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3,68

sur 593 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Éric Vuillard nous livre ici un récit foisonnant, émouvant et superbement écrit de la prise de la Bastille. Il redonne vie au peuple qui en ce rare jour se rassemble et se met à exister. Cette manière de décrire dans son épaisseur et avec ses protagonistes dont on ne connaît et après de méticuleuses recherches parfois que le nom, les modalités de leur mort, leur acte de bravoure ou de hasard est un magnifique hommage au petit peuple. J'ai beaucoup aimé cette façon de faire vivre l'histoire, de la raconter précisément, fidèlement en tout cas par rapport à la trace des actes, aux pensées des puissants et des autres, à leur chronologie.
Les lieux ont aussi droit à une reconstitution concise, et précise. Bien sûr, un écho à notre propre époque s'y retrouve sans excès mais cela sonne très juste, la crise économique d'alors et sa masse de chômeurs ou de petits métiers savoureusement nommés et révélés, la désespérance puisque la survie n'est plus que l'unique but accessible et encore ! d' une majorité de personnes, a permis l'événement rare de la naissance de l'expression d'un peuple qui se rassemble et se soulève. Ce qui marquera à jamais notre récit national.
Belle découverte en ce qui me concerne que cet ouvrage, que j'ai lu sans doute trop vite mais sa relecture sera un peu comme quand on revoit un film, c'est d'ailleurs écrit comme cela, plein de détails seront alors remarqués et enrichiront la première vision.
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Si je n'avais pas lu les avis enthousiastes de Clara et de Keisha, je ne serais sans doute ps allée spontanément vers ce roman...D'autant qu'en ce moment, et après dix jours sans ouvrir un livre, je me sens pour la première fois depuis longtemps assez peu concernée (et enthousiasmée) par la rentrée littéraire...
Pourtant ça aurait été dommage de passer à côté de ce petit bijou romanesque qui redonne vie au petit peuple de Paris, aux "sans dents" qui ont été les premiers à manifester leur ras-le-bol et à déclencher l'immense vague qui a destitué la royauté.
Ça commence presque comme un inventaire à la morgue, des gens de rien alignés au sol, morts dans l'immense ruée qui a fait tomber la Bastille ; cordonnier ou rémouleur, saunier ou prostituée, ils crèvent de faim, et la surenchère de luxe et de dépenses de la cour à Versailles a jeté leurs voisins dans la rue, armés de gourdins et d'armes de pacotille.
Des "gens du caniveau", des silhouettes, de ceux qui ne figurent pas dans les livres d'histoire (d'ailleurs, l'absence de sources et de références permet de penser que ces personnages pourraient être imaginaires alors qu'ils ont, par la magie de la narration, une existence propre, réelle), Eric Vuillard tisse avec intelligence des parrallèles avec notre époque (mélangeant expressions contemporaines et vocabulaire plus classique) et 1789.
La conclusion de ce (presque trop) court roman laisse songeur :
"Il faudrait de temps à autre, comme ça sans le prévoir, tout foutre par-dessus bord. Cela soulagerait. On devrait, lorsque le coeur nous soulève, lorsque l'ordre nous envenime, que le désarroi nous suffoque, forcer les portes de nos Elysées dérisoires, là où les derniers liens achèvent de pourrir, et chouraver les maroquins, chatouiller les huissiers, mordre les pieds de chaise, et chercher, la nuit, sous les cuirasses, la nuit comme un souvenir."
Un chouette roman que je recommande !
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Mes cent premières pages d'un livre en cent mots

C'est le récit d'une journée. C'est peu dans une vie, une journée. C'est souvent anecdotique, une répétition du lendemain. Alors dans la vie d'un peuple, imaginez ! Ça pourrait n'être rien. Cette année-là, le 14 juillet commence un 23 avril. Oui, ça peut aussi être long une journée.
Éric Vuillard nous raconte les inconnus et les plus connus, les restés anonymes parmi ceux passés à la postérité. L'Histoire retient des héros, on oublie les autres. Ici, c'est la foule qui prend vie, l'été, la ville. Paris. C'est l'histoire de chacun, de chacune, et c'est toute la force de ce texte.

CENT pour 100 - numéro 10
14 juillet – Éric Vuillard, Actes Sud, 2016
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Suivre les événements de cette journée ô combien célèbre au niveau de ses principaux protagonistes : le peuple de Paris. Tel le projet de ce livre.
Ce n'est ni un roman ni un livre historique mais un peu les deux. En prenant quelques bribes historiques , Eric Vuillard tisse des portraits de ces petites gens si insignifiants qui ont fait l'histoire, à leur insu.
Le résultat est séduisant mais parfois un peu confus dans la narration.
Celà reste un agréable moment de lecture.
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Contrairement à d'autres romans sur la Révolution française de 1789, Eric Vuillard s'intéresse au peuple.
Après consultations des archives, voici le peuple et tous les noms prénoms d'époque ainsi que la profession et pays d'origine. C'est un roman vivant, rythmé, dynamique. Il y a aussi quelques énumérations sans plus de détail car du peuple on sait peu de chose.
J'ai bien aimé cette multitude d'acteurs pour la seule journée du 14 juillet 1789.
Bel hommage à tous ces anonymes ! (200 000 environ dans les rues de Paris)
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Y-a beaucoup mieux à faire que de regarder le défilé !
Ce jour, ce n'est pas le feu des armes qui parles, ni les paroles du pouvoir qui dictent. C'est le jour où la somme des enthousiasmes individuels font la force du peuple qui renverse l'ordre établi. Eric Vuillard nous donne l'envie de remettre ça.
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J'ai adoré cette idée de nous faire découvrir le 14 juillet à travers ses véritables acteurs : les petites gens. Malheureusement pour que le récit prenne toute sa vigueur il aurait fallu un personnage central issu de la masse des anonymes qui eût permis de faire le lien (une petite histoire dans l'Histoire en partant par ex du soulèvement de la manufacture royale).
Certes, il y a bien quelques figures sommairement esquissées, mais dans un langage trop savant, voire parfois alambiqué, ce qui nuit considérablement au propos qui aurait mérité plus de simplicité.
Néanmoins, c'est une belle fresque qui nous fait toucher du doigt le fossé existant entre le peuple et ses représentants d'alors (députation, etc.) qui n'apparaissent que comme de misérables opportunistes, des pantins dont l'Histoire paradoxalement préservera la mémoire. Ce qui laisse pressentir (sans que l'auteur ait besoin de le dire) qu'il y a bien eu trahison...
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Un pays fortement endetté ; des politiques attentistes qui se suivent et se ressemblent, incapables de prendre la moindre décision ; des banquiers qui jouent en bourse ; des riches qui s'amusent et des pauvres qui survivent comme ils le peuvent ; le mépris ; le chômage ; les baisses de salaires pour rester concurrentiel à l'international....Et puis les grèves, les émeutes, les forces de l'ordre contraintes de tirer dans la foule... Bienvenue en 2017 ! Oups, je voulais dire en 1789 !

Dans ce roman d'une actualité déconcertante, Eric Vuillard revient sur les événements de juillet 1789, et plus précisément sur la journée du 14 juillet et la prise de la Bastille, vue du côté des pauvres et des sans-noms. Pas de personnage principal ici, mais une foule, dense et anonyme, armée d'un rien, de laquelle s'échappe de temps à autre un homme, le temps d'un bref coup d'éclat : des identités surgissent, un nom ou un pseudonyme accompagné parfois de descriptions physiques, de métiers ou de morceaux d'existence. Certains ont laissé des écrits de cette journée, mais la plupart ne sont rien de plus que des noms sur des rapports officiels ou des descriptions de corps retrouvés dans les rues...

Dans ce récit, tout n'est que bruit et fureur. L'ambiance fébrile et survoltée de ce début de révolution est très bien retranscrite, on s'imagine sans difficulté dans les rues de Paris, au milieu de la foule, à fixer cette forteresse écrasante qui refuse d'ouvrir ses portes. La plume d'Eric Vuilllard nous transporte d'un bout à l'autre de la Bastille pour nous faire vivre les évènements en temps réel, l'auteur nous place au plus près de l'action, sur les pas de tel ou tel personnage dont nous partageons les espoirs et les souffrances un court instant. L'écriture, faite d'accumulations de détails (des noms qui se suivent, des descriptions physiques, des inventaires, etc.) se lit pourtant très facilement : je n'aime pas trop les descriptions à rallonge et les énumérations sans fin, néanmoins je me suis laissée emportée par l'histoire et j'ai lu 14 juillet quasiment d'une traite, emportée par le rythme soutenu du récit.
Lien : https://andree-la-papivore.b..
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Le 14 juillet 1789, une de ces journées qui a bouleversée l'histoire de la France, voir du monde. Journée symbolique racontée par Eric Vuillard, façon 24 heures chrono, tel un reporter sur-vitaminé.
Récit dense, direct, au coeur de l'action. L'auteur se place au milieu de la foule révolutionnaire, rapporte ses espoirs, son énergie mais aussi ses débordements ou encore sa violence. Aux côtés des ouvriers, des tailleurs, le lecteur parcourt la capitale de barricades en incendies, des prises d'armes aux premiers cadavres.
Le ton est vif, ramassé. de l'action rien que l'action. L'effet est radicalement efficace, l'histoire se fait tout à coup actualité.
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Eric Vuillard poursuit sa quête des oubliés de l'histoire, après les peuples d'Amérique et d'Afrique ensevelis anonymement sous la dalle funèbre du colonialisme occidental, il s'attaque à ceux qui, par leur formidable sens collectif, ont marqué notre histoire lors de la prise de la Bastille le 14 juillet 1789. Il n'hésite pas, tel Diderot dans Jacques le Fataliste, à mettre en jeu son narrateur pour empêcher que le lecteur ne s'immerge trop dans une sorte de vérité historique. C'est ce qui est merveilleux dans ce récit, et c'est ce qui est merveilleux dans la littérature, c'est que les mots donnent existence à ce qui n'est pas. Les récits donne chair au néant. Eric Vuillard fait vivre les oubliés de l'histoire officielle, mais avec l'honnêteté de nous dire qu'il s'agit d'une fiction. Une fiction qui ne joue pourtant pas avec les faits avérés, mais avec les vides laissés par la Grande Histoire.
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