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EAN : 9782021101911
267 pages
Seuil (02/05/2013)
4.11/5   36 notes
Résumé :


Ils souffrent comme nous. Comme nous aussi, ils jouissent du bien-être. Mieux que nous parfois, ils s'imposent par la ruse et l'intelligence.

- Comment continuer à les traiter comme des « choses » dont on se contenterait de condamner l'abus ?
- Mais faut-il pour autant leur accorder des droits, et si oui lesquels ?
- Et qui veillera à leur application ?

Pour répondre à ces questions et à tant d?autres,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je ne suis pas un militant des droits des animaux, mais le sujet m'attirait depuis longtemps; et son approfondissement m'est apparu comme un nécessité morale personnelle, depuis que ma fille est devenue végane, générant de nombreux débats familiaux sur cette évolution...

Indéniablement, je retire de ce livre deux idées très positives et complémentaires :
primo, le sujet mérite vraiment d'être creusé (et je poursuivrai), car il m'est apparu évident à sa lecture que le sujet a été trop longtemps oublié, occulté, dans la philosophie -et la pensée en général- dominante, alors même que la nature de l'animal (être ou objet, sensibilité, raison, sociabilité, essence matérielle et spirituelle...), apparaît indissolublement liée au questionnement philosophique (et même métaphysique) de base sur la nature de l'homme et le sens de la vie. On y redécouvre chez de nombreux penseurs, de Mill et Bentham à Schopenhauer, en passant par Yourcenar, Lévy-Strauss et Derida, que la réflexion philosophique ne peut en faire l'impasse, sauf au prix d'une mauvaise foi évidente, que seule -et Cyrulnik, E. de Fontenay, et SInger semblent s'entendre sur ce point-, la tradition chrétienne occidentale a pu se permettre durant des siècles.
secundo, le sujet est d'une réelle actualité, et le veganisme relève d'un mouvement de fond de notre société, et non pas d'un phénomène de mode, comme j'avais pu le penser au départ. J'ai acquis en effet à cette lecture la conviction que la réintégration de l'animal comme sujet, juridique et éthique, est une évolution de notre temps, s'inscrivant dans une prise de conscience environnementale, d'un humain relativisant enfin sa toute-puissance.

Je serai en revanche plus critique sur deux points:
Très riche par ailleurs, ces trois entretiens m'ont semblé très inégaux, allant de la discussion de café aux thèses les plus passionnantes, en passant par le détour d'imbroglios philosophico-déconstructivistes qui égarent. "Les animaux révélés" à travers le prisme très particulier de Boris Cyrulnik m'ont grandement intéressé, et encouragé dans ma volonté d'approfondir ma connaissance de cet auteur. "Les animaux libérés", tels que revendiqués par Peter Singer, m'ont semblé d'une grande honnêteté et d'une grande fraîcheur, que l'on adhère ou non à ses thèses anti-spécistes basées sur le vieux critère anglo-saxon de la sensibilité et du plaisir dans l'utilitarisme. Quant aux "animaux considérés," selon E. de Fontenay, ils sont riches de considérations philosophiques générales, mais l'entretien m'est apparu comme un dialogue de sourds avec Karine Lou Matignon. Cela nuit à la bonne compréhension d'un thèse claire sur le sujet, à moins, comme l'explique E. de Fontenay, qu'il s'agisse d'une démarche volontaire de "liberté", certes louable, mais du coup peu éclairante pour le lecteur.

Enfin, je m'associerai à Michel Onfray (dont je recommande le cycle de conférences à l'Université des Savoirs de Caen, sur le même sujet) pour estimer que le procédé mise en oeuvre par Karine Lou Matignon, consistant à interviewer par des questions très clairement orientées chaque intervenant, comme dans un débat télévisé, est extrêmement désagréable, car faisant appel à de vieilles ficelles rhétoriques prenant, à mon sens, un peu le lecteur pour un idiot... dommage, le propos et la "cause" méritaient d'être mieux servis...

Un sujet passionnant donc, que j'approfondirai certainement ; d'autant plus que nos échanges avec ma fille me donnent chaque jour l'occasion de creuser cette question, avec intelligence et intérêt. C'est en tous cas ce que me laisse espérer l'application de cette citation de Boris Cyrulnik : "notre culture ridiculise cette souffrance, culpabilise et rend honteux celui qui pleure la bête disparue. La honte est l'arme du conformisme et des dictatures sociales"... merci donc à tous les confomistes (dont j'ai pu faire partie parfois) qui ont poussé ma fille, depuis des années, dans ses retranchements, par des arguments plus ou moins intelligents et hypocrites, et l'ont ainsi amenée à pouvoir argumenter avec cohérence et pondération une position qui, même si trop radicale à mon goût à bien des égards, a le grand mérite d'être mise en pratique... contrairement à Michel Onfray et moi-même, qui n'avons que le courage d'y penser, en bons disciples de Dutronc... "j'y pense et puis j'oublie, c'est la vie c'est la vie"...



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Septembre 2015.
J'avais un peu peur de commencer ce livre après le choc provoqué par "Voir son steak comme un animal mort" de Martin Gibert, mais je tenais à avancer dans cette voie, celle de notre responsabilité à l'égard des animaux que nous traitons si mal. Des trois auteurs, Singer, de Fontenay et Cyrulnik, c'est incontestablement le troisième qui m'a attirée puisque je le connais et que j'aimais déjà nombre de ses ouvrages. Ici c'est l'éthologue qui nous parle ou plutôt qui répond aux questions de Karine Lou-Matignon.

Ce petit traité sur la possibilité de donner des droits aux animaux et sur la légitimité morale que nous aurions à le faire, j'ai envie de dire le devoir, est basé sur trois thèses : celle de Peter Singer (philosophe anglo-saxon qui s'exprime au nom du mouvement de libération animale), d'Élisabeth de Fontenay professeur de philosophie et de Boris Cyrulnik lequel présente les extraordinaires capacités animales niées au fil de l'évolution humaine.

J'y ai appris pas mal de théories ignorées notamment celles de l'Antiquité grecque en faveur du droit animal. Au contraire , j'ai découvert, ou mieux réalisé, le rôle de l'église (pas toujours glorieux dans ce domaine), de Descartes (l'animal-machine) et j'en passe. Bref, toutes les théories qui nous conduisent à soumettre et tuer dans d'atroces conditions des êtres sensibles (au moins à la douleur) sous prétexte qu'ils ne sont pas conscients. Nous savons (Singer nous le répète encore) que cette théorie est fausse, mais nous continuons à l'enseigner et à la croire. D'ailleurs est-ce si important ? La vraie question (ainsi que le soutien E. de Fontenay) n'est-elle pas plutôt : est-ce-qu'ils souffrent ? La réponse, évidemment, est "oui".

Un livre a mettre entre les mains des législateurs, mais aussi je le crains des cuisiniers en tout genre, des responsables agro-alimentaires et de tous ceux qui pensent que le combat pour les animaux est vain face aux urgences humanitaires. Nous ne saurons être humanistes si nous continuons à considérer et à traiter ainsi les autres espèces. (Question largement soulevée au cours de ce petit ouvrage essentiel)
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Ce livre se présente sous la forme d'interviews. Karine Lou Matignon, journaliste et écrivain, interroge trois spécialistes sur l'évolution de la relation qu'entretiennent les hommes avec les animaux ainsi que sur le bien fondé d'accorder des droits à ces derniers. Peter Singer, bio-éthicien et antispéciste (pas d'espèce supérieure à une autre), Elisabeth de Fontenay, philosophe et Boris Cyrulnik, éthologue, répondent à ses questions et malgré les divergences de leurs opinions sur le sujet, ils sont d'accord sur le fait que la souffrance animale ne doit plus être tolérée dans notre société.

Il serait impensable pour moi de ne pas me rallier à la défense de la cause animale. Il faut que l'homme comprenne enfin qu'il n'est pas un être supérieur avec à sa botte le règne animal pour lui servir d'esclave ou de nourriture. Sur le fond, j'aurais donc accordé un 5 étoiles sans pousser plus loin la réflexion. Mais globalement, sur la forme, je suis déçue car j'ai trouvé que cet essai était réservé à un public d'élites. N'ayant pas fait philosophie en première langue, j'avoue que j'ai sauté allégrement certains passages un peu nébuleux. J'ai quand même apprécié d'y découvrir l'influence des différentes religions sur notre comportement vis à vis de l'animal. D'autres propos m'ont choquée, comme ceux de Peter Singer qui accorde plus de valeur à la vie d'un animal intelligent qu'à celle d'un humain fortement handicapé mental.

Ma note finale va donc être revue à la baisse. J'accorde un 11/20 à ce livre car je m'attendais à un débat beaucoup plus concret.
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La réflexion sur la condition animale n'est pas nouvelle. Elle est intrinsèquement liée à celle des êtres humains, au sein des êtres vivants. Longtemps, en Occident, à la question : « l'animal souffre-t-il ? », répondait-on que non. La souffrance humaine étant justifiée par le péché originel, quelle faute avaient donc bien pu commettre les animaux pour souffrir ? Ainsi furent-ils privés de sentiments et de souffrance…

Le « spécisme », la discrimination fondée sur l'espèce est aujourd'hui un enjeu commercial défendu par l'OMC, et si les animaux n'ont pas encore de vrais droits, ce n'est pas tant que nous ne « sachions pas ce qu'est un animal », dit Boris Cyrulnik, mais parce que « la priorité est donnée aux intérêts économiques ». Une pétition de 30 millions d'amis va dans le sens contraire.

Quand osera-t-on aussi dire, comme Peter singer : « La condition d'être humain ne nous autorise pas à affirmer que tous les hommes, quels qu'ils soient, et quelle que soit leur faculté de raisonnement, doivent bénéficier d'un statut moral supérieur à celui des animaux. » ?

(Parue dans Blake n°61)
Lien : http://tmblr.co/Z4Dxcn1EvP-E_
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Etat des lieux de la qestion animale par trois spécialistes (une philosophe, un bioéthicien et un éthologue : droits, souffrance, personnalité, dignité, contrat inter-espèces. Une approche simple sous forme d'entretiens. Un secret espoir : que vous vous posiez quelques questions la prochaine fois que vous mangerez votre frère en animalité. Et pas seulement sur la cuisson !
Alain, toqué du doc.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
09 juillet 2013
Les animaux aussi ont des droits, analysent trois grands philosophes. Une démonstration qui montre qu’ils sont de moins en moins bêtes.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lexpress
09 juillet 2013
Karine Lou Matignon, journaliste spécialisée, avait écrit, voici douze ans, Sans les animaux, le monde ne serait pas humain (Albin Michel). Elle va plus loin avec ce document très fort, Les animaux aussi ont des droits (Seuil), en interrogeant trois des intellectuels les plus engagés dans ce combat.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La militante socialiste et théoricienne marxiste Rosa Luxemburg (1871-1919), enfin, qui , de sa prison, écrivait des lettres bouleversantes d'amour et de pitié envers les animaux. Un jour, elle voit de la fenêtre de sa prison arriver une voiture traînée par des buffles. "Le chargement était si lourd et il y avait tant de sacs empilés que les buffles n'arrivaient pas à franchir le seuil du porche. Le soldat qui les accompagnait, un type brutal, se mit à les frapper violemment du manche de son fouet. Enfin les bêtes donnèrent un coup de collier et réussirent à franchir l'obstacle, mais l'une d'elles saignait (...). Chez le buffle l'épaisseur du cuir est devenu proverbiale, et pourtant la peau avait éclaté. Pendant qu'on déchargeait la voiture, les bêtes restaient immobiles, totalement épuisées, et l'un des buffles, celui qui saignait, regardait droit devant lui avec, sur son visage sombre et ses yeux noirs et doux, un air d'enfant en pleurs. C'était exactement l'expression d'un enfant qu'on vient de punir durement et qui ne sait pour quel motif et pourquoi, qui ne sait comment échapper à la souffrance et à cette force brutale... J'étais devant lui, l'animal me regardait, les larmes coulaient de mes yeux, c'étaient ses larmes. Oh mon pauvre buffle, mon pauvre frère bien-aimé, nous sommes là tous deux aussi impuissants, aussi hébétés l'un que l'autre, et notre peine, notre impuissance, notre nostalgie font de nous un seul être."
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La notion d'éthique animale n'a aucun sens (...) ; comme le dit Lamartine : "on n'a pas deux coeurs, l'un pour l'homme, l'autre pour l'animal". Il n'y a pas deux éthiques, l'une animale, l'autre humaine, il y a éthique ou il n'y pas éthique. Cette position implique de conduire une critique fondamentale de la tradition éthique occidentale, de la déconstruire afin qu'elle prenne en charge aussi bien les animaux que les hommes.(...)
Ce qui m'importe prioritairement , c'est le droit, celui des hommes, qui existe, et celui des animaux, qui n'existe pas encore vraiment et qu'il faut instituer.
(...) l'anti-humanisme que manifeste l'éthique anglophone, dans sa composante utilitariste surtout, me choque quand elle nous soumet à cette alternative : si l'on fait un calcul général des plaisirs et des peines, on doit préférer la vie d'un animal intelligent à celle d'un enfant handicapé (...) elle s'appuie sur le concept de spécisme et d'anti-spécisme dont elle fait l'analogue du racisme et du sexisme, ce qui me choque".
E. de Fontenay
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Vous évoquiez la moralité des singes. Des recherches en éthologie et en primatologie ont effectivement montré que certaines espèces sont dotées de comportements moraux. On connait par exemple cette expérience de laboratoire au cours de laquelle on a obligé des singes à choisir entre administrer des chocs électriques à leurs congénères et être privés de nourriture. Au final, presque tous les singes ont refusé de faire souffrir les leurs jusqu'à se priver de manger pendant deux semaines. "Ces macaques qui n'ont jamais entendu parler des dix commandements, jamais assisté à un cours d'éducation civique ont un grand courage dans leurs positions morales et leur résistance à ce qui est mal, avait écrit l'astrophysicien Carl Sagan. Si les rôles étaient inversés et si des macaques scientifiques offraient un choix identique à des êtres humains captifs, ferions-nous la même chose ?"
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Personnellement, je ne comprends pas pourquoi ignorer la souffrance des bêtes contribuerait à soulager celle des humains. Il est tout à fait possible de contribuer à soulager les deux. Je citerai à nouveau Florence Burgat et Jean-pierre Marguénaud : "A ceux qui considèrent que les avancées législatives en matière de protection des animaux, et plus encore l'idée de leur reconnaître des droits, comme une insulte à la misère humaine, il faut répondre que la misère humaine résulte de l'exploitation ou de l'indifférence à la souffrance des plus faibles et que c'est au contraire l'insulter, sinon la légitimer, que de prôner l'indifférence farouche à l'égard de la souffrance d'autres êtres plus faibles encore et qui ne peuvent jamais consentir. Il faut leur répondre que, dans la mesure où il ne suffit pas de rester indifférent à la souffrance des animaux pour soulager la misère humaine, la protection des animaux et celle des plus faibles des hommes relèvent du même et noble combat du Droit pour aider ceux à qui il peut être fait du mal."
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Les animaux révélés, par B. Cyrulnik :
L'animal n'est pas un objet passif, il est aussi acteur d'une relation (...) c'est parce que nous leur avons peu à peu posé des questions intelligentes qu'ils que leurs réponses sont devenues intelligentes;(...)
Vivre auprès d'eux a littéralement sculpté notre cerveau et aidé au développement de nos caractéristiques d'homo sapiens, intelligence émotionnelle comprise.Les animaux ont joué un rôle essentiel dans la manière dont nous avons organisé le monde.(...) Aujourd'hui les animaux nous indiquent le chemin à prendre pour nous pacifier encore en développant notre conscience morale... à leur profit, cette fois, et dans la reconnaissance de leurs droits.
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Boris Cyrulnik vous présente son ouvrage "Quarante voleurs en carence affective : bagarres animales et guerres humaines" aux éditions Odile Jacob. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
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