La porte des serpents appartient à ce qu'on pourrait appeler la fantasy touristique.
elle est publiée individuellement sous le pseudo de [Gilles Thomas], en recueil sous le nom de [
Julia Verlanger]
On y suit une aventure dont le décors est aussi important que la trame.
Le genre suit un schéma très classique :
- introduction dans la vie de tous les jours, évènement disrupteur qui va projeter le héros ailleurs. le ton donné à cette introduction va marquer de son empreinte le reste du livre.
- A bout de souffle : le héros débarque dans l'autre univers, plus ou moins vêtu, plus ou moins équipé. Il doit apprendre la langue, les coutumes, se faire des amis, échapper à ses ennemis. Les ennemis sont essentiels (sinon, il n'y aurait pas un à bout de souffle). Cette méconnaissance de l'univers va permettre le côté touristique du genre (si le héros doit découvrir, le lecteur le fait aussi ). le héros est de type "gros bill", c'est-à-dire qu'il acquiers des compétences en un temps record, s'il était gringalet, il devient Mr T., il apprend à manier l'épée, tirer à l'arc, réinvente la poudre etc.
- GNIQ ou Grand N'Importe Quoi : le chapitre qui siffle la fin de l'aventure. le héros trouve, accidentellement ou non, la porte qui le ramène chez lui. Un terrier de lapin, une soucoupe volante, plus c'est gros, mieux c'est. C'est le moyen pour clôturer le bouquin et ne pas le tirer en longueur quand tout est dit.
- l'épilogue : soit le héros décide de rester dans l'univers parallèle parce que finalement il y est mieux que dans son monde d'origine (amour, éthique, qualité de vie, échange d'une vie terne contre une vie d'aventures, ..) soit il revient dans son monde d'origine. S'il revient dans son monde d'origine, c'est souvent que l'auteur à l'intention d'écrire une suite ...
Ce schéma s'applique également à la SF touristique, certains auteurs cherchant à brouiller les pistes en envoyant un agent intergalactique dans un monde moyenâgeux où la magie est reine.
Revenons à la [Porte du Serpent] de [Gilles Thomas], alias [
Julia Verlanger]
C'est un roman court, formaté pour fleuve noir, format poche.
Il est écrit à la première personne et dans un style très roman noir.
La caractéristique la plus intéressante de livre, c'est probablement style un peu argotique, cette introspection un peu narquoise et désabusée, en décalage par rapport au monde médiéval de l'aventure.
le personnage "gros bill" à un regard sans beaucoup de complaisance sur lui où sur les autres. Les personnages secondaires sont rarement nommés, mais plutôt caricaturés "commerçant ventripotent", "blondinette sexy"
Cette caricature composée de deux mots leur sert de nom.
L'ensemble est cohérent et agréable à lire.
On retrouve les mécanismes de [
Julia Verlanger] à savoir le BBBB (boire, bouffer, batailler, bai***).
C'est une oeuvre plus mature, avec des personnages plus fouillés, des interactions entre l'environnement et les personnages plus crédibles.
Les méchants sont raisonnablements retors et rusés.
La trame de l'à-bout-de-souffle est crédible.
Je vous laisse le soin d'apprécier le GNIQ qui lui est grandiose : une soucoupe volante qui sauve le héros in extremis, une partie fine avec la nana serpent aussi surréaliste (on ne peut pas parler de partie de jambes en l'air, elle n'en a pas !) que traitée elliptiquement.