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François-René Daillie (Traducteur)
EAN : 9782070765713
288 pages
Gallimard (30/09/2004)
3.55/5   49 notes
Résumé :
La jeune fille d'un pêcheur de la côte nord-est de Java (Gadis Pantai signifie " la fille du rivage " en indonésien) a été demandée en mariage par un aristocrate local, fasciné par sa grande beauté.
Elle a quatorze ans et, dans cette Java féodale du début du vingtième siècle, elle n'a guère le choix.
Ce mariage arrangé la fait passer sans transition d'une vie certes pauvre et rude, mais libre et naturelle, à une existence cloîtrée, dans la vaste demeur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Une promenade, c'est le premier mot qui me vient à l'esprit en refermant ce livre. L'auteur nous emmène dans un monde peu connu et nous raconte l'histoire de sa grand-mère, fille de pécheur, mariée à 14 ans à un noble seigneur. On se retrouve à suivre le parcours de cette jeune femme qui apprend petit à petit la dureté du monde et des hommes. Pas de grandes émotions, pas d'ascenseurs émotionnels dans cet ouvrage, mais une agréable échappée tout en douceur.
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En prologue du roman, l'auteur explique qu'il nous raconte une partie de l'histoire de sa grand-mère maternelle. Une histoire qu'il a du imaginer sur bases d'informations glanées ça et là, parce qu'elle n'a jamais levé le voile sur son passé, jusqu'à son nom qu'elle n'a jamais révélé.
Dans ce roman, elle est donc Gadis Pantais, la fille du rivage.

Le récit commence au début du 20e siècle, quand la jeune fille, alors âgée de 14 ans doit quitter son village de pêcheurs pour rejoindre la ville où elle est mariée au Bendoro. Mais quand on est une fille de peu, on n'est jamais l'épouse d'un noble, au mieux sa concubine officielle. C'est un choc des mondes que vit Gadis Pantai, sans en avoir les clés.
La lecture est très facile, voire très rapide, car la narration se rapproche régulièrement du style oral. Certains dialogues sembleraient même plus appropriés au genre théâtral antique. Sans doute le fait que ce roman soit d'abord paru sous forme de feuilleton dans un quotidien dans les années 60 n'est pas étranger à ce type de narration.
Je suis donc restée un peu en dehors, ne ressentant étrangement aucune émotion à la lecture alors que le sujet même pourrait se révéler plutôt tragique.
Le récit était intéressant pour l'aspect plutôt historique, sur une île de Java que je ne connais pas, et encore moins pour ses traditions ancestrales. Mais l'ensemble m'a paru assez léger, brossant une tendance, un plan d'ensemble assez dichotomique et sans nuance. On est donc plus dans l'esquisse que dans le tableau. le propos principal se focalise sur la dénonciation des mariages précoces et sur la relation vassalique entre la noblesse, oisive, et le peuple, travailleur.
Côté personnage, j'ai eu l'impression tout du long d'être face à des personnages issus d'une tragédie antique, là où les émotions sont feintes quand elles ne sont pas absentes.
C'est donc assez mitigée que je referme ce roman qui ne laissera pas vraiment de trace dans ma vie de lectrice.
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La découverte d'un autre monde, d'autres relations sociales, le passage de l'enfance à l'âge adulte. A l'incompréhension succède la gestion de nouvelles règles mais pas en total partage, ni en assentiment, malgré une forme de docilité et les silences.

Un beau portrait de femme, en construction dans un monde transformé par un mariage arrangé. La lente intelligence de la distance et de l'incompréhension. Une ouverture à se penser.

Derrière une subtile écriture, l'impuissance d'abord à comprendre, puis à faire bouger les lignes de cette société cloisonnée, ségréguée. Derrière les acceptations, des non-renoncements. Sans hausser le ton, avec le même rythme de phrases, l'auteur met en scène une belle révolte du village, une autodéfense salvatrice. Il illustre aussi, avec humour, la transformation d'un conteur en pécheur marié à la fille d'un noble. Une forme de rupture mais aussi une continuité dans l'assignation des femmes et l'utilisation par l'autre de leur corps.

Mais cela sera aussi le cri de Gadis Pantai, en rôle de mère à laquelle le Bendoro, le père aristocrate, arrache l'enfant tout en rejetant la femme. Limite aussi de la mise en cause de cette assignation des femmes au rôle de mère.

L'auteur ne traite probablement pas de la continuité de ces assignations fortes. Mais est-ce trahir cette oeuvre que d'ouvrir d'autres fenêtres dans le cadre de l'imaginaire romancé, dans l'espace créé par ses mots doux et colorés, de ce rythme très particulier des phrases de Pramoedya Ananta Toer. Un prolongement du refus de ces arrangements où les femmes tendent à n'être que ce que les hommes voudraient façonner.

Une découverte à la fois d'un auteur, d'une oeuvre et d'une littérature, indonésienne, abordée ici pour la première fois.
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Dans une courte introduction, Toer nous explique que ce roman est basé sur la vie de sa grand-mère,un peu inventée, à qui il le dédie.

Gadis Pantai est une fille de pauvres pêcheurs, mais un jour un Bendoro, un seigneur noble, décide de l'épouser, alors qu'elle a à peine 14 ans. Elle n'est pas la première épouse du Bendoro, d'autres jeunes femmes sont déjà passées par la maison, des enfants issus de ces unions sont présents. Une vieille servante aide Gadis Pantai à remplir son nouveau rôle, qui s'attache beaucoup à elle, se sentant très seule, entre les parents de son mari qui la méprise, et ce dernier qui est souvent absent et qui la traite plus en servante qu'en épouse. Elle rend visite à ses parents au village, mais son nouveau statut social ne permet plus la moindre familiarité même avec les plus proches. Gadis Pantai finira chassée par son mari, après avoir donné naissance à une petite fille, qu'elle ne pourra ni élever, ni même revoir, et devra se faire une autre vie toute seule.

Un beau personnage, même si le déroulement du livre est assez prévisible dès le début. Pramoedya Ananta Toer se place complètement du côté de sa jeune héroïne, le monde de la noblesse n'est pas vraiment exploré, encore moins les sentiments et les pensées des personnages qui en font partie. Ils restent aussi mystérieux pour nous qu'ils doivent l'avoir été pour elle. Gadis Pantai est très malheureuse dans la maison de son mari, mais encore plus lorsqu'elle doit se séparer de sa fille. Il y a une recherche du pathétique touchante souvent, mais peut être un peu chargée quand même. Certains éléments doivent sûrement être plus faciles à appréhender si on connaît cette culture particulière, loin de nous.

L'écriture est d'apparence simple, il y a beaucoup de dialogues, pas tellement de longues descriptions, ni de lieux, ni des sentiments et pensées des personnages. Mais c'est indéniablement efficace, c'est un livre qui se lit facilement et rapidement.
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Pramoedya Ananta Toer (1925-2006) est né sur l'île de Java. Après avoir été emprisonné par le gouvernement colonial hollandais de 1947 à 1949, il est envoyé en 1965, sous la dictature de Suharto, au bagne de Buru, dont il sort en 1979 sous la pression internationale. Grand humaniste, fidèle à ses idéaux jusqu'à la fin de sa vie en 2006, il est surveillé et systématiquement censuré. Son oeuvre est immense avec plus de cinquante romans, nouvelles et essais, traduits dans près de quarante langues. La Fille du Rivage, datant de 1962, traduit chez nous en 2004, vient d'être réédité en poche. Pour la petite histoire, ce roman qui s'étale sur plusieurs années, est inspiré de la vie de la grand-mère de l'écrivain.
A Java au début du XIXème siècle, colonie hollandaise. L'héroïne n'est jamais nommée, sauf par son surnom, Gadis Pantai (« La fille du rivage » en indonésien). Quatorze ans et fille d'un modeste pêcheur a été demandée en mariage par un riche chef de la région (un Bendoro). « Demandée » est une façon de parler car elle n'a pas vraiment le choix. Passer de son petit village où le minimum vital vous fait passer pour un rupin, au palais du Bendoro relève du changement de dimension. Une ascension sociale qui débute comme un conte de fée. Qui débute seulement…
La jeune fille va devoir s'acclimater à son nouvel environnement où elle doit tout apprendre. le protocole, les prières (Coran) ou s'habituer à avoir une servante. Une vieille femme qui lui sera d'un grand secours tant qu'elle sera à ses côtés, une bonne âme qui comprend le désarroi de l'enfant et vient du même milieu social qu'elle. Il faut reconnaitre qu'en ce début de roman, le Bendoro n'est pas un méchant homme. Souvent absent pour ses affaires, il offre des cadeaux à son épouse et ne la rudoie pas. Au point qu'après cette période d'apprentissage, Gadis Pantai en vient à s'attacher à lui, presque jalouse quand il part plusieurs jours pour ses missions. Mais toujours, ses parents lui manquent, tout comme son village où la vie est si différente et si simple.
Jusque là on pourrait dire que tout se passe relativement bien pour la jeune fille mais bien entendu elle va devoir déchanter et je vous laisse le découvrir en vous cachant un évènement très important. le final est particulièrement déchirant autant pour Gadis Pantai que pour le lecteur ; la tradition locale associée au pouvoir des nobles sur les pauvres va laminer notre pauvre héroïne qui va se retrouver seule au monde : éjectée du palais car répudiée par son maître (elle n'était qu'une épouse de pacotille, un noble ne pouvant réellement se marier avec une femme de condition inférieure) et elle-même abandonnant sa famille pour ne pas rentrer humiliée au village.
Finalement, La Fille du Rivage n'aura jamais vécu. Par la faute involontaire de ses parents qui espéraient par ce mariage la sortir de sa condition de pauvre, par la faute des traditions du pays avec ces mariages arrangés où une enfant peut être « vendue » et servir d'épouse temporaire à un homme riche et puissant.
C'est bien écrit, agréable à lire, et même si ce n'est pas le type de romans que je préfère, il est plutôt réussi. Seule vraie critique ou remarque : la longue séquence du retour au village avec les pirates et le mariage entre un local et une jeune femme accompagnant Gadis Pantai m'a semblé assez farfelue !? Mais vous me connaissez, il faut toujours que je relève un truc négatif…

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
La servante avait grande envie de mettre en garde la jeune femme, mais elle n’osa pas. Elle eut peur. Elle savait bien que le Bandoro pouvait changer de première dame trente-six fois par jour sans que son autorité en soit le moins du monde affectée. Elle savait qu’un jour ou deux après avoir mis au monde son premier enfant, cette jeune femme innocente s’engagerait peut-être sur la même route qu’elle et la suivrait, sans le moindre doute : une vie d’esclave. Et cette jeune mère souffrirait plus qu’elle, parce qu’elle aurait un enfant mais devrait s’en aller sans lui. Elle ne pourrait pas le revoir. Et, si elle le revoyait, ce ne serait pas son enfant, mais celui du Bendoro, l’homme qu’elle devrait vénérer et servir.
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Elle resta debout longtemps au beau milieu de la cour. Ses lèvres tremblaient dans les ténèbres en murmurant une prière d'action et de grâces. Les visages des êtres qu'elle aimait se succédaient dans sont imagination. Des gens qui n'avaient rien d'autre à donner que leur amour, leur force et des poissons. " Oh, papa, papa ! " Nous autres - elle se rappelait encore les paroles de son père la veille de son départ pour la ville -, nous autres, même si nous vivions douze vies en ce monde, nous ne pourrions sans doute accumuler assez d'argent pour acheter ce que peut renfermer une seule chambre chez les gens de la ville. La mer est vraiment immense, jamais à sec, ses richesses sont sans limite, mais notre humble travail n'a aucune valeur. Dès demain, ma chérie, tu commenceras à vivre en ville, tu seras la femme d'un homme important. (......) "Ah papa, papa ! Voilà le monde que tu m'as offert, un monde avec toutes sortes de facilités, où seuls les coeurs sont difficiles à ouvrir, même s'il n'y a qu'à choisir et à demander.
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Gadis Pantai sourit. Depuis deux ans et plus qu'elle séjourne au palais, elle s'est habituée à l'idée que chacun possède un domicile précis. Et que chacun vive en paix dès lors que la maison est fermée à clé. Aucun étranger ne vient pas le déranger, soupire-t-elle. Dans ce village de pêcheurs où elle a vu le jour elle commence, lentement mais sûrement, à réapprendre son passé. (...) Ici, de jour comme de nuit, aucune maison n'est fermée à clé. Ici, les portes ne sont pas faites pour empêcher les gens d'entrer, mais pour barrer la route au vent.
Ici, dans chaque maison, il y a un grand lit de bambou sur lequel tout le monde peut se coucher et dormir de nuit comme de jour, y compris ceux à qui on offre l'hospitalité sans se soucier de savoir d'où ils viennent.
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hélas, hélas, les bébés, les enfants sont morts
les pères ont défriché les mères charrié la terre
défense aux paysans d'interrompre l'effort
dur le travail forcé pas une mince affaire

quand la grand-route fut arrivée à Rembang
mais pas avant ils purent retourner chez eux,
oh triste sort de tous ces enfants malheureux
on avait dispersé déjà leurs ossements

tout le village était de tristesse accablé
à la lumière des flambeaux la nuit
ensemble ils ont planté trois tecks en souvenir
pour n'oublier jamais la maudite corvée
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Je lui avais promis un sarong, je lui offre en échange ce livre. A elle qui jamais n'a raconté sa propre histoire. Elle dont jamais je n'ai connu le nom. Alors j'ai tiré ce récit de ce que d'autres ont rapporté, de ce que j'ai vu de mes yeux, imaginé et mis en forme
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Videos de Pramoedya Ananta Toer (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pramoedya Ananta Toer
Pramoedya Ananta Toer - Buru quartet. Volume 3, Une empreinte sur la terre
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