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Histoire d'Adam(s) tome 3 sur 3
EAN : 9782365697453
304 pages
Editions Les Escales (08/02/2024)
4.56/5   35 notes
Résumé :
La guerre d'Algérie à travers le regard d'un jeune avocat contraint de défendre l'" ennemi ".

Algérie. Mars 1962. Malgré le cessez-le-feu décrété par De Gaulle, les affrontements entre tenants de l'Algérie française et indépendantistes du FLN se poursuivent. La panique est générale ; la suspicion, omniprésente.
Adam El Hachemi Aït Amar, jeune avocat, rêve de mettre ses compétences au service de l'Algérie libre, mais lorsqu'on lui confie la déf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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De Ruines et de gloire est le troisième volet d'une fresque historique racontant le destin d'une famille kabyle algérienne de 1939 à 1962. Ce qu'il y a de formidable avec ce pur conteur qu'est Akli Tadjer, c'est qu'alors que je n'avais pas lu les deux tomes précédents, j'ai eu l'impression d'avoir tout compris du vécu des deux personnages principaux, le père et le fils, tant l'auteur distille toutes les informations nécessaires, sans lourdauds rappels, pour s'attacher à ses personnages dès les premières pages.

Après deux volets consacrés au père, ancien soldat indigène durant la Deuxième guerre mondiale, place au fils en 1962. Adam El Hachemi Aït Amar est avocat au barreau d'Alger. Il attend avec impatience sa première grosse affaire. Mais ce n'est pas celle qu'il avait imaginé. Il va devoir défendre une fervente partisane de l'Algérie française.

Le contexte historique des derniers feux de la guerre d'Algérie est remarquablement reconstitué. Nous sommes en mars 1962, quelques jours après les Accords d'Evian qui proclame un cessez-le-feu. Cette période d'immédiate pré-indépendance est finalement méconnue et j'ai été saisie par le chaos décrit, à savoir aucun cessez-le-feu mais une guerre sans merci entre l'OAS et le FLN entre attentats, exécutions sommaires et assassinats ciblés, des haines qui se recuisent à l'excès, avec une population ( quel que soit son bord ) prise en otage et un exode des Pieds-noirs qui démarrent.

Le 26 mars, une fusillade a éclaté rue d'Isly à Alger. Les troupes françaises ont tiré sur des civils désarmés lors d'une manifestation pro-OAS. Bilan une quarantaine de morts, près de 200 blessés. le fait déclencheur n'a jamais été totalement éclaircie, mais la version la plus plausible mentionne, comme fait déclencheur de la répression, des tirs partis d'un immeuble en surplomb visant les soldats. Akli Tadjer donne un visage à ce tireur initialement anonyme : Emilienne Postorino, celle qu'Adam doit défendre.

Deux personnages de 24 ans, du même pays mais qui ne voient pas l'avenir de la même façon ; un idéaliste qui rêve de mettre son talent au service de l'indépendance de l'Algérie et une jeune femme en colère qui ne veut pas perdre le pays qu'elle aime, quitte à prendre les armes. L'antagonisme peut sembler artificiellement caricatural mais l'auteur le traite avec un doigté subtil qui évite tout manichéisme en faisant évoluer le dilemme cas de conscience d'Adam tout comme la posture radicale d'Emilienne, et ce sans jamais verser non plus dans l'écueil inverse, à savoir un trop plein d'angélisme béat qui ne serait que bonnes intentions.

Akli Tadjer a le romanesque généreux. A cette intrigue principale nouée autour de la relation entre l'avocat et sa cliente, il ajoute un arc narratif autour du père et de ses agissements mystérieux à el-Kseur. Dans le dernier quart, j'ai trouvé qu'il en faisait un peu trop avec deux événements excessivement rocambolesque qui détonnent avec le reste. Mais la période est tellement extra-ordinaire qu'on se dit que tout est possible, au final, même le plus invraisemblable.

J'aime énormément les romans qui font découvrir la grande Histoire à travers les trajectoires intimes de héros somme toute ordinaires. Et là, on est dans le très bon avec en prime un regard humaniste dont on a particulièrement besoin par les temps qui courent. Les événements racontés sont sombres, et pourtant on sent à quel point Akli Tadjer veut faire vivre la flamme de l'espoir et de la résilience. Certes, cette flamme vacille mais elle ne s'éteint jamais dans ce beau roman qui permet de faire comprendre avec clarté et sans rancoeur les enjeux humains qui ont été au coeur du colonialisme, de la guerre d'Algérie et donc qui sont au coeur de la déconstruction coloniale. Poignant.
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Une petite journée, et j'ai déjà terminé ce troisième volet de la trilogie de Akli Tadjer sur le destin de cette famille Kabyle. Et, c'est mon préféré des trois, ce qui s'appelle finir en beauté.

Dans ce tome, le personnage principal est le fils Adam aussi, devenu avocat depuis peu. On est en mars 1962, juste après la signature des accords d'Évian. Les deux Adams vivent maintenant à Alger. Adam fils rêve de mettre son métier au service d'une Algérie libre et indépendante. Las, il se verra confier le dossier d'une militante de l'OAS, emprisonnée après avoir tiré sur des soldats lors d'une manifestation..

Comme dans les livres précédents, l'auteur nous conte la petite histoire de qulques personnages, en s'appuyant sur la grande, L'Histoire avec un grand H. Celle-ci est abordée par petites touches au cours du récit, pas de grandes descriptions des évènements, mais juste les impacts sur la vie de tous les jours de ces hommes et ces femmes du climat très spécial qui régnait en Algérie pendant ces quelques mois. Car, contrairement aux deux premiers tomes qui balayaient plusieurs années, l'action là est concentrée sur les quelques mois qui ont séparé la signature des accord d'Évian, mars 1962, et le référendum sur l'indépendance en Juillet de cette même année. Et c'est une des raisons qui m'a fait préférer ce tome. L'auteur y rentre plus dans les détails des personnages et de l'atmosphère très spéciale qui régnait en Algérie à cette époque.

Ce sont les derniers mois de l'Algérie française, ponctués par des manifestations, des attentats, même si le cessez-le-feu a été proclamé, la guérilla continue entre partisans de l'OAS et ceux du FLN, et la vie ne tient parfois qu'à un fil. Il suffit de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

Dans cette atmosphère de chaos, Adam père repart au mépris du danger dans le village de son enfance, lieu d'escarmouches, sans avouer à son fils le but de sa quête, tandis que Adam fils essaie de concilier sa foi en l'avenir de son pays et son amour de l'Algérie indépendante, libérée du colonialisme, avec la défense de cette femme, raciste, prête à tout pour que l'Algérie reste française. L'auteur nous peint de façon très subtile l'évolution d'Adam, de ses rapports avec sa cliente. La situation qui pourrait sembler caricaturale est traitée avec beaucoup de nuances, beaucoup de finesse par l'auteur.

En parallèle, par de petites touches, grâce aux personnages que rencontre Adam, on voit les forces en présence, le racisme ordinaire envers les arabes de la part des soldats et de certains colons, le désespoir aussi de ceux qui vont devoir quitter leur pays, pour la métropole où souvent ils ne seront pas bien accueillis.

J'ai encore plus apprécié ce tome par son intérêt historique, sur cette période de quelques mois, précédant l'indépendance, et aussi par le cadre plus « exotique », Alger la belle :
« Alger était belle comme toujours. Comment se peut-il qu'une aussi jolie ville avec un ciel si pur et des flots si bleus puisse charrier autant de malheur, de larmes, de souffrance ? »

Le fait de resserrer le récit sur quelques mois donne aussi plus d'intensité à celui-ci. et enfin, j'ai à nouveau apprécié tout le talent de conteur de l'auteur et son humanisme.
Dans un contexte assez sombre, l'espoir en l'homme est toujours présent.

Merci à NetGalley et aux éditions Les Escales pour ce partage #Deruinesetdegloire #NetGalleyFrance.
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J'ai choisi ce livre d'une part parce qu'il parle de la guerre d'Algérie, c'est-à-dire d'une page d'Histoire dont, en Belgique, on n'est guère familier (moi en tout cas), et que, quand il s'agit d'apprendre en lisant (ou l'inverse), je suis souvent volontaire. D'autre part, parce que la quatrième de couverture résume la trame en annonçant qu'un avocat algérien, partisan d'une Algérie libre, va se trouver contraint de défendre une jeune activiste pro-Algérie française. Et quand il s'agit de plaidoiries, d'argumentation, de raisonnement juridique, de justice et/ou de conscience morale, je salive d'avance. Sur ce point, j'ai été légèrement déçue, parce que je m'attendais à autre chose, mais le roman a d'autres atouts qui contrebalancent ce bémol.

Or donc, nous sommes à Alger en mars 1962. Les accords d'Evian viennent d'être signés, le cessez-le-feu décrété en Algérie. Mais sur place, le chaos est total : affrontements violents entre indépendantistes du FLN et partisans de l'Algérie française, attentats, assassinats, contrôles policiers et suspicion généralisés. Adam, jeune avocat de 24 ans, rêve de contribuer à la construction d'une Algérie libre. Mais, à son corps et à sa morale défendants, il se voit confier la défense d'Emilienne, jeune femme militant pour une Algérie française.

Contrairement à ce que je pensais au départ, ce roman n'est pas un « roman de procès » (comme il y a des films de procès) où l'essentiel se déroulerait dans un tribunal. Au contraire, on est plongé dans le quotidien d'une guerre terrible où chacun risque la mort à n'importe quel coin de rue, et dans la tête d'Adam, en plein dilemme entre deux lois : celle du Code pénal et celle de sa conscience. On revient aussi sur l'histoire de sa famille (et je n'avais pas compris que ce roman était le dernier d'une trilogie, mais cela ne gêne pas la compréhension), avec une sorte de retour aux sources.

Je n'ai donc pas eu droit à des plaidoiries brillantes, mais j'en ai beaucoup appris sur cet épisode de l'histoire franco-algérienne, sur le mépris des colons envers les Algériens, leur désarroi quand ils doivent fuir « leur » pays pour rentrer en France où ils se sentiront étrangers, les humiliations et les tortures subies par les Algériens, la haine et les souffrances atroces de part et d'autre.

A ce contexte historique très bien rendu, l'auteur mêle amour (ceux de et pour une femme, un père, une mère), idéalisme et humanisme. Grâce à son indéniable talent de conteur et à son sens du romanesque, il rend ce livre instructif et captivant de bout en bout.

En partenariat avec les Editions Les Escales via Netgalley.
#Deruinesetdegloire #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Algérie, mars 1962. Adam El Hachemi Aït Amar, avocat, 24 ans, le narrateur et son père, 47 ans, tous deux kabyles, décident, après le cessez-le feu en Algérie, instauré suite au traité d'Evian le 19 mars 1962, de quitter Paris où Adam était venu faire ses études,
Ils arrivent dans un pays déchiré par les attentats, les assassinats, la violence, perpétrés par l'OAS et le FLN, la fuite des colons français. Adam se retrouve à devoir défendre Emilienne Postorino, fervente partisane de l'Algérie française, en complète contradiction avec ses valeurs. Son père, quant à lui, part dans le village où il est né, où il a aimé Zina, la mère d'Adam, disparue dans un incendie alors qu'Adam avait 9 ans et qu'il n'a jamais oubliée.
Ce roman foisonnant, puissant, tire toute sa force émotionnelle de personnages broyés par L Histoire, qui se débattent pour rester debout, tiraillés entre plusieurs fidélités, dans une vie où rien n'est tout à fait blanc ou tout à fait noir. le personnage d'Adam incarne le dilemme de l'avocat qui défend une accusée dont il rejette viscéralement les idées et les actions; l'accusée, de son côté, doit accepter d'être représentée par un Arabe dont elle méprise le peuple, qu'elle combat en étant membre de l'OAS.
L'amour, au milieu de l'extrême violence, est très présent : celui d'un fils pour son père mais aussi celui d'un homme qui n'a jamais oublié son amour de jeunesse, la mère de son fils à laquelle il a été arraché par la 2ème guerre mondiale, envoyé combattre pour la France, pour défendre un pays qui n'était pas le sien.
L'arrière-plan historique, très bien documenté, est très prégnant, c'est un personnage à part entière; c'est lui qui oriente le destin des personnages. L'auteur a inscrit son intrigue dans une des périodes les plus sombres de l'histoire algérienne, avant l'Indépendance, au moment où les tensions, les haines sont à leur apogée. Il nous fait ressentir le mépris des colons français sans être manichéen, sans faire de généralisation, déclenche en nous la nausée lorsqu'il évoque la torture; il manifeste de l'empathie et de la sympathie pour les Algériens qui ont combattu pour la liberté tout en condamnant la violence aveugle.
Un très beau roman dont la fin nous réserve une surprise de taille, une leçon d'histoire vu par le prisme d'un jeune homme idéaliste, pétri d'humanité. Je regrette de n'avoir pas su, avant d'entamer ma lecture, que "De ruines et de gloire" est le dernier opus d'une trilogie.
#Deruinesetdegloire #NetGalleyFrance
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Après D'Amour et de Guerre puis D'Audace et de Liberté voici donc le troisième opus de cette trilogie de ruines et de gloire signé Akli Tadger aux éditions Les escales.
Pour ne rien vous cacher j'étais impatiente de lire cette suite et, tellement les personnages des deux premiers tomes m'avaient littéralement séduites !
Qu'allait il advenir d'Adam et d'Amezyane, cet enfant, en provenance d'Alger, débarqué à Paris, ce fils qui ressemble tant à sa mère Zina, le grand amour d'Adam.

De ruines et de gloire s'ouvre sur un Alger meurtri, au lendemain de cet évènement tragique qui a eut lieu lors de la manifestation du 26 mars 1962, une fusillade déterminante pour la suite des évènements. Adam est là avec son père, un père semble-il malheureux, nostalgique de Paris. Mais Adam lui qui s'est toujours senti étranger là-bas voulait rentrer au pays. Car là une volonté farouche de défendre la liberté des citoyens l'anime.
Après des études brillantes de droit, il est devenu avocat. Aujourd'hui travaillant au cabinet de maître Reverdy, Adam attend l'affaire, l'affaire importante; Son affaire.
Ainsi commence l'histoire, une histoire certes romanesque mais qui s'inscrit dans la grande histoire qui fut celle de l'indépendance de l'Algérie.

Sous le charme complet de la plume d'Akli Tadjer, j'ai apprécié la subtilité avec laquelle il parvient dans ce roman très sensible à décrire l'engagement, la bêtise humaine, l'amour.

N'attendez pas plus longtemps, courrez chez votre libraire et plongez dans cette histoire émouvante à souhait !

Merci Akli Tadjer !

je vous propose la lecture d'un extrait de ce roman sur ma chaine youtube : https://www.youtube.com/watch?v=B5¤££¤23D Amezyane28¤££¤
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critiques presse (1)
LeFigaro
15 mars 2024
L’auteur franco-algérien restitue l’ambiance douce-amère des derniers mois de la guerre d’indépendance et des premiers jours de l’Algérie souveraine.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Alger était belle comme toujours. Comment se peut-il qu'une aussi jolie ville avec un ciel si pur et des flots si bleus puisse charrier autant de malheur, de larmes, de souffrance ?
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- Vous avez déjà vu un Français ? Un vrai Français, j'entends ?
Hormis aux actualités télévisées et dans les films où les acteurs causent avec l'accent pointu, il n'en a jamais vu, ni de près ni de loin.
- Qu'est-ce qu'ils ont de plus que moi ces Francaouis ? s'agace-t-il.
- Qu'est-ce que vous avez de moins qu'eux plutôt ? Vous allez apprendre à vos dépens ce qu'être étranger dans son pays. C'est la leçon que j'ai retenue de mes années d'études à Paris.
- Vous et moi, ça n'a rien à voir. Ce n'est pas pour vous vexer, mais personne n'aime les musulmans. De toute façon, je serai champion du monde et ils m'aimeront comme ils ont aimé Marcel Cerdan. Lui aussi, c'était un gars d'ici, il était natif de Sidi Bel Abbes.
- Et si vous n'êtes pas champion ?
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Monsieur préfère mourir plutôt que de laisser aux bicots tout ce que les siens ont bâti dans ce pays depuis cinq générations. Il préfère mourir une deuxième fois plutôt que d'être commandé un jour par des Arabes tout juste bons à garder leurs troupeaux de moutons. Enfin, il préfère mourir une troisième fois plutôt que de tout quitter pour vivre en métropole où, d'après le commissaire Maigret, l'hiver peut faire geler le canal Saint-Martin.
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Mais les déracinés me touchent parce que je sais ce que c'est d'être toujours l'étranger dans le regard de l'autre. Émilienne Postorino est de cette race-là. Elle va subir l'exil dans un pays qu'elle ne connaît pas, qu'elle n'aime pas et dont elle ne veut pas entendre parler.
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J'ai mis longtemps à comprendre que la culture, plus que son armée, est l'honneur de la France. Nos morts ne sont plus que des noms gravés sur des monuments tandis que la poésie survit et survivra toujours.
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Vidéo de Akli Tadjer

Rencontre avec Akli Tadjer au Furet de Lille - 19/01/2012
Akli TADJER « La meilleure façon de s'aimer » Ed. Jean-Claude Lattès L'auteur parisien revient vers son public, après Le Porteur de cartable, avec La meilleure façon de s'aimer. Akli Tadjer mélange encore une fois l'humour et la tendresse pour nous servir une histoire poignante, celle de Fatima et de Saïd, son fils, jeune parisien vif et malicieux, qui n'ont jamais su se dire « Je t'aime ».
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