L'acte d'écrire n'est pas un discours. Le discours mène, logiquement, quelque part. L'acte d'écrire, au contraire, est ouverture. Si l'acte d'écrire devient discours, ce qui se voulait ouverture (sur un espace blanc, sur un dehors) ne peut amener, en fin de compte, qu'à une conclusion de plus. Mais en poétique, il n'y a pas de conclusion. Absolument rien à cataloguer. Seulement une nudité, et la figure d'une danse. C'est en dansant la danse que le danseur avance en nudité.
...Henry [Thoreau] n'aimait qu'un seul compagnon, Ellery Channing, qui avait un chien dénommé Peter, portait toujours une chemise de flanelle rouge, et ne nouait pas ses lacets (Henry, lui, nouait les siens avec précision). Les poèmes d'Ellery ressemblaient d'ailleurs un peu à ses lacets. Henry appelait çà le "style sublimo-négligé", et recommandait au compère d'écrire en Latin: il y gagnerait en fermeté et en concision.
Quand je dis poésie, Je pense à des flux, des tensions, des architectures inédites. Rien à voir, s'il vous plaît, avec ceux qui ne font que paraphraser leur paralysie.
Faire de sa réalité une structure ouverte, c'est se conformer de mieux en mieux à la syntaxe cosmique, celle qui permettra peut-être un jour d'écrire sans la comprendre la phrase qui contient le secret de l'univers.