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EAN : 9782072942242
59 pages
Gallimard (14/01/2021)
4.15/5   137 notes
Résumé :
« Plongés dans ce continent mental de la Pandémie, qui entrave la critique et qui tue le réveil des aspirations démocratiques, nos esprits sont comme occupés. »
La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Barbara Stiegler décrypte la situation covidique actuelle. Elle propose une grille de lecture très différente de celle des prescripteurs médiatiques. Son analyse : les néolibéraux français, autour de M.Macron, essaient d'utiliser la crise du covid pour avancer leur projet de transformation de la société française. Livre indispensable pour comprendre les mécanismes mis en oeuvre pour justifier la confiscation de nos libertés sous couvert de le faire pour notre bien et poursuivre ainsi une politique destructrice de la société héritée de la seconde guerre mondiale. de plus, c'est bien écrit et court, ce qui ne gâche rien.
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« Covid-19 is not a pandemic » affirme le rédacteur en chef de la revue scientifique The Lancet, mais une « syndémie », « une maladie causée par les inégalités sociales et par la crise écologique entendue au sens large ». Nous ne pourrons donc que tenter de « bloquer la circulation » du virus, si nous continuons à traiter celui-ci comme un événement biologique, sans changer de modèle économique, social et politique, et les accidents sanitaires se multiplieront. Les pouvoirs publics, en effet, ignorent délibérément les causes environnementales et nous préparent à nous adapter à un monde nouveau dans lequel nous serons régulièrement masqués, confinés et survaccinés jusqu'à la fin des temps. Ils ont choisi la répression des citoyens plutôt que leur éducation et de nombreux experts ont cautionné « l'édification d'un monde binaire opposant les “populistes“, accusés de nier le virus, et les “progressistes“, soucieux “quoi qu'il en coûte“ de la vie et de la santé ».
(...)
Brillante analyse à chaud de ce qui est en train de nous arriver. Barbara Stiegler jette un pavé dans le silence, brise l'omerta imposée sous peine d'être immédiatement accusé de complotisme, pour déployer une juste et saine critique.

Article complet sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Que voulez-vous que je vous dise ?

Il est vital, salutaire, indispensable, incontournable d'aller dans sa libraire de quartier le plus proche et d'acheter ce Tract de Barbara Stiegler et de son collectif qui s'appelle : de la démocratie en pandémie.
Après cela vous retrouverez peut-être votre esprit critique, votre intelligence et votre coeur et vous déposerais, comme une bonne Bene Gesserit votre peur dans votre dos. Que vous soyez Jeune ou vieux ou entre deux âges, que vous soyez il, elle ou iel, en couple, en polyamour ou en solo, il faut lire ce tract !

Voilà juste un long extrait qui n'est pas un résumé, mais juste pour vous donnez envie de dépenser 3euro90. Et vous retrouverez en vous une marque indemne (non marqué par la damnation, qui échappe à l'enfer), et autour de cette marque collectivement nous évacuerons le mal du néant macroniste et néolibérale et nous recréerons un monde d'avenir inattendu.

le voila
« Ignorante et aveugle, la démocratie devait avouer son inexpérience et s'en remettre aux sachants, c'est-à-dire ici aux dirigeants : «Instruire la démocratie, [...] substituer peu à peu la science des affaires à son inexpérience, la connaissance de ses vrais intérêts à ses aveugles instincts; [...] tel est le premier
des devoirs imposé de nos jours à ceux qui dirigent la société.
Pendant toute la crise, les dirigeants ont ainsi affiché leur prétention au savoir. Migrant brutalement des prétendues « lois de l'économie » vers celles des épidémies, leur «savoir» a repris un mode de fabrication déjà éprouvé dans le domaine de « l'expertise » économique. Il s'est fabriqué au jour le jour en hybridant quelques données médicales parcellaires (courbes et recommandations) et de nouvelles techniques de gouvernement, nées de la rencontre entre les neurosciences et l'économie comportementale: celles de la théorie du nudge ou du « coup de pouce », méthode de gouvernement par l'incitation douce montant en puissance depuis les années 2000. C'est cette vision de l'action publique qui a été chargée par l'Élysée, en toute discrétion, de gouverner la crise à travers la création de deux Nudge Units, l'une déjà mise en place dès mars 2018 au sein de la « Direction interministérielle de la transformation publique », l'autre créée dans l'urgence
17 mars pour imposer la décision inouïe, inimaginable quelques jours plus tôt pour les dirigeants eux-mêmes, d'un confinement de toute la population. C'est elle, notamment, qui a conçu « l'attestation dérogatoire de déplacement ». Elle l'a fait en suivant des principes anthropologiques douteux qui n'ont jamais été discutés dans l'espace public et qui méritent, pour cette raison même, qu'on s'y arrête.
L'histoire de cette anthropologie plonge ses racines dans un « nouveau libéralisme » autoritaire qui remonte aux années 1930 et qui opère une rupture majeure avec le libéralisme classique. Car si les anciens libéraux déniaient déjà toute rationalité au démos, ils croyaient en revanche dur comme fer à celle de l'individu égoïste. C'est sur ce postulat en effet, celui d'un homo economicus calculant au mieux ses bénéfices et ses risques, qu'ils édifièrent leur croyance en la nécessité de laisser faire les interactions spontanées de société civile et du marché et de limiter en conséquence le pouvoir du gouvernement. Or à partir
des années 1930, les libéraux eux-mêmes furent obligés de constater, avec la Grande Dépression, les dégâts économiques produits par leur propre fiction. S'inspirant de la psychologie évolutionniste, ils en déduisirent une anthropologie nouvelle, marquant une rupture complète avec l'optimisme d'Adam Smith : celle d'une espèce humaine inadaptée, affectée de mauvais penchants et toujours en retard sur les événements. Contre les anciens libéraux, ils défendirent dès lors le retour d'un État fort, chargé de fabriquer le consentement des populations à une échelle industrielle en vue de les conduire, de préférence en douceur et avec leur accord, dans la bonne direction, conception qui triompha lors du colloque Lippmann de 1938, marquant la date de naissance officielle du néolibéralisme.
A la lumière de ce rappel, on réalise que l'économie comportementale n'invente rien de vraiment nouveau. Dans leur célèbre ouvrage de 2008 sur le nudge, Richard Thaler et Cass Sunstein se contentent de moderniser cette conception à la fois douce et autoritaire de l'action publique qui remonte en réalité aux années 1930. En lui ajoutant un vernis pseudo-scientifique inspiré des neurosciences, ils défendent exactement le même postulat : celui d'une espèce humaine lestée de « biais cognitifs » et incapables de choix rationnels. Mais ce faisant, ils offriront à l'entêtement du pouvoir dans le même programme une sorte de caution scientifique. Car pour ces nouveaux économistes en effet, c'est toujours la déficience épistémique des populations, et jamais celle des pouvoirs dominants, qui est censée expliquer le basculement dans un monde de crises permanentes. Plutôt que de s'interroger sur l'organisation économique et sociale qui à chaque fois conduit à ces crises, l'économie doit se faire « comportemental », c'est-à-dire qu'elle doit viser la transformation des comportements individuels, présentés comme seuls responsables de la situation. Ce faisant, ces nouvelles « sciences » de l'action publique ont conforté, hors de tout débat public, l'inversion des responsabilités que, dans la panique, le gouvernement essayait d'imposer aux citoyens.
La peur s'est alliée ici à un faux savoir, profondément enraciné dans les plus hautes sphères du pouvoir.
Au même moment, toute critique des manipulations du savoir par le pouvoir allait être immédiatement accusée de « complotisme », au mépris des cris d'alarme des plus grandes revues scientifiques elles-mêmes sur les grossières manipulations scientifiques présentées, en Pandémie, comme désormais légitimes. Ces mécanismes insidieux contribuèrent à installer, dans la conversation scientifique, une véritable chape de plomb et cette atmosphère d'« étrange défaite», condamnant à se taire beaucoup de ceux qui pourtant savaient et qui préférèrent se confiner en attendant des jours meilleurs.
Dans les médias, on laissa aux provocateurs habituels, ultra-réactionnaires ou libertaires, le soin de défendre les libertés de l'individu contre la « dictature sanitaire », histoire de dire qu'on était encore en démocratie. Mais l'essentiel était sauf : entre personnes civiques et éduquées échangeant dans l'espace public, la conversation politique sur la crise sanitaire était désormais suspendue.
Dans ces nouvelles techniques de gouvernement recourant au nudging, les suggestions les plus efficaces furent celles, infra-conscientes, qui permettaient de fabriquer à l'avance le consentement, rebaptisé en contexte sanitaire « l'acceptabilité sociale » des consignes. Au lieu de recueillir la volonté générale des citoyens, et au lieu de contribuer à sa formation en intensifiant le débat public, le pouvoir s'appliqua, avec l'aide de l'industrie médiatique, à fabriquer une vaste « manufacture du consentement ».

Lien : https://tsuvadra.blog/2021/0..
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Voici une critique acerbe de la gestion de la crise du covid 19.
Brève, efficace, Barbara Stiegler revient d'abord sur le terme de pandémie. Comme le Lancet, elle le considère comme inadapté préférant celui de syndémie puisque le covid n'est une vraie menace que pour une partie de la population, celles fragilisées par un ensemble de pathologies chroniques : diabètes, maladies cardio-vasculaires…
Par contre, elle admet parfaitement que nous vivions en Pandémie c'est-à-dire un espace géographique, un continent qui serait géré autour de cette problématique. Et elle confronte cette gestion aux principes démocratiques mis à mal depuis, disons… un an et demi.
Pour résumer, très brièvement, des médias qui relaient à l'envi le nouveau jargon : gestes barrières, cluster , je vous épargne d'autres exemples… qui servent bien la politique de consentement mise en place par nos gouvernants, à savoir conditionner les modes de pensée afin de mettre en place une architecture pré-établies de nos « choix », qui évidemment n'en sont pas.
Un essai salutaire, un appel à la réaction des intellectuels…
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Ce texte est une bonne bouffée d'air frais dans ce climat totalement délétère où il n'est plus possible d'émettre une critique sans être mis au pilori.

Qu'on se le dise, la crise sanitaire n'autorise pas tout. On ne peut empêcher l'expression de la divergence et exiger le silence. On ne peut demander à l'opposition de se taire, aux citoyens de la boucler et à toute la société de se mettre en ordre pour suivre telle une armée écervelée un chef inefficace et empêtré dans un ego surdimensionné.

La crise sanitaire n'autorise pas la confiscation de la Démocratie qui n'a plus d'intérêt si elle s'efface en période de "crise". La Démocratie est faite, justement, pour assurer la Liberté de tous en période de "fragilité". Elle s'institue pour faire vivre l'intelligence collective qui foisonne d'idées. Elle est là pour assurer leur libre expression dans un espace public et politique apaisé où le seul conflit autorisé est celui des Mots qui s'opposent et s'effritent. La Démocratie organise le conflit d'idées en évitant le chaos. Elle n'exige pas la fin des divergences. C'est tout cela que rappelle, à juste titre, entre autres, et fort intelligemment, Barbara Stiegler.

Et que ça fait du bien de la lire. Son texte libère l'esprit, respire l'intelligence quand tout autour de nous nous en prive. Il faut lire ce texte et tous ceux qui apportent une contradiction à cet exécutif qui abîme la République démocratique en prétextant le Covid. Il faut lire pour s'armer intellectuellement contre ces biens pensants qui dirigent nos vies en exigeant de nous un abandon total. Il faut lire pour se révolter et ne jamais céder.

Elle l'écrit : "En s'y mettent à plusieurs, ici et maintenant, en ouvrant en grand nos institutions à tous les citoyens qui, comme nous, sont convaincus que le savoir ne se capitalise pas, mais qu'il s'élabore ensemble et dans la confrontation conflictuelle des points de vue, nous pourrions peut être contribuer à faire de cette "pandémie", mais aussi de la santé et de l'avenir de la vie, non pas ce qui suspend, mais ce qui appelle la démocratie".
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critiques presse (1)
LesInrocks
16 février 2021
Dans un texte incisif, Barbara Stiegler déconstruit avec brio un “nouveau continent mental” : la Pandémie.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Jusqu’au 6 mars 2020, Emmanuel Macron lui aussi a nié la réalité du problème. Ce jour-là, mettant en scène une sortie au théâtre avec son épouse, il a insisté sur la nécessité de « ne rien changer à nos habitudes de vie ». Moins d’une semaine plus tard, il décidera pourtant de fermer toutes les écoles (12 mars), puis tous les cafés et restaurants (14 mars) et finalement tout le pays (17 mars). Comment comprendre un revirement aussi spectaculaire ? L’erreur ici serait de chercher un plan ou une stratégie.
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De sorte qu'on peut se demander si ce virus ne réalisait pas finalement le rêve ultime des néolibéraux : chacun , confiné seul chez soi devant son écran, participant à la numérisation intégrale de la santé et de l'éducation, tandis que toute forme de vie sociale et d'agora démocratique était décrétée vecteur de contamination. S'il avait commencé par mettre à bas le discours néolibéral sur la mondialisation, le virus semblait lui permettre, avec le virage numérique, de retomber sur ses pieds.
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C'est à ce moment-là que triompha dans les têtes la "distanciation sociale".Certains se demandèrent s'il n'y avait pas là une sorte de lapsus du gouvernement. Désignant les distances physiques de sécurité, l'expression du "social distancing" reprise à l'anglais des épidémiologistes, trahissait peut-être ici un projet politique inavouable : celui d'une dissolution des mouvements sociaux qui, depuis deux ans, avaient bloqué le gouvernement dans ses réformes. Qu'il se soit agit d'un lapsus ou d'un choix délibéré l'expression se répandit comme une traînée de poudre et elle fonctionna comme un nudge efficace, décourageant toute forme de reprise de la vie sociale, en particulier chez ceux qui se devaient d'afficher un comportement "responsable".
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Ce que le virus, au fond, met à nu, c’est la contradiction entre les effets délétères sur notre santé de ce qu’on appelle à tort le « développement économique » et le sous-développement actuel de presque tous nos
systèmes sanitaires, y compris ceux des pays les plus riches de la planète.
Mais ce qu’il révèle aussi, c’est le modèle de développement aberrant dans
lequel nos sociétés se sont enferrées en privilégiant, contre tout le reste, un arsenal biotechnologique extrêmement coûteux.
À l’hôpital, la pression à « l’innovation » s’est progressivement imposée au détriment des soins de base, pourtant indispensables à la santé, mais toujours plus méprisés par les gestionnaires.
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le pouvoir opérait lui-même le tri entre les bonnes activités (aller au travail, prendre les transports en commun, faire ses achats, voter le 15 mars pour les municipales, manifester le 18 octobre contre l'horreur islamiste) et les mauvaises, suspectes de « contamination » (aller à l'université, manifester dans la rue pour des causes non validées par le pouvoir, se rassembler en famille ou entre amis, se marier, enterrer ses morts…). En dehors de tout contrôle démocratique, le pouvoir politique devenait – pour une durée indéfinie – l'instaurateur du grand partage entre « l'essentiel » et « l'inessentiel ».
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Videos de Barbara Stiegler (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Barbara Stiegler
Spécialiste du rapport entre la politique et la biologie, Barbara Stiegler s'est intéressée aux origines du néolibéralisme, portées notamment par une injonction à l'adaptation, issue du lexique biologique de l'évolution. Dans cet entretien par Olivier Berruyer pour Élucid, elle revient sur ce qui caractérise notre régime politique, et en tire les conséquences pour la « démocratie » : dans un monde néolibéral, le pouvoir (la souveraineté) ne peut pas appartenir au peuple. En ce sens, l'ère d'Emmanuel Macron se présente comme une forme archétypale de ce régime à bout de souffle et fortement contesté.
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