Le maire remue les lèvres. Tout le monde y est suspendu mais aucune parole ne quitte sa gorge serrée. Il pète.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire !
C'est la consternation dans tout le Périgord.
Hautefaye est dans un état de prostration et de catatonie. On se croirait un lendemain de cuite. Et la bonté du paysage alentour, au cœur , dit à chacun:
"Mais qu'avez-vous fait, hier? Qu'est-ce qui vous a pris?" Le village frémit encore, mal étonné par lui-même:"Mais qu'est-ce qui nous a pris?"
Le premier magistrat de la commune s'avance d'un pas vers de Monéys et s'adresse à ceux qui le tirent par les chevilles :
- Ôtez cet homme de là. Il gêne la circulation. Emmenez-le plus loin.
Anthony, effondré, soupire. Buisson et Mazière demandent à Bernard Mathieu :
- Pour en faire quoi, plus loin?...
- Ce que vous voudrez! répond le maire totalement dépassé par les événements. Mangez-le si vous voulez.
- Ce que vous faites est une abomination ! crie au loin la voix d’Antony.
- Vous n’avez pas le droit ! s’insurge, près de lui, Mazerat.
- Aujourd’hui, il n’y a plus de lois ! leur répondent les gens.
Les cendres de son corps s'élèvent enfin en paix au dessus du monde imbécile et des abîmes sourds de ces gens coupables d'un crime qui les a dépassé.
Sans être redondante avec Lecassin et pour donner un peu plus d'étoffe au sujet sans vouloir éventer ses propos:
"Le maire remue les lèvres.
Tout le monde y est suspendu mais aucune parole ne quitte sa gorge serrée. Il pète.
-Ce n'est pas ce que je voulais dire!"
Il faut bien relever un peu le niveau!
« Plusieurs demandent : ‘C’était qui ?’ Ils ont massacré un homme tout l’après-midi sans même s’inquiéter de qui il était. » (p. 68)
Sa tête est devenue un globe de sang où, dans l’œil gauche, rit la mort songeuse. Des avalanches au visage, des cratères mieux que fous, pis que hasardeux. Mutilation des traits, énucléation...
Bernard Mathieu (maire) : Ôtez cet homme de là. Il gêne la circulation. Emmenez-le plus loin.
Buisson et Mazière : Pour en faire quoi, plus loin ?...
Bernard Mathieu (maire) : Ce que vous voudrez ! Mangez-le si vous voulez.
- et bien mes amis, que se passe-t-il ?...
- C'est votre cousin, explique un colporteur. Il a crié : "Vive la Prusse !"
- Quoi ? Mais non ! Allons donc, j'étais auprès et ce n'est pas du tout ce que j'ai entendu. Et puis je connais assez de Maillard pour être bien sûr qu'il est impossible qu'un tel cri sorte de sa bouche : "Vive la Prusse"... Pourquoi pas "A bas la France !" ?
- Qu'est-ce que vous venez de dire, vous ?
- Quoi ?
- Vous avez dit "A bas la France"...
-Hen ? Mais non !
-...
Le colporteur demande aux gens près du muret :
- Que ceux qui l'ont entendu crier "A bas la France" lèvent la main !