les références à la Kabbale est à la fois passionnante et hilarante. La
généalogie familiale l'est tout autant, les ancêtres de Bernie déroulent leur histoire sous nos yeux, un même geste se répète ce sont tous des ratés qui une fois en charge du rabbin congelé s'auréolent d'une certaine noblesse et parvienne à une maturation rapide et une débrouillardise étonnante. le plus emblématique étant celui de cette jeune fille qui va avoir la lourde charge de faire la traversée depuis la Pologne jusqu'à New York, elle va se travestir en homme, se créant le personnage de Max, clin d'oeil évidant à Singer, allant jusqu'à oublier sa nature de femme.
C'est ce passage à New York qui est le plus envoûtant d'après moi. Une lecture vraiment divertissante, une écriture qui pétille d'intelligence et d'irrévérence, la fin est peut-être un peu too much, mais ne gâche pas l'ensemble.
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Merci tout d'abord à Babelio et aux éditions Autrement pour ce livre (j'ai particulièrement apprécié le petit mot écrit à la main dans l'enveloppe, merci infiniment !)

Bon alors du plus et du moins. On commence par le moins ?

- Au début on arrive à peu près à suivre mais on s'y perd sur la fin.
- C'est quoi cette queue de poisson qui sert d'épilogue ?
- J'aime pas trop de stéréotypes. Au bout d'un moment l'accumulation ça va.
- Les prêtres et autres autorités religieuses qui virent de bord pour le dévoiement, j'ai jamais pu supporter quelle que soit la religion de représentant susnommé. J'ai fini vite le livre pour ne plus y être confrontée plus que pour arriver au dénouement final.
- Franchement y'a des trucs j'ai pas compris. Des évolutions de personnages, des phrases, des petites choses qui ne perturbent pas l'intrigue plus que ça mais qui posent des questions qui n'ont pas lieu d'être.

Et pour le plus :

- L'originalité : un hibernatus miraculeux et miraculé, juif et rabbin de surcroît, voilà qui permet de l'épicé ! Et concrètement, la promesse est tenue.
- C'est une super idée de retracer l'histoire du rabbin pendant sa congélation et au dégel !
- Une super peinture de la société, de la vague d'immigration des pays européens vers l'Amérique, de la culture juive.
- Un régal ces expressions en yiddish traduites dans le lexique en fin d'ouvrage ! (en version audio, entre les différents accents ce livre doit être un véritable bijou)
- L'humour et l'ironie, yabon !


Au final, contente de l'avoir lu mais je suis pas particulièrement fan.
Ca se lit bien, vite, étrange et inqualifiable, mais de là à dire que l'auteur est considéré outre-Atlantique comme "l'héritier d'Isaac Bashevis Singer", cf la quatrième de couverture, faut pas déconner quand même.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Bernie perdit immédiatement la tête. Son cerveau n'eut pas le temps d'intervenir et de lui rappeler qu'il ne s'intéressait pas du tout à la nudité de la fille... Quand Lou le toucha à la racine même -première caresse intime dont il bénéficiait de la part d'un autre-, il se mit au garde-à-vous avec une telle rigidité qu'il se crut sur le point de faire sauter le bouchon de son membre en pétillant comme une chandelle romaine....mais au moment même où il s'apprêtait à pénétrer dans la chair d'une fille vivante, se sentant plus présent que jamais au plan matériel, son âme déborda et le propulsa hors de son corps. En regardant en contrebas depuis la stratosphère avec des milliers d'yeux, Bernie aperçut l'effondrement de son désir, avant de capituler devant l'éternité, il entendit la fille lui dire :
-Essaie au moins de me rapporter quelque chose, si tu ne peux pas m'emmener !
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Ce roman est très ambitieux puisqu'il constitue une sorte de fresque de l'histoire des juifs depuis les pogroms en Europe de l'est à la fin du XIXème siècle jusqu'à l'immigration aux Etats unis en passant par le peuplement de la terre promise dans les années 20 et 40. Il alterne deux intrigues qui sont liées : celle qui concerne Bernie, adolescent empoté des années 2000 et celle de ses ascendants. Beaucoup d'histoires s'entremêlent donc dans un foisonnement très riche mais cependant maîtrisé. L'écriture est très belle, pleine d'humour et d'ironie aussi.
D'où vient alors le sentiment de lassitude qui a commencé à m'étreindre à la moitié du livre ? Peut-être est-ce à cause de certaines longueurs (et il y en a sur plus de 400 pages en édition de poche), peut-être parce que ce roman embrasse plusieurs genres (comme le roman d'éducation, le roman d'aventure, la parabole, une satire de la société américaine...) et qu'il n'en explore finalement aucun jusqu'au bout laissant une impression d'inachevé. Peut-être aussi parce que le livre, pour moi, souffre d'un excès dans les situations.
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Planté devant le congélateur, Bernie actionna lentement la poignée chromée qui fermait le couvercle. Ce dernier s'ouvrit brusquement et, dans une volée de steacks et de filets ramollis, un vieillard trempé surgit, tel un diable à ressort archaïque, vêtu d'un chapeau en fourrure qui puait comme une bête écrasée sur la route.
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Mais avant de voir les lieutenants de Naf Bon Joueur entrer comme chez eux dans la glacière pour faire pression sur mon père, je croyais que la pègre n'existait que dans les films. La rencontre avec des caïds juifs me remonta le moral.
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- C'est ça qui est important? de shtuper (baiser)? demande Bernie au rabbin.
- Quoi d'autre? répondit-il jovialement. Le sexe, c'est la prière du pauvre. Bien sûr, il peut aussi manger, boire et apprécier une évacuation intestinale pleine d'entrain, mais shtuper! Ah, shtuper! Je shtupe presque toutes les nuits, presque le lundi, presque le mardi...
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