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EAN : 9782715245051
112 pages
Le Mercure de France (04/05/2017)
4.21/5   14 notes
Résumé :
Un recueil dans lequel le poète convoque le militant communiste italien Enrico Berlinguer, Sigmund Freud ou encore François Villon pour faire le procès du monde dans lequel il vit, tout en cherchant à l'améliorer. La vie quotidienne est représentée comme une maladie, traversée d'humeurs contradictoires.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce recueil est particulier, l'auteur étant à la fois narrateur de sa destinée et spectateur des personnages qu'il invite dans son livre, afin de les faire témoigner d'une manière abstraite aux événements de sa propre vie. Ces vers sont un long cheminement existentiel entre les souvenirs, le vécu, les épreuves, les combats et bien sûr l'histoire avec un grand H. L'auteur raconte dans une poétique exacerbée et chaotique, ses révoltes, ses luttes, mais aussi, ses moments plus intimes en se rappelant des paysages aimés et de son enfance avec une nostalgie mélancolique. Néanmoins, la colonne vertébrale du recueil reste sa vision guère optimiste d'un monde qu'il faut changer, pour le rendre meilleur, nécessité vitale pour retrouver les espérances des révolutions passées ou tout simplement pour vivre entouré de poètes, troubadours, amuseurs, qui feront régner la joie, la bonne humeur en se moquant des travers d'un univers oppressant. Cependant, là où sa poésie est la plus émouvante, c'est lorsqu'il évoque la maladie de façon absconse, avec une sorte de détachement olympien en substituant à l'angoisse de la mort qui s'approche, un rire poétique sardonique exhalant avec une véhémence satirique, tout le sens de son engagement, tel un guerrier des mots qui mènera la bataille de l'écriture jusqu'au bout.
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La maladie tenaille, la mort n'est pas loin : la poésie de Frank Venaille est d'une infinie tristesse et d'une grande beauté :

hélas je suis tels ces gisants
de longue date et d'ancienne culture
allongés à la recherche d'eux-mêmes

je rêve que je rêve d'un soleil éblouissant
mais les pillards d'images belles se moquent
de ma triste musique, de mon mal et ricanent

Fier, l'air de ne pas s'en laisser compter, le cheval chagrin
avançait, hésitant.

L'homme voudrait s'adresser aux autres voyageurs. Leur demander : "Qu'est-ce qu'un corps mort ? Comment passe-t-on d'une certaine hébétitude au néant absolu ?

Mystère de la poésie qui porte en elle cet élan,
cet appel de la vie
jusque dans l'arène où les hommes, bientôt, devront
mourir
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Franck Venaille est mort voilà quelques jours.
J'ai un peu de peine, comme quand s'éteint une voix réellement singulière.
Ce "Requiem de guerre" est assez combatif et rageur par endroits, parfois plus résigné, vivant en tout cas.
Si vous voulez découvrir ce poète, je conseillerais de commencer par "La descente de l'Escaut".
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J'ai entendu Franck Venaille sur France Culture, je n'avait rien lu de lui, je lis très peu de poésie...son écriture me bouleverse. Je ne saurais dire pourquoi...
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
 
 
Ce sont les mots

qui sortent de ma bouche.

Je pourrais dire qu’il

s’agit d’un bruit nocturne

ma nuit est définitivement blanche

tandis que je suis dans la terreur

née de mes cauchemars adultes et de ce qu’ils montrent de moi-même,
enfant

grand’pitié, c’est ce que je vous demande

grand’pitié !
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Laissez-moi vivre dans l'obscurité. Dis-je aux Dames de Compagnie.

L'obscur !

L'ami de la nuit. Notre bien à tous.

L'obscur c'est ce qui me reste lorsque j'ai payé mon Denier du culte. Il pénètre à mes côtés dans la vaste pièce. Il rompt le temps. Il en fait l'atelier de larges tranches de sommeil.

Participa-t-il et sous quelle forme à ce qui m'est arrivé ? Çà ! Je n'en peux plus de mal respirer, mal de respirer mal en respirant.

S'impose dès lors la nécessité de dire toute la vérité. Je vous demande simplement de laisser vos rêves tenir la place qui leur est due dans la pièce obscure.

Mais il est plus que temps de se mettre d'accord sur le sens que nous lui donnons. Je lui demande : Que faites-vous là ? Êtes-vous simple d'esprit ? L'esprit simple :

Celui qui ne craint pas de vivre dans

ce qui est plus sombre que le noir.

Ainsi je vais dans l'obscur, me répétant ces psaumes que, pour vous,
je viens de composer. Éloignez de moi les pensées du petit jour. C’est peut-être grâce à cela que j’ai pu tordre le coup à ce (ceux) que vous savez.

L’obscur est notre pain quotidien.

C’est la nuit, dans la matière même du rêve, que nous mesurons le mieux son poids de détresse.
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Longeant le trottoir, apercevant là-bas la lumière des réverbères.

Pour moi la réalité c'est une jambe après l'autre. Violemment. Halte.
Respirer. Repartir pour deux mètres. Laissez-moi. Souffler. Avec vio-
lence, c'est cela : violemment.

« Gai vieillard, pourquoi ces plaintes ? » me chuchote la voix de l'ange
à tête de cheval.

Sur un autre pont. Je n'admets rien. Je supporte cette contrainte.
Je le crie. Des passants se retournent. Tout prend fin dans l'indifférence
des généraux. Et moi je demeure dans l'escalier. Assis sur une marche.
À soliloquer. À haute voix. L'eau continue de monter. De jeunes gens
(garçons et filles mêlés) s'amusent, rient en passant sous mon corps. Je
ne vais pas prononcer un discours politique puisque j'ai la bouche
pleine de terre.

de terre — de terres — de terres — de terres — pleine de terres —

La vie est. La vie quoi ! Obstinément !

Échapper à la lourdeur de la pensée. M'habituer. M'entraîner.

Redevenir l'enfant des dunes. Il est bien tard et je n'ai pas terminé mes
devoirs.

p.13
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Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne. Chaque jour je parcours des distances infinies qui me font traverser les anciennes frontières. Mon but ? Aller voir comment fonctionne le monde. J’en reviens à chaque fois brisé. L’état de guerre n’en finit pas.
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Avec ivresse profonde les mots m’ont accueilli.

Il ne suffisait pas seulement de prendre la parole.

mais me tenir avec eux dans les marges du texte

fut désormais possible.

Possible également de montrer à tous

ce qui se cache dans la caverne du langage.

Voyez ô voyez ! Comme les mots tremblent

et geignent ! Orphelins qui dans le noir

cherchent une autre famille
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