L'histoire commence alors qu'Adamsberg invoque la clémence de la chaudière qui s'obstine à tomber en panne en ce mois d'octobre glacé. Les membres de la brigade disparaissent sous des gros pulls, bonnets, doudounes et gants, voire disparaissent tout court pour se rendre au café du coin, chauffé, lui. J'ai su d'emblée que j'allais m'attacher aux personnages et ne pas lâcher
Sous Les Vents de Neptune.
Alors que la brigade se prépare pour un voyage au Québec pour un stage ADN, Adamsberg évoque une affaire en bouclage avec Danglard, plutôt grincheux et pas du tout réjoui par la perspective de prendre l'avion pour la mission Québec. Adamsberg feuillette un journal et un entrefilet fait ressurgir violemment du passé un tueur au trident qu'il a poursuivi des années en vain. le monstre plante ses griffes, déclenche des sueurs froides, une véritable tornade qui ébranle Adamsberg et laisse dans son sillage "une immense traînée de chagrin".
Il est question de fantôme que l'on déloge dans ce roman, de crimes perpétrés selon les règles du Mah-Jong, que le charismatique Jean-Baptiste Adamsberg va résoudre en pelletant des nuages un peu, en se fiant à ses infaillibles intuitions beaucoup, avec l'aide de l'immense culture de son adjoint Adrien Danglard. Dans son livre à lui, un conte macabre, l'attachant commissaire est sous la protection de trois fées puissantes : Violette, Clémentine et Josette. Violette "un des pivots de l'édifice, la machine de guerre polyvalente de la Brigade, adaptée tous terrains, cérébral, tactique, administratif, combat, tir de précision" ; Clémentine, une vieille dame qui a eu quelques déboires avec la police mais qui lui est restée fidèle ange-gardienne et chez qui il trouve régulièrement refuge et la fameuse Josette, hackeuse en tailleur, perles et baskets.
Porté par une écriture poétique, ce roman est celui que je préfère des romans lus de
Fred Vargas. L'ambiance, les personnages - dont les Québéquois qui n'ont pas beaucoup d'histoire mais beaucoup de géographie - attachants ou terrifiant comme le Juge Fulgence, immense, vêtu comme un seigneur, ayant "la beauté du diable" affectionnant les anciennes demeures, les manoirs ou caché dans son grenier "planque à barbe bleue". Une relecture. Un bonheur de lecture pour moi. Et des expressions adoptées : "Pelleter des nuages" ou "Avoir un ego grand comme la cathédrale de Strasbourg"...
"Adamsberg sourit largement et Danglard baissa la tête. Il n'aimait pas qu'Adamsberg sourie largement. Quand il avait décidé de maugréer. Car disait-on en salle des racontars, c'est à dire dans la diverticule où s'entassaient les distributeurs à bouffe et à boissons, le sourire d'Adamsberg faisait ployer les résistances et liquéfiait les glaces arctiques".