Les Falaises de Wangsisina

Après l'annonce qu'il est atteint d'une maladie incurable et qu'il ne lui restait que peu de temps à vivre, Anand, avocat très absorbé par son travail, éprouve du désespoir, est saisi de rage en apprenant la liaison entre sa femme et son directeur, il oscille entre la colère et la résignation. Lorsqu'un revirement de la situation se produit et que le médecin lui fait part d'une erreur de diagnostic et d'une guérison possible voire facile, il ne revient pas à ses anciennes habitudes, saisit sa nouvelle chance et apprécie les joies simples de l'existence. Sa situation lui permet de vivre sans travailler et il contemple le monde d'un oeil neuf, il en démasque les hypocrisies et en apprécie les beautés et les joies. C'est lui qui a prise sur son directeur et refuse de travailler avec lui. le hasard lui fait rencontrer un homme qui lui parle du Bouthan où il se rend pour changer d'horizon. Il y rencontre Chimi qui le loge, devient son amie et lui raconte la légende des falaises dont j'ai adoré la personnification. Il rencontre une jeune fille qui s'est réfugiée dans un monastère. Il découvre la voie de la sagesse et de l'amour en la personne de Tara, la philosophie sur laquelle il fonde désormais son existence entre tristesse et joie et nous invite à réfléchir en partageant ses réflexions dans un paysage splendide tandis que le bonheur s'offre à lui et Tara de retour en Inde, dans un monde réel imprégné de religiosité, de joie et de sagesse.

"Cancer du pancréas" improbable, "NDE" avant l'heure, mais départ pour le Bhoutan, rencontre d'un avatar de Drukpa Kunley, le "fou divin". Une lutte entre Dukha bouddhiste et Ananda hindouiste, et entre le seul possible lien de l'amour sexué ? Mais pour l'heure notre héros bien peu glorieux, et un peu lourd, et bien lisse, est Morituri encore. Une erreur de pronostic lui réapproprie en plein la vie, mais si toute NDE n'était que celà ? Il parcourt en deux pages les étapes de la mort de Kübler-Ross et accepte le réel. Il peut maintenant participer sans avoir besoin de s'impliquer, et c'est une sensation véritablement grisante, il prend enfin conscience du bonheur de ne pas réussir à l'intérieur du système, il comprend que le mouvement du pendule est asymétrique entre désir et satisfaction. Que le douleur est de vouloir s'arroger des organes supplémentaires, de sortir du plan de la nature (Canguilhem). Que la danse de destruction de Shiva, la tandava, est aussi celle de notre ignorance et de notre avidité, qu'il n'y a de tristesse que dans la finitude que l'on s'impose par le cloisonnement envers la beauté, ce continu. Elle: est une seule courbe. Et alors le Nirvana shatakam de Shankaracharya (ce collectif autour du Shankara d'O. Lacombe) peut s'énoncer: Je n'ai pas peur de la mort ni des croyances ou des hiérarchies humaines / Je n'ai ni père ni mère car je ne suis jamais né / Je ne suis que félicité et conscience, je suis Shiva ! Elle: "avait probablement raison de ne voir que de la souffrance dans ce monde". Lui: "n'a pas tord de considérer la vie comme un cadeau inestimable". Y: "avait-il un point commun" entre de telles positions ? le tantrisme pour les nuls, répond ce roman un peu lisse. L'enlévement à Shangri-La revisité sans panache. Mais le Bhoutan ! Allez de Wangsisina à Punakha, dans le plus grand dzong ! le fou divin s'y moque encore des temples, des religieux, et de tous les écrins fermés, il rit, il ouvre les sexes ! La chair est pour fondre de plaisir, statue de cire (Basavanna) ! Fondre pour joindre, tantra yoga en trouée dans le voile de l'illusion tendu depuis le réel de la vie à celui de la mort ! "Quelque part un caillou bouge, un glacier se déplace, même imperceptiblement; et ce mouvement, si anodin soit-il et déconnecté du reste, fait partie d'une chaîne d'événements qui peuvent changer une vie pour toujours (...) Quelqu'un sait quand il faut réunir deux choses". En attendant, il retravaille quatre jours par semaine, elle donne à la maison des cours gratuits de bouddhisme.
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Anand, avocat, a donné toute sa vie dans sa jeune carrière d' avocat mettant sa vie privée de côté ainsi que son épouse. Jusqu'au jour où un diagnostic donné à la hâte, décrète qu'il a un cancer de pancréas et que sa vie prendra fin bien plus tôt qu'il n'aurait imaginé. Tout d'un coup, sa vie prend un sens et il reprend goût à une vie simple où chaque plaisir est savouré, sans travail, sans stress, sans dossiers. Il se souvient de ses parents décédés trop tôt, des histoires que racontaient sa mère et des vers que récitaient son père. Pour ce qui est de son épouse, il est trop tard car elle est déjà tombée dans les bras du directeur du cabinet d'avocats qui n'était seulement son ami d'université et l'abandonne alors que la mort est proche.
Sauf que le diagnostic était erroné et que la maladie dont est touché Anand se "répare" après une petite opération. Pour autant, il ne veut pas reprendre sa carrière et veut profiter pleinement de la vie. Une rencontre au hasard à Delhi, le fait envoyer au Bhoutan, où sa logeuse Chini qui deviendra sa meilleure amie, lui fera comprendre qu'il faut aussi profiter de la vie en la vivant pleinement en sortant et en rencontrant d'autres personnes.
Quelques temps plus tard, Anand croisera son destin à celui de Tara, une indienne voulant devenir une nonne bouddhiste. C'est alors lui qui deviendra l'instructeur et il découvrira des sentiments qu'ils croient enfuient au plus profond de son être.

Un roman fabuleux qui permet de prendre conscience et de méditer sur l'importance qu'est la chose précieuse et unique qu'est la vie. Une belle leçon qui nous fait voyager de Delhi aux falaises empruntent de légendes du Bhoutan.
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