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4,08

sur 716 notes
Cet ouvrage est un ensemble de trois nouvelles, écrites à des époques de la vie de l'auteur, et réalisé arbitrairement après sa mort autour d'un thème commun: la mort. L'ensemble est inégal. La première nouvelle (La mort d'Ivan Illitch) est un bijou d'écriture. Elle se lit facilement, les personnages sont fouillées, on sent un certain désabusement du narrateur (de l'auteur ?). Une belle réflexion sur la mort, toujours d'actualité. Je suis moins fan des deux autres nouvelles, moins approfondies, moins intéressantes.
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Tolstoï est connu pour ses grandes fresques mais il déploie aussi son talent dans des formats plus brefs.

Les trois courts récits proposés par le livre de poche ont pour point commun : la mort.

Le premier, la mort d'Ivan Illitch, nous narre les derniers mois d'un fonctionnaire, le fameux Ivan Illitch. Face à cette longue agonie, le lecteur ressent toute la solitude, la désespérance face à la mort. le moribond voit arriver sa fin avec une amertume de plus en plus forte lorsqu'il réalise que sa vie n'a pas été aussi réussie qu'il la pensait. Seule l'enfance semble trouver grâce à ses yeux, préambule à une longue suite de compromis et de faibles joies.

Maître et serviteur nous entraîne en plein tempête de neige avec Vassili Andréitch et un garçon de ferme, Nikita. Cette fois-ci, on assiste à un changement profond de l'âme humaine aux portes de la mort, comme si au final seul l'essentiel à préserver devenait important à ce moment-là.

Enfin "Trois morts" retrace comme son nom l'indique, trois trépas différents, mettant à égalité maîtres et serviteurs, tous devant mourir un jour. On retrouve, comme dans le premier récit d'ailleurs, une amertume, une colère voire une haine contre les proches forcément trop soucieux ou pas assez. Trop vivants et éloignés des agonisants.

Ce livre, pourtant, n'est pas dénué d'espoir car pour certains la mort est accueillie avec soulagement, et parfois surprise par sa facilité, sa douceur. Comme si la peur de la mort était bien pire que la mort elle-même.
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Le juge Ivan Illitch est sur le point de mourir. Alors qu'il vit des souffrances physiques terribles, elles ne se comparent en rien avec les souffrances de son esprit.
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La mort qui arrive le pousse à faire le bilan de son existence. Et une question ne cesse de le tourmenter. Sa vie est elle manquée ?
Lui qui a toujours eu une existence "comme il faut". Un mariage "comme il faut". Une carrière de fonctionnaire "comme il faut". Des appartements décorés au goût de tout le monde.
Les véritables moments de bonheur ne sont-ils pas ceux où l'on se permet de répondre à nos envies, à nos sentiments et à oeuvrer en fonction de nos valeurs ?
Moments trop rares quand on consacre son existence à oeuvrer pour donner une image sans brèche à la société.
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Dans ce récit Tolstoï nous raconte la mort du juge d'un point de vue moraliste et non clinicien, il dégaine sa plume la plus grinçante pour dire ce qu'il pense de cette société matérialiste qui selon lui corrompt les âmes. C'est un récit à la fois terrible, puissant et bouleversant. 
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Très bien
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La mort, cette fin de vie ou aboutissement de vie ?

Elle fait partie de la vie ? Alors, pourquoi la supprime t elle ?

Riche, pauvre ou bourgeois, la route se fait identique, quelques soient les ors y scintillant.

L'auteur déploie avec talent, son style pour nous entraîner dans cette réflexion de l'après, pour ceux qui restent .….
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Trois morts.
Nouvelle écrite en 1858, publiée en 1859, la même année que le Bonheur conjugal (dont on sait que c'est un leurre)

Tolstoï gamberge dans son existence, son frère Nicolas qu'il affectionne tant est malade.

Il jure cette année là d'arrêter cette littérature là qui ne correspond pas à ses aspirations profondes, il engage un second voyage en Europe ..

Dans ses carnets, il note à plusieurs reprises ces Trois morts, il faut croire qu'il y tient.
La mort l'a si souvent visité, parents, frère, la guerre, les exécutions sommaires .. elle en deviendra en littérature un de ses thèmes favoris.

Ici la mort frappe trois fois et à chaque fois avec un écho différent. Il n'y a pas de communauté de destin, les situations sont hétérogènes : une bourgeoise, un cocher, et un arbre ..

Dans cette dissymétrie, il y a préalablement le rapport transversal de ces trois vies malades à la croyance bien sûr, et le plus croyant renvoie pour le moins à l'idée de son sens face à la mort..

L'agonie de la bourgeoise est impitoyable, c'est en même temps le portrait déclinant de la société qui la porte esquissé parcimonieusement .. le cocher et l'arbre par une pirouette littéraire admirable semblent se donner la main pour l'éternité : ils n'ont démérité de rien ceux-là ici-bas, par ce bois de l'arbre qui va faire la croix sur la tombe du cocher. Non seulement, ils n'ont pas démérité de la mort, mais sous une forme allégorique, l'auteur va faire de l'arbre la mort la plus significative, la plus notable car elle est absoute de tout mensonge.

Le poids des mots est vertigineux. Une fois de plus, l'écrivain parle de ce qu'il connaît, il est toujours en terrain conquis ..

Trois morts est son premier texte essentiellement consacré à la mort, puisque l'artiste la voit, la sent comme personne, il semble pressé d'en découdre avec elle sur un plan littéraire, il arrivera même à dompter l'agonie de la mort dans les chefs d'oeuvre qui vont suivre et faire de lui l'écrivain génial écrivant sur elle.

La nouvelle Trois morts sera bien accueillie dans les milieux littéraires russes, même si Tolstoï depuis quelques années tournait la tête comme un jeune indiscipliné, insolent et rebelle à ce monde bourgeois dont il répudiait les courants artistiques tantôt slavophiles, tantôt occidentaux.. L'opinion n'avait pas oublié pour autant ce qui avait fait monter en flèche la notoriété du jeune premier : Enfance, Adolescence, les Récits de Sébastopol. Tolstoï pense alors que les fondements de sa réussite étincelante reposent sur un rapport ambigu avec le public, il se sait meilleur que ce qu'il montre qui à ses yeux est du paraître et non dénué de l'esprit de gloire. Ce n'est pas qu'il n'est pas sûr de sa faculté à réaliser ses ambitions, mais il craint une certaine velléité objective et contrariante due à sa vie désordonnée, alors il va attendre son heure, une opportunité qui comme on sait va lui ouvrir les bras de manière considérable .. On va ainsi le voir chemin faisant s'attacher à la dynamisation et à une culture diversifiée de son domaine, à la création d'une école pour les enfants de paysans de Iasnaïa Poliana, à la création d'une revue pédagogique.. C'est ce qu'il appellera "ses trois jougs" ..
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« Ce qui importe ce n'est pas de lire mais de relire » disait Jorge Luis Borges.
Il m'était resté de cette lecture de jeunesse une impression de grâce littéraire bien injuste au regard de la profondeur qu'expriment, en si peu de mots pourtant, ces trois nouvelles.
Mais si toutes trois sont d'une égale force (notamment pour exprimer une même critique sociale, dénoncer l'égoïsme des dominants et affirmer que la civilisation corrompt l'âme et nous cache les vérités essentielles) , c'est peut-être plus que les autres encore, La mort d'Ivan Illich qui le donne à voir. Ce que Freud s'attachera à démontrer, à grand renfort de concepts et de théories ardues, Tolstoï, bien avant lui, le raconte avec une simplicité désarmante : le bourgeois est tellement obsédé par ce qu'il désir "avoir" qu'il en oublie d' "être". Et tout comme Marx, son contemporain le fera dans des volumes entiers de statistiques, montre sur la base d'une histoire exemplaire, que l'argent est une fausse valeur, qui détruit la vie. C'est bien pourquoi (je crois) Tolstoï passe plus de temps à parler de la mort d'Ivan plutôt que de sa vie : car finalement ce n'est qu'alors qu'il connaît, enfin, la vérité de ce que c'est (de ce que cela aurait dû être) de vivre. Voilà pourquoi (ai-je encore envie de croire) Anna Karenine est un long roman (Anna passe sa vie à essayer de vivre) quand Ivan n'a droit qu'à quelques pages : quel intérêt sa vie a-t-elle ? Chacune de ses heures mondaines sonne faux. Seule sa mort a de l’authenticité.
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La Feuille Volante n° 1372 – Août 2019.

La mort d'Ivan Illitch – Léon Tolstoï - le livre de poche.

Les trois textes réunis dans ce recueils "La mort d'Ivan Illitch - Maître et serviteur- Trois morts" ont été publiés à des dates différentes, dans de revues différentes et ont été accueillis favorablement par les cercles littéraires et par le public.

Dès lors qu'il prend conscience de sa vie, la mort devient pour l'homme une source de préoccupations et de questions que les religions ne résolvent qu'autant qu'on y croit. Elle est l'image de notre peur et notre impuissance face à elle et se vouloir immortel, même dans un éventuel autre monde est à la fois une absurdité et un leurre savamment entretenus. Cette immortalité peut même parfois être supposée ou simplement espérée en ce monde, au nom même de la vie, alors qu'en tant qu'humain nous sommes tous assujettis à cette même condition de mortels. c'est un peu ce que pense Illitch au début, peut-être pour se assurer. le temps qui passe, le vieillissement, la souffrance et la douleur en font partie, sont, surtout à son époque, les prémices du trépas et c'est un éternel questionnement de savoir s'il faut révéler au malade son état ou l'entretenir dans l'illusion et le mensonge de la guérison. On cache la réalité de sa santé à l'épouse de Dmitrievich et Ivan Illich supplie qu'on lui dise la vérité sur son état qu'il sent bien aller en se dégradant et il perçoit la camarde qui rôde. Cet Illich, semble-t-il inspiré par un personnage réel, après avoir connu une vie matrimoniale assez quelconque mais une réussite professionnelle brillante, se débat dans les affres de l'agonie, sent qu'elle va l'emporter, porte sur sa vie un dernier regard. La mort est un passage vers le néant, le même que celui qui existait avant notre naissance, la simple fin de notre parcours terrestre et ce magistrat semble l'accepter sans la moindre peur, comme une délivrance. Ce thème est particulièrement présent dans l'oeuvre de Tolstoï (1828-1910) et il a sûrement exprimé dans le personnage d'Ivan Illictch ses propres cruelles obsessions puisque, nous le savons, l'écriture a aussi une fonction cathartique, mais je ne peux pas ne pas penser qu'un écrivain ne veuille pas, après sa disparition, laisser une trace grâce à ses oeuvres qui lui survivront. Notre auteur a connu cette réalité très tôt dans sa vie, dans sa famille, puisque, à son époque, la médecine était balbutiante. La mort c'est aussi l'heure du bilan, l'exacte forme du "jugement dernier" où, face à soi-même et sans complaisance on se met en scène dans cette "parabole des talents" de l'Évangile. Qu'a été notre vie, à quoi ou à qui a-t-elle servi, qu'en avons-nous fait? c'est sans doute le sens de ce dialogue entre le magistrat et"la voix de l'âme". Cette nouvelle est un peu longue et un peu ennuyeuse, notamment dans tout ce qui concerne la vie professionnelle et matrimoniale du personnage. En revanche son appréhension de la mort est intéressante.

Avec "Maître et serviteur" nous avons le récit d'un voyage mouvementé au cours de l'hiver russe ainsi qu'une étude de caractères, Vassili est un riche négociant, orgueilleux et fourbe qui exploite et méprise Nikita, son valet qui lui a un caractère enjoué et résigné et ne songe qu'à servir son maître. Vassili fera quand même dans ses derniers moments preuve d'une humanité assez inattendue de sa part et qui ressemble un peu à une rédemption. Il est question des relations maître-serviteur, de la valeur de l'argent et seulement à la fin de la mort des deux hommes avec pour Nikita une sorte de consolation, une délivrance avec l'espoir d'un monde meilleur. Les évocations et les descriptions sont émouvantes et on sent bien de la part de l'auteur la volonté de mettre en exergue les qualités des paysans russes. de ces trois nouvelles c'est de loin celle qui a ma préférence.

Avec "Trois morts" c'est le début de la carrière littéraire de Tolstoï et ce thème de la mort sera repris plus tard avec "La mort d'Ivan IIlitch". aussi et peut-être seulement la fin de l'homme qui est traitée. En réalité ce sont trois morts bizarres qui sont évoquées ici, celle d'une femme, d'un paysan et d'un arbre. La dame refuse sa maladie et s'entête à faire un long voyage vers l'Italie en quête de la guérison. Elle ment devant la mort comme elle l'a fait toute sa vie. Elle est chrétienne mais il semble que le christianisme ne l'aide pas au moment fatal. Cette mort est mise en perspective avec celle d'un paysan qui lui accepte son sort et meurt en paix. Il donne même ses bottes en échange d'une pierre tombale qu'il n'aura pas et qui sera remplacée par une simple croix. Celle de l'arbre qui est abattu pour confectionner cette croix, une fin naturelle, un peu comme celle des humains! C'est le lien que personnellement je vois avec les deux autres.

©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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Un recueil de récits au thème commun : la banalité de la mort. Dans La mort d'Ivan Illich (1886), le personnage éponyme est un haut fonctionnaire à la vie bien rangée et à l'esprit endormi. Comme le Berg de Guerre et paix, il a pour essentielle préoccupation que sa vie soit correcte, convenable, normée : en bref, que sa vie soit comme celle de n'importe quel bon bourgeois. Son existence est comme figée, et les années qui se ressemblent passent en un éclair. Plus d'une moitié de la nouvelle est consacrée à sa longue agonie. Atteint d'une maladie absurde, arrivée par hasard, la souffrance et la pente glissante vers la mort lui font réaliser que, peut-être, le chemin sur lequel il s'est laisser entrainer par l'inertie sociale n'était pas le bon. Mais, surtout, la maladie est une déviance : et c'est en se retrouvant exclu à cause de cette soudaine anormalité qu'il réalise que les liens qui l'unissaient à son monde social étaient terriblement légers. le voilà désormais un fardeau pour ceux qui étaient ses proches, qui ne font preuve de compassion que par respect des conventions. Seul un domestique, homme du bas peuple, à l'esprit dénué des vaines ambitions du théâtre de la vie mondaine, agit humainement avec lui.

On retrouve dans Maitre et serviteur (1895) cette fascination qu'a Tolstoï envers la simplicité honnête de l'homme commun et travailleur, explorée en détail à travers le personnage de Lévine dans Anna Karénine. Un bourgeois de campagne, Vassili, et son serviteur, Nikita, partent sur les routes pour conclure une affaire. Mais Vassili, aveuglé par sa cupidité, les entraine en plein dans une tempête de neige. Nikita, grâce à sa sagesse populaire, survit, tandis que celui qui court après le profit, avide et déraisonnable, succombe, mais non sans se racheter par un dernier acte de bonté désintéressée.

Il ne faudrait pas juste voir dans ces récits une morale un peu naïve, une simple apologie de la simplicité. Certes, il y a de ça, mais le tout est sublimé par le talent incroyable qu'a Tolstoï pour façonner des personnages magnifiquement et terriblement humains. Par exemple, la peinture de Nikita, alcoolique repentant, luttant pour trouver la force de refuser un verre, et plus tard acceptant stoïquement la forte probabilité de sa mort, est indéniablement touchante. Même un personnage comme Ivan Illich, à priori peu attachant, parvient sous la plume de Tolstoï a arracher l'empathie du lecteur, à travers ses souffrances et ses regrets, ses haines et ses rares affections. On retrouve également dans les deux récits une préoccupation chère à l'auteur : l'échec de l'institution qu'est le mariage. La vie commune n'est que résignation, habitude et petites mesquineries. La satisfaction ne semble se trouver qu'en dehors des normes de la bonne société. Dommage que le dernier récit, Trois morts, paraisse bien léger après les deux autres.

Lien : https://lespagesdenomic.blog..
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La Mort d'Ivan Illitch :

Cruelle mort que celle d'Ivan Illitch (mais en existe-t-il une qui ne le soit pas ?), envahi par une douleur au côté. Mais le pire, n'est-ce pas la souffrance psychique qui l'accompagne ?

Car Ivan Illitch est seul, souvent incompris, malgré l'espoir qu'offrent deux personnages. Il comprend le vide de sa vie, l'hypocrisie de ses proches, qui ne veulent pas regarder la mort en face, la sienne comme la leur. La mort apporte avec elle une étrange lucidité, peut-être plus douloureuse que l'agonie.

J'ai apprécié ma lecture parce qu'elle m'a apporté de nombreuses réflexions sur la mort. Ce n'est pas une lecture simple ; elle pourrait même être qualifiée de dérangeante, car penser à la mort n'est pas si naturel que cela. Mais c'est aussi ça, la lecture : se confronter à tous les sujets, qu'ils soient agréables ou non.

Grâce à mes cours de philosophie, j'ai compris à quel point Tolstoï s'était inspiré de Pascal et du Divertissement pour créer le personnage et l'histoire d'Ivan Illitch. Un parallèle intéressant également.

Du côté des personnages, aucun ne m'a vraiment touchée, Ivan Illitch pas plus que les autres, exception faite de Guérassime. Ils servent à montrer l'humain tel qu'il peut être : hypocrite, injuste, fuyant les sujets difficiles, plus particulièrement la mort.

Je n'ai pas été transportée par le style, cependant… à moins qu'il ne s'agisse que d'une traduction moyenne.
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