Saul
Karoo, l'anti-héros américain par excellence, arrivé à la cinquantaine, s'aperçoit qu'il n'a réussi que dans son métier - et encore- mais que par ailleurs, dans sa vie, tout n'est qu' un ratage complet. Divorce, fils adoptif tenu à distance, alcoolisme sans ivresse possible, santé déclinante, solitude, accumulation de névroses. Une prise de conscience s'impose à lui après un dernier travail de réécriture réductrice d'un auteur qu'il admire. Mais même en voulant bien faire, comme en réunissant son fils et sa vraie mère, par exemple, il ne commet que des erreurs et tombe de plus en plus bas. Jusqu'où mènera-t-il sa vie? Dans la dernière partie ce n'est plus lui le narrateur.
Rien ne me conduisait à aimer un tel personnage qui semble tout d'abord n'avoir que des défauts mais je n'ai eu que de la compassion pour lui. Sa lucidité, son humour cynique envers lui-même, ses maladies, ses tares, ses tocs, tout ce qu'il ne peut contrôler , tout ce qui lui échappe de plus en plus et dont il est très conscient, tout cela me l'a finalement rendu presque attendrissant et en tout cas pleine d'admiration pour le style vraiment éblouissant de l'auteur.
J'ai aimé la précision des détails, les références à la tragédie grecque et à ses héros mythiques, la description des États-Unis de ces dernières années, l'humour noir, les épisodes drôles et dérisoires, difficilement oubliables. L'auteur se permet tout, au plus près des réalités quotidiennes. C'est audacieux, désespéré, maîtrisé et surréaliste à la fois. On a parlé de chef d'oeuvre - avec raison.
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