Marc Villard sort à nouveau du XVIIIème arrondissement et c'est pas pour faire du tourisme. Il nous emmène vers Saint-Quentin-en-Yvelines, Trappes, Guyancourt...
"
Les portes de la nuit" donc. Ce coup-ci il est accompagné par
Cyrille Derouineau, photographe. le livre est un grand format, quatre nouvelles illustrées de clichés en noir et blanc sombres et granuleux, des quais de gares, des souterrains, des parkings, des endroits de passage qu'on voit sans regarder.
Quatre histoires rythmées par le hip-hop et la soul, aux accélérations brutales, à lire en pleine nuit, quand le sommeil s'est arrêté vers 2 ou 3h00 et qu'il ne reviendra plus, ou seulement quand il sera temps de se lever.
"Du côté des étangs" on enterre un cadavre en pleine nuit alors qu'on en était simplement à écrire de petits scénarios sur la mort en essayant d'arrêter de picoler. La vieille publicité "Balafre" au dos des Série Noire sauve probablement la vie de celui qui s'est trompé mais pas de celui qui se retrouve six pieds sous terre à côté de la bauge aux cochons. D'autres gagnent trois sous en chantant pour Noël dans une maison de retraite et voient la mort surgir face à eux.
La dernière nouvelle, "Tête cool" empêche de se rendormir. Tout en dialogue c'est une nouvelle foudroyante, glauque, qui fait monter une boule dans la gorge en un claquement de doigts.
À chaque texte les photos en regard apportent des éclairages abrupts.
Comme souvent quand Villard fait du noir, ce sont les femmes et les enfants qui prennent. Ces derniers sont les plus mal lotis ici, orphelins, morts, meutriers. L'enfance n'est ni heureuse ni innocente dans "
Les portes de la nuit".
Dans la vraie vie ces histoires auraient pu faire une brève dans le Courrier des Yvelines, sous la plume de
Marc Villard elles deviennent autre chose, des moments où la vie et la mort se croisent au gré des mots, des phrases.
C'est prefacé par
Didier Daeninckx, raison de plus pour le lire.