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sur 1526 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alors je continue de lire tranquillement et le moment arrive où je tombe pour de bon sur le cul. Il n'y a pas d'autres mots. Tomber sur le cul, c'est se sentir obligé de refermer le bouquin pour quelques heures, afin de laisser l'émotion passer, s'apaiser.
Je ne dis pas l'histoire racontée dans Karoo, pas de résumé ou quoi que ce soit dans le genre et je ne suis pas critique littéraire, Dieu m'en garde, et je suppose que je ne sais rien faire d'autre que de m'exclamer et (essayer) de partager, exclamer le curieux bonheur de lire certains livres, partager (essayer) mon enthousiasme.
Karoo, de Paul Tesich, c'est horrible, beau et magnifique. Splendide et atroce.
Je le conseille à mort.
C'est un livre qui divertit (c'est la moindre des choses pour un roman) ; plus inédit : c'est un livre qui fait beaucoup, beaucoup réfléchir. Beaucoup beaucoup.
Après KAROO, un seul livre s'impose. C'est ULYSSE, d'Homère. Comprenne qui pourra, comprendront ceux des lecteurs de cette appréciation qui auront eu l'envie de lire ce deuxième (et dernier) roman de Steve Tesich.
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J'ai rarement lu pareil tourne-page... Les 600p. de "Karoo" m'ont paru trop brèves! Une histoire très originale, un anti-héros, loser né qui recherche la rédemption et échoue, un portrait décapant d'Hollywood, des personnages crédibles et émouvants une fin peut-être longuette et qui rappelle celle du "Zéro et l'infini", de Koestler... Sublime!
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« La première chose qu'Oedipe, roi de Thèbes, fit lorsqu'il vit enfin clairement les choses fut de se crever les yeux. »

Karoo est script doctor, il "arrange" les scénarios dans l'industrie cinématographique américaine, et s'il est plutôt très bon dans son domaine professionnel, c'est un être humain minable. Il est veule, tordu, mou, menteur pathologique, il se laisse aller dans tous les sens du terme. Un jour, il tombera sur le film qui remettra en perspective sa vie entière...
La 4° de couv nous attire en évoquant Roth, Easton Ellis, Richard Russo et Saul Bellow, et si ce n'est pas entièrement faux, c'est en tous les cas réducteur, tant Steve Tesich a un ton et un univers absolument unique. Sa plume m'a captivée totalement, elle est d'une acuité, d'une précision et d'un tranchant parfaitement sidérants.
Ce roman comporte nombre de moments très forts, la façon dont Karoo nous explique sa mise à distance permanente, la manière dont on croit avoir compris avant lui ce qui se passe - alors qu'il sait, évidemment, et qu'il essaie de toutes ses forces de ne pas donner de réalité à ce qu'il sait ne pas pouvoir supporter, le drame qui arrive, le moment où il observe sa mère âgée, la dernière page et sa sentence inexorable (et que je crois fausse, ouf)...
Mais si j'ai lu ces 607 pages avec une grande attention et un appétit de plus en plus vorace - tout en ne m'attachant jamais au personnage -, ce sont les pages 192, 193 et 194 qui ont tout fait basculer : Karoo y raconte un film, et c'est tout simplement merveilleux. Alors qu'il avait jusqu'alors passé son temps à nous montrer quel connard pathétique il était, il nous fait, en trois pages, comprendre sa profondeur, sa sensibilité et quel homme digne il pourrait être.
Avec des mots très simples, avec humilité même, il produit "le billet parfait" (s'il s'agissait d'un billet de blog) - celui qui nous donne l'impression de voir exactement ce dont il veut parler, super envie de voir le film - et surtout il nous montre ce qui le touche infiniment dedans, en élevant son regard et son propos, en dégageant un sens universel d'une situation concrète et qui n'est ni la nôtre, ni la sienne.
Et c'est justement ce film, ce chef-d'oeuvre, qu'il est chargé de "réparer"; il déteste le type qui l'en charge, il adore le film en l'état, il va pourtant tout changer, et c'est l'histoire de sa vie. de mauvais choix en silences impardonnables, il continuera vaille que vaille à assurer le show, doutant en permanence qu'il y ait quoi que ce soit de vrai au fond de ses entrailles puantes (qui finiront elles aussi par le trahir, Karoo ou l'homme faux de A à Z...).
Karoo est un tordu. Mais Steve Tesich était un Grand. (Editions Monsieur Toussaint Louverture, 2012, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne Wicke), 607 pages à lire absolument.
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KAROO de STEVE TESICH , écrivain serbe naturalisé américain, une très belle surprise parmi mes dernières lectures! KAROO, c'est le narrateur, égoïste, menteur, veule, il a toutes ces qualités qu'il entretient dans l'alcool. Ce qui fait son « charme », c'est son absolue lucidité, il n'a aucune illusion sur sa personne sauf qu'il croit à la rédemption!! Jusqu'à ce qu'il rencontre Leila, et là c'est une autre histoire qui commence, Je n'en dirai pas plus. C'est un fabuleux roman, vous ne verrez plus la création artistique avec les mêmes yeux, dommage que son auteur soit mort si jeune dans la cinquantaine.
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Peut-on s'émanciper du vide ?
On a tous lu un jour le roman d'un pauvre type, antipathique et en marge de tout, qui va essayer de se relever pour devenir responsable. On finit par s'attacher au type car la moralité l'emporte sur le méprisable. On ferme le livre, on est content cinq minutes, et on passe à autre chose. Et un jour on vous met Karoo entre vos mains.
Saul Karoo est ce qu'on pourrait qualifier de "pauvre type", avec des mots plus ou moins grossiers. En instance de divorce, refusant à son fils unique le soutien paternel, alcoolique, désabusé, méprisant, fieffé menteur... Saul Karoo vit confortablement dans son grand appartement de New York. Script doctor, il transforme des scénarios de films pour les rendre rentables, conformes au consumérisme ambiant à une époque où l'argent prend le pas sur l'art. Il se place dans une telle démesure qu'il n'est même plus capable de ressentir l'ivresse quand il ingurgite verres sur verres.
Pourtant, tout au fond du trou moral qu'il a lui-même creusé, Karoo va être hameçonné par le désir d'une vie meilleure, dans laquelle il est un bon père, un amant fidèle, un fils aimant, un homme respectable.
C'est grâce à un énième scénario à modifier qu'il va se mettre en quête de l'homme qu'il aurait pu être. Courant après le passé, essayant de recoller les morceaux, il conserve néanmoins ses armes favorites principalement aiguisées par le mensonge. Saura-t-il s'émanciper d'une vie tombée dans le néant ?
Karoo, c'est le roman du vide qui fait tout pour exister. C'est une course contre la démesure, la recherche du perdu. Mais sort-on indemne de ce raid solitaire dans l'abîme ?
La réponse est au bout des 600 pages que vous ne lacherez pas.
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Saul Karoo est un « réparateur » de scénario doué et très bien payé. Doté d'une solide culture, hautement diplômé, il traîne à la cinquantaine un cynisme, une paresse, une lâcheté à toute épreuve. Séparé de sa femme, Dianah, père d'un enfant adopté tout jeune, Billy, il retrouve, par hasard, vingt ans après, la mère de Billy dans un petit rôle d'un film qu'il doit « réparer ».
Il élabore un plan diabolique qui ne se réalisera pas.
La vie, les états d'âme, les épreuves de Saul Karoo sont racontés avec grande maîtrise par ST tout en retours en arrière et en changements de pied. C'est plein d'humour, d'humanité et de compassion pour un salaud en lequel chacun peut, à des degrés divers, se reconnaître. Un chef d'oeuvre.

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Ouvrage publié après le décès de son auteur, Karoo est un roman marquant, sorte de tragédie moderne dont la tension monte petit à petit au fil des pages, mettant en scène un anti-héros inoubliable. Une histoire magistrale, et une critique de la société américaine et de sa cupidité.
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D'habitude je suis assez vite repoussée par les livres dont le personnage principal est un sale type - soyons honnêtes, ce sont toujours des types -, et surtout pas lorsque l'auteur met en scène leur saloperies avec une certaine complaisance, comme c'est le cas dans Karoo. À vrai dire, d'habitude je ne les ouvre même pas, l'histoire de la littérature regorge de ce genre d'anti-héros. Il y a bien sûr le style, d'une limpidité aride, qui m'a entraînée. Mais ça ne suffit pas à me berner. Je crois que ce qui m'a plu, ici, c'est que Saul, le pourri en question, très conscient d'être pourri jusqu'à l'os, n'est pas présenté en anti-héros. Il est bien le héros, mais pas du roman. Il est le parfait héros d'un système pourri. Et ce système pourri est ici le milieu du cinéma commercial américain, et par extension le milieu du business du divertissement américain et par extension la classe blanche bourgeoise du capitalisme spectaculaire. Voilà. Ce roman traite du mensonge, à la fois les tous petits et le très grand. Une approche assez similaire à celle de Thomas Bernhard, à mon avis.
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En plus d'être un objet toujours aussi beau et agréable à lire, ce livre est un pavé digeste en compagnie d'un loser magnifique aux réparties à mourir de rire. Autant dire qu'il est le mariage parfait d'un Grands Animaux MTL.

En rencontrant Saul Karoo, consultant en réécriture de scénarii pour Hollywood totalement désabusé (il faut dire à sa décharge que notre énergumène ne ressent plus l'ivresse quelle que soit la quantité d'alcool absorbée - Enfer et damnation !), légitimement désabusé donc par le cinéma, le travail, l'amour, je ne m'attendais pas à vivre une telle épopée romantique avec lui.
J'ai complètement adoré ce texte brillamment écrit, drôle et cynique. Les quelques longueurs (qu'on s'attend de toute façon à trouver) ne gâchent rien et sont l'occasion de s'immerger toujours plus profondément dans l'esprit tordu de ce héros mythomane et hypocrite.
Ce roman aborde également la question plus sérieuse de la place que chacun doit trouver dans le monde. Avec plus ou moins de réussite, de hasard, de choix, de destin.

Bref, j'en ressors totalement conquise avec déjà en tête la question de savoir quel sera le prochain Grand Animal à me faire craquer !


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J'ai complètement raté mon rendez-vous avec Karoo, un roman d'humour noir que je n'ai pas trouvé drôle du tout, ou à la rigueur pendant le premier quart du livre. J'ai d'ailleurs mis un temps fou à le finir, ce qui est toujours un signe avec moi! Un livre passionnant, je le dévore jusqu'à 3 heures du matin, un livre qui me tombe des mains, il me faut trois semaines pour le finir!
De quoi ça parle? Et bien, d'un homme très satisfait de lui-même, qui fait son malheur, mais après tout c'est son droit, et celui des autres, le tout en se trouvant toujours des justifications. Ce sont ces justifications qui sont drôles pendant quelques pages, puis insupportables par la suite.
J'ai mal choisi ma case humour dans ce défi lecture, et je crois que je l'aurai abandonné sans le dit défi!
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