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4,1

sur 1214 notes
Au cours d'une conversation à bâtons rompus avec ma petit-fille, nous avons parlé, entre autres, du "silence de la mer".
C'était pour elle un bon souvenir scolaire. Je ne me rappelais pas si je l'avais lu ou pas et comme elle en parlait si bien, je l'ai emprunté.
J'ai trouvé cette nouvelle très puissante.
Le silence comme seule arme contre l'occupant, c'est très fort.
L'indifférence du silence qui peu à peu se lézarde.
Bien sûr, cette stratégie n'aurait pas pu fonctionner avec tout autre que Werner von Ebrennac.
Quant aux autres récits, ils m'ont tellement ennuyée que j'en ai abandonné la lecture.
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Quand celui qu'on appelle ennemi se fait serviable à votre égard, n'hésite pas à vous preter main forte quand un souci vous ronge, il y a de quoi revisser son statut...Il y a de quoi briser son silence bien qu'il soit de la mer...

Vercors nous présente ici un autre aspect isolé de la seconde guerre mondiale notamment pendant l'occupation allemande où, dans un village, un vieux vivant avec sa nièce voit sa maison être réquisitionné par les forces allemandes pour pouvoir y installer un officier. Alors une guerre silencieuse s'installe entre l'officier et les occupants de la maison disant une forme de résistance...
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Lire le silence de la mer de Vercors était sur ma liste depuis de nombreuses années.

Je savais tellement peu à quoi m'attendre que je n'avais pas conscience qu'il s'agissait non pas d'un roman mais d'une nouvelle.

L'ouvrage que j'ai lu contient plusieurs nouvelles. Toutes liées à la seconde guerre mondiale et ses différents aspects : les défaillances des officiers militaires français en 1940, la déportation, la résistance, la Shoah et ce qui connu des camps en 1943, …

Ce sont des nouvelles puissantes en termes d'évocation du fait de leur caractère poétique et des images véhiculées.

Je me souviendrai longtemps de ce huis clos du silence de la mer. du désespoir de cet officier allemand qui a cru que quelque chose de bien pouvait sortir de l'invasion et de l'état-major. de ce couple oncle / nièce qui malgré le silence a fini par apprécier cet officier.

Et je n'oublierai pas non plus ce petit garçon et le pot de géranium.

Vercors, je ne connaissais pas. Je prévois de lire "les animaux dénaturés" pour découvrir une autre facette de cet auteur.
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La résistance ne s'est pas limitée à des actions politiques ou militaires. Dans la nuit de la clandestinité, une puissante opposition intellectuelle s'est peu à peu développée. Les intellectuels étaient nombreux parmi les animateurs des mouvements de résistance. En marge de la presse clandestine, des artistes et des intellectuels se sont mobilisés, et l'un des caractères les plus étonnants de la résistance est la puissance et la diversité de sa presse; plus de 1000 titres clandestins ont été inventoriés. Dans des moments troublés...Il y a comme une nécessité personnelle de garder en mémoire ce que fut le combat de nos aînés pour retrouver la liberté.
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Encore une relecture pour moi, décidément, je n'arrête pas en ce moment ! Et encore un pur moment de bonheur, sans une once de déception !
Quand je dis "bonheur", je ne parle pas du fond des nouvelles composant ce recueil, bien sûr, là règne plutôt la tragédie, l'horreur de la guerre, non, le bonheur est dans la forme, un art de l'écriture, tout en pudeur, en non-dit, tout y est narré en transparence, le lecteur n'a qu'à deviner ce qui n'est pas dit noir sur blanc. Il en ressort une émotion extraordinaire, cette fausse froideur qui veut tout dire. Pas de description de violence tape-à-l'oeil, de cris, de larmes, mais tout est là, l'absurdité de la guerre, les attitudes choquantes des hommes, le drame, en un mot.
Quel grand homme ce M. Vercors !
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Ecrit en 1941, le silence de la mer est le récit d'une prise de conscience. Celle d'un homme qui a d'abord cru en la possibilité qu'une union forcée par les armes entre l'Allemagne et la France puisse aboutir à une heureuse destinée commune puis, a réalisé sa totale erreur.
Ce récit, d'une profonde subtilité, nous conduit à réfléchir à la perversion des esprits par la propagande étatique. La France n'a-t-elle pas, elle-même, pensé que Napoléon libérait l'Europe de l'emprise des tyrans en y répandant l'évangile révolutionnaire ?
A la brutalité, à l'absurdité ne répond que le silence qui, contrairement à la croyance populaire n'est pas consentement mais dédain.
Mais ce récit est aussi celui de l'amour impossible de la belle et de la bête et de l'honneur retrouvé à ne jamais obéir en masquant sa conscience profonde sous le voile de la compromission.
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Mon édition du "Silence de la mer" est un recueil de huit nouvelles de Vercors, toutes plus brillantes les unes que les autres.

Publié en pleine Seconde Guerre mondiale, "Le silence de la mer" a valeur de document. Il raconte la cohabitation forcée entre un oncle, sa nièce, et un officier allemand. Celui-ci déploie des trésors de patience et de culture pour amadouer ses hôtes, qui l'ignorent consciencieusement.
Ce récit a ceci d'intéressant que l'allemand est sincèrement convaincu de l'intérêt des deux pays à s'apprivoiser puis à s'unir. Ce personnage impressionne par sa sensibilité, et sa ténacité fait écho à celle des français qui l'accueillent malgré eux. Plutôt que de critiquer frontalement l'occupant, Vercors choisi la finesse : le silence est une toile sur laquelle s'épanouissent les sentiments des protagonistes. Jean-Pierre Melville (autre résistant) en a filmé une adaptation tellement fidèle qu'on y retrouve le texte en intégralité.

Le silence est aussi au coeur du "Désespoir est mort". Ce court récit met en scène un officier atterré par l'egocentrisme et la superficialité de ses collègues suite à l'armistice de 1940.

"La marche à l'étoile", c'est le trajet fait par Thomas pour rejoindre la France depuis son Danube natal. Ce voyage, qui fait directement référence à l'histoire du père de Vercors venu à pieds de Budapest, est l'occasion d'une magnifique déclaration d'amour à la France à travers le regard d'un immigré Slovaque. Cet amour inconditionnel évoque immanquablement celui qui anime l'officier allemand du "Silence de la mer" et témoigne de la complexité des sentiments, de la mise à mal des valeurs et des loyautés pendant l'occupation. Un récit d'une finesse remarquable.

Ne pas se fier au doux titre du "Songe", qui cache un récit d'une atroce lucidité. le narrateur raconte la manière dont il partage le sort de déportés par le songe, tout d'abord comme témoin, puis comme victime. Écrit en 1943 il montre de manière incontestable que les (dirigeants) français savaient au moins en partie ce qu'il arrivait aux prisonniers. Les descriptions sont glaçantes, incroyablement proches des témoignages des survivants des camps. Bouleversant.

"L'impuissance" pose la question de la place de l'art dans un monde inhumain.
À l'annonce de la mort "d'extrême faiblesse" de l'un de leurs amis dans un camp de Silésie, qui coïncide avec la nouvelle du massacre du village d'Oradour, le narrateur assiste à la colère homérique de l'un de ses compagnons. Il s'apprête à brûler tous ses livres, tableaux et objets précieux.
"Tu voudrais que je garde tout ça sur mes rayons ? Pour quoi faire ? Pour, le soir, converser élégamment avec Monsieur Stendhal, comme jadis, avec Monsieur Baudelaire, avec Messieurs Gide et Valéry, pendant qu'on rôtit tout vifs des femmes et des gosses dans une église ?" apostrophe-t-il le narrateur.
Comment créer après la Shoah ? Quelle place pour l'art alors que l'humanité est capable de telles monstruosités ?
Se poser ces questions en juillet 1944 et y répondre en se gardant de céder au désespoir montre l'incroyable clairvoyance de Vercors, qui n'a cessé de me surprendre récit après récit.

"Le cheval et la mort" est un très court récit satirique et presque fantastique, qui compare Hitler à la fois à un cheval errant et à la mort.

"L'imprimerie de Verdun" montre bien la foi qu'avaient les anciens combattants en Pétain, et en profite pour dénoncer les louvoiements et les trahisons du héros de Verdun envers ses propres soldats, doublé d'antisémitisme ordinaire :
"Tu sais qu'au fond, les Juifs je les emmerde, mais les gars comme toi... Verdun et les palmes... le Vieux, laisser tomber ses poilus ?"
Est aussi épinglé le penchant à ne pas voir ce qui ne nous plaît pas, sur l'air de "ça n'est pas possible, ça n'arrivera pas", avec les conséquences que l'on connaît, mais aussi l'héroïsme du simple citoyen poussé par l'amitié. Une histoire très humaine, tout en nuances.

"Ce jour-là", un père et son fils partent pour une douce promenade dans la campagne. Un danger plane, de plus en plus perceptible. La nature vibre, le père se comporte de manière inhabituelle, l'enfant sent confusement qu'il se passe quelque chose. Très émouvante, cette nouvelle a été publiée dans une brochure destinée aux enfants des fusillés.
Elle conclue ce recueil en plaçant la lumière sur les enfants, victimes et orphelins, pourtant porteurs d'espoir d'un avenir meilleur.
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Une oeuvre découverte au lycée, en seconde, avec un enseignant corse, grand, chauve dont je ne citerai pas le nom. Il jalonnait son cours de citations, c'était foisonnant de références artistiques (livres, peintures, sculptures, films).
Parmi celles ci un roman de Vercors que je filais emprunter à la bibliothèque. Vercors: en voilà un drôle de nom pour un écrivain sans prénom. Je compris rapidement.

Un roman court, mais suffisamment long pour nous décrire tout type de silence. Nous sommes pendant la 2nde guerre mondiale, un officier allemand s'installe chez une famille française. Il faut cohabiter avec l'ennemi. Il y a les rituels du quotidien, le fait de s'imposer, d'incarner le pouvoir. Et puis tout ce vécu, cette place prise dans la société. Après ces couches, ces épaisseurs, il reste l'humain, son savoir faire, ses goûts, l'art, la musique, la sensibilité, l'universel. Mais peut-on faire fi de ce que l'on représente, affiche, dans un contexte si particulier?

Quand la situation est trop complexe, quand les uns et les autres doivent nécessairement prendre partie, choisir leur camp, s'imposent le silence, les regards et les attitudes.

Je conseille aussi le film de Jean-Pierre Melville, fidèle à l'esprit du roman.

Un livre comme une ouverture vers la réflexion (libératrice ?).
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J'avoue je ne l'ai pas lu: j'ai écouté l'émission de Guillaume GALLIENNE. Avant de me jeter des pierres, ayez l'obligence d'écouter ma défense. Nous sommes confinés et je n'ai pas ce livre à ma disposition. J'écoute tous les jours un podcast de Ça ne peut pas faire de mal. Hier j'ai choisi le Silence de la mer. D'après ce que j'ai compris le texte est court et la lecture qu'en à faite Guillaume GALLIENNE est quasi intégrale. de plus j'ai pu écouter quelques explications de Vercors. Bref, rarement je n'avais été autant bouleversée. Moi qui suis une grande déçue de l'Europe, j'ai retrouvée foi en la fraternité entre les peuples, en la communauté de destin qui nous lie à nos voisins. J'ai été déchirée par le saccage des nazis; j'ai pleuré devant tant de gâchis. Comment ai-je pu ignorer ce chef d'oeuvre si longtemps ?!
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Recueil de sept nouvelles dont la principale, la plus longue et la plus prenante porte ce titre extraordinaire alliant le silence et la mer, elle qui, toujours en mouvement, est très rarement silencieuse.
La présence d'un officier allemand durant la guerre dans la maison habitée par un vieil homme et sa nièce porte une dimension dépassant très largement le thème de l'occupation pour aller vers celui de la rencontre non avouée de personnes pouvant s'unir par l'art, la littérature et la confiance dans l'intelligence et l'union des peuples. Seul l'officier allemand prend la parole chaque soir ou presque devant ses hôtes forcés et son discours, respectueux, est bien loin de la guerre et de ses violences.
Mais les deux qui l'écoutent ne rompront jamais ce silence même s'ils brûlent parfois du désir de le faire car la retenue voulue devant l'occupant est un blocage naturel et compréhensible.
Néanmoins, les paroles de l'officier les atteignent et, finalement, chaque soir, ils l'attendent avec le besoin conscient de l'entendre. le texte est très beau et ces paroles écrites en pleine guerre peuvent laisser augurer de la réconciliation indispensable qui interviendra des décennies plus tard entre deux peuples dont la richesse des cultures devaient obligatoirement se rejoindre.
Les autres nouvelles m'ont moins séduit, sauf la dernière qui illustre la honte du concours prêté par la France, ou du moins par les criminels qui la représentaient pendant cette époque noire, ainsi que par leurs valets, à l'arrestation et à la déportation des juifs. Au même moment, Anne Frank écrivait dans son grenier son vécu quotidien et ses espérances ou rêves qui ne pourront être réalisés, comme la vie de ces enfants de l'imprimeur de Verdun. Ces deux images m'ont paru se rejoindre dans cette lecture alors que Vercors ne connaissait même pas l'existence de la petite juive d'Amsterdam.
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