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EAN : 9782370732576
220 pages
Allary Editions (07/02/2019)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Préfacé par Emmanuel Carrère, écrit dans une langue magnifique, un roman de guerre qui ne ressemble à aucun autre et un portrait saisissant de l'inconscient en temps de guerre."Pendant une guerre, on rêve de guerre, et Emil Szittya a cherché à savoir sous quelle forme la guerre s'insinuait dans le sommeil des gens. Il a noté ce qu'on lui racontait aussi fidèlement que possible, en comptant sur l'éloquence de la transcription brute. Le résultat est saisissant, à la f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Emil Szittya, quel drôle d'énergumène! Né en Hongrie en 1886, il parcourt l'Europe à pied, mendie, dort où il peut, rencontre Chagall, Soutine et Cendrars avec qui il partage le goût de la mythification: on n'en saura pas plus sur ses véritables origines mais il se plaît à dire qu'il aurait pour ancêtre un tueur en série.
Ceux qui l'ont connu ou étudié sont d'accord pour dire que c'était un excentrique doué qui semblait avoir mille idées à la minute et beaucoup de projets.
L'un d'eux est cette collection de rêves mendiés au cours de la deuxième guerre mondiale auprès des gens qu'il rencontrait: veuves, soldats allemands, intellectuels, marchands, ouvriers, jeunes filles, enfants, artistes, vieillards, déportés, immigrés...
Ces 82 rêves collectés sont répertoriés dans ce livre dans lequel chaque personne rencontrée est d'abord présentée dans son contexte.
Les rêves sont là, bruts, sans explication et surtout sans aucune tentative d'analyse. L'objectif: comment la guerre influence-t-elle les rêves des gens?
Ce qui en ressort, outre de parfois belles images complètement surréalistes, c'est pêle-mêle cette terreur des soldats allemands présentés sous forme de nuages noirs, de chiens-loups ou d'hommes sans pitié, mais c'est aussi la faim, très souvent. Ici, on rêve de pain, même rassis, de pommes, d'une belle table mise comme avant la guerre, de pâtes, d'un peu de confiture.
On rêve en couleur, des soleils, des étoiles brillent au creux des mains, mais le ciel est sombre, brumeux.
Certains rêves sont simplement insolites, d'autres sont terriblement émouvants et montrent une détresse extrême.
Publié dans l'indifférence dans les années , il mérite amplement de l'être à nouveau aujourd'hui, en partie grâce à Emmanuel Carrère. L'entendre en parler sur France Inter il y a quelques semaines, avec passion, m'a donnée envie de découvrir ce livre intriguant, donc je remercie l'opération masse Critique et Allary Editions de m'avoir permis de le faire.
C'est un bel objet, avec une peinture de l'auteur sur la couverture en prime, qui était aussi un peintre expressionniste. Ca se lit facilement, et c'est un magnifique témoignage d'une sale période.
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J'ai choisi ce livre lors de la dernière opération masse critique après avoir entendu une passionnante interview d'Emmanuel Carrère à son sujet sur France Inter, et c'est d'ailleurs Emmanuel Carrère qui le préface.
Les éditions Allary, que je remercie pour leur envoi, ont eu l'excellente idée de rééditer ce livre paru en 1963.
Emil Szittya y livre le récit de 82 rêves faits pendant la guerre.
Il s'agit d'une oeuvre originale et d'un témoignage assez étonnant sur la période de la seconde guerre mondiale et de l'occupation.
L'auteur livre les témoignages qu'il a recueillis de manière brute, sans tenter d'interpréter les rêves, avec simplement quelques mots de présentation de la personne lui ayant raconté son rêve.
Et le plus étonnant, c'est que cela suffit pour reconstituer l'atmosphère de l'époque et pour créer un objet littéraire assez inclassable mais très réussi. La quatrième de couverture parle d'un portrait saisissant de l'inconscient en temps de guerre, et c'est très juste. On est plongés au coeur de la guerre et de l'intimité de ceux qui l'ont vécue.
Les rêves sont plus ou moins clairs, mais cela ne m'a pas dérangée. J'étais plus dans la sensation que dans la compréhension. Je trouve d'ailleurs que les rêves les plus clairs et les plus marquants étaient souvent les plus courts. J'ai ainsi été touchée par le rêve d'un philosophe et par la mort de son mari ; par les rêves d'enfants aussi.
Une mention particulière aussi pour la superbe couverture du livre, illustrée par un tableau de l'auteur lui-même, où l'on reconnaît son lien avec Chagall et Soutine.
Encore une belle découverte grâce à Babelio !
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Un livre sur les rêves...voilà qui sort de l'ordinaire, avec d'autant plus d'étrangeté que jamais aucun des 82 songes relatés n'introduit un début d'explication ou d'interprétation.
Assez frustrant pour les générations postfreudiennes que nous sommes!

Emil Szittya est un écrivain avant-gardiste hongrois, côtoyant les mouvements dadaïstes et anarchistes dans les premières décennies du 20e siècle. Il vécut la seconde guerre mondiale en France en s'engageant dans la Résistance à Limoges. La période de l'occupation l'a fait s'intéresser au vécu de la population, occupants comme occupés. Cette collecte de récits nocturnes constitue une oeuvre littéraire en soi, par des chapitres courts, insolites et bien souvent abscons. Ce qui est l'essence même des rêves !

J'ai pioché de-ci de-là au hasard des pages, avec une belle incompréhension, mais avec l'amusement induit de lire un ovni d'écriture qu'il faut prendre tel qu'il s'offre.

En conclusion, j'ai trouvé très amusant d'être interpellée dans la préface par Emmanuel Carrère, toujours parfait:
« Il n'empêche qu'en racontant un rêve, dans la vie ou dans un livre, on est à peu près sûr d'exposer son public à un ennui massif ».
Voilà qui me parle bien... ;-D
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
De sept heures du matin à midi, la France entière, faisait la queue devant l'épicerie, la boucherie, la boulangerie, tous les endroits où l'on espérait acheter quelque chose à manger. Les femmes amenaient leur tricot, leur chaise, leurs enfants qui jouaient en les attendant. Les enfants criaient.Ils avaient faim, mais on ne leur donnait rien devant les autres pour ne pas susciter de jalousies. On haïssait les porteurs de carte de priorité. C'étaient les mères de familles nombreuses, les femmes enceintes et les vieillards. On les injuriait de la manière la plus ignoble.
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"C'était pendant l'appel. Vous savez ce que c'est. trois heures debout, presque nue, par n'importe quel temps, sous la pluie, la neige, le soleil, le gel. Ce matin d'hiver de l'année 1943, je savais que je ne tiendrais pas jusqu'au bout. J'étais à bout de forces. Debout, je suis arrivée malgré tout à somnoler.
Tout à coup je vis mon père proche de moi à le toucher. Il m'appela: "Ma fille! Ma fille! Tiens, prends cela, ça te fera du bien". Et il me mit quelque chose dans la bouche, comme de la confiture.
Je me réveillai en sursaut, et je m'entendis crier: "Papa! Papa!" J'étais toujours debout. L'appel continuait. Je ne savais plus si j'avais rêvé ou non, mais j'essuyai mes lèvres avec gourmandise. Je me sentais réchauffée, réconfortée."
Elle s'arrêta un instant, puis continua:
"Je suis persuadée que ce rêve m'a permis de survivre jusqu'à la libération du camp".
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Comme toutes les villes de garnison, Valence avait autrefois une ruelle réservée aux soldats où ils pouvaient oublier pendant quelques heures la dureté de leur vie.
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Il y avait dans cette boucherie une ouvrière au visage fatigué. Elle semblait avoir quarante ans, mais peut-on jamais savoir exactement l'âge d’une ouvrière ? Elles vieillissent trop vite.
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Comme tous les coiffeurs, il prétendait savoir tout ce qui se passait dans le monde. Dans les petites villes, la vie politique se concentre dans les salons de coiffure.
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