Ce roman évoque l'avenir de l'humanité, après la destruction complète de la civilisation que nous connaissons (à la suite d'une catastrophe planétaire). Au milieu de l'anarchie générale qui en a résulté, un conquérant apparait: c'est Joaquin Smith, dont le but est d'unifier le monde entier sous son gouvernement éclairé. Il est accompagné par sa soeur Margaret, surnommée "la Flamme Noire", dont la beauté est absolument stupéfiante. Ils ont un atout décisif: l'immortalité, acquise grâce à un traitement secret et réservée aux personnes qui en sont jugées dignes. Tous les autres, les "Mauvaises Herbes", forment le peuple.
Dans une (courte) première partie, on voit la progression de l'armée de J. Smith en Amérique. Elle se heurte aux "Mauvaises Herbes", qui combattent farouchement pour leur indépendance, mais dont la lutte est vouée à l'échec. Margaret, chargée de liquider l'opposition dans un village, y est confrontée à Hull, un jeune résistant qui la défie mais qu'elle finit par ensorceler.
La seconde partie est plus longue et plus complexe. Des siècles ont passé: J. Smith, "le Maître", a atteint sont but et règne sur la planète, à Urbs. Sa soeur, toujours célibataire, est restée à ses côtés. Loin de la capitale, il se produit un fait sensationnel: Tom Connor, condamné à mort et exécuté au XXème siècle de notre ère, s'éveille du très long sommeil que, par un hasard extraordinaire, la décharge électrique a provoqué chez lui. Tom est recueilli par les "Mauvaises Herbes" et finit par épouser leur cause: il participe à un complot contre le gouvernement. Mais cette révolte échoue à Urbs. Par la suite, le héros se trouve confronté directement à J. Smith et surtout à la "Flamme Noire": celle-ci tombe amoureuse de lui, mais ne peut pas s'empêcher de "jouer" avec lui; leur face-à-face occupe une large part du roman. Tom doit aussi choisir son camp, les "Mauvaises Herbes" ou le "Maître"...
A priori, l'ambition de ce roman est vaste, puisqu'il décrit une civilisation future entièrement nouvelle. Ce sujet est clairement abordé, Joaquin Smith étant présenté sous un jour très positif. Cependant, la part de la "pure" aventure prend une place dominante. L'auteur met en scène des héros attachants. Leurs sentiments et leurs démêlés sentimentaux sont décrits avec beaucoup de soin. Il faut noter que Tom, qui semble avoir une forte personnalité, finit par faire allégeance à J. Smith; ce revirement pourra surprendre certains lecteurs. En fin de compte, c'est bien Margaret, un personnage particulièrement fascinant, qui joue le rôle principal dans ce roman, que je trouve captivant.
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Sa beauté était absolument incroyable, hardie, outrée. C’était plus qu’un simple manque de défauts ; c’était une beauté positive, suffocante, flamboyante, mais avec une trace d’ennui. L’humour de la bouche du Maître était moquerie sur la sienne ; ses lèvres adorables semblaient toujours prêtes à sourire, mais à sourire cruellement et sardoniquement. Sa perfection était implacable, impitoyable, néanmoins c’était la perfection, même jusqu’à la note vaguement orientale que lui donnaient ses cheveux noirs et ses yeux vert de mer.
Même la peste a une fin. Ceux qui l’attrapent et survivent ne peuvent pas l’attraper une seconde fois ; ceux qui, par hasard, résistent à l’infection, en sont indemnes pour toujours ; les autres… meurent. La Mort Grise sévit trois ans sur le monde ; quand elle s’arrêta, d’après Martin Sair, une personne sur quatre était morte. Et le fléau revint pendant des années par vagues décroissantes ; seule une peste au XIVe siècle des Anciens, appelée la Mort Noire, semble l’avoir jamais égalé.
Les Immortels ne peuvent pas avoir d’enfants. Ils sont stériles ; ils ne doivent être rien d’autre que des cerveaux comme Joaquin et Martin Sair, pas des êtres humains avec des sentiments… comme moi. Parfois je maudis Martin Sair et ses rayons durs. Je ne veux pas l’immortalité ; je veux vivre !
Bien entendu, il n’y avait pas d’animaux à craindre dans ce bois, sauf les loups, mais ceux-ci ne s’attaquaient jamais aux humains pendant les mois chauds de l’année ; cependant, il y avait des hommes, et eux n’observaient pas de telles lois saisonnières.
— Les montagnards ne paient d’impôts à personne.
— Et personne ne leur construit de routes, ni ne leur creuse de puits publics. Quand on ne paie pas on n’a rien, et je ne crains pas de dire que les routes dans l’Empire sont meilleures que les nôtres.