« Mon père n'est pas dupe. Il sait que c'est pour sa force de travail et non par humanisme qu'on est venu le chercher dans les années 1960. Il pense pourtant qu'il a fait « le bon choix ». » (page 99)
Les ouvriers marocains choisis comme un maquignon sélectionne un animal dans une foire agricole, venus dans les années 1960, pour assurer la fermeture des mines de charbon françaises appartiennent à ce que l'on nomme la première génération de l'immigration maghrébine. Se sont souvent des taiseux. Il faut quémander leur parole.
Mariame Tighanimine recueille avec justesse celle de son père puis dans une deuxième partie celle de son frère aîné. Elle pointe les responsabilités française de ces « déracinements » sans oublier d'égratigner l'état marocain. Témoignage précieux, un peu brouillon par moment. Son père comme d'autres pense avoir fait le bon choix mais il se retrouve piégé en France : ses enfants sont nés ici, ont suivi une scolarité ici, ont construit leur vie familiale et professionnelle ici ; père et mère se retrouvent ainsi écartelé, à la retraite, entre ici où leurs enfants et leurs petits-enfants résident et leur patrie d'origine, le Maroc, où ils aimeraient se reposer dans la maison édifiée dans le village d'origine ; mouvement de bascule permanent dont whatsapp, qu'ils maîtrisent avec dextérité, n'arrive pas à atténuer les effets d'arrachement.
Il faut bien évidement poursuivre la lecture de ce livre par le visionnage du film «
La Vie devant nous » et quelques archives INA où l'on entend le recruteur Félix Mora.
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