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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La fille à la voiture rouge Philippe Vilain Grasset ( 250 pages – 19,00€)

Rentrée littéraire 23 août 2017

Si les corbeaux (1) sont parfois le déclencheur d'un rapprochement entre deux êtres, pour Philippe Vilain il aura suffi d'une porte et d'un sourire. Porte depuis condamnée.

En effet c'est à la bibliothèque de la Sorbonne que le narrateur a croisé cette étudiante qui l'a impressionné, au point de souhaiter la revoir, de ne cesser de penser à elle.

Comme Jean -Marc Parisis dans Avant, pendant, après, Philippe Vilain retrace ses rencontres avec Emma, repasse le film de cette liaison, distille des indices qui éveillent l'attention du lecteur. de plus, en revisitant leurs moments à deux, le narrateur comprend, avec le recul, certaines situations. ( pourquoi elle ne voulait pas de visite pendant son séjour à l'hôpital..)

Il nous livre un portrait époustouflant , très fouillé, de cette héroïne de 19 ans, aux multiples facettes dont il tente de décrypter la personnalité.

Au fil de leur idylle,le lecteur fait connaissance avec Emma, «  la fille à la voiture rouge », «  aux yeux verts », «  alerte et remuante, bavarde », d'un milieu aisé. Tour à tour, «  la brindille mini jupée », «  l'escort girl », «  la fashionista », mais aussi l'étudiante préparant l'agrégation qui lit Nabokov et Kundera.
Son année de naissance ? Philippe Vilain joue à la faire deviner au lecteur !

Après la révélation de son secret, c'est «  la vaillante Emma », « une combattante,une guerrière » , «  la petite miraculée » pour qui le lecteur éprouve de l'empathie.
Le récit est hanté par le spectre de la mort, de la maladie, véritable épée de Damoclès pour son héroïne, qui sait son « temps compté ». D'où cette fureur de vivre intensément pour cette «  femme pressée » et cette tension permanente.

En parallèle se brosse le portrait de l'écrivain, à la réputation de Don Juan qui ne s'est jamais engagé, et pourtant saute le pas en offrant une bague de fiançailles.Son double d'âge crée un malaise parmi les parents de la jeune fille et leur entourage.

Après trois mois de fréquentation, on se demande si le narrateur va réussir à percer la «  zone opaque et mystérieuse » de celle à qui il invente même une double vie.

Pourtant une complicité s'est tissée. Lui l'aide , l'encourage dans ses études ,la drape de bienveillance durant sa maladie. Réciproquement, elle l' assure de son soutien : «  Ne t'inquiète pas, Coeur », «  tu pourras compter sur moi ». Leur connivence engendre des situations cocasses, mâtinées d'humour. Emma sait jouer sur la polysémie du mot «  examen », son évasion de l'hôpital est assez rocambolesque !
Toutefois, elle peut «  redevenir un diable » capricieux.
Le rebondissement qui ouvre la deuxième partie, faisant suite aux aveux d'Emma bouscule, sidère et on imagine combien le narrateur doit tomber de haut.
Le lecteur en sort si estomaqué que son empathie va glisser subrepticement en faveur du «  romancier in love » ! On subodore que celui-ci pourrait, comme Henri Calet, nous confier : «  Ne me secouez pas, je suis plein de larmes », vu les états d'âme qu'il affiche. Comment va-t-il réagir d'autant que des failles sont mises en évidence ?
Auxquelles viennent s'ajouter la jalousie, les soupçons, des différends, la différence d'âge, source d' inquiétude pour les parents de Céline, ex Emma ?
Son amour pour son «  Petit Hibou » sera-t-il assez fort pour lui pardonner ?

Dans cette partie, on découvre une autre facette de l'étudiante : «  fille rebelle », qui n' a cessé de « bosser » pour décrocher l'agrégation. Parfois désagréable, boudeuse,facétieuse, privilégiant les moments avec ses amies. Elle, qui a rêvé d'être actrice, ne jouerait-elle pas une autre partition, à l'insu de son fiancé ?

Le romancier, lui,confronté à la froideur des relations, se retrouve en proie à des atermoiements , se livre à une profonde introspection. Il se remémore leurs escapades à Capri, Trouville. Il analyse leurs paroles, les silences, s'interroge. Un vrai dilemme le taraude : quitter ou rester ? Suspense pour le lecteur. Que ferait-il dans pareil cas ?

Le narrateur radiographie la courbe de leur désir, le sien «  hospitalisé », «  stérilisé », après toutes ces désillusions aboutissant au «  charnier des amours ».Il constate que «  le bonheur se nostalgise ». On est interpellé par le champ lexical autour du mot «  triste », ainsi que celui autour du «  jeu ». Qui abuse l'autre ? Qui fait souffrir l'autre ?

C'est alors que Philippe Vilain développe une réflexion sur la création, sur le pouvoir des mots ( parfois cruels), sur l'autofiction. Il tient à préciser que ses histoires ne sont pas toujours vraies et ne cache pas son besoin d'indépendance.
N'est-il pas dangereux d'inclure dans ses romans des connaissances proches ?
A moins que raconter l'histoire du personnage forgé par Emma relève d'une catharsis pour le narrateur. Celui-ci n'a sûrement pas écrit son roman avec le stylo Mont Blanc offert par Emma, mais plutôt avec une plume d'ivoire qui a étoffé , touche par touche, le portrait complexe de son héroïne.
On reconnaît en filigrane quelques titres des romans de l'écrivain, qui connaissent un beau succès en Italie, dont celui qui a été adapté à l'écran ( Pas son genre).(2)

Philippe Vilain poursuit, avec beaucoup d'acuité et de lucidité, l'exploration d'un l'amour intense qu'il sait «  inconstant » en nous plongeant dans les méandres d'un couple atypique et ses « intermittences du coeur ». Il soulève de multiples questions : Comment sauver l'amour quand on sent l'éloignement ? Traverser le temps ? Tromper l'ennui ? Dépasser l'ordinaire et le manque de désir ? Sortir du mutisme ?
Il évoque la dépendance amoureuse, la morsure de l'absence après la séparation.
Les lieux, étant mémoire, convoquent une foison de souvenirs heureux en compagnie de Céline. Relire des textos, des lettres ravive les émotions.


Philippe Vilain offre le parcours intime d'une liaison «  chaotique », inédite, ponctuée d'une cascade de rires et de pleurs, à l'unisson des états d'âme des protagonistes.
le romancier s'avère un subtil entomologiste des coeurs et signe un roman profond, empathique qui bouscule et questionne, traversé par les thèmes de la jalousie, de la culpabilité, de la solitude de l'écrivain et son besoin de liberté, de la finalité de l'Écriture, ce « travail invisible » : «  Je me laisse écrire, pénétrer par le monde, les événements et les situations ; je n'écris pas, je suis écrit », se demandant « parfois si ce n'est pas l'amour qui l'écrit ». Nos vies seraient-elles écrites ?
Le lecteur est rassuré, Philippe Vilain n' a pas perdu le goût de l'écriture, ni son style travaillé, élaboré. En voiture,hop, embarquez avec La fille à la voiture rouge !

Note :
Pour ceux qui ont lu Confession d'un timide , on y croise C., «  l'étudiante de la Sorbonne, à la «  silhouette longiligne » dans le chapitre : Douleur d'aborder une femme.
(1) Dans REPOSE-TOI SUR MOI de Serge Joncour
(2) Pas son genre, film de Lucas Delvaux, avec Emilie Dequenne, adapté du roman éponyme de Philippe Vilain.
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Éditions Grasset
Parution 23 Août 2017
Tout commrnce par « L’amour, moi qui ne cesse d’écrire sur l’amour, je me demande parfois si ce n’est pas l’amour qui m’écrit, en imposant ses histoires, ses hasards et ses romans, ses bonheurs et ses mensonges. »
Et c’est à partir de ces quelques mots, que commence cette histoire d’amour, que dis-je, une passion entre Emma Parker, étudiante de vingt ans, et un écrivain de dix-neuf ans son aîné.
Leurs chemins se croisent à l’université : son lieu d’études pour elle, son lieu d’écriture de prédilection pour lui. Une étincelle. La foudre s’abat sur eux.
« Si j’étais peintre et que je devais faire un portrait d’elle, je la représenterais ainsi, de dos, en liseuse. »
Cet amour passionnel va les habiter tous deux. Des instants partagés, inoubliables.
« J’aurais voulu que le temps suspende son envol sur le lac du bois de Boulogne, j’aurais voulu que le temps s’arrête avant cette nuit où je ne savais rien. »
Jusqu’au jour où Emma révèlera qu’elle a été victime d’un accident par le passé, qui a laissé en elle son empreinte qui pourrait lui être fatale.
« … le désir de vaincre la mort, mais le souci féminin de mourir en beauté, l’élégance de faire de la mort une fin en soie. »
Cet aveu va complètement chambouler le rythme de leur relation, son intensité.
Emma devient son métronome.
« Avant de rencontrer Emma, les grandes aiguilles de mon horloge intérieure étaient mes livres ; je me situais dans le temps par rapport aux livres que j’avais écrits, me disant, pour me souvenir d’un événement particulier : « C’est l’année où j’ai publié ce roman » ou « cela se passait quand j’écrivais ce roman-là ». C’est Emma désormais qui me servait de repère, Emma qui incarnait le temps. »
Et toujours la peur en lui, par crainte de la perdre à jamais, il s’en souciait démesurément… à hauteur de son amour pour elle….
« J’avais peur des lendemains, des aubes de son absence. »
Mais tout ceci fut rapidement ébranlé lorsqu’un nouveau voile fut levé… Remettant tout en question… Comment a-t-elle pu ?
« Mythomane. Elle l’était comme on peut l’être dans la jeunesse, à l’âge où l’on se raconte des histoires, où l’imagination supplée l’expérience, à l’âge où le désir d’aventures et le besoin de rêver sont plus forts. »
Tout est alors anéanti. Ce qu’ils ont mis du temps à construire, ce qu’ils ont si passionnément partagé… il se sent trahi. Déboussolé. Assommé par ce comportement futile.
« Son mensonge avait tué mon désir en me faisant gagner son cœur ; pour ainsi dire, il m’avait castré. »
Et des jolies phrases il y en a à chaque page. Ce livre, je l’ai parsemé de post-it. Parce qu’il est lui-même parsemé de belles choses, d’intensité, d’amour, de passion, d’amitié, de tendresse. En tant que lecteur nous sommes nous aussi pris dans ce tourbillon, ce piège qui se resserre.
Tel un maestro, chef d’orchestre de la plume, Philippe Vilain exécute avec finesse, délicatesse et beaucoup de sensibilité, cette symphonie « prodigieusement virtuose de l’amour contemporaine ».
Le Cupidon de cette oeuvre m’a touché !
Un veritable coup au coeur. Et j’espère que sa flèche vous atteindra à votre tour…
Et pour conclure sur cet extrait de « Lolita » de Nabokov :
« Et je me retrouvai seul, roulant sous la pluie du jour agonisant, et les essuie-glaces étaient en pleine action, mais que pouvaient-ils contre mes larmes ? »

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Philippe Vilain nous raconte son histoire d'amour avec Emma Parker. Lui est quarantenaire et elle, la vingtaine. Lui est romancier et elle, étudiante. Lui est en bonne santé, elle malade... son hématome extra dural menace à tout moment de se rompre et de lui emporter la vie... de grandes questions traversent cette première partie de roman : comment se projeter quand l'un est malade ? Vit-on réellement le moment présent ?
Dans la seconde partie du roman, cette histoire d'amour se teinte des petits et grands arrangements que chacun prend avec la vérité...
Une belle lecture qui nous amène aussi à s'interroger sur nos propres vies.
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très beau coup de coeur pour la fille à la voiture rouge de Philippe Vilain , superbe roman, autofiction brillamment écrite. Excellente analyse des états de l'amour, la rencontre, le vertige, la passion, la volupté, les mensonges, les doutes, la jalousie, la rupture, la culpabilité. Tous ces sentiments intenses que l'auteur va décortiquer avec talent, un brin de Stendhal , une larme de Flaubert. Sans oublier ses tourments et sa solitude d'écrivain qui apparaît en toile de fond.

En soit l'histoire serait banale , une rencontre amoureuse  entre un bel homme la quarantaine et une ravissante étudiante la vingtaine , une histoire comme on peut tous en connaître, au hasard d'un regard furtif, un émoi peut se produire et vous projeter dans les vagues de l'amour. Sauf que là la belle vous annonce qu'elle est malade, condamnée, l'écrivain narrateur, alors, redouble d'amour, d'attention pour cette beauté  éphémère … Ils s'aiment avec ferveur et fièvre sous le ciel de Capri, font des projets d'avenir sorte d'Oraison amoureuse…. Mais hélas ce n'est pas la maladie qui va les conduire dans l'abime mais les mensonges d'Emma. Leur couple pourra t'il y résister ?
Au-delà de ce narrateur pris dans les affres de la passion pour sa jeune fashionista , mélange de douceur, candeur, provocation, désirable, capricieuse, manipulatrice et mythomane, c'est le jeu de plume de l'auteur qui est déterminant dans le roman. Valse de badinerie, marivaudage, passion, déraison, lucidité avec un brin de cynisme… Philippe Vilain joue entre fiction et réalité au gré des pages , on « admire » la naïveté du narrateur auquel on ne croit pas vraiment, on suppute que le fait de croire à l'histoire d'Emma,  sa fausse vie et maladie la rend plus inaccessible donc plus désirable... Un amour impossible donc idéalisé …Une peur d'aimer ?  D'être aimé ?  Un narrateur séducteur romantique en quête de l'amourde l'amour parfait …sûrement … Mais aussi en quête de lui-même …. Un virtuose des mots qui apprend à aimer des émojis 😉, un roman et un auteur à découvrir absolument ……………
Lien : https://www.voyagelivresque...
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La fille à la voiture rouge de Philippe Vilain est un roman qui prend au coeur par son histoire et par le style de l'auteur. Une spirale littéraire qui fait vaciller le lecteur entre vérité et mensonge.

La fille à la voiture rouge est un roman à la première personne que l'on pourrait qualifier de roman autobiographique. On pourrait presque imaginer l'écrivain en voix-off racontant posément son histoire avec Emma Parker, comme un flash-back. le narrateur, le «je» de l'histoire, qui n'est autre que Philippe Vilain lui-même, rencontre Emma Parker à la bibliothèque de la Sorbonne. Elle entre dans sa vie comme une apparition. Vient le premier rendez-vous avec cette jeune femme intrigante qui semble aimanter l'attention de quiconque croise son chemin. L'écrivain est obsédé par la jeune femme qui à son jeune âge a déjà vécu des expériences traumatisantes. Un accident de voiture en plus de lui avoir enlevé son fiancé, l'a condamnée à avoir un hématome extradural sous le crâne. Alors qu'une relation se tisse entre l'écrivain et la jeune femme, les événements s'enchaînent, avec les hospitalisations et l'inquiétude s'accentue. Puis survient au milieu du livre, un événement qui personnellement m'a complètement chamboulée. Un événement qui va tout changer.

J'ai adoré ce roman oscillant entre autobiographie et fiction. La première chose qui m'a frappée c'est l'écriture de l'auteur qui dégage une immense poésie couplée à une mélancolie douce. La phrase qui ouvre le roman m'a frappée par son immense beauté, elle sonne juste, vrai : L'amour, moi qui ne cesse d'écrire sur l'amour, je me demande parfois si ce n'est pas l'amour qui m'écrit, en m'imposant ses histoires, ses hasards et ses romans, ses bonheurs et ses mensonges. J'ai trouvé l'écriture magnifique, finement travaillée. le personnage d'Emma Parker, au centre du roman et en constituant l'intrigue même, possède ses propres éléments de langage, son propre dialecte : elle s'énervait à la vue du bout sur son front qui lui était poussé dans la nuit juste pour l'enlaidir et elle se désespérait « pour de vrai ».  Ces mots ou bouts de phrases entre parenthèses, parsemés au fil des pages, sont autant d'éléments constitutifs de la personnalité d'Emma Parker, qui aident le lecteur à percer le mystère qui entoure ce personnage. Emma Parker, avec son nom à consonance hollywoodienne, est un personnage tout en contradiction, tantôt exubérant, tantôt secret. Sa vie est un drame mêlé à une comédie romantique. C'est un personnage romanesque de bout en bout, dans tous ses extrêmes. On peut la détester comme la prendre en pitié cinq lignes plus loin. Cette fille est comme un parcours de montagnes russes. Je n'ose pas parler de la deuxième partie du livre parce que j'ai adoré ne pas savoir vraiment et seulement avoir quelques doutes. J'ai aimé le choc de ces pages où tout part à la renverse. La fille à la voiture rouge est un beau roman d'amour qui pose la question de la confiance après le mensonge. Un amour peut-il survivre aux mensonges et aux faux-semblants, à la méfiance qui s'immisce de façon insidieuse malgré le pardon ?

La fille à la voiture rouge est un roman captivant et extrêmement bien écrit, j'ai adoré cette lecture. le narrateur loge le lecteur dans son regard et transmet ses sentiments, ses émotions au plus près de ce qu'il ressentait au moment où il le vivait. J'ai trouvé cette démarche sincère, de mise à nu, très forte dans un récit construit autour du mensonge. Ce roman interroge le lecteur sur les limites du réel et de la fiction.
Lien : https://thebookcarnival.blog..
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