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sur 709 notes
La Mort d'Ivan Ilitch" de Tolstoï est une oeuvre remarquable qui plonge profondément dans les abysses de la condition humaine, révélant des vérités universelles sur la vie et la mort. L'histoire suit le parcours d'Ivan Ilitch, un homme en apparence réussi dans la haute société russe, dont la vie bascule lorsqu'il est confronté à sa propre mortalité. Tolstoï nous livre une critique subtile de la superficialité de la société et de la recherche incessante du statut social, tout en explorant les thèmes de la solitude, de l'isolement et du sens de l'existence.
L'un des aspects les plus saisissants de ce roman est la manière dont Tolstoï dépeint la solitude oppressante dans laquelle Ivan Ilitch est plongé à mesure qu'il prend conscience de sa propre finitude. Dès le début du récit, nous sommes témoins de son isolement croissant alors qu'il se retrouve confronté à une maladie incurable. Tolstoï écrit :
"Il se sentit tout à coup abandonné de tous, et une terreur insensée lui serra le coeur. 'Il meurt ! Il meurt !' disaient les gens qui se tenaient près de lui."

Ces mots capturent magistralement l'angoisse et la solitude qui enveloppent Ivan Ilitch, soulignant la nature inhérente de la mort comme un voyage solitaire et inéluctable.
De plus, Tolstoï offre une critique subtile de la vacuité de la vie bourgeoise et de la quête perpétuelle du succès matériel. À travers le personnage d'Ivan Ilitch, il démontre comment la recherche effrénée du statut social et les conventions sociales peuvent conduire à une existence dépourvue de sens. Ivan Ilitch réalise progressivement que sa carrière brillante et sa position sociale enviable ne lui procurent aucun réconfort alors qu'il se confronte à sa propre mort. Tolstoï écrit avec une justesse déconcertante :
"Il sentit qu'il s'abandonnait à ce qu'il craignait le plus, et qu'on l'abandonnait à ce qu'il craignait le plus, et ce qu'il craignait le plus, c'était la mort."
Ces mots révèlent la véritable nature de la peur et de l'angoisse qui accompagnent la mort, mettant en lumière la vanité des succès terrestres face à l'inéluctabilité de la fin.
En somme, "La Mort d'Ivan Ilitch" est bien plus qu'un simple récit sur la mort imminente d'un homme. C'est une méditation profonde sur la condition humaine, explorant les thèmes universels de la solitude, de l'isolement et du sens de l'existence. Tolstoï nous offre un miroir saisissant de notre propre humanité, nous rappelant la fragilité de la vie et la nécessité de trouver un sens plus profond au-delà des apparences sociales et matérielles.
"La Mort d'Ivan Ilitch", les relations d'Ivan Ilitch avec sa femme, Praskovya Fedorovna, offrent un éclairage poignant sur la nature complexe des liens conjugaux.
leur relation évolue face à la maladie d'Ivan Ilitch. Au début du récit, Praskovya Fedorovna semble plutôt indifférente à la souffrance d'Ivan Ilitch, se préoccupant davantage de son confort et de sa propre tranquillité. Tolstoï écrit :
"Sa femme, Praskovya Fedorovna, l'aimait tendrement, mais elle l'aimait comme on aime un luxe coûteux, pour le plaisir qu'il donne et non pour ses qualités."

Cependant, au fur et à mesure que la maladie d'Ivan Ilitch progresse et que sa souffrance devient plus tangible, leur relation connaît des changements subtils. Praskovya Fedorovna ressent finalement une forme de culpabilité et de désespoir face à la détérioration de la santé d'Ivan Ilitch, reflétant ainsi la complexité des liens conjugaux face à la maladie et à la mort.

En conclusion,

"La Mort d'Ivan Ilitch" s'inscrit dans la tradition de la littérature russe, caractérisée par une exploration profonde des questions existentielles. L'oeuvre de Tolstoï illustre parfaitement la capacité unique des écrivains russes à sonder les profondeurs de l'âme humaine
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Profonde, magnifique, terrible, la mort d'Ivan illitch transcende les mots et fait partie de la littérature qui traverse les âges.
Telle une eau de vie, distillée avec soin, cette courte histoire démontre que Tolstoï, bien que connu pour Guerre et Paix et Anna Karenine, de beau pavés, arrive à tirer la quintessence de chaque mot.
Les émotions se trouvent concentrées, telles les saveurs du meilleur cognac, et la dégustation du lecteur est un moment d'extase, coincé que nous sommes entre nos propres peurs et le plaisir de lire.
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Un classique à lire absolument.
Trois nouvelles dans ce recueil. Trois récits. Trois confrontations à un thème universel souvent tabou aux yeux de la société : la mort. Simple, implacable, effrayante…

Personnellement, je ne m'attendais pas à être aussi émue par « La Mort d'Ivan Illitch ». L'histoire est pourtant banale. Ivan Illitch, un homme lambda, magistrat de premier ordre, ayant une vie lambda, sans artifice. Une normalité effarante. Jusqu'à ce qu'advienne un événement fâcheux, puis une déchéance progressive, une lente agonie… Nous sommes les témoins du cheminement tortueux des pensées d'Ivan Illitch, de sa terrible solitude face à ce qui lui arrive. Ivan Illitch, seul, incompris, torturé par la douleur physique mais également mentale. Mentale car ce-dernier sent du fond de ses tripes le trépassement arriver. Lentement mais sûrement. Tout en se rattachant farouchement par moment à l'espoir. L'espoir de guérir de ses maux contre toute attente ! Nous aussi en tant que lecteurs nous nous y accrochons, à cet élan de vie, même si nous sentons autant que le personnage la finalité arriver, sans pitié. L'expression « voir sa vie défiler devant ses yeux » juste avant de s'éteindre y prend tout son sens. Ivan Illitch soliloque sur sa vie, ses aspirations, qui lui paraissent au final complètement illusoires. Ses réflexions existentielles poussent autant le lecteur à réfléchir et à se questionner sur sa propre vie. « Et si moi aussi je mourrais demain, serais-je satisfait de ma vie ? N'aurais-je aucun regret ? Étais-je réellement heureux ? »
La fin du récit signe la fin de l'histoire d'Ivan Illitch et de ses tourments, cela de façon abrupte et sans fioritures.

Lev Nikolaïevitch Tolstoï a su parfaitement retranscrire dans ses écrits ce qu'est la mort, avec une précision limpide et déconcertante, notamment la perception que l'on a de la mort, ce qu'elle inspire pour le commun des mortels. Il faut également soulever sa critique de la société que l'on retrouve à travers ces trois nouvelles, de ses moeurs et de ses conventions, des différentes classes sociales, de l'égoïsme et de la vanité des hommes…

Alors qu'au final, nous finirons tous au même endroit, peu importe le statut social.

Je finirai cet avis avec ce passage de « La Mort d'Ivan Illitch », simple mais puissant, démontrant le déni puis la sidération du personnage :

« « Caius est un homme, tous les hommes sont mortels, donc Caius est mortel. » Mais il n'avait jamais voulu le prendre à son compte, jugeant que ce raisonnement, applicable à Caius, ne valait rien pour lui-même. […] En effet, Caius est mortel. Il faut qu'il meure. C'est la loi. Mais moi, moi, Vania, moi, Ivan Illitch, avec toutes mes pensées, toutes mes sensations, n'est-ce pas autre chose ? Il est impossible que je doive mourir. Ce serait trop affreux ! […] S'il fallait que je meure, comme Caius, je le saurais, une voix intérieure me l'aurait crié… Mais non, je n'observe rien, mais rien de tel. Je sais parfaitement, et tous mes amis savent que nous sommes différents de Caius… Or, voilà que tout change ?… Ce n'est pas possible !… Ce n'est pas possible et pourtant cela est !… Comment ça ?… Que dois-je penser ?… »
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À travers trois nouvelles, Tolstoï aborde la thématique universelle qu'est la mort. Dans « Trois morts » il compare la différence avec laquelle, selon le rang social, des mourants acceptent leur finitude. Plus on a accumulé de richesse et plus on est réticent à quitter ce monde. Et plus on se crée d'artifices pour l'éloigner, ne l'envisager qu'au dernier instant. À l'instar d'une foi religieuse de façade. À quoi bon se signer au passage devant une église, quand la vue du prêtre qui va donner les derniers sacrements vous comble de terreur. L'être qui n'a rien à perdre, accepte de manière stoïque la mort comme faisant partie du cycle de la vie.

Le but de Tolstoï n'est pas d'essentialiser un rang social plus qu'un autre. Mais il vient rappeler au lecteur que la mort rabat toutes les cartes. Ce que l'on pense avoir construit comme solide et durable, prend une tout autre tournure au seuil du trépas. C'est ce qu'apprend dans la douleur, Ivan Ilitch, dans la nouvelle « La mort d'Ivan Ilitch ». Ses relations, son statut social n'ont plus aucune importance lorsque son agonie dérange son entourage. Et que l'attente de l'annonce de son décès, en vue de prendre la place qu'il va laisser vacante, est la seule préoccupation de ses collègues. L'absence d'empathie, l'hypocrisie qui l'entoure lui font envisager sa vie sous un bilan peu glorieux. Lui, qui, dans l'agonie recherche un peu d'amour et de compassion, doit se résoudre à attendre la mort pour le libérer de ses tourments.

« Maître et serviteur », ultime nouvelle de ce recueil quant à elle montre les risques qu'un maître est prêt à faire courir à son serviteur pour conclure une affaire. En ne prenant pas compte des avertissements des paysans qui lui proposent le gîte et le couvert, en vue d'attendre une météo plus clémente. Il les risque tout deux dans le blizzard, les menant vers une mort certaine.

Dans ces nouvelles, l'écrivain russe n'aborde pas la mort de manière mystique. Il n'y a pas de réponse sur un éventuel « après », on ne sait si ces morts trouvent un peu de quiétude dans le repos éternel. Ce qui importe ce n'est pas comment les hommes devraient envisager leur mort, mais plutôt comment vivre leur vie sans crainte de la perdre.
Une leçon universelle, une leçon d'humilité.
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Bon, deuxième lecture de Tolstoï et... toujours pas emballé ! Pourtant trois histoires courtes, loin des pavés habituels mais qui ne m'ont pas apporté grand chose. Ces lectures m'ont donné le sentiment de livres surannés, d'une autre époque, impossible de rentrer dans l'histoire ni dans le style...je me suis ennuyé...ce n'est que mon humble avis face à un monstre sacré mais je pense que mes lectures de Tolstoï vont peut être s'arrêter là. Un dernier essai avec Anna Karenine, à voir mais pas tout de suite. A voir aussi d'autres écrivains russes.
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Comment se persuader d'accepter l'idée de partir prématurément. Ne plus s'indigner face au dédain des autres et leur indifférence. Accepter paisiblement et docilement une fin qu'on à ni demandé, ni cherché. Accueillir passiblement une retournement de situation des plus horribles où on passe de l'état d'un pilier indispensable dans la vie des siens à celui d'un fardeau insupportable.
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Trois nouvelles sur la mort, trois nouvelles profondément philosophiques qui nous rappellent notre solitude face à notre inévitable destinée, qui décrivent cette peur atroce de l'après, ce désespoir, ce refus de céder, cette envie de continuer à s'accrocher coute que coute à la matérialité et ses leurres. Mais aussi et surtout trois nouvelles qui interrogent le sens de nos vies, la vacuité de la poursuite des prestiges, des mondanités et du pouvoir.

Les personnages mis en avant dans ces trois nouvelles permettent à l'auteur d'aborder ce que chacun de nous a vécu ou vivra un jour: l'attitude confuse face au corps inerte d'un proche, l'évitement de la question de la mort et le refuge dans un égoïsme visceral qui n'est qu'une fuite en avant, une absence d'empathie pour nos semblables car la mort est d'abord l'affaire des autres, les faux espoirs qu'on peut leur insuffler et qui se transforment en terribles mensonges et tortures pour eux.

Epicure disait que "la mort n'est rien pour nous". J'ai fait mienne cette réflexion et répété à souhait que "Quand nous existons la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons pas ». Ceci afin de me consacrer à la vie et à lui conférer un sens à travers mes actions.
La lecture de Tolstoï renforce finalement cette attitude car ce que l'auteur met en avant est cet examen de conscience nécessaire que chacun doit réaliser bien avant d'atteindre sa dernière demeure, afin de s'améliorer pour soi et pour les autres. Une véritable leçon d'humanisme. Et finalement on n'est jamais autant humain que dans notre sentiment de vulnérabilité face à la vie et notre angoisse face à la mort.

Du grand Tolstoï dont les oeuvres ne cesseront de me hanter et me façonner.



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La mort... Drôle d'idée que de lire des nouvelles ayant pour thème commun ce sujet si sensible, si douloureux !

Et pourtant ! Tolstoï décrit avec beaucoup de variations les instants encadrant le passage de vie à trépas. le changement de comportement, la perception de l'environnement qui se trouble, tout est si finement analysé et décrit par l'écrivain russe.

À mon sens, la nouvelle la plus réussie est La Mort d'Ivan Illitch. Bien plus que la description de la longue agonie d'un magistrat, il s'agit d'une formidable critique des illusions que procure la société : matérialisme, amitiés intéressées, hiérarchie sociale, etc. Rien n'est épargné ! Et face à tout cet édifice social, la mort. La mort telle un coup de poing qui fait brutalement revenir à la réalité. J'ai trouvé l'opposition entre le malade et son entourage particulièrement jouissive : c'est l'opposition de deux mondes qui doivent se séparer car leur cohabitation devient insoutenable.

Une excellente lecture donc qui m'encourage à poursuivre plus tard ma découverte de l'oeuvre de Tolstoï.
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Tolstoï n'est pas une découverte pour moi...

J'ai lu plusieurs fois Guerre et Paix ainsi qu'Anna Karénine (que j'ai prévu de relire cette année) ! Des pavés d'accord mais des chefs-d'oeuvre qu'on ne peut pas lâcher...

Et pourtant Tolstoï est encore meilleur quand il s'agit de nous prendre aux tripes sur des textes très courts...

La preuve en est avec ce recueil qui regroupe trois nouvelles dont le thème principal est la mort et plus particulièrement la façon dont l'homme va y faire face selon son caractère bien sûr mais surtout son rang social.

Même dans un format court, Tolstoï reste Tolstoï : un homme plus proche de ses serfs, des animaux et de la nature que de ses "coreligionnaires sociaux".

Les deux premières nouvelles, La mort d'Ivan Ilitch et Maître et serviteur, sont les textes les plus forts, les plus intenses et les plus puissants que j'ai lu jusqu'à présent dans ma vie de lectrice !
La troisième nouvelle, Trois morts, est un texte de jeunesse qui est un cran en-dessous des deux autres mais qui a tout à fait sa place dans ce recueil car tous les éléments qui conduiront à l'oeuvre future de Tolstoï sont déjà là !

Hasard de la vie, juste après avoir lu ce recueil j'ai été confrontée à la mort... celle d'un petit chien qui partageait ma vie depuis plus de quinze ans !
Je me suis retrouvée dans la peau du maître tout puissant qui a droit de vie et de mort sur son serviteur ! Et durant cette période, j'ai beaucoup repensé et réfléchi à ces trois nouvelles et à ce que Tolstoï avait voulu dire...

Ne me demandez pas de réponse, je ne pensais même pas écrire un avis sur ce recueil qui est au-delà du coup de coeur !


PS
J'ai lu la première nouvelle, La mort d'Ivan Ilitch, dans le cadre d'une lecture commune et je conseille vivement les retours de mes camarades babeliotes : mcd30, bernie_29, HundredDreams, NicolaK, catherineCM, Tbilissi, lacerisaie, Thrinecis, Fanny1980, dannso, gromit33, 4bis, domm33, michemuche et Aemilia
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