Ce n'est pas l'oeuvre qu'il faut lire pour s'écrier "Mon Dieu, il avait déjà tout compris". Pourtant,
Voltaire a l'habitude d'être en avance sur son temps (même ici, il m'a surpris — positivement — en reléguant à une simple différence culturelle subjective "l'amour des garçons" autorisé dans des sociétés et pas dans d'autres).
Mais globalement, c'est une oeuvre bourrée de sophisme et autres faux syllogismes, qu'il combat pourtant d'habitude (et qu'il combat dans ce traité même). Avec une preuve de l'existence de Dieu aussi ridicule que la fameuse scène de "Ridicule", justement.
Et même quand il a probablement raison, c'est avec des raisonnements illogiques et non fondés (le libre arbitre, par exemple ; je tends à penser qu'il existe en effet. Mais dire qu'il est impossible de croire avoir choisi quelque chose qu'on n'a pas choisi, c'est ignorer des tas de faits objectifs. Idem pour l'existence des objets au delà de nos sens ; je tends aussi à penser, que, sauf masturbation intellectuelle, ces objets "existent" au sens qu'on donne du mot "exister" et ne sont pas que des illusions de nos sens, même si nous ne les connaissons que via ces "illusions". Mais la série de sophisme que
Voltaire emploie pour réfuter les arguments de ceux qui pensent le contraire ne prouve rien).
De façon générale, le traité est rempli à 95% de raisonnements oiseux, parfois pour aller dans le bon sens, parfois non. Cela reste le
Voltaire bienveillant et assoiffé de justice, et même du droit au doute. Mais l'objet de ce traité n'est pas la bienveillance, mais sont les raisonnements eux-mêmes, qui sont aussi vaseux que ceux qu'il dénonce.
Bref, vous l'aurez compris, pas mon oeuvre préférée
De Voltaire. Je suis déçu de découvrir qu'il a aussi donné dans cette logique factice de la métaphysique de son temps. J'espérais qu'il aurait, une fois encore, réussi à être au dessus du lot.