Je reprends la totalité de ce livre depuis hier et me voilà plongée dans de l'inattendu. le parcours aborde l'indispensable mythologie et des attendus - du moins en ce qui me concerne - comme
Henry Bauchau. Mais je suis surprise par l'unité ainsi créée par la construction du livre sur "L'agir de la littérature". La construction est vraiment réfléchie comme une nécessité qui a impulsé cette recherche foisonnante : la littérature et la mort marchent d'un même pas et se retrouvent sans cesse à travers le temps et l'espace. Mais comment construire cette "distanciation", "A manier et remanier. L'aventure même de la culture. La culture se travaille dans l'élaboration d'un rapport à la mort : lui faisant place et trouvant dans cette place la possibilité de la déplacer". A l'ouverture du livre, cette citation de
Patrick Baudry - qui sera suivie de beaucoup d'autres - et qui remet cette alliance mort/littérature et culture dans une perspective qui m'apparaît inexplorée.
Pour différentes raisons, je ne suis pas parvenue à lire ce livre la première fois, car je n'ai pas su créer cette distanciation nécessaire. Pourquoi j'y parviens depuis hier et aujourd'hui encore, alors que la Toussaint est si proche, sans doute car ce livre, de
Myriam Watthee-Delmotte, associé aux citations de
Patrick Baudry, parle à notre modernité et à notre actualité, en renouvelant la symbolisation et, surtout, en décalant ces alliances pour "Inviter les morts hors de la page", car il s'agit de "Ne pas fuir la mort, " mais de "l'apprivoiser". Ce qui est à contre-courant de mon comportement habituel qui se doit d'évoluer.
Hors de la page, c'est-à-dire sur le Net et dans la rue. Là aussi il est possible de commémorer nos morts et les morts et la mort. Elle fait partie de la vie et elle est impliquée dans un cycle qui nous nourrit à l'infini. Elle est une source de réflexion, de création et de symbolisation que je ne peux plus enfermer dans la seule littérature ou la seule culture. Elle permet de me sentir impliquer dans l'infiniment grand qui m'aide à repousser les limites, les frontières que je n'arrête pas de me forger.
Le chapitre qui emmène « hors de la page » donne une vision large, grâce à
Ernest Pignon-Ernest :
« Savons-nous regarder les images ? »
« Sommes-nous des passants de la littérature ? » P246-247.
Qui permet de clore en douceur, ce rituel du livre, calqué sur le rituel des textes qui évoquent et célèbrent la mort. Il m'a fallu en effet trouver « un lieu et un moment propices à une mise en disponibilité du lecteur » P249 et, reconnaître ce rituel, pour aller au bout de cette lecture vivifiante même si elle coïncide avec « l'accomplissement du deuil » P249.