Je suis loin d'être une fana des romans historiques mais la prestation de
Jean Teulé sur son livre dans l'émission La Grande Librairie l'an dernier m'avait convaincue de le lire. La sortie en poche de l'ouvrage a été la piqûre de rappel. Et en fin de compte, j'en sors déçue.
Si le roman respecte bien l'atmosphère sanglante de cette période qui a vu le massacre de la Saint-Barthélémy (24 août 1572) - mais ce n'est franchement pas le plus difficile parce qu'on ne peut pas y couper -, j'ai trouvé le style de
Jean Teulé vraiment too much. Je peux comprendre qu'on veuille désacraliser
L Histoire, mais ça ne veut pas dire avoir une écriture massacrante... (si je puis m'exprimer ainsi !), qui fait limite négligée pour faire, paradoxalement, plus authentique ! Certes, on ne peut pas restituer le langage de l'époque parce que le lecteur d'aujourd'hui aurait besoin d'un dictionnaire, mais de là à mettre des "ah ben" et émailler les phrases des personnages d'expressions typiques de l'époque ou de "commeint ?" pour faire "plus vrai" ,cela finit par donner un style ressenti comme maladroit, ou démago... En ce qui me concerne, les traits d'humour n'ont pas fonctionné.
Jean Teulé prend position dans ce roman pour un roi Charles IX sous l'emprise de sa mère, une jeune-homme faible, limite bipolaire, en tout cas "barge" mais avec un bon fond. Il aurait concédé le massacre de cent mille personnes pour faire plaisir à "mama", entendez par là, Catherine de Médicis. Il décrit un personnage fantasque, chassant le cerf dans les appartements du Louvre, (là, on reste sur le cul, quand on lit ça!), ayant besoin d'une traductrice pour communiquer avec Elisabeth d'Autriche, sa femme, même dans les moments les plus intimes (c'est tellement grotesque qu'on ne peut pas y croire 5 secondes)...
Bref, il en fait un pantin aux mains de la reine mère. C'est historiquement très discutable et personnellement je ne suis pas d'accord parce que je trouve cela un peu simpliste.
Enfin, "Charly" se met à souffrir d'une "hémorragie cutanée" : il pisse le sang par tous les pores de la peau. Là aussi, ce n'est qu'une légende, une rumeur que fit courir notamment
Agrippa d'Aubigné, reprise par
Alexandre Dumas dans
La reine Margot, sous-tendant un empoisonnement qu'aurait perpétrée Catherine de Médicis, dite la "magicienne florentine". Je crois que les historiens s'interrogent encore sur les raisons de la mort de ce roi qui n'a même pas atteint 24 ans.
Jean Teulé veut ici conter une page de l'histoire de France sur un mode ludique. C'est certes une belle intention et une bonne piqûre de rappel sur cette période si terrible dont l'atmosphère est bien restituée. Mais reste le style, les inexactitudes et le parti pris...