AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Sarah Idrissi (Traducteur)
EAN : 9782221263853
464 pages
Robert Laffont (21/09/2023)
4/5   2 notes
Résumé :
Parfaite porte d'entrée dans la saga Aubrey et l'univers de Rebecca West (1892-1983), la suite de La Famille Aubrey enfin traduite en français près de 40 ans après sa parution originale.
" L'une des plus grandes écrivaines du XXe siècle. " Alessandro Barrico

Quelques années après La Famille Aubrey, les petites filles sont désormais jeunes femmes : les corsets et les robes se font plus serrés, les coiffures plus sophistiquées ; l'oisiveté des jo... >Voir plus
Que lire après Au coeur de la nuitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'avais fait la connaissance de la Famille Aubrey il y a quelques années maintenant. Dans l'épisode qui précède Au coeur de la nuit, et intitulé sobrement la Famille Aubrey, nous sommes à Londres au tout début du 20e siècle. Lui, un intellectuel brillant, pamphlétaire et provocateur, irrémédiable panier percé qui fait sombrer sa famille chérie dans les dettes et l'opprobre. Elle, ancienne pianiste virtuose, amoureuse éperdue de son mari désespérant, d'une rigueur morale et d'une liberté intérieure folles. Cordélia, l'aînée qui se pique d'être violoniste sans en avoir l'âme. Rose et Mary, les jumelles, dotées du talent musical de leur mère, se destinent à une carrière de concertiste. C'est Rose la narratrice. Et enfin Richard Quin, délicieux enfant, à la beauté angélique, perfection de caractère, de gentillesse et d'originalité tranquille. Autour d'eux une nébuleuse de personnages brisés, anticonformistes guindés dans leurs représentations et leurs dilemmes, aussi cinglés qu'attachants.

Ce premier roman m'avait enchantée. L'intrigue est pourtant noire mais tout y est raconté avec un charme et un humour délicieux. Malgré un démarrage un tout petit peu plus poussif, Au coeur de la nuit, qui peut se lire de manière indépendante, m'a ravie de même.

Quelques années ont passé, Cordélia est en âge de convoler, les jumelles de préparer sérieusement leur devenir de pianistes professionnelles et Richard Quin de faire ses années de lycée. Depuis le départ du père de famille, les finances sont restaurées et la même clique d'improbables énergumènes satellites pimente de ses emballements la vie quotidienne.

« Trop souvent, écouter la conversation de la tante Lily, c'était comme se retrouver avec une poubelle vidée devant soi, pleine de chansons comiques, de bouffonneries, de pantomimes, de formules accrocheuses qui n'avaient pas le moindre sens, de vitupérations sur sa promptitude à partager sa dernière croûte de pain avec un ami, et à dire le fond de sa pensée en face des gens plutôt que dans leur dos. Mais si l'on abandonnait toute idée de communication directe avec elle, qu'on associait ses paroles à ses actes, laissant le temps en faire une mosaïque, la fresque qui en découlait s'avérait très belle. »

C'est très difficile de parler de ce roman. Si on met l'accent sur la rectitude morale des personnages, on donnera l'impression d'une rigueur victorienne aujourd'hui anachronique. Et on manquera la liberté intérieure avec laquelle Mary, Rose, Richard Quin et leur mère arbitrent ces exigences. Si on s'extasie sur l'humour, le charme qui se dégage de ces pages, on minorera l'importance fondamentale de la musique, la vraie, celle qui vous permet d'exister, le travail infini qu'il faut lui consacrer et les êtres de devoir que sont devenus ceux qui y prétendent. C'est ce mélange entre devoir librement accepté, fantaisie et adversité qui me fascine. Cette manière si discrètement courageuse et légère avec laquelle il s'agit de traverser l'existence. E encore, en écrivant cela, j'oublie le pouvoir ensorcelant de Rosamonde, une cousine dont la beauté placide confinerait à la sottise si elle n'était pas si magnifiquement bonne, généreuse et sans doute davantage rattachée au monde surnaturel qu'à la banale terre des hommes. J'oublie aussi la gentillesse éperdue de Mr Morpurgo, richissime ami de la famille, aussi laid que malheureux en ménage, collectionneur de toiles de la Renaissance et d'orchidées dont il inonde le modeste intérieur des Aubrey. J'oublie la dimension révolutionnaire, féministe diront ceux qui veulent coller aux engouements du moment, de cette liberté intérieure qu'ont toutes les femmes estimables de ce roman (on ne parlera pas de Cordélia, la pauvre, c'est déjà tellement affligeant pour elle d'être dénuée de sens musical, ce serait cruel et inutile de souligner à quel point elle est irrémédiablement condamnée, à quel point il ne lui reste que l'orgueil et l'égoïsme. Pauvre Cordélia !).

Bien loin d'être préservés de tout mal dans une bonbonnière ouatée et retranchée dans des temps anciens, les membres de la famille Aubrey font face à une adversité radicale et rien ne semble devoir leur être épargné. Pourtant, leur fantaisie, leur talent artistique et leur intelligence les conduisent naturellement à prendre tout cela sur un tout autre pied que le commun des mortels, fondant ainsi une hiérarchie des catastrophes aussi drôle que rassénérante. Ainsi, les meurtres, les ruines, les bagarres entre ivrognes ou les vols, même les guerres !, seront plus facilement acceptables que la sécheresse de coeur ou le manque de talent. le manque d'humour ou de courage sera bien plus préjudiciable que la pire réprobation sociale. Et rien ne pourra vraiment résister à un thé bien chaud ou au spectacle de tulipes au printemps. Ce roman est un délice !
Commenter  J’apprécie          3618
J'ai découvert la plume de Rebecca West à travers son roman « **[La famille Aubrey](http://lillyterrature.canalblog.com/archives/2021/05/22/38978010.html)** ». L'autrice est une femme à la vie bien remplie, journaliste de métier, elle a un esprit fin et aiguisé, un peu comme les membres de la famille Aubrey. « Au coeur de la nuit » est le second opus de la trilogie écrite autour de cette famille à la tournure d'esprit si particulière.

Les enfants Aubrey ont bien grandi. Au coeur de Londres, au début du XXe siècle, chacun va devoir faire face à son destin. Leur père a quitté le foyer, et la famille a ainsi pu se remettre à flot. Cordélia, l'aînée de la fratrie est en âge de se marier, les jumelles Rose & Mary sont toujours aussi enthousiastes quant à leur carrière de pianistes, tandis que Richard, le petit dernier et unique garçon de la maisonnée se prépare à entrer au lycée. Et au milieu de tout ça, la guerre se profile en Europe.

Le lecteur apprécie la finesse des descriptions de Rebecca West, de même que les traits psychologiques des personnages. Ici, les stéréotypes littéraires ne sont pas de mise, de même qu'un esprit terre à terre. le lecteur garde irrémédiablement l'impression que la famille Aubrey est au dessus du commun des mortels par sa façon d'appréhender la vie. En effet, il est plus grave de ne pas avoir de don musical, que la ruine financière. Leur hiérarchie des catastrophes peut sembler tout à fait fantaisiste à de pauvres individus étouffés sous les injonctions sociales de réussite. de même les personnages qui gravitent autour de ce cercle familial sont-ils plus d'extravagants.
Lien : https://just-one-more-page.n..
Commenter  J’apprécie          00


autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus



Lecteurs (23) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1430 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}