La grande dévoreuse a emporté ce jeudi 23 août,
le Grand Poète,
Franck Venaille.
Il avait reçu de nombreux prix, notamment :
. le prix Mallarmé pour
La Descente de l'Escaut, en 1996,
. le prix
Alain-Bosquet en 2009,
. le prix
Robert Ganzo en 2009,
pour Ça, Mercvre de France en 2009
. le Grand prix de poésie de l'Académie française en 2011
pour l'ensemble de son oeuvre,
. le Prix Goncourt de la poésie pour
Requiem de guerre en 2017.
Dans
C'est nous les Modernes (Flammarion, 2010),
Franck Venaille
consigne notamment :
" Écrire n'est pas se montrer raisonnable, plier devant
l'autorité du style, se protéger de ses propres humeurs.
En un mot je ne suis pas pour le respect (de la langue,
de la prosodie, de la narration, du descriptif et de la
sage psychologie). Je suis de l'écriture. Dans l'écriture.
C'est mon seul bien. Écrire m'a fait. Écrire m'accompagnera
jusqu'à la fin.
[…]
" Être poète, c'est croire à l'intensité du
langage, à ses méandres,
ses contre-pieds, ses contradictions et sa générosité également.
Il me reste à gérer ma mélancolie,
c'est à dire une forme de violence
contre soi très ancienne et silencieuse.
Être poète ce n'est pas seulement écrire – vers ou proses – des poèmes.
C'est donner à notre douleur la force et les moyens de se dépasser, de
devenir ainsi la douleur de tous, y compris de la poésie elle-même.
Ainsi c'est par la souffrance que l'on rejoint les autres hommes ?
Oui je le crois.
Dans Ça (Mercvre de France, 2009),
Franck Venaille
nous donne ce poème, tout à fait proche de mon
état d'esprit, après sa disparition. Ce soir, je rentre
chez moi,
/encore plus âgé/encore plus triste
" Faire sourire un corps mort !
On s'interroge
pour employer le mots justes
Puis
on raconte
Mais sans cesse
celui que la vie a quitté
exige une autre histoire
avec une autre fin
Et
l'on rentre chez soi
encore plus âgé
encore plus triste