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EAN : 9782070365401
160 pages
Gallimard (22/02/1974)
4.17/5   27 notes
Résumé :

Le brigadier a mis la main sur son étui à revolver. Un murmure désapprobateur passe dans la foule : on n'aime guère les Pâqueux, mais on déteste encore plus la gendarmerie. De l'étui, le brigadier a tiré un papier qu'il déplie sous les yeux du fermier - " Prenez garde, Pâqueux, ça pourrait mal tourner pour vous. On vous accuse de saquestrer un vieillard sans défense. Nous sommes ici en service commandé, pour tirer ça au clair. Laissez-moi entrer. Sans qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Sur le porte-bagages du facteur Joigneau vous allez faire le tour de Maupeyrou, village campagnard. Vous rentrerez dans les maisons et les commerces pour y voir surtout les vices des habitants. Remarquez bien, le père Joigneau, calculateur et hypocrite, n'a rien d'un ange lui non plus.
Un tableau vivant digne d'Albert Dubout avec des accents de Marcel Aymé va s'offrir à vous.
Après avoir lu la grande fresque familiale, Les Thibault, ce court roman est une surprise. Je ne soupçonnais pas l'auteur d'avoir ce ton sarcastique.
Cent cinquante pages de pur bonheur où Roger Martin du Gard dévoile son absence d'illusion sur la nature humaine. Personne n'est épargné.
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Embarquement pour une tournée jubilatoire et grinçante dans les pas du facteur du village : si ce dernier est riant et bucolique à souhait, il n'en est pas de même de ses habitants, archétypes de la France rance, mesquine, égoïste, violente, obsédée par l'argent.
L'auteur des Thibault, fin observateur de son temps, n'épargne personne et se régale à peinturlurer de noirceur ses compatriotes ruraux et leur farouche détermination à ne pas rentrer dans le nouveau siècle.
C'est drôle, méchant, cynique: j'ai adoré!
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Du Gard je ne connaissais que le département et son pont, maintenant j'ai découvert son formidable auteur éponyme !. de la belle écriture, rien à redire, c'est pas pour rien qu'on obtient le Nobel de littérature.
Et un roman qui nous fait retrouver le quotidien d'un village de cette France rurale d'entre deux guerres, à travers la tournée de son facteur. Un facteur qui détient tous les secrets, mesquineries et vices des habitants, qu'il traite comme ses administrés. Manipulateur même machiavélique, comme il distribue son courrier, il colporte des messages pour informer et désinformer au gré de ses humeurs et de ses bonnes et mauvaises intentions. Au final, c'est un délice de découvrir les turpitudes de tous ces personnages occultant le côté obscur de leur personnalité et leurs obscures intentions, l'hypocrisie d'interactions à la sous-jacente malveillance et ce chef d'orchestre en képi à cocarde....en un mot tout ce qui fait société, comme un tableau de Brueghel l'Ancien.
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"Vieille France" (1933) de Roger Martin du Gard n'est ni une nouvelle
ni un vrai roman, rien de plus que l'esquisse des premiers chapitres
d'un futur roman jamais achevé.

Dans "Vieille France", Martin du Gard décrit une journée de la vie d'un
facteur de village. Devant nous se déroule une galerie de portraits,
ceux villageois et de leurs caractères . Ils sont très typiques,
reconnaissables. La création de telles oeuvres est la critique sociale la
plus efficace. du facteur corrompu Joigneau et du patron du café où la
gauche a l'habitude de se retrouver, on passe au noyau dur de la droite
qui se retrouve chez le coiffeur. le lecteur découvre également la vie
de trois veuves de militaires, d'un rentier, des boulangers, d'un
épicier et de bien d'autres.

L'histoire m'a rappelé certains romans de Marcel Aymé, comme "La Jument
verte". En général, les descriptions de la vie rurale qui font mouche
sont tout à fait dans l'esprit d'Aymé en tant qu'écrivain excentrique.

Mais "Vieille France" semble plus un brouillon qu'un vrai roman. Cette
histoire est comme une promesse non tenue.
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Dès potron-minet, Joigneau se lève, s'habille en vitesse puis abandonne sa femme Mélie nonchalamment allongée dans le lit conjugal. C'est qu'il a des responsabilités, Joigneau ! Il est le facteur du village de Maupeyrou et sa journée de travail débute par la réception du courrier à l'arrivée du train en gare, sise en dehors du bourg.

En traversant la place, il rencontre Féju, le cantonnier, passe devant la boulangerie tenue par les frères Merlavigne, deux vieux garçons, puis il attend l'arrivée du wagon en compagnie de Flamart, l'homme d'équipe, avec lequel il déjeune de sardines étalées sur un morceau de pain. Et Flamart a un service à lui demander.

Le courrier réceptionné, il faut rentrer à la poste, puis apposer au dos le timbre à date du jour (d'où l'expression le cachet de la poste faisant foi), classer les plis, lettres, journaux et autres, avant de partir en tournée. Mais surtout mettre de côté les lettres dont le contenu pourrait être intéressant. Car il est curieux Joigneau, et il aime s'enquérir des petits secrets de ses concitoyens. Il lui arrive aussi d'écouter les ragots, d'être le confident des uns et des autres, de jouer les entremetteurs dans des conflits délicats, de rendre de petits services. Non sans se faire rétribuer d'une façon ou d'une autre, en piécettes, en liquide ou en nature.

C'est ainsi que nous le suivons tout au long de sa tournée, en savourant une chronique villageoise, avec pour guide touristique, pour conférencier même, ce préposé à la distribution comme l'on appelait encore les facteurs. On fait la connaissance d'Ennberg, l'instituteur marié et père de famille qui cumule la fonction obligée de secrétaire de mairie, de sa soeur qui elle aussi fait la classe, des punaises de tabernacle, du bistrotier, de la femme de Flamart qui tient un petit établissement et qui est réputée pour recevoir des clients particuliers de temps à autres, du curé et de sa soeur, et de quelques autres villageois.

Le vieux débris, officiellement monsieur de Navières, souhaite offrir à un musée ses vieux objets auxquels il attache beaucoup d'importance mais ne sont que des reliques sans valeur. Il lui remet une lettre à poster. Joigneau s'arrange une fois de plus pour récupérer un modeste gain, on n'a rien sans rien. Mais monsieur de Navières est sans le sou, et il rêve à un régime politique comme en Russie. Plus besoin d'argent, l'état pourvoie à tout.

Et puis, pour finir en beauté la journée, ou presque, les gendarmes arrivent pour régler une sombre affaire dans laquelle les Pâqueux seraient impliqués. Il est reproché au frère et à la soeur de séquestrer leur père, à moins qu'ils ne l'aient tout simplement transformé en pâture pour les vers.



Une journée dans la vie d'un petit village, tel est le propos de ce roman qui se décline comme des vignettes juxtaposées, le facteur rural servant de trait d'union. Une facétie qui mêle humour et ruralité mais dont le propos est plus profond qu'il y paraît.

Lorsqu'il écrivit ce roman, Roger Martin du Gard était au bord de la faillite, ce qui explique peut-être cette diatribe contre l'argent et en même tant le besoin d'en posséder.

Comme dans toutes les petites communes de France, les idées politiques sont partagées entre réactionnaires, socialistes, voire communistes, bigotes et ce mélange entraîne parfois des tensions, ou à tout le moins des jalousies et des ressentiments. Et souvent tel est pris qui croyait prendre.



Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
En fait, c'est la femme qui mène l'affaire. Le compte en banque est resté à son nom. Quand elle parle de son mari et du Bavarois, elle dit : "mes hommes", comme un caporal.
Dans chacune des deux chambres de la maison, il y a un grand lit.
Mme Loutre couche dans l'un, et son fils, dans l'autre. Mais on n'a jamais su lequel des deux "hommes" partage le lit de l'enfant, ni si c'est toujours le même.
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Tous les jours du Bon Dieu, matin et soir, Mme Gueudet et Mme Touche se retrouvent chez Mme Sicagne pour travailler. C'est le trio des veuves de guerre. Elles ont à peu près le même âge, et, toutes trois, un grand fils, pupille de la nation. D'autres liens encore les unissent; leurs robes noires, leur dévotion, leurs commérages, leur rancune contre les épouses pourvues, leur haine des embusqués - c'est à dire des hommes épargnés par la guerre - leurs revendications de pensionnées, et la chasteté orgueilleuse qui détraque lentement leurs cerveaux après leur avoir déréglé le corps.
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Voici les dernières maisons, et, presque aussitôt le cimetière. Au milieu des tombes, toujours joyeux, le poilu en granit du monument aux morts, attaque à la baïonnette. C'est un vieux camarade : une espèce de baromètre. Les jours de pluie, il est tout noir ; si ça brouillasse, il prend la couleur des ardoises ; mais, au plein soleil, il devient bleu, l'animal : bleu-horizon, comme de juste; et son casque brille, poudré de verre pilé.
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C'est le rythme vital, inepte, séculaire (...) Tous se hâtent comme si la grande affaire était de bouger pour vivre ; comme si, pour arriver au rendez-vous final, il n'y avait pas un instant à perdre ; comme si, littéralement, le pain ne s'acquérait qu'au prix de son poids de sueur.
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Les Merlavigne, comme on dit, c'est capable de tout.
Au village, chacun les redoute, sans pouvoir préciser pourquoi. Aucune fille du pays ne voudrait servir chez eux. Le bureau de placement de Villegrande leur procure des petites trainées comme Ernestine, qu'ils tiennent enfermées six mois, qu'ils dressent silencieusement à leurs caprices, puis qu'un jour ils reconduisent en ville pour l'échanger contre une plus fraiche.
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Vidéo de Roger Martin du Gard
Discours de Roger Martin du Gard pour le prix Nobel (1937).
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