On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille…
À Houston, Texas, Mike « l'asiat » et Benson « le black » sont en couple depuis près de quatre ans, un délai charnière. Celui où l'on se connaît suffisamment pour surmonter les tracas du quotidien vite chassés par une baise réconciliatrice, mais aussi celui où l'on s'interroge sur la suite et la pérennité de la relation.
En commun, le fardeau de familles compliquées. Si Benson s'est éloigné de la sienne, recomposée autour de son père alcoolique, Mike a aussi vu son père, Eiju, et sa mère, Mitsuko, se séparer puis rentrer successivement au Japon y poursuivre leurs vies, sans que Mike ne souhaite les suivre.
Mais le jour où il apprend que le cancer d'Eiju est en phase terminale, il annonce à Benson qu'il part le rejoindre et l'assister tandis que Mitsuko débarque parallèlement à Houston et cohabite avec Benson dans l'appartement du jeune couple.
Houston-Osaka de
Bryan Washington – traduit par Laurent Treves - raconte une parenthèse charnière dans la vie de Mike et Benson, deux jeunes Américains qui se sont construits dans la difficulté et sans l'aide de quiconque. Enfin le croient-ils. Mais cette construction n'est pas totalement achevée.
Optant pour un récit choral, Washington nous plonge dans ces journées paradoxales, où les partenaires s'éloignent un peu quand les familles se rapprochent. Et les regards changent alors, sous l'éclairage de prismes nouveaux.
À l'heure de mourir, le père autrefois colérique et violent trouve une dernière occasion de rachat, et fait grandir ce fils délaissé après lui avoir raconté une autre version de l'histoire familiale convenue : « Jusqu'à ma mort, je ramènerai mon père à la maison, je le ramènerai chez moi, il m'accompagnera où que j'aille, putain, où que j'aille. »
À l'heure du doute, Mitsuko la mère énigmatique et mutique, prend le relai de son fils auprès de Benson, et en cuisinant pour lui, fait oeuvre de protection et de bienveillance.
À l'heure de la séparation temporaire, Mike et Benson regardent ailleurs et testent la solidité de leur union en mode « je t'aime, moi non plus », tentant d'analyser ce qui les éloigne et ce qui les rassemble.
Premier roman salué d'un Dylan Prize à sa sortie aux USA, Houston – Osaka est dans la tendance actuelle de la nouvelle vague des jeunes auteurs américains, jusque dans son style direct, cash et parfois déstructuré.
Passant en revue toute la gamme des questionnements de Mike et Benson – sexualité, mixité, racines, familles, engagement… - il m'a parfois perdu, parfois interpellé mais pas suffisamment embarqué, moi qui suis pourtant client de ces études de moments de vie charnières, que Washington décrit si bien :
« Aimer quelqu'un, c'est le laisser changer quand il en a besoin. Et le laisser partir quand il en a besoin. Et qu'il arrête pas d'être un chez-soi pour autant. Il est peut-être plus ton chez-toi, c'est tout. »