Anne est une battante qui mène sa vie à sa convenance, très exactement. Son métier la passionne et elle vient en outre de bénéficier d'une gratifiante promotion. Elle a choisi son divorce, elle s'est dévouée corps et âme à sa mère bien-aimée, à qui elle a su prodiguer tous les soins dont, gravement malade, elle avait besoin. Elle contrôle son père avec qui elle vit. Elle organise l'avenir de son amant. Bref, elle règne sans partage croit-elle sur son environnement. Mais ....
Que sait-elle vraiment des autres ?
Et que diable fait-elle avec ce Laurent, dont les aspirations sont carrément aux antipodes des siennes ?
En outre, qu'en est-il des relations avec son père ? dont on se rend compte, après la mort de la mère, que cette dernière représentait le pilier du fragile édifice familial et cimentait l'entente entre père et fille.
Ce roman est celui de la solitude, de l'égoïsme, de l'incompréhension entre les êtres, des fausses certitudes, des non-dits, des mensonges par omission, des compromissions, de la veulerie, de la lâcheté, de l'indécision.... toutes ces choses qui forment, la plupart du temps, le fond des relations humaines.
Henri Troyat s'avère un excellent fouilleur d'âme, mais hélas, ici, tous ces personnages sont quelque peu caricaturaux, et Anne, la mante religieuse, n'est finalement rien d'autre qu'une petite bourgeoise étriquée.
Et je n'ai pas retrouvé la fluidité et l'élégance de narration qui sont en général l'apanage de cet écrivain, dont j'ai toujours apprécié le style tant dans ses romans que dans ses biographies, gênée que je fus par certaines lourdeurs d'expression. Peut-être l'auteur n'était-il pas vraiment à l'aise avec cette affaire de famille, ce huis-clos familial étouffant, genre dans lequel
François Mauriac excellait à un point tel, qu'il est difficile de l'égaler ?