L’éphémère retient
Le vacarme de l’aube.
Sérénité du jour,
Immobile inquiétude où le vent
Dépolit le silence
Lointaine alors
Tu te retournes
Et naissent sur tes pas
L’aisance et la douleur
Ces lieux
Que tu as su creuser jusqu’à leur résonance
Ont accueilli la voix qui s’avançait vers toi.
N’es-tu pas étranger cependant ?
Cesse d’imaginer
Que le silence est habitable.
On n’imagine pas le silence
Il éblouit l’espace.
Pesant autour de chaque objet
Il creuse son absence
Et ma voix le perçoit maintenant.
Je ne suis pas aveugle,
Ton ombre
Entre eux et moi
N’est même pas portée
Et ton vacarme est inimaginable.
L’évidence quotidienne
La réalité des saisons
Dans l’absence du ciel,
Et, plus bleu que le ciel
Le sourire de l’eau
En ce sommeil
De sables et de feuilles
En chaque mot
Voici que le silence indique.
La forme de silence
Œuvre à l’espace essentiel.
Dans l’extrême simplicité
S’ouvre l’énigme qui le cèle.
Saisi, celui qui s’éloignait.
Il perçoit désormais le chemin parcouru
Depuis le fondement jusque dans l’évidence…
Si proche de la mort est l'évidence,
Chaque printemps déjà… que dis-tu,
Murmurant dans ton absence même ?
p.148
Moi je porte en écho le silence.
Tout est au fond de l’apparence
Et murmure sans fin sous la dalle du froid
Mais
L’usage des usés
L’opacité de l’insignifiance inerte de leur nombre
Et leur éloignement, laissent
D’une patrie possible, antérieure ou future,
Différente, la trace.
Le bleu du ciel immédiat
Sous le passage de l’oiseau,
L’interrogation visible de l’absence,
La richesse inouïe
De la proximité de tout commencement
Font à nouveau ce lieu possible.
Rien n'a eu lieu
Qui ne soit à présent dans la mort confronté
Avec ce qui se doit de devenir mortel.
La forme en est l'absence
Où toute force a lieu.
p.141
Hommage à Pierre Toreilles