L'oeil postiche de la statue kongo

C'est avec un très grand soin que ce roman a été fabriqué,jolie couverture épaisse qui donne beaucoup de plaisir rien qu'au niveau du contact physique.(Et v'lan pour les e book....)

Et maintenant le roman.J'avoue que lorsque je l'ai reçu,je l'ai ouvert,lu quelques lignes ...et refermé.Pour lire d'autres policiers plus conventionnels...Et puis il m'a bien fallu me replonger dedans afin de respecter mes engagements.

Et heureusement!!! Dans ce livre, une histoire policière mais s'il y a bien un cadavre et une suspecte ,il n'y a pas l'ombre d'un policier.Non.Anne Cabane est une enquêtrice de personnalité pour la justice ,elle est là pour dresser un portrait psychologique des personnes écrouées et de leur entourage ,pas forcément pour prouver si les personnes sont coupables ou non.

Alors la suspecte ,Lucie Clos (rien que ce nom ,pas choisi au hasard) soupçonnée d'avoir tué Emna B, la femme de son ex mari,Martin.Malgré des visites répétées ,Anne Cabane ne parvient pas à savoir si elle coupable,le motif, non révélé.Lucie s'enferme et ne veut aucune assistance juridique.Pourquoi? Qui est ce Martin qui la trouble ,elle femme enceinte et heureuse avec son compagnon? Qui etait Emna,la noyée de la Saône dont on cherche à savoir si c'est un meurtre ou autre chose?

Parce que, et c'est là qu'en partie réside l'originalité du roman ,parallèlement à son enquête,Anne Cabane nous emmène avec elle dans une autre enquête ,celle sur ses origines qui ,pour elle, devient urgente vu qu'elle va mettre au monde un enfant ,enquête déclenchée par la mort de sa grand mère.

Anne Christine Tinel a un style tres particulier et c'est cela qui m'avait rebutée au départ.Pourtant j'aime le non conventionnel mais sans doute alléchée par le mot "policier" je m'attendais à autre chose.

Ce n'est qu'à la page 79 que j'ai décidé de lâcher prise et de me laisser aller à cette manière d'être dans la tête d' Anne Cabane ,comme dans un journal intime ,où les réflexions ,les démarches pour l'enquête se mêlent étroitement à sa vie personnelle,aux découvertes qu'elle fait en trouvant des objets,des papiers ayant appartenu à sa grand mère ,tout ce qu'elle considère comme un legs de cette dernière pour aider à comprendre au delà de la mort,les origines de sa fille ,Odette ,et par conséquent de sa petite fille.Secrets de famille..Echo...

Phrases très courtes ,sèches même,parfois sans sujet,comme des mots qu'on écrit à la va vite sur un papier,dans un journal ,avec une typographie destabilisante mais finalement empreinte de poésie,et puis soudain,sans réelle transition ,des phrases qui retrouvent une ligne musicale non discordante,quand il s'agit de parler de l'enquête.

Pourquoi faire allusion à une statue Kongo vue pendant l'exposition au Musée du Quai Branly consacrée aux Dogon? Vous le saurez en lisant ce livre que j'ai bien du mal à qualifier de "policier" ,vous y trouverez même des extraits du catalogue édité à cette occasion qui expliquent ce que représentent les objets pour ce peuple et peut être regretterez vous alors ,comme moi, de ne pas être allés découvrir cette civilisation.

Livre qui laisse une belle part aux sensations ,quand elle parle des vieux objets hétéroclites qui encombrent son bureau,ceux de sa grand mère,des odeurs qui semblent monter du papier quand elle cuisine...

Tout tourne autour de l'enfantement,de la maternité,de la place aussi de la conception chez les Maghrebins .Reflexions..

Roman tendu où le suspense pour les 2 enquêtes est bien mené,tiré comme un fil ,vous finissez par plonger dedans et vouloir aller au bout et savoir.Si votre curiosité est satisfaite pour l'une l'autre vous laisse un peu perplexe.Chouette!!! Ce n'est pas si souvent! Enfin un livre qui ne se livre pas entièrement mais laisse place aux supputations!

Ce roman est une excellente découverte de cet auteur qui a passé 7 ans en Tunisie après avoir vécu une enfance en Algérie.
Lien : http://lemelimelodepyrostha...

Anne Cabane exerce un métier dont on entend parler lors de grands procès d'Assises mais dont ne sait pas grand-chose : elle est enquêtrice de personnalité. Cela signifie qu'elle doit interroger l'accusé (en l'occurrence Lucie Clos, accusée du meurtre d'Emna survenu à Lyon, retrouvée dans la Saône, morte noyée), mais aussi sa famille, ses amis, ses proches. Outrepassant son rôle, Anne mène quasiment une investigation, à décharge, car elle ne croit pas Lucie coupable. En prison, cette dernière se mure dans un silence obstiné, refusant de dire pourquoi elle et Emna se sont vues à Lyon. Elles sont les deux amours de Martin, la morte ayant été remplacée par la survivante. Simple histoire de passion trahie, de femme folle de chagrin et de jalousie ?

L'histoire est beaucoup plus complexe que cela, notamment quand interviennent une jeune nonne qui visite l'accusée en prison, et une jeune femme Arabe, avec qui Martin a eu une brève aventure.

L'auteure mêle adroitement l'enquête et les analyses d'Anne à son propre parcours de femme enceinte pour qui se fait jour l'impérieuse nécessité de creuser sa propre histoire. Et c'est tout un pan de la vie de sa famille qui revient à la mémoire, au grand dam de la mère d'Anne qui aurait trouvé confortable de se limiter aux choses connues.
Sans cette étrange statue Kongo, fétiche à l'oeil perdu et grossièrement remplacé, Anne n'aurait jamais eu l'idée de chercher la vérité de son histoire. N'aurait pas eu, elle aussi, l'idée de réparer .

« Quelle que soit son origine, la cassure d'un objet est considérée comme signe d'une faute antérieure et d'un dérèglement social. La décision de réparer l'objet ou de le remplacer revêt donc une grande importance, la réparation prend le sens d'un rituel de pardon, de purification, et d'oubli du dégât. »

Un policier qui dépasse largement les contours habituels du genre et suscite l'intérêt sans faillir. Les choix typographiques, chaotiques souvent, et la syntaxe, elliptique à l'occasion, surprennent sans gêner, au contraire, ces options d'écriture renforcent l'idée de journal intime où l'on va au plus urgent avant de développer longuement.

Enquêtrice de personnalité, tel est le métier qu'exerce Anne Cabane. Non, ce n'est pas la même chose que profileur, elle n'a pas pour vocation de déterminer le profil de l'assassin pour mieux le retrouver. Anne rencontre les protagonistes de l'affaire, dont le suspect principal et en fera le portrait lors du procès. Ici, elle cherche à mieux connaître Emna B. trouvée noyée à Lyon.

Tout semble bizarre lors de cette enquête. Est-ce parce qu'elle est enceinte que la frontière entre sa vie privée et professionnelle vole en éclat ? Est-ce le décès de sa grand-mère et les découvertes qu'elle fera en débarrassant la maison ? Enquête et quête personnelle se mélangent dans sa tête, dans sa vie.

Toujours est-il que c'est le grand chambardement dans son esprit. Cela se sent dans l'écriture d'Anne-Christine Tinel. Les phrases sont courtes, quelque fois déstructurées. On oscille entre le RAP, la poésie nerveuse. L'écriture devient calme, limpide, classique lorsqu'elle se trouve avec son compagnon, Antoine. L'homme parfait ! le pilier sur lequel elle peut s'appuyer pour mieux disséquer ses recherches personnelles et professionnelles.

le brouillon des pensées d'Anne ne transparait pas dans ce livre, au contraire. Anne-Christine Tinel nous offre plusieurs styles d'écriture, de pagination sans que cela soit gênant, un véritable tour de force, de magie, ou plus simplement de talent.

Ne cherchez pas à classifier ce livre, vous n'y arriverez pas et perdrez tout le sel de ce roman.
Comme toujours, les Editions Elyzad nous offre un livre techniquement parfait et une romancière que j'ai eu un grand plaisir à découvrir.


Lien : http://zazymut.over-blog.com..

Tout d'abord, merci beaucoup à Libfly et aux éditions Elyzad pour les découvertes d'univers très différents suivant les lectures de cette maison d'édition.
Un livre très personnel qui interpelle chacun de nous sur son vécu et la recherche de nos racines.
Un roman policier ou un livre d'autofiction, ce livre vacille entre ces deux genres littéraires.
Au fil des pages, on apprends à connaître la narratrice, qui est chargée par la justice d'établir les portraits psychologiques d'accusés. Elle doit pour ceci rencontrer l'inculpé mais aussi son entourage. Quel est ce métier si étrange, dans l'engrenage judiciaire et juridique ; Ce n'est pas tout à fait un enquêteur, à proprement parlé, c'est un psychologue ou simplement quelqu'un qui pose et se pose dans ce monde de la justice.
Ce qui est intéressant dans ce livre c'est de découvrir ce métier et je trouve que ce métier est très romanesque.
Cette fois-ci, la narratrice est chargée de travailler sur une affaire d'homicide. Elle va rencontrer Lucie, qui est accusée d'avoir poussé dans le fleuve Emna, la nouvelle compagne de son ex-mari. Est-ce un simple crime passionnel ? Mais l'affaire ne semble pas si simple. Lucie est enfermée dans un mutisme complet et ne souhaite pas parler. La narratrice va alors essayer, à travers plusieurs rencontres de comprendre ce qui a pu se passer.
Elle va aussi se questionner sur elle-même, elle vient de perdre sa grand-mère et récupérer ses affaires ; Vont alors remonter certaines histoires de famille voire de secrets de famille. Elle est enceinte et beaucoup d'interrogations sur sa vie et celles des siens vont jaillir.
Ce livre est un beau portrait de femmes et le récit de rencontres humaines.
Avec une langue poétique et très personelle, l'auteur nous entraîne dans les questionnements personnels des personnages et en fin de compte, de chacun de nous.
Ce livre m'a permis aussi de découvrir de façon intime un métier très peu connu du monde judiciaire, un métier si romanesque d'ailleurs !

L'intrigue de ce roman se noue autour des recherches menées par Anne, une enquêtrice d'un genre tout à fait particulier. Elle n'est pas de la police mais dans le cadre d'un procès en assises, a été mandatée pour interroger les acteurs d'un sombre drame.
Au début j'ai trouvé l'idée originale puis, plus les pages se tournaient, plus mon intérêt diminuait. Ces affaires de femmes victimes de leurs hormones m'ont paru franchement peu crédibles et ont fini par me lasser. Certes l' héroïne est enceinte, passe encore, c'est pas banal, mais les histoires d'ovulation des autres protagonistes, ça fait de trop à mon goût.
Par contre le grand plaisir de cette lecture a été le style d' Anne-Christine Tinel qui jongle allègrement avec les registres d'écriture. D'un langage recherché elle passe sans préavis à une façon de s'exprimer très familière. J'ai trouvé le procédé réjouissant. Il anime merveilleusement bien cette histoire et la sauve du désastre.