Elles

Et toujours elle se donnait, mais il voulait encore, encore toujours
plus.
Un jour où ils se reposaient après l’amour, l’un contre l’autre, en
sueurs, après avoir de nouveau visité les jardins d’Éden, il la regarda
et lui demanda de se donner à lui totalement. Perle lui répondit être
allée déjà si loin qu’elle ne voyait pas comment encore se donner
plus. Il lui demanda une photo chaque jour d’elle, de son sexe, de ses
seins, de sa bouche, de son corps… Elle accepta.
Elle fit des photos de son corps nu et les lui envoya. Il répondit :
« Pas mal…Tu peux faire mieux… » Elle lui envoya des photos de
ses fesses, il apprécia mais voulut voir son sexe de près. Elle lui en
envoya. Chaque jour une nouvelle demande, elle donnait tout d’elle.
Encore et toujours elle se donnait.
Perle sentait toujours de plus en plus fort des signaux de danger au
fond de son esprit mais elle ne pouvait pas les écouter… Acquise à
son amant, elle ne pensait qu’à le satisfaire, elle cherchait à lui faire
plaisir, elle n’était plus une femme mais son objet de plaisirs… Elle
donnait et donnait encore, ouverte et nue, jusqu’à l’impudeur.

Puis elle remarqua une lumière diffuse au fond du lac, douce et
claire. Curieuse malgré son appréhension, Jaspe plongea plus
profondément, se dirigeant vers celle-ci. Plus elle avançait, plus la
lumière était forte, l’attirant comme un aimant. La jeune femme se
demanda s’il fallait reculer, mais elle sentit un courant l’emporter
vers cette lumière, elle ne pouvait plus résister… Elle descendit en
suivant les flux sous-marins qui l’emportaient inexorablement, tandis
que ses poumons commençaient à manquer d’air.
Jaspe parvint en flottant dans les eaux jusqu’à une tour de pierre
blanche, étrange et belle, posée sur le fond du lac. La lueur issue de
ses fenêtres en ogive brillait comme un halo autour de celle-ci, dans
un rayon d’une centaine de mètres, formant un genre de cloche dorée,
dans laquelle pénétra Jaspe. A bout de souffle elle ouvrit la bouche,
paniquée et croyant se noyer, elle avala… de l’air ! Abasourdie, elle
constata que cette zone de lumière était faite d’une eau étrange
qu’elle pouvait respirer. Jaspe se déplaça vers une porte tout près
qu’elle franchit toujours en nageant.