Parce que j'aime beaucoup toutes les histoires qui touchent au milieu médical (vous devez commencer à le savoir), j'étais très curieuse de lire cette parution de la rentrée littéraire. L'histoire d'une transplantation, ça a toujours quelque chose d'assez magique comme très bizarre : celui qui reçoit le greffon, comme un cadeau de Dieu, a finalement prié pour la mort d'un autre homme.
Après avoir eu un coup de coeur énorme pour
Réparer les Vivants de Maylis de
Kerangal l'an dernier, j'ai eu très
envie de découvrir ce roman qui abordait le même thème. Mais attention, l'angle d'attaque est ici complètement différent. Si Maylis de
Kerangal avait choisi d'adopter un rythme très rapide, pour montrer à quel point peu de temps s'écoule entre la mort d'un patient et la transplantation, ici, on est plutôt dans un registre contemplatif. En effet,
David Wagner, à travers ces 240 pages, nous parle de l'attente.
Qui a déjà été hospitalisé en France sait combien l'attente est souvent longue avant de voir un médecin ou ne serait-ce qu'un infirmier (non pas parce qu'ils ne foutent rien mais parce qu'ils sont débordés, mais on ne va pas se lancer dans un tel débat maintenant), et surtout, en l'absence de visites, les journées s'éternisent. Les patients ont donc tout le loisir de compter les dalles du plafond et de vaquer à leurs rêveries.
C'est ce que fait le patient de ce roman. Il attend, presque inerte sur son lit d'hôpital, et un peu à la sauce Rousseau, il nous pond ses Rêveries du patient solitaire. Il revient sur certains de ses souvenirs, il nous parle de son état de santé, de ses voisins de chambrée (tous plus mal en point les uns que les autres généralement), des infirmières, des médicaments qu'il planque parfois dans sa table de chevet. de ses espoirs, de ses peurs aussi. Bref, il s'emmerde et son esprit divague.
Si j'ai trouvé que l'idée même de ce roman et sa construction étaient vraiment très intéressantes, j'avoue être quand même un peu passée à côté. C'était long, terriblement long. de même que je ne suis pas une grande fan des oeuvres littéraires de Rousseau pour reprendre la comparaison de tout à l'heure, je n'ai visiblement pas été emballée par les considérations de ce patient décrit par
David Wagner. Parfois, c'était juste plat. le patient se fait chier, soit. Et bien je me suis fait chier aussi.
C'est un peu dommage car l'ensemble a quand même quelque chose de très poétique, et les considérations sur la vie et sur le monde en intéresseront sûrement plus d'un. J'ai néanmoins beaucoup aimé tout ce qui concernait le milieu médical, et notamment le récit de la greffe (car oui, on parle bien d'une greffe quand même au passage).
L'univers hospitalier décrit est ce milieu froid, pas forcément celui où l'on soigne, mais surtout celui où on attend. On attend des soins, des visites, la guérison. Parfois on attend sans trop savoir pourquoi d'ailleurs. Mais on attend.
C'est donc un roman contemplatif sur le milieu hospitalier qui a beaucoup de qualités, mais qui malheureusement m'est un peu tombé des mains après une centaine des pages, car je n'arrivais pas à m'attacher au personnage principal, et surtout, ses considérations personnelles m'étaient un peu égales. Dommage, car le tout est vraiment ambitieux.
Je souligne au passage quand même la couverture de ce livre pour le moins originale… J'ai passé un mois à me demander si je l'aimais ou non. Mais réflexion faite : je crois que oui ! Une chose est sûre : elle ne laisse personne insensible quand le livre traîne sur la table du salon…
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