Si on aime la pêche -- à la truite ou au bar --, les grands espaces -- ici dans le Maine --, la mer et que l'on apprécie qu'une intrigue policière bien ficelée vienne s'inscrire dans le décor poétiquement décrit par
William G. Tapply, il faut sans hésiter embarquer pour
Casco Bay et suivre Calhoun et son chien Ralph.
L'auteur installe tranquillement son intrigue en prenant le temps d'explorer les coeurs et les âmes de ses nombreux personnages, qu'il s'agisse du héros principal, Calhoun, autant que de tous ceux qui vont apporter leur pierre à l'édifice romanesque.
C'est ainsi qu'il insère une belle histoire d'amour, des drames familiaux suite aux viols commis sur les filles, des désirs de vengeances, des recherches historiques et même l'appât du gain dans toute sa vanité. Les évoquer en détail serait raconter l'histoire et lui enlever le suspense qui, comme trop souvent, se dénoue un peu trop vite à mon goût.
Calhoun est sensible aux aurores et aux crépuscules, l'auteur ne se prive donc pas de les décrire, en incluant les arbres, les ciels étoilés ou noir d'encre, les couleurs automnales de la nature, les mouvements de la mer et des poissons. Tout cela se glisse naturellement au fil des investigations de Calhoun, de ses analyses du "déjà vu" ou "déjà vécu", qu'il s'agisse de la coupe du bois, du montage des mouches, deux activités libératrices de l'esprit tout en étant propices à la réflexion.
Les dialogues portent la marque d'un écrivain qui sait gérer les situations et inspirer à ses personnages des répliques savoureuses, percutantes, rudes ou tendres suivant les situations.
William G. Tapply évoque aussi le mal, à travers l'enquête policière, la justice et l'injustice, ainsi que le malheur qui atteint hommes et femmes dans cette histoire contée sans misérabilisme mais avec un réalisme compatissant qui ne peut que saisir le lecteur.
Cette aventure à
Casco Bay fait partie, à mon goût, des trops rares romans policiers développant autant de qualités.