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4,08

sur 707 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre regroupe trois nouvelles ayant une même racine pivot : la mort. Mais chacune avec des architectures et des circonvolutions qui lui sont propres et quelque peu différentes. Au passage, l'auteur nous donne une leçon d'écriture de nouvelle qui prouve, si besoin était, qu'en plus d'être un immense romancier, c'était également un nouvelliste hors pair.

Par exemple, ne vous êtes-vous jamais retrouvés totalement transis par le froid, le vent, la neige, l'épuisement et le manque d'équipement, dans une situation scabreuse, dont on ne peut prévoir la durée ? Eh bien Lev Tolstoï possède cet art unique de nous faire ressentir cette expérience comme si l'on y était dans Maître Et Serviteur.

Voici une nouvelle d'une écriture et d'une composition parfaite : on a un frisson à chaque paragraphe et l'on termine les pages avec l'onglée. On a des engelures rien qu'à imaginer ce pauvre cheval lancé dans le blizzard ; on hurle de froid en imaginant les membres douloureux de l'infortuné Nikita, le serviteur dévoué du cupide, avide, impavide, fétide, rigide et stupide Vassili, son maître.

Pour une histoire de gros sous — lesquelles histoires ne peuvent pas attendre, comme vous le savez —, pour conclure une affaire juteuse autant que douteuse, donc, avant que le vendeur ne se rétracte, Vassili tient absolument à partir de suite, malgré la météo catastrophique. À chaque alternative, le bon sens paysan de Nikita se heurte au bon sens financier de Vassili… et la neige continue de tomber, et le vent continue de souffler…

Dans la nouvelle intitulée Trois morts, c'est la magie de la tuberculose que l'auteur nous dévoile ; et ses effets qu'il portraiture dans une petite nouvelle au format " Maupassant ". Tolstoï appuie particulièrement sur le point sensible et douloureux qu'est le comportement des proches, en attente du trépas du poitrinaire, qui est particulièrement sordide et hypocrite, tout en étant parfaitement transparent pour le malade, qui ne s'y laisse pas prendre et qui imagine déjà le faible manque que représentera sa disparition dans le coeur de ceux qu'il nommait " ses proches ".

L'auteur termine avec un étonnant parallèle, la grande unicité du monde vivant et sa communauté de destin, comme une manière de méditation écrite sur le papier…

Mais bien évidemment, le morceau de choix de ce livre est La Mort d'Ivan Illitch. Avec cette nouvelle, en quelques dizaines de pages, Lev Tolstoï a le talent d'évoquer une vie entière et tout un monde de convenances, d'aspirations, de doutes et de certitudes.

L'issue de la lutte ne laissant guère de suspense, l'auteur s'attache à nous faire vivre et ressentir la lente et inéluctable descente, l'affaissement, le basculement d'un homme, en apparence enviable, du monde des vivants à celui des trépassés. Chemin faisant, l'individu incline à l'examen distancié de sa propre existence passée, à l'introspection, au voyage au creux de soi-même, de tout ce que l'on a pensé et cru, et qui bien sûr n'était que du flan, de la poudre aux yeux, des chimères…

En cette lumineuse nouvelle, Lev Tolstoï aborde une foule de notions, comme l'atroce solitude d'un malade durant les heures de veille nocturne, le schéma du dialogue intérieur du mourant, la personnification de la douleur et la mise à l'épreuve qu'elle engendre, le lancinant va-et-vient entre espoirs de guérison et certitudes du contraire en passant par les phases médianes du doute, l'alternance mécanique entre l'hypocondrie et le déni du mal véritable, la manipulation et l'abus de pouvoir des médecins, l'hypocrisie et le mensonge des proches, la crise de la foi face à l'imminence de la mort ou bien encore la vacuité des apparences et le sens vrai de l'existence.

L'auteur utilise le symbole d'Ivan Illitch, magistrat de premier ordre, rendant des sentences, mis face à la sienne de sentence. Les médecins jouent le rôle des avocats véreux et la Mort, l'authentique présidente de l'audience. Nul besoin de pousser plus loin l'évocation, vous avez dans les mains un petit délice à déguster sans modération en vous pourléchant les doigts. Une fois encore, chapeau bas Monsieur Tolstoï, vous êtes un maître et vos livres sont nos bien fidèles serviteurs. Mais ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Tolstoï n'est pas une découverte pour moi...

J'ai lu plusieurs fois Guerre et Paix ainsi qu'Anna Karénine (que j'ai prévu de relire cette année) ! Des pavés d'accord mais des chefs-d'oeuvre qu'on ne peut pas lâcher...

Et pourtant Tolstoï est encore meilleur quand il s'agit de nous prendre aux tripes sur des textes très courts...

La preuve en est avec ce recueil qui regroupe trois nouvelles dont le thème principal est la mort et plus particulièrement la façon dont l'homme va y faire face selon son caractère bien sûr mais surtout son rang social.

Même dans un format court, Tolstoï reste Tolstoï : un homme plus proche de ses serfs, des animaux et de la nature que de ses "coreligionnaires sociaux".

Les deux premières nouvelles, La mort d'Ivan Ilitch et Maître et serviteur, sont les textes les plus forts, les plus intenses et les plus puissants que j'ai lu jusqu'à présent dans ma vie de lectrice !
La troisième nouvelle, Trois morts, est un texte de jeunesse qui est un cran en-dessous des deux autres mais qui a tout à fait sa place dans ce recueil car tous les éléments qui conduiront à l'oeuvre future de Tolstoï sont déjà là !

Hasard de la vie, juste après avoir lu ce recueil j'ai été confrontée à la mort... celle d'un petit chien qui partageait ma vie depuis plus de quinze ans !
Je me suis retrouvée dans la peau du maître tout puissant qui a droit de vie et de mort sur son serviteur ! Et durant cette période, j'ai beaucoup repensé et réfléchi à ces trois nouvelles et à ce que Tolstoï avait voulu dire...

Ne me demandez pas de réponse, je ne pensais même pas écrire un avis sur ce recueil qui est au-delà du coup de coeur !


PS
J'ai lu la première nouvelle, La mort d'Ivan Ilitch, dans le cadre d'une lecture commune et je conseille vivement les retours de mes camarades babeliotes : mcd30, bernie_29, HundredDreams, NicolaK, catherineCM, Tbilissi, lacerisaie, Thrinecis, Fanny1980, dannso, gromit33, 4bis, domm33, michemuche et Aemilia
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Je me suis régalé avec ce livre qui regroupe trois nouvelles de Tolstoï tournant autour de l'idée de la mort.

Tout d'abord chapeau à l'éditrice qui a conçu le dossier. Les notes viennent à propos expliquer des détails utiles de l'Histoire de la Russie, ou un mot russe peu connu, ou encore dénouer la pelote des noms, surnoms et autres diminutifs par lesquels les Russes s'interpellent.

Trois morts est une courte nouvelle écrite plutôt en début de carrière (1858). C'est la moins palpitante des trois tout en étant quand même bien agréable à lire. Elle permet de montrer le contraste entre la mort d'un homme du peuple – un cocher – et d'une noble dame. Si le premier s'enfonce lentement dans la maladie, couché sur le poêle d'une isba (une habitude à l'époque), sans se plaindre et meurt en douceur sans un mot, la dame est terrifiée par la maladie, la dénie, pleure, enrage. Quant à la troisième mort, je vous laisse sur votre faim. Elle est surprenante.
Une bonne introduction aux deux autres nouvelles.

Tolstoï publie La mort d'Ivan Ilitch en 1886, soit presque trente ans après Trois morts. La Russie et l'auteur ont bien changé.
On est dans la bonne société. le début présente le comportement des « amis » et de la famille d'Ilitch dans les heures qui suivent son décès ; des gens moins effondrés de chagrin qu'ennuyés par cette séance qui vient parasiter leur routine ou par les problèmes financiers que la mort va impliquer (ça c'est sa femme). La mort elle-même ne les atteint pas ; elle ne peut pas les concerner, eux. La suite narre la vie d'Ivan Ilitch, une vie en forme de parabole avec une montée vers les sommets de la réussite sociale et une chute d'abord lente puis de plus en plus rapide à cause d'une blessure mal soignée (les médecins en prennent pour leur grade dans le texte). On suit pas à pas la progression de l'idée de sa propre mort qui fait son trou dans l'esprit de plus en plus paniqué d'Ilitch. C'est pathétique, terrible et finalement effrayant. L'homme si fier de sa carrière finit par se convaincre que c'est parce qu'il a choisi la « mauvaise route » qu'il a été en quelque sorte puni. Jusqu'à la fin il s'accrochera à n'importe quel élément – un serviteur, la religion – pour tarir son effroi.

Maître et serviteur est ma préférée. Publiée en 1895, elle s'intéresse moins à la mort, même si celle-ci est la fin obligée du voyage pour un individu trop peu prévoyant. Elle m'a fait penser à une sorte de Jack London russe. Vassili, le maître, un marchand qui a réussi, et Nikita, un paysan aux besoins simples, partent pour ce qu'ils pensent être un court voyage. Vassili a une affaire à régler qui ne souffre aucun retard. C'est l'hiver, la tempête de neige menace. Il part en traineau tiré par un bon cheval. Inquiète, son épouse l'a obligé à emmener Nikita. Vassili est une sorte d'Harpagon addict à l'argent. L'affaire commerciale, but du voyage, capte toutes ses pensées. Il ne parvient pas à saisir les signes multiples du danger que ce voyage représente, jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Quand la nature, son froid, son vent, son immensité nocturne, s'impose à lui, il panique. Nikita, lui, vit le moment, cherche des solutions et ne râle même pas sur son maître si peu prévoyant et qui prend des décisions stupides. Les deux personnages iront au bout de ce que vers quoi leur caractère les pousse. Enfin, … pas tout à fait. Les caractères peuvent exploser quand la nature se déchaine au point de menacer votre vie.

C'est mon deuxième livre de Tolstoï, après Les cosaques lu il y a longtemps. Je compte bien poursuivre l'aventure, même si je ne suis pas prêt à me lancer dans ses briques littéraires les plus célèbres.
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Au seuil de la mort, Ivan Illitch, dans sa solitude tourmentée d’agonisant, procède à un dialogue intérieur. La pensée du magistrat alterne entre espoir de guérir et conviction de sa fin proche. Il ressent la fausseté et l’hypocrisie de ses proches qui lui mentent sur son état, rejette le simulacre de la médecine, analyse la vacuité de l’orgueil humain, pense à Dieu et finalement accepte après cette longue introspection, l’inéluctable fin de sa vie.

Dans le froid intense d’une tempête de neige, un maître et son serviteur se rendent dans une ville voisine pour conclure une affaire. Face aux éléments déchaînés, le bon sens voudrait qu’ils fassent demi-tour, c’est ce que pense Nikita face à l'obstination de son maître. Mais la cupidité de celui-ci est supérieure à son instinct de survie. Ils vont se perdre et le serviteur ne pourra sauver son maître.

La mort d’une vieille dame, d’un cocher et d’un arbre. La première meurt comme elle a vécu, acariâtre et tyrannique. L’arbre mort laissera sa place à d'autres arbres et deviendra une croix sur la tombe du vieux cocher disparu simplement, à l’image de sa vie.

Trois récits magnifiques par leur puissance d’évocation (le passage dans la tempête de neige est absolument glaçant) dans lesquels Léon Tolstoï se livre à une critique sociale, des récits hautement symboliques qui traduisent ses interrogations et angoisses existentielles.
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Ce recueil de trois nouvelles est un pur régal, même si j'ai trouvé la dernière « Trois morts » un peu en-dessous, les deux premières sont excellentes.
C'est court, percutant, très fort et tellement juste. L'écriture est limpide. J'ai vraiment adoré cette lecture.
La mort d'Ivan Illitch
De la lente agonie vers l'inéluctable dénouement, rien n'échappe à Tolstoï. La solitude d'Ivan Illitch face à ses angoisses, le cheminement des pensées du mourant, du déni jusqu'à l'acceptation de l'inexorable châtiment sont décrits avec une grande lucidité.
Il nous transmet une fine analyse des rapports humains démontrant l'hypocrisie de l'entourage tenu par les conventions, la compassion laissant vite la place à l'opportunisme.
L'épouse et la fille d' Ivan Illitch sont des modèles d'égoïsme, Tolstoï avait-il des comptes à régler avec les femmes ?
Maîtres et serviteurs
Dans cette deuxième nouvelle (ma préférée), il est question de hiérarchie sociale, de hiérarchie des valeurs humaines et matérielles. Face à la mort valent-elles encore ? Deux personnages, un riche marchand accompagné de son serviteur, traversent une tempête de neige. Dans la nuit hivernale, leur traîneau s'égare. On fait partie du voyage, on grelotte avec eux. Pressentant l'issue, on maudit l'entêtement de Vassili, le maître, à poursuivre leur course et on regrette la soumission de Nikita, paysan pourtant plein de bon sens. Avec ce texte magnifique, Tolstoï nous livre une réflexion profonde sur la vie et la mort. Les convictions de l'auteur, son combat pour l'abolition du servage et son altruisme transparaissent dans ce récit - Il légua ses biens à ses serfs pour finir sa vie dans le dépouillement.
Trois morts
Dans le dernier récit, l‘auteur nous conte la mort d'une femme riche, d'un vieux paysan et d'un arbre. Là aussi, il est question de mensonge, et là aussi, le comportement de la femme n'est pas très honorable. Comme un miroir à La mort d'Ivan Illitch, la disparition de l'arbre réjouit ses congénères, voisins du trépassé, en leur libérant un espace bienvenu. La nature n'aime pas le vide.
Trois nouvelles à l'écriture limpide pour un thème intemporel et universel.

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"La mort d'Ivan Illitch", publié pour la première fois en 1886, est un récit inoubliable. Maîtrise, empathie de l'auteur (jusqu'à la suffocation de son lecteur) et exercice inoubliable de l'art littéraire... Une longue nouvelle articulée en XII chapitres : soit douze étapes d'un Chemin de Croix. Car nous voici plongés dans le corps souffrant et l'esprit en déroute d'Ivan Illitch Golovine, "et c'est inéluctable"...
"Vivre, je veux vivre !" se disait-il.
Repensé immédiatement à la terrifiante "Destruction d'un coeur" de Stefan ZWEIG... mais aussi à l'existentialisme poétique de la "Vie de Samuel Belet" de C.F. RAMUZ ou à la joie de vivre et au romantisme de cette lente agonie tuberculeuse du héros condamné de "Le Bois de Bouleaux" de Jarosław IWASZKIEWICZ : la même force intérieure, le même déchirement, la même universalité : que devenons-nous, que devinons-nous face à la mort ?
Et si nous avions à peine vécu ? ... voire pas vécu ?
Mais je vous renvoies ici, et immédiatement, au TRES bel article de Nastasia-B, "notre" formidable, discrète et si efficace défricheuse-et-experte en Littérature russe (parmi d'autres compétences, si évidentes sur Babelio).

Lien : http://www.regardsfeeriques...
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En moins de cent pages, dans un style limpide, austère et très réaliste Tolstoï nous invite à regarder la mort en face.

Pour construire son propos il choisit une temporalité déstructurée et nous place, dès le premier chapitre face à la dépouille du juge d'instruction Ivan Ilitch Golovine. Gêne, curiosité, peur mais aussi soulagement d'être bien vivant, nous partageons les sentiments de son ami Piotr Ivanovitch.

Puis nous remontons le temps pour connaître cet homme qui n'est plus. "...l'histoire révolue d'Ivan Ilitch était à la fois très simple, très ordinaire et parfaitement atroce." Un personnage singulier, une histoire unique pour viser à l'universel. Comme tant d'autres il vivait une vie superficielle faite de bienséance, d'apparence et d'égoïsme. Seuls comptaient la réussite sociale, les relations utiles, les fonctions haut placées et... le whist.
En quelques pages cette société bourgeoise pleine de vanité est croquée. Tous sont identiques: mesquins, ambitieux, auto-centrés et sans empathie.

Lorsque Ivan Ilitch tombe malade suite à une chute, son regard sur la vie va petit à petit se modifier. Son univers se rétrécit, il s'éloigne de ce milieu mondain plein de mensonges et de faux semblant. La solitude devient son lot quotidien. Même sa famille prend encore un peu plus de distance. Seul dans sa chambre, isolé dans sa douleur physique mais aussi morale, il porte alors un regard peu complaisant mais lucide sur sa vie.
"... Peut-être n'ai je pas vécu comme il aurait fallu."
L'idée de la finitude, de cette mort qui approche l'épouvante. L'acceptation est difficile, douloureuse. Ce face à face permanent avec la mort devient le point de départ d'une auto-analyse et d'une interrogation sur le sens de sa vie. Il remonte alors à son enfance heureuse. Quand tout cela a-t-il basculé? Quand a-t-il tout gâché?

Toute cette angoisse, toutes ces questions résonnent en moi. Qu'est ce qu'une vie bonne? Comment vivre serein dans ce monde où nous venons pour mourir? Comment trouver l'apaisement face à cette finitude programmée?
Qui ne s'est posé ces questions un jour.
Tolstoï a-t-il la réponse? Il me semble que le personnage de Guerassine, jeune domestique d'Ivan Ilitch, nous donne quelques pistes. Lui, l'homme simple s'inscrit dans l'inéluctabilité des choses, " On y passera tous". Loin de l'égoïsme de ces bourgeois parvenus qui fuient la réalité, il accompagne avec empathie, il écoute, il soulage le corps, il allège l'esprit par son bon sens, sa sérénité et sa disponibilité. Il n'attend rien en retour, il ne se détourne pas, il ne fuit pas, il accepte de regarder la déchéance en face.
Sa vie faite de labeurs physiques, proche de la Nature l'ancre dans la réalité inexorable de notre condition de mortel.

Fuir la vanité, la fascination du monde des apparences, l'appât du gain. Faire communauté vraie, s'inscrire dans l'ordre des choses, accepter les cycles inéluctables qui régissent notre monde, mener une vie simple et sincère. Telles sont pour moi les leçons de cette nouvelle magistrale.
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Ivan Illitch est un homme comblé. Il a réussi sa vie de jeune homme puis sa vie professionnelle, il devient un juge reconnu et adulé, il a une famille comme il faut, un fils, une fille et une épouse (qu'il a épousé par intérêt), leurs relations ne sont pas toujours au beau fixe mais ils composent lorsqu'ils sont en société. Ils reçoivent des tas de personnes importantes dans leur très bel appartement. Les époux Illitch semblent heureux, tout semble aller pour le mieux jusqu'au jour où la maladie fait son apparition. Tolstoï raconte les derniers jours d'Ivan qui est atteint d'une maladie mortelle (probablement un cancer du tube digestif). Ses derniers jours sont épouvantables de douleurs physiques et de désarroi moral. La réalité de la vie devient âpre pour lui, il déteste peu à peu les personnes qui l'entourent à cause de leur manque d'amour et de leur manque de compassion. Il ne peut plus fuir son existence face à la mort, il la redécouvre. Ivan se rend compte qu'il s'est contenté de faire ce que la société et sa famille attendaient de lui. Il a vécu selon les apparences, le convenable. Tolstoï écrira "pour la première fois il avait conçu l'inconcevable et admis qu'en réalité sa vie pouvait être manquée". C'est la conscience de sa mortalité qui le pousse à se questionner sur le sens de sa vie. C'était pourtant un homme juste et honnête mais il s'est contenté de faire ce qu'on attendait de lui. Ses seuls instants de bonheur sont des souvenirs d'enfance car ces souvenirs étaient imprégnés de tendresse et d'émerveillement. Dans le fond de son être il s'aperçoit que les choses les plus importantes lui ont manquées. Pour que sa vie ait un sens c'est l'amour de sa famille, la tendresse, l'attention et la douceur qu'il lui aurait fallu. Toutes ces choses qui font que nous sommes présents au monde et qui font parties de notre quotidien. Ivan va mal mourir car il a mal vécu.
La lecture de ce texte nous bouleverse car il place la mort au centre de notre existence et avec la mort, la question du sens de la vie.
Très beau texte !
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Trois nouvelles qui ont pour fond la mort avec toutes les questions qu'elle peut susciter,la peur mais aussi l'attente,le contentement(douleurs-froid...)selon les circonstances vecues.
Trois nouvelles qui se laissent lire et qui ont le charme "malgre le sujet"d'etre de la grande litterature russe,avec tout le vague a l'âme cher aux peuples slaves.
Quelque soit le rang social,la mort vient vous prendre;quelque fois en s'annoncant et quelque fois sans crier gare!Mais elle ne sera pas plus douce pour autant,que l'on soit bourgeois ou paysan.
Quand l'heure est la,rien n'y fera,on n'y echappera pas!
J'ai beaucoup aime les atmospheres creees par Tolstoi pour ces 3 histoires;ce n'est certes pas lugubre mais"vivant",ô ironie du sort,du theme
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Un classique à lire absolument.
Trois nouvelles dans ce recueil. Trois récits. Trois confrontations à un thème universel souvent tabou aux yeux de la société : la mort. Simple, implacable, effrayante…

Personnellement, je ne m'attendais pas à être aussi émue par « La Mort d'Ivan Illitch ». L'histoire est pourtant banale. Ivan Illitch, un homme lambda, magistrat de premier ordre, ayant une vie lambda, sans artifice. Une normalité effarante. Jusqu'à ce qu'advienne un événement fâcheux, puis une déchéance progressive, une lente agonie… Nous sommes les témoins du cheminement tortueux des pensées d'Ivan Illitch, de sa terrible solitude face à ce qui lui arrive. Ivan Illitch, seul, incompris, torturé par la douleur physique mais également mentale. Mentale car ce-dernier sent du fond de ses tripes le trépassement arriver. Lentement mais sûrement. Tout en se rattachant farouchement par moment à l'espoir. L'espoir de guérir de ses maux contre toute attente ! Nous aussi en tant que lecteurs nous nous y accrochons, à cet élan de vie, même si nous sentons autant que le personnage la finalité arriver, sans pitié. L'expression « voir sa vie défiler devant ses yeux » juste avant de s'éteindre y prend tout son sens. Ivan Illitch soliloque sur sa vie, ses aspirations, qui lui paraissent au final complètement illusoires. Ses réflexions existentielles poussent autant le lecteur à réfléchir et à se questionner sur sa propre vie. « Et si moi aussi je mourrais demain, serais-je satisfait de ma vie ? N'aurais-je aucun regret ? Étais-je réellement heureux ? »
La fin du récit signe la fin de l'histoire d'Ivan Illitch et de ses tourments, cela de façon abrupte et sans fioritures.

Lev Nikolaïevitch Tolstoï a su parfaitement retranscrire dans ses écrits ce qu'est la mort, avec une précision limpide et déconcertante, notamment la perception que l'on a de la mort, ce qu'elle inspire pour le commun des mortels. Il faut également soulever sa critique de la société que l'on retrouve à travers ces trois nouvelles, de ses moeurs et de ses conventions, des différentes classes sociales, de l'égoïsme et de la vanité des hommes…

Alors qu'au final, nous finirons tous au même endroit, peu importe le statut social.

Je finirai cet avis avec ce passage de « La Mort d'Ivan Illitch », simple mais puissant, démontrant le déni puis la sidération du personnage :

« « Caius est un homme, tous les hommes sont mortels, donc Caius est mortel. » Mais il n'avait jamais voulu le prendre à son compte, jugeant que ce raisonnement, applicable à Caius, ne valait rien pour lui-même. […] En effet, Caius est mortel. Il faut qu'il meure. C'est la loi. Mais moi, moi, Vania, moi, Ivan Illitch, avec toutes mes pensées, toutes mes sensations, n'est-ce pas autre chose ? Il est impossible que je doive mourir. Ce serait trop affreux ! […] S'il fallait que je meure, comme Caius, je le saurais, une voix intérieure me l'aurait crié… Mais non, je n'observe rien, mais rien de tel. Je sais parfaitement, et tous mes amis savent que nous sommes différents de Caius… Or, voilà que tout change ?… Ce n'est pas possible !… Ce n'est pas possible et pourtant cela est !… Comment ça ?… Que dois-je penser ?… »
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