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3,75

sur 2994 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ma dernière lecture de Sylvain Tesson, et sans doute la première, était "Dans les forêts de Sibérie". Si j'avais aprécié le récit d'aventure et d'introspection, je m'étais lassée des références incessantes à l'alcool. Il m'en reste néanmoins de très belles images.
Aujourd'hui, à l'occasion d'un club de lecteurs dédié aux voyages, j'ai redécouvert Tesson avec "Sur les chemins noirs", à savoir les chemins qui ne figurent que sur les cartes IGN à 25000ème, ceux où presque plus personne ne passe, hormis les animaux et quelques loups solitaires qui cherchent à s'éloigner des agglomérations, petites ou grandes.
Après un grave accident, dû en partie à l'alcool, Sylvain Tesson passe de longs mois à l'hôpital où il échaffaude cette expédition à travers la France. Remis sur pieds, il décide donc de partir du Mercantour, à la frontière avec l'Italie, pour rejoindre, à pieds, la pointe du Cotentin.
Ce magnifique voyage est l'occasion d'un rapprochement avec la nature et de réflexions très passionnantes sur le monde tel qu'il va aujourd'hui. L'auteur questionne également la ruralité, que les hommes politiques tentent de propulser de force dans le tourbillon vain de la modernité et des réseaux sociaux, à coup de rapport sur l'aménagement des campagnes françaises.
Au gré des rencontres avec quelques rares villageois et paysans, l'auteur interroge cette course à l'accumulation et la vanité de nos existences toutes tournées vers nos écrans et centres commerciaux.
J'ai adoré cheminer avec l'auteur, dans ce pays des chemins noirs et dans ces réflexions pertinentes, et un peu extérieures, sur le monde dans lequel nous vivons. J'ai beaucoup aimé le regard qu'il porte sur ses contemporains, sans jamais aucun jugement (à part pour quelques politiques).
Et pour finir, je soulignerais la qualité de l'écriture et de la langue : cela faisait longtemps que je n'avais pas eu cette impression d'un texte travaillé et de grande qualité. Et ça aussi c'est agréable.
A bientôt très certainement pour un autre billet de lecture sur un livre de M.Tesson.
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Très court roman écrit sur le voyage que Sylvain Tesson a entrepris à pieds dans la France de "l'ultra ruralité" où même la 3G peine à se frayer un chemin. Une idée qui peut sembler étrange pour un bourgeois parisien qui a passé davantage de temps dans les avions pour explorer des contrées sauvages orientales surtout. Et pourtant,... Cette décision fut mûrement réfléchie lors de sa convalescence à l'hôpital après une chute de 8 mètres - la faute à une soirée trop arrosée pour oublier un deuil.

Ce n'est pas un roman que j'aurais pensé à lire spontanément, et pourtant, le génial booktubeur, le Hussard littéraire en a parlé en termes tellement élogieux que cela a piqué ma curiosité. Et quelle jolie pépite !
Ce roman n'est pas simplement bien écrit et efficace, c'est l'occasion pour l'auteur de réflexions poussées sur la société moderne et ses paradoxes, amenés par l'agriculture de masse et la mondialisation, mais pas seulement. Qu'une introspection et un voyage sur des chemins locaux mène à un tel ouvrage , franchement : chapeau bas !
C'est érudit, c'est fin, c'est truculent et drôle aussi.

Un petit roman que je relirai volontiers d'ici quelques années et qui m'encourage à relire Sylvain Tesson.
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Cela faisait bien longtemps que je n'avais plus lu un livre de Sylvain Tesson.
Il faut dire qu'à l'époque où je travaillais en librairie spé voyages, le bonhomme me tapait un peu sur les nerfs. C'était la super star des écrivains voyageurs, invité dans toutes les émissions, éclipsant les autres par son talent (il faut le reconnaitre, j'avais beaucoup aimé L'Axe du loup et Dans les forêts de Sibérie) mais aussi par son arrogance.

Puis j'ai vu l'adaptation de Sur les chemins noirs avec Jean Dujardin et je me suis dit : "Tiens c'est vrai que le bougre écrit bien et son accident a l'air de l'avoir rendu un peu plus humble, je vais me laisser tenter à nouveau par la plume de Sylvain Tesson". Je ne le regrette absolument pas !

Dès le début, on retrouve son style qui a fait son succès, on s'imagine bien nous aussi sur les chemins noirs, dans cette France de la ruralité, prendre le temps, étape après étape, contemplant cette nature en profitant de la quiétude de ces sentiers.
"Je voulais m'en aller par les chemins cachés, bordés de haies, par les sous-bois de ronces et les pistes à ornières reliant les villages abandonnés. Il y avait encore une géographie de traverse pour peu qu'on lise les cartes, que l'on accepte le détour et force les passages. Loin des routes, il existait une France ombreuse protégée du vacarme, épargnée par l'aménagement qui est la pollution du mystère. Une campagne du silence, du sorbier et de la chouette effraie."

On suit le voyage de Tesson pendant trois mois à travers la France, dans le Mercantour, le Massif central, les bords de Loire pour enfin arriver dans le Cotentin. L'écrivain voyageur partage avec nous ses pensées et ses réflexions sur le monde actuel, le rapport à l'autre et à la nature. Une sorte d'éloge de la lenteur, comme quand j'avais lu Un devin m'a dit de Tiziano Terzani. Sur les chemins noirs est un remède à la morosité ambiante et au monde fou dans lequel nous vivons. de ces quelques dizaines de pages, j'ai pu tiré du réconfort et une grande quiétude, un peu comme Tesson a pu trouver le salut dans la marche à travers notre beau pays. Je devrais me laisser tenter d'ici peu de temps par La panthère des neiges.
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Avec la poésie et la philosophie qui caractérisent l'auteur, j'ai savouré chaque étape de ces "chemins noirs". J'ai apprécié la géographie du paysage et la reconstruction de l'être cabossé qui se relève par la marche à travers la diagonale qu'il a tracé sur son lit d'hôpital. Un livre inspirant d'un bout à l'autre du voyage. Sans doute le meilleur livre de Sylvain Tesson !
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J'ai aimé ce projet : un voyage initiatique sur les chemins noirs. J'ai aimé cette découverte d'une autre France, celles de l'hyper-ruralité, au rythme du marcheur. J'ai aimé les rencontres, avec celles et ceux qui, la plupart du temps, vivent dans l'ombre. J'ai aimé cette part de la vérité. Et surtout, j'ai aimé l'écriture de Sylvain Tesson.
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Quel plaisir de marcher quelques heures à vos côtés Sylvain Tesson, de s'écarter des villes pour découvrir les contrastes savamment décrits de notre pays et les chemins escarpés si peu fréquentés.

Vous profitez de cette longue randonnée thérapeutique pour rappeler quelques convictions personnelles : l'ordre insupportable imposé par l'homme à la nature, les politiques d'aménagement du territoire qui défigurent les paysages et les modes de vie de nos aïeux, le progrès comme une erreur, votre dégoût devant l'agriculture et les élevages intensifs, les grands hangars, autant des plaies sur le monde rural. L'imbécilité de l'homme qui se targue d'aller vers la modernité.

Je suis cette citadine irréfléchie et hypocrite qui ne remet pas en doute sa façon de vivre, de consommer, de piller la terre mais je suis sortie de cette lecture avec une image géographique, géologique et très poétique de la France et une certaine envie de quitter cette société dénuée de sens.

Sylvain Tesson, vous êtes un admirable écrivain du silence, de l'écoute, de la patience, de l'émerveillement, un ennemi de la rentabilité . Il faut avec vous aimer prendre le temps, ne pas se précipiter vers les mirages que nous promet notre société avide de rapidité, et, à défaut de solitude, partager des rencontres simples, authentiques et sincères.
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Un voyage en solitaire né d'une chute.
Plus de 900 km à pied en France, en empruntant la diagonale, des environs de Nice au nord du Cotentin, là où le dernier sentier se jette dans la mer.
Oublions le Sylvain Tesson qui parcourt, l'air bravache, les plaines immenses de l'Oural ou du Kamtchatka. Oublions l'homme de la vastitude. Celui qui marche sur les sentiers de France a le corps brisé, la gueule cassée, et prend le long chemin de la rédemption. Ses pas sont incertains. Son exploit désespéré est à hauteur d'homme. Il n'en sera que plus grand et plus sublime.
Une marche silencieuse et poussive à travers les chemins oubliés : ces lignes noires, fragiles, tortueuses, que l'on remarque sur les cartes IGN. Elles s'enroulent autour des villes et des monts herbeux, se faufilent à travers les montagnes.
Notre héros cherche éperdument ces chemins noirs qui savent se faire mériter. Ils se cachent derrière des murs de broussailles et de ronces ; ils se devinent au détour d'une route. Parfois, ils rejoignent les sentiers des animaux, parfois ils se perdent aux pieds d'une montagne, parfois ils s'effilochent au milieu d'une zone péri-urbaine…
Une longue marche comme une demande de pardon. Placer le salut de son âme et de son corps dans le mouvement. Rechercher une vie réduite à sa plus simple expression. Fuir le clignotement et le grand tumulte des villes pour vadrouiller dans le silence et retrouver un ciel étoilé.
Un héros de tragédie aux mille vies, aux mille excès qui cherche à se soustraire à l'époque, à se tenir à la marge des courants, à demeurer sur les traces d'un pays presque effacé.
Sylvain Tesson en profite pour regarder l'homme moderne, ce consommateur compulsif, ce ventre à roulettes. Il le regarde sans haine, sans mépris, et préfère lui tourner le dos. le fuir autant que faire se peut en se glissant à travers les interstices, en vagabondant sur les chemins noirs.
Un roman salutaire.
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Peut-on échapper à une société qui aliène l'individu ? Peut-on parvenir à « couper le fil » et la connexion ? Pour l'écrivain voyageur Sylvain Tesson, toute aventure des mots suppose un pari radical. Blessé grièvement suite à un accident et prisonnier de sa chambre d'hôpital, va-t-il parvenir à arracher les tuyaux, les cathéters et à inoculer à son organisme autre chose que des traitements visant à réveiller l'automate ? En préférant le brancard volant des « chemins noirs » au lit de convalescence, cet autre « vagabond des étoiles » (dont on reparlera la prochaine fois) se défait de sa camisole et se libère de ce qu'il appelle « un dispositif qui dispose de nous ».
Murets, sentiers, minéraux, insectes, oiseaux, ces oubliés, ces marginaux, remplacent médecins et infirmières : ils sont ses nouveaux compagnons de misère et cheminent avec lui du sud au nord du pays. Bien davantage, ils l'aident à mettre à nu les faiblesses du monde moderne. Face à la campagne grignotée par l'avancée de la technologie et du « Progrès », face à la prolifération des ZAD, des ZAC (« zones d'aménagement concerté ») quelle réflexion peut lui inspirer par exemple ce curieux insecte, « le pompile », « qui pond son oeuf dans une mygale vivante que la larve dévorera de l'intérieur en grandissant. » ? La réponse est lapidaire : « le triple dispositif de l'économie glorieuse, de l'agriculture industrielle et de l'urbanisme triomphant avait été le pompile des campagnes »

Echapper au dispositif

Comment se reconstruire lorsqu'on a vécu un traumatisme, qu'il soit psychologique ou physique ? Cette interrogation a inspiré beaucoup d'écrivains qui, par le biais d'un livre, s'adressent à leurs « frères humains » toujours avides de solutions face à la difficulté de vivre.
Sylvain Tesson est un écrivain voyageur, amateur d'exploits de toutes sortes, capable d'escalader des façades d'immeubles ou des pitons rocheux, de s'isoler des mois dans une cabane au bord du lac Baïkal ou de guetter pendant plusieurs jours sur les montagnes du Tibet l'apparition de la panthère des neiges. Pourtant, cette fois-ci, prisonnier d'un lit d'hôpital suite à une mauvaise chute, et dans le but de se remettre en forme, il se lance le défi de traverser la France à pied, du Sud au nord en n'empruntant que « les chemins noirs », les voies anciennes, à l'écart des grandes routes et des balises du monde moderne, « là, où personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre ».
Mais en même temps que ce défi de tirer sa carcasse abimée, estropiée, cabossée par les monts et les vaux, il s'agit aussi pour lui de s'extraire, en clopinant, de ce qu'il appelle « le dispositif » qui « remodèle la psyché humaine, s'en prend aux comportements, régentent la langue, injectent des bétabloquants dans la pensée ». Et le lecteur assiste à cette longue marche qui l'amène à regarder autrement, à méditer, à sentir et à redonner du sens à ce qu'il a perdu l'habitude de voir. Aussi ce chemin noir est aussi un long chemin vers la clarté.



Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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Dimanche après-midi, je finis de suivre Sylvain Tesson sur « (S)es chemins noirs » après avoir emprunté ceux du film éponyme qui m'a donné envie de lire ce carnet de voyage.
Quel émerveillement face à cette langue vivifiante, vivante, renouvelée par le style de l'écrivain, les images souvent poétiques révélant en particulier les pouvoirs de la personnification ! Des expressions fulgurantes, des images percutantes pour avancer sur le chemin de la découverte de la France, de sa nature, de ses humbles, riches de bon sens et de philosophie vraie. C'est l'éloge de la ruralité, la condamnation du productivisme qui a abîmé, appauvri terres et hommes. C'est le bonheur des échanges brefs mais pleins, de l'amitié. C'est aussi un chemin intérieur, celui de l'écrivain qui relève le défi qu'il s'est lancé, qu'il a lancé à la vie, celle dont il peut encore jouir en vérité, loin de ce qu'il était avant son accident, et sans avoir besoin de s'expatrier.
C'est aussi une réflexion sur notre France, son évolution, les choix politiques et sociétaux que l'on paye avec une consommation débridée, des diktats mortifères et changeants. Une réflexion nourrie d'une culture littéraire musicale, picturale, géologique, botanique, ornithologique,… Bref, la réflexion d'un humaniste, un vrai.
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Monsieur Tesson, la puissance évocatrice des mots ! On y est, je marche avec lui, comme j'étais à l'affût de la panthère. Lu après avoir vu le film, les mêmes émotions ressenties. Avec Tesson on est ancré dans le présent, dans l'instant vécu.




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