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EAN : 9782070357406
800 pages
Gallimard (26/02/2009)
3.76/5   41 notes
Résumé :
" Écoutez ! Allander Ap'Callaghan est mort ! Le rassembleur des clans a rejoint les bruines dont on ne revient pas ! Il n'est resté qu'un seul héritier pour toutes ses conquêtes, son frère Eylir, caché dès le plus jeune âge par sa mère dans le palais des Atlans. Mais on ne peut grandir dans l'ombre d'un géant sans être soi-même poussé un jour sur les chemins de gloire. Voici l'histoire d'Eylir Ap'Callaghan, aventurier, bandit, soldat de fortune, mendiant et roi. Voi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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"Écoutez ! Ma parole est vérité ! Voici l'histoire d'Eylir Ap'Callaghan !"

Laurent Kloetzer l'une des plus belles plumes de la SFFF francophone frappe encore :
- un immense empire atlante qui entre dans la modernité
- une Europe encore divisée en peuples et en tribus barbares
- une Méditerranée et un Moyen-Orient partagés entre petits royaumes et grandes Cités-États

Les 100 premières pages nous content l'ascension et la chute d'un Alexandre le Grand celtique (Allander = Alexander) et la suite du roman est un magnifique chassé-croisé entre Eylir à la poursuite de la gloire de son frère aîné et Kyle à la poursuite du héros dont il conte les aventures.

Dans tous les chapitres, quels que soient lieux traversés par les personnages, on est plongé dans une ambiance incroyable où soufflent toutes les formes des vents de l'aventure ! Après 730 pages je me suis dit : C'est déjà fini ? Mais j'en veux encore et encore moi !"

Mais il y a quand quelques trucs chiffonnants, qui pourraient rebuter une partie de ses lecteurs :
- la thématique des 3 rois (blanc = paix, rouge = guerre, noir = mort) n'est pas explicitée jusqu'à son terme
- les chapitres quezako : les passages où Eylir et Kyle voyagent jusqu'aux frontières de la folie (qu'ils franchissent plus ou loin allègrement d'ailleurs) sont assez confus et nébuleux pour moi (oui je sais c'est fait exprès, mais à lire c'est bizarre quand même)
- le destin d'Eylir, roi de la loose particulièrement scoumouneux
("tomber 7 fois, se relever 8" : avec Eylir, je ne sais pas si on doit parler d'abnégation, de fatalisme ou de stupidité)
- l'auteur se perd encore quelques fois pour sa fascination parfois malsaine pour les jeunes filles en fleurs
- le basculement dans le fantastique nous offre de magnifiques moments mais aussi une fin à la limite du WTF

Et puis j'ai adoré les hommages aux grands auteurs :
- le Picte Mak Morn et l'Harmoréen, aventurier la longue chevelure noire et à la musculature puissante qui se déplace tel une panthère
- le titre et le contenu du chapitre "l'arbre du malheur" qui rappelle fortement une scène d'un film en 1981

Toutefois le roman est si dense et si intense, qu'une fois passé l'amère fin on ne peut (veut ?) pas replonger dedans. Qualité d'écriture et esprit d'aventure ne sont pas incompatibles : merci à LK de le prouver une nouvelle fois.
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« Le royaume blessé » est un roman que j'étais certaine d'apprécier tant on ne m'en avait parlé qu'en bien. Et bien pas de chance... L'intrigue tout d'abord ne m'a pas vraiment emballée et c'est bien laborieusement que je l'ai suivi jusqu'au bout. La faute probablement au mode de narration adopté par l'auteur, à savoir la collecte de témoignages concernant la vie de cet Eylir Ap' Callaghan pour lequel j'ai peiné à comprendre la fascination du narrateur. Les personnages pour leur part ne m'ont jamais passionnés : le narrateur et sa quête m'ont laissée indifférente, Eyllir est plus qu'exaspérant, quant aux femmes ce sont elles qui souffrent le plus d'un manque de personnalité dérangeant (Lysiane Rolan en tête malheureusement).

Je n'avais lu que des critiques dithyrambiques à propos de ce roman, aussi il est fort probable que c'est moi qui ai complètement loupé le coche ou qui n'étais pas dans de bonnes dispositions mais malgré tous mes efforts jamais l'histoire ne m'a transportée ou enthousiasmée. Tout n'est pas perdu toutefois puisque j'ai par la suite retenté un autre roman de L. Kloetzer, « Petites morts », que j'ai cette fois beaucoup apprécié. Si je n'ai pas accroché au « Royaume blessé » je ne serais donc pas contre poursuivre ma découverte de cet auteur atypique dont je me garderais bien de dénier le talent malgré cette malencontreuse expérience de lecture.
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Initialement publié il y a tout juste dix ans dans la collection Lunes d'Encre puis réédité en poche en 2009, "Le royaume blessé" a mis longtemps à attirer mon attention. Mais quelle excellente surprise ce fut ! À vrai dire, mon dernier coup de coeur comparable en fantasy date de ma découverte de Jean-Philippe Jaworski, il y a... oh, déjà sept ans. Mais là où ce dernier a su toucher un lectorat très vaste, "Le royaume blessé" semble au contraire n'avoir connu qu'un succès d'estime, cantonné au noyau dur des amateurs du genre. Dans sa capacité à raconter une histoire passionnante comme dans l'excellence du style, Laurent Kloetzer n'a pourtant pas grand-chose à envier à l'auteur de "Gagner la guerre", et mériterait tout autant, à mon sens, de recevoir les lauriers du public.

Ce bon gros pavé de près de 800 pages au format poche fut donc pour moi une lecture tout à fait exaltante, et pourtant ce n'était pas gagné d'avance. On a là un univers d'heroic-fantasy qui peut paraître sans imagination, où l'on reconnaît dans chaque élément un calque de notre propre monde, de notre propre réalité historique, légèrement travestis. Les premiers chapitres se passent ainsi à relater au lecteur les conquêtes d'Alexandre le Grand en ne changeant quasiment rien d'autre que les noms... C'est le genre de "facilité" qui, en général, est pour moi rédhibitoire. Pourtant ici, miracle ! tout s'agence à la perfection, chaque page est un plaisir, et c'est sans doute l'un des plus grands mérites de l'auteur que d'avoir su ainsi obtenir un résultat excellent avec des ingrédients somme toute assez banals.

Car Laurent Kloetzer n'a évidemment pas eu pour ambition de "révolutionner le genre", pour reprendre un poncif de la critique littéraire. On est ici dans une fantasy "à l'ancienne" assumée comme telle, inspirée par Howard et Leiber. Conséquence logique, il ne faudra pas s'offusquer de voir les héros piller et tuer sans états d'âme, et les femmes être réduites au rôle d'objets sexuels : dans l'univers âpre et barbare du "Royaume blessé", les personnages ont autre chose à faire qu'incarner les belles vertus humanistes de notre siècle.

Le choix le plus fort de l'auteur, celui qui structure tout le roman et qui, sans doute, conditionne sa réussite, est d'avoir confié la responsabilité de la narration à un homme dont on ne sait pas grand-chose, et dont la quête consiste à recueillir une foule de témoignages sur le héros du roman : Eylir ap'Callaghan, dont la vie, les exploits et les échecs seront ainsi révélés au fil de l'enquête minutieuse menée par le narrateur... avec tout ce que cela implique de biais, d'approximations, voire de mensonges. Associé à la plume fort évocatrice de l'auteur, cet aspect volontairement nébuleux comme l'est tout récit légendaire — quel mythe ne connaît pas plusieurs versions, parfois contradictoires ? — concourt à donner au roman une ambiance tout à fait particulière ; si l'on peut parler de souffle épique, ce ne sera pas tant dans le sens d'une accumulation de grandes scènes d'action et de combats, que dans le sentiment d'avoir écouté un barde chanter les aventures d'authentiques héros des temps anciens...

Au final, voilà une formidable lecture qui donne envie d'enfourcher un destrier et de brandir une épée en hurlant "Callaghan ! Callaghan !"... ou bien, plus prosaïquement, d'aller découvrir sans tarder les autres oeuvres de l'auteur : "La voie du cygne", situé dans le même univers mais dont l'atmosphère semble tout à fait différente de celle du "Royaume blessé", me fait déjà de l'oeil...
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L'Empire Atlan règne en maître sur l'Occident, tel le géant repu qu'il est devenu. A l'Est une mosaïque de peuples barbares se dispute le Haut Royaume Kelte. Ce dernier, rarement uni, a toutefois connu quelques héros fédérateurs, comme Allander Ap'Callaghan qui, à l'image d'Alexandre le Grand, est parvenu à conquérir l'intégralité du monde oriental connu, jusqu'au bord du monde. Mais il meurt lui-aussi, et son Empire se délite pour revenir bien vite à sa situation d'origine. Ne reste alors que les souvenirs, les déceptions et les espoirs dans les esprits de ceux qui ont connu le héros. Parmi eux, il y a Eylir Ap'Callaghan, son demi-frère, dont la destinée est aussi épique que mystérieuse.

Le royaume blessé de Laurent KLOETZER lui est consacré. On pourrait donc penser que le roman est une banale fantasy guerrière comme on a l'occasion d'en lire régulièrement. Ce n'est pas du tout le cas dans la mesure où le récit est bien plus subtil que cela grâce à un mode narratif original, celui du chroniqueur. En outre celui-ci n'a jamais rencontré Eylir Ap'Callaghan et a juste entendu parler de son histoire au détour d'une taverne. Véritablement subjugué par ce récit aux allures de conte, il va remonter la piste du héros en rencontrant tour à tour ceux qui l'ont connu, et en transcrivant leurs propos. Ainsi, l'histoire d'Eylir est-elle racontée d'une multitude de points de vue, la synthèse étant réalisée par une tierce personne qui, à quelques années de distance, vit elle-même sa propre vie. C'est alors l'occasion de découvrir des personnages hauts en couleurs dans un univers dual, médiéval pour le Haut Royaume Kelte, de type Pré-Renaissance pour l'Empire Atlan.

C'est par ailleurs servi par une très belle plume, KLOETZER sachant parfaitement adapter son style à la personnalité de ses multiples personnages. Ce faisant il va et vient sans cesse entre l'histoire avérée, la fresque épique et la légende, donnant à son récit un souffle aussi époustouflant qu'émouvant. Car l'auteur aime manifestement ses personnages, et sait nous les faire aimer avec lui, y compris le barbare Eylir Ap'Callaghan dont la quête de gloire, qui semble vouée à l'échec tout au long du récit, se transforme au fil de ses aventures en une quête intérieure bien plus profonde.

Le roman se veut aussi un hommage aux maîtres du genre que sont TOLKIEN, LEIBER et HOWARD. Non seulement Laurent KLOETZER baptise trois de ses personnages secondaires du second prénom de ces auteurs, mais on retrouve aussi dans le personnage d'Eylir les caractéristiques de certains des héros mythiques à qui ils ont donné vie, en faisant ainsi une synthèse complexe et crédible. Ce sont celles du roi sans couronne Aragorn qui parcourt l'Empire tel un rôdeur ; ce sont également celles de Fafhrd pour sa brutalité, son esprit d'aventure et son humanité ; ce sont enfin celles de Conan avec sa destinée contrastée de roi et de guerrier de fortune.

Enfin KLOETZER structure parfaitement son intrigue et captive de bout en bout le lecteur avide de connaître les destinées de ses personnages. Parmi les principales, celle d'Eylir Ap'Callaghan est certes attendue mais néanmoins touchante de par sa dimension tragique, celle du chroniqueur, plus mystérieuse, frappe pour sa complexité dans sa relation au héros. D'ailleurs, c'est dans le dernier tiers du roman, quand les deux personnages se rejoignent, que le roman se fait un peu plus confus et la lecture plus difficile.

Ni ce bémol, ni le manque d'originalité de l'argument principal du roman ne peuvent remettre en cause les immenses qualités stylistiques de l'oeuvre de Laurent KLOETZER. En rendant hommage aux grands classiques de la fantasy, il expurge le genre de tous ses éléments non indispensables (pas de bestiaire traditionnel, pas de héros surhumain…) pour n'en retirer que la quintessence. C'est pourquoi il faut désormais compter le royaume blessé parmi le meilleur de la fantasy, et pas seulement d'un point de vue franco-français.
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je n'ai aucune sympathie pour Laurent Kloetzer, pas le moindre a priori favorable. Il avait décrit son univers dans Casus Belli ? La belle affaire : n'importe qui pouvait écrire dans ce magazine, j'en suis la preuve vivante. Il a déjà été publié chez Mnémos ? Ça ne m'étonne pas, ils ne publient que de la fantasy de supermarché dans cette boite. Il a un blog ? Ne me faites pas rire, les blogs sont la quintessence de la vacuité de cette génération de rôlistes qui se prennent au mieux pour des lecteurs éclairés et au pire pour des plumitifs.

On va donc laisser de côté le copinage bisounours qui fait de chaque auteur français de fantasy un nouveau prodige (comme cette propagande imbécile qui fait passer Jean-Philippe Jaworski pour un auteur) et dire la vérité vraie. Quelqu'un doit dire que le roi est nu.

C'est quoi, le royaume blessé ? Déjà, c'est pas loin de 800 pages. Ça ne s'avale pas comme de la petite bière, c'est une traversée au long cours. Dans une espèce d'Europe distordue et légendaire, un peuple alterne les grandes heures et les moments moins glorieux. Ce sont les Keltes. On pourrait les croire en fin de race tant la civilisation des Atlans, le peuple qui a le dessus dans la valse de l'Histoire, est bien plus moderne. Mais ce sont finalement la gloire des Atlans qui est en train de partir en lambeaux alors que leur empire vole lentement en éclats sous l'action de l'érosion du pouvoir. Alors les Keltes ont une certaine marge de manoeuvre. D'où des soubresauts tumultueux, des guerres de clans, des tentatives désespérées pour réanimer la flamme d'une fierté entière. Dans cette espèce de renouveau kelte, des hommes de légende se forgent une immortalité constituée de faits d'armes racontés dans les auberges et d'un trône souillé du sang de l'ennemi et des alliés.

Or un jeune homme simple, fruit de la culture atlan, se met en tête de raconter la vie d'un de ces Keltes dont l'existence dépasse l'entendement. Au fil de ses pérégrinations, il rencontre des contemporains de cet homme, des amis, des parents, qui lui racontent des tranches de vie, des moments charnières de sa destinée. de plus en plus obsédé par cette histoire qu'il a l'impression de pouvoir toucher du bout des doigts, notre homme va finir par s'aventurer en terre kelte pour en apprendre plus. Et en marchant dans les pas de cet homme qui l'obnubile, il va prendre la mesure de ce peuple tout en vivant ses propres tribulations.

Je reproche souvent à la fantasy de manquer de contenu. Ce sont souvent des personnages sans nuances qui vivent des quêtes censément initiatiques dans des univers aussi complexes que celui de Placid et Muzo. C'est souvent le festival du cliché tant dans la narration que dans le propos. Comme il y a la malbouffe, il existe une sorte de malfantasy composée de cycles (inter)minables, de recettes éculées et d'effets de mode. Et bien c'est peu dire que Laurent Kloetzer est à l'opposé de cet écueil.

Le royaume blessé m'est resté longtemps dans les mains. Ça respirait bon la lente construction d'un mythe. Pas le truc où un jeune paysan découvre en 6 chapitres qu'il est le fils du roi et qu'il doit mener son armée pour reprendre la couronne injustement spoliée par l'infâme oncle du héros. Non, je parle de mythe dans ce que ça comporte de symbolique, d'idolâtrie et d'allégorie. À mesure que le héros collecte les fragments de la vie de son héros, on mesure le parcours d'un homme extraordinaire qui, à l'image de son peuple, alterne grandeur et décadence. Chaque anecdote façonne un peu plus la glaise de ce portrait et affine ses traits. Ici, une blessure due à une jeunesse désinvolte. Là, une ride pour un amour trop souvent perdu. le récit à deux niveaux fait s'opposer la vie hors du commun d'un Kelte qui veut marquer son temps et celle, plus simple, d'un témoin qui vit par procuration.

C'est long parce que le roman ne se contente pas de raconter que les bons moments. On s'attarde au contraire sur des choses en apparence futiles mais qui participent elles aussi à la mue de cet homme en gloire. Bien évidemment, les rencontres fortuites du narrateur qui a la chance de se trouver au bon endroit au bon moment pour rencontrer les bonnes personnes peuvent sembler artificielles. Elles font partie du jeu.

Mon seul regret tient à la nature de cet univers qui est un écho déformé de notre passé. Les Atlans romains, les Keltes celtes, ce héros qui ne s'appelle pas Alexandre, c'est efficace, mais ça ne rend pas justice au talent de l'auteur. Il pourrait tisser un univers réellement différent et cohérent sans s'appuyer sur ce faux-semblant, à mon sens.

Pendant 800 pages, j'ai marché dans les chaussures de cet être mémorable qu'est Eylir Ap'Callaghan. J'ai senti le poids de ses regrets, l'usure de son épée, la colère qui cogne dans ses tempes. Dans les passages les plus puissants, il m'a semblé entendre la voix de Lisa Gerrard chanter Summoning of the Muse en superposition à la plume de l'auteur. Je ne peux pas dire ça de beaucoup d'auteurs qui prétendent écrire de la légende.

Bref, ce n'est pas sorcier de comprendre que la petite gloriole de Laurent Kloetzer est totalement infondée. Ce n'est rien qu'un de ces trentenaires qui a trop de temps libre. J'espère pour lui qu'il a un emploi alimentaire car il n'est pas prêt d'avoir sans place dans un catalogue France-Loisir. Alors ne comptez pas sur moi pour chanter ses louanges avec les autres. C'est favoritisme et renvoi d'ascenseur dans ce milieu.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
"Où est ta famille, Eylir Ap'Callaghan ? Ta femme te hait, ton fils a appris à se méfier de toi, ta fille ne te connaît pas. Tu n'as pas su admirer les bons modèles. Tu as pris ta mère pour une grande dame, quand elle n'est qu'une courtisane arriviste. Ton père pour un grand seigneur quand il n'était qu'une brute. Et ton frère, le Roi rouge... Comment ne pas voir qu'il était fou ? Que c'était un assassin ? Et que seule la poussière se souvient de ses conquêtes... Je dis la vérité, Callaghan."
Le Maître poussa Beth en avant.
"Il ne te reste plus qu'elle, la pupille de ton ennemie. Tu es venu la séduire dans son château, comme tu en as séduit tant d'autres, parce que tu crois qu'un héros doit trousser toutes les filles qu'il croise, parce que ton frère en a violé tant que tu te dois de l'égaler. Mais elle ne t'en veut pas et elle t'aime, c'est la plus grande chance qui t'ait jamais été donnée. Voilà tout ce que tu peux espérer. L'amour d'une femme, la vie et la paix."
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Il regarde les fantassins hagards et voit les Compagnons, les cavaliers de la première heure, les plus keltes des Keltes, ceux qui se battent torse nu en hurlant, le visage et la poitrine tatoués des marques de la déesse. Il voit ces hommes avachis par les langueurs de l'Orient. Ils ont vaincu, ils ont conquis, oui, mais où sont leurs conquêtes? Où sont ces royaumes qu'ils ont écrasés sous leur botte, où sont ces terres dont ils ont renversé les armées dans un grand élan furieux? Pour eux, elles ne sont pas plus qu'un rêve... Des cités d'or et de vieilles pierres perdues dans les brumes de l'autre monde, colonnes de temples, bois précieux et soieries... Tout cela est si loin d'eux... Juste un rêve oui, dans les yeux de leur roi (...)
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"Il faut qu'il renonce", a-t-elle dit, très lentement, comme pour expliquer à un tout petit enfant. "On ne construit pas un État sur le pardon. On ne peut pas demander pardon, c'est trop tard. Un homme peut demander pardon, l'Empereur ne le peut pas. Sinon, les crimes impunis surgiront de toute part, chaque morceau de l'Empire se rappellera avoir été lésé, de dix vies, de cent vies, de sa liberté ou de son indépendance.
— Et alors ?
— Alors ce serait la fin. L'Empire est fait. Il a fallu des siècles et des milliers de vies pour le faire, mais il est fait. Il unit des hommes, par la force s'il le faut, mais il unit des hommes et ces hommes vivent en paix. S'ils se souviennent du prix que leurs pères ont payé, ce sera la fin... Vous comprenez ?"
Oui, je comprenais. Et j'ai ressenti le poids de cette machine, de cette idée, de l'Empire qui maintenait ensemble les hommes, de cette union pour qui tant de vies avaient été prises. J'ai ressenti ce poids, cet héritage lourd et immense, non, pas sur mes épaules, mais sur les siennes. Les siennes et celles d'autres hommes et femmes, prêts à le porter, prêts à porter cette culpabilité des crimes en son nom, à la place de l'Empereur s'il le fallait. Car elle pensait que si Rhadamanthe avait l'occasion de demander pardon pour tous ces crimes devant les victimes, il le ferait. L'empereur au visage de moine le ferait. Et l'Empire ne tolérerait pas cette faiblesse.
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"Je suis peut-être un idiot, Callaghan. Je ne crois pas aux livres de lois, ni à toutes ces paroles mortes que les civilisés écrivent. Mais je crois à ce que les hommes font, je crois à la loyauté, d'un regard à un autre. Ces crétins n'ont rien compris."
Il se tourna vers le village et passa le fourreau de son épée dans son dos.
"Assez parlé. Allons chercher ta princesse.
— Je sais qui sont ces créatures, murmura Eylir. Ce sont des hommes-chats, des meowls. Ma mère disait qu'ils étaient nombreux, au temps des héros."
Kendall ricana.
"Le temps des héros n'a jamais existé, crois-moi. Il n'y a jamais eu que le temps des hommes."
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-Ma mère m'a emmené à Koronia après la bataille contre Poreas, dit-il un soir. Elle m'a emmené, mais le Haut-roi a continué vers l'est. Les royaumes de Vendhya se soumettaient sur son passage, lui offraient leurs princesses, leurs idoles, et des éléphants de guerre qu'il a rapportés jusqu'à Nymir. Alors il est arrivé au bord du monde, là où les étoiles se jettent en hurlant dans la mer...
-Ça n'existe pas, cet endroit, assura Tomà, qui avait beaucoup lu ces derniers mois. Les astronomes atlans et seljuck disent que la terre est ronde et que les étoiles sont fixes sur la voûte céleste... Le bord du monde, c'est une invention de vos bardes keltes.
Eylir lui sourit, comme on sourit à un enfant qui ignore encore beaucoup.
-Ce n'est pas contradictoire. Et la parole des bardes forme le monde, ils ne peuvent mentir. Je veux aller là-bas, marcher au bord du monde, là où le ciel et la mer se mélangent dans l'écume.
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Vidéo de Laurent Kloetzer
Cela se passe dans la plus grande ville du monde connu. La Cité de la toge noire, la Ville aux mille fumées, donnez-lui le nom que vous voulez, vous y êtes déjà allé… et nous vous proposons d'y retourner, en compagnie de L.L. Kloetzer. Qu'y a-t-il de plus amusant que discuter d'un roman, si ce n'est jouer dans l'univers dudit roman ? Fervents amateurs de jeux de rôle, Laure et Laurent Kloetzer feront jouer Nicolas Fructus (illustrateur au talent indicible) et Erwann Perchoc (n°1½ du Bélial') dans l'univers de “Noon du soleil noir”, partie à laquelle nous vous convions. Ce sera en direct, ce sera probablement un rien expérimental, et, nous l'espérons, amusant ;-) https://www.belial.fr/l-l-kloetzer/noon-du-soleil-noir Illustration : Nicolas Fructus
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