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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Denver, 1895. Sam, âgé de 14 ans, est orphelin. Avec d'autres comme lui, des laissés-pour-compte soumis aux lois de la ville, il se débrouille comme il peut pour trouver de quoi manger. C'est dans l'Usine métallurgique désaffectée que tous ont élu domicile, dans les Bottoms, sous la protection de Cora. Mais, un soir, ils se font attaquer par des Crânes de Noeud. Cora et Sam tentent de protéger, comme ils le peuvent, les plus petits qui sont obligés de se cacher dans le tunnel. Ils ne devront leur salut qu'à un géant qui a réussi à faire fuir tous les vagabonds. Ce dernier blessé, Sam et Cora décident de le soigner. Ce n'est que plus tard qu'ils se rendent compte qu'il est muet et ne communique que par des phrases écrites sur un carnet. Un carnet que seul Sam est autorisé à lire. Par le biais de ce géant, l'adolescent va être mis en relation avec Cole, un mafieux...

Le monde des Crânes de Noeud, autrement dit les adultes, n'est pas pour eux. Entre laissés-pour-compte, ils survivent tant bien que mal à l'Usine. Un lieu qui leur est propre et au coeur duquel ils se sentent en sécurité. Mais l'irruption de ce géant, John Henry Goodnight, va bouleverser leur équilibre pourtant précaire en entraînant loin des siens le jeune Sam vers un monde fait de violence, de meurtres, de corruption, d'explosions, de règlements de compte. Ce roman initiatique nous entraîne dans les entrailles de Denver, ville ravagée par la violence et la crise économique. le jeune Sam, témoin et narrateur, assiste, tout aussi impuissant que volontaire, à tous ces déchaînements de violence, lui qui, maintenant, se trouve sous la coupe de Cole. L'auteur aborde avec intensité et noirceur la perte de l'innocence mais également une histoire d'amour déchirante.

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Le lecture de ce roman très noir de Benjamin Whitmer, écrivain capable d'installer ses lecteurs au coeur des sentiments et actes de ses personnages, m'a amené à reprendre quelque peu celle d'un autre de ses romans, Evasion, au point d'en réécrire la critique afin d'essayer de mettre ces deux ouvrages sur un même plan situationnel.

Il y a pourtant des différences très marquées entre les deux livres, ne serait-ce que par les époques, les modes de vies qui leur correspondent et la nature même des deux intrigues.

Pourtant, j'ai retrouvé avec Les Dynamiteurs la même richesse des dialogues d'Evasion, dialogues qui me semblent la première force de ces romans. Les dynamiteurs sont presque aussi paumés que les évadés, ils se croient parfois surpuissants, se dissimulent derrière un orgueil et une indifférence feinte, alors qu'ils souffrent, chacun de manière différente, qu'ils espèrent, surtout le jeune Sam, entrevoyant la vanité de leurs espérances et le caractère inexorable de leurs destinées.

Sam est partagé tout au long du roman entre l'amour qu'il ressent pour Cora, une adolescente protectrice de quelques malheureux enfants dans le sombre Denver de 1895, et son implication de plus en plus avancée, sans retour paraissant possible, dans les actes des dynamiteurs.

La dynamite, ce n'est pas ici un outil pour chercher l'or, c'est un outil de combat humain qui, lorsqu'il détruit, ne tient aucun compte des dommages collatéraux. L'un des protagonistes, Goodnight, le sait bien, déjà défiguré et abîmé par une explosion malheureuse, il ira au bout jusqu'à l'explosion finale.

Dans cette fange où évoluent voyous de différents niveaux, flics corrompus, détectives opiniâtres, prostituées bien fragiles, Benjamin Whitner place quelques méditations sur l'humain, la vie, la mort, l'amour avec une très belle dernière page, laissant ses lecteurs se débattre en évitant de marcher dans le sang répandu et en assumant comme ils le peuvent une violence très souvent subite, brève mais irrémédiable.

Encore un très beau roman noir de Benjamin Whitmer.
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Whitmer, l'amer, est de retour.

Parfait opposé du romancier feel-good, l'auteur n'aime rien moins que vous plomber un moral déjà bien entamé en cette année si particulière.

Et quoi de plus déstabilisant que de confronter une enfance peu enviable à un monde rugueux où la loi du plus fort prévaudrait.

Benjamin Whitmer, faisant fi de ce désir prégnant de douceur et de sérénité retrouvée, vous balance ses dynamiteurs comme le ferait un Ventura à un Blier en guise de cadeau d'anniversaire sur-priiiiiise.

Ils s'appellent Cora, Sam, Watson ou bien encore Lottie.
Tous issus de la même fange, celle des laissé-pour compte et des impécunieux.
Une usine désaffectée en guise de refuge qu'ils défendent bec et ongle face aux clochards alentours.
Un quotidien rôdé, soudainement dynamité par la présence de Goodnight. Sorte de Lennie mutique au visage remarquable susceptible de faire passer Michel Simon pour un premier prix de beauté.
Cole est dans la place.
Pote de Goodnight et propriétaire de moult tripots, il enjoint le jeune Sam de venir bosser pour lui.
Ce dernier venait, à l'insu de son plein gré, de signer un pacte avec le Diable.

Whitmer fait toujours dans la sombritude, dixit Ségo, exacerbée.
Une ambiance sépulcrale portée par une plume âpre, ombreuse et spontanée.

Une guerre de territoire en toile de fond.
L'implosion d'une enfance miséreuse au profit d'une violence chronique comme mur porteur.
De ceux qui vous métamorphosent à tout jamais, vous éloignent doucettement de tout ce qui vous est cher sans espoir de retour, ni de rédemption.

Whitmer est au burlesque ce que de Funès était au polar noir.
Funambule averti virevoltant sur la corde d'un tragique destin pressenti, l'auteur déroule une dramatique au cordeau sans jamais verser dans le grand-guignolesque ostentatoire.

Chacun y est à sa juste place, jouant sa partition avec les armes qui lui sont propres.
Il flotte comme une désespérance flamboyante avec ces dynamiteurs.
Y aller en sachant la cause vaine mais le faire avec panache.

J'ai aimé côtoyer ces losers magnifiques.
J'ai été de tous leurs combats.
J'ai finalement déposé les armes, vaincu par cette spirale mortifère éternellement promise aux loqueteux et aux sans-grades.

Grand moment.

Merci à Babelio et aux éditions Gallmeister pour cette conséquente tranche de désolation et d'infortune.
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Auteur de romans noirs comme l'ébène, à l'image du très réussi « Pike », Benjamin Whitmer situe l'intrigue de son dernier opus, « Les Dynamiteurs » à Denver en 1895. Une ville gangrenée par le vice, rongée par la violence et la pauvreté, dominée par les puissants et les gangsters. Un enfer à ciel ouvert. Un tableau de Jérôme Bosch.

« Mon Denver regorgeait de bars, de putes et d'arènes de combat de coqs. Les trapézistes du Bowling de Blake Street, les phénomènes du musée des Monstres, à Eureka Hall, les avaleurs de sable du Diana. Un Denver de cow-boys et de catins et de gangsters du demi-monde. »

Une poignée d'enfants abandonnés se sont réfugiés dans une usine désaffectée. Cora, quinze ans, les protège avec l'aide de Sam, quatorze ans à peine, qui brûle d'un amour fou pour celle qui recueille inlassablement les orphelins promis à une destinée tragique. Lorsque Goodnight, un géant muet au visage défiguré par la dynamite, échoue dans l'antre de Cora, celle-ci entreprend de le soigner et de le remettre sur pied.

Cette générosité changera à jamais la destinée de Sam, le narrateur de ce récit qui nous est conté à hauteur d'adolescent, dans lequel les adultes sont nommés « les Crânes de Noeud ». Si la présence de Goodnight dissuade un temps les clochards de venir s'en prendre aux enfants réfugiés dans l'usine, elle va conduire Sam, qui est le seul à savoir lire, à devenir son interprète.

Lorsque le géant est remis sur pied et reprend son activité d'homme de main de Cole, un gangster local qui boit du whisky comme certains boivent de l'eau, ce dernier propose à Sam de les accompagner en échange d'un salaire de 10 $ hebdomadaire. Pensant aider sa bien-aimée et les innocents qu'elle tente de protéger d'un monde à la violence absurde, le jeune héros accepte la proposition.

Les activités illicites du gangster alcoolique sont menacées par les puissants de Denver qui entendent garder le monopole du vice. Pire encore, les célèbres Pinkerton ont un vieux compte à régler avec Cole et son acolyte monstrueux. En accompagnant les deux hommes, Sam va découvrir l'envers du décor, ces orgies mondaines où la haute société masquée commet les pires exactions. Il ne le sait pas encore, mais il vient de signer un pacte faustien qui le plongera au coeur des ténèbres.

Lynchages, expéditions punitives, violences gratuites et explosions à coup de dynamite vont marquer la fin définitive de l'adolescence de Sam et le précipiter dans un lieu très sombre, ce lieu sans foi ni loi où évoluent les adultes de l'acabit de Cole.

« Il était rare de croiser quelqu'un de plus de vingt ans qui n'ait pas perdu quelque chose. le monde tordait les corps aussi salement qu'il tordait les esprits. »

« Les Dynamiteurs » pousse les curseurs du roman « noir » à un niveau rarement atteint. En situant son intrigue à une époque qui évoque davantage la fin du Far West que le début de l'ère civilisée, l'auteur confronte son héros à une violence inouïe. L'horreur qu'il a connue enfant en défendant les innocents recueillis par Cora, n'est qu'un écho lointain du déferlement de haine, de fureur et de sévices que découvre, effaré, le jeune adolescent.

Les coups portés par Goodnight brisent les os et les crânes, tandis que Cole n'hésite pas à tirer sur quiconque représente une menace. le vortex de violence alcoolisée dans lequel évoluent les deux hommes emporte Sam dans un endroit dont on ne revient jamais, enfin jamais vraiment.

Benjamin Whitmer dynamite les codes du western en nous proposant un récit à la noirceur insondable. Une noirceur à laquelle nul n'échappe, pas même les enfants innocents que Cora, Sam et le père Tom tentent de sauver d'un monde dont la cruauté ne semble pas connaître de limites.

L'auteur pousse le lecteur dans ses retranchements en explorant la laideur infinie de l'âme humaine. Une laideur en comparaison de laquelle la laideur monstrueuse du malheureux Goodnight n'est qu'une plaisanterie. Une laideur qui ne serait pas supportable si la lueur de l'amour que porte le héros à Cora ne cessait de briller au coeur de la nuit.

« Voilà ce que je pense. Je ne pense pas que la plupart des gens tombent jamais vraiment amoureux, pas vraiment. Pour ceux à qui ça arrive, c'est comme de la dynamite dans un café. Ça souffle tout le reste de votre vie. Ça ne laisse qu'elle, assise à une table dans un coin, qui vous regarde, splendide, avec ses beaux yeux noirs. »

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—-La fureur et le bruit —— matière hautement explosive que ce roman au coeur de Denver , au XX° siècle, le vice y règne ,une ville minée par la violence et la pauvreté .

Sam , un ado courageux de quatorze ans , se meurt d'amour pour l'héroïne : Cora. Ils vivent dans une usine désaffectée et défendent farouchement «  leur FOYER » face aux clochards des alentours .

À eux deux ils s'occupent d'orphelins, bande d'enfants abandonnés , ils y mettent toute leur volonté , leur coeur , leur énergie —— entièrement au service de ces petits en tentant de leur donner un semblant de vie équilibrée .

Ils mendient , parviennent tant bien que mal comme les miséreux qu'ils sont .Qui les as amenés en ces lieux où il n'est question que de survie pour ces orphelins et les autres , confrontés quotidiennement à la violence inouïe des adultes ?
Parents déficitaires , concours de circonstances , mains non tendues au bon moment? Autres raisons ? .

Les conditions de vie apparaissent des plus précaires .

Les clochards attaquent très souvent , Sam et Cora mettent au point des stratégies de défense : lors d'une de ces attaques il reçoivent l'aide incongrue d'un COLOSSE défiguré , il ne peut plus parler , il souffre , une sorte de monstre au gros visage ravagé qui les aidera au prix de très graves blessures que Cora soignera de son mieux .

L'homme monstre ne communique que par des mots griffonnés à la hâte sur un carnet .
Sam, le seul qui sache lire , se rapproche de lui et par là même se retrouve ainsi embarqué dans le monde licencieux des bas -fonds …: politiciens véreux , corrompus jusqu'à la moelle, tenanciers de bordels, clubs louches comme celui de Jack Maynard, éphèbes maquillés, arnaques , guerre des gangs , prostitution, alcool, rapine, fumeries d'opium , mendicité……..
Que se passe t- il lorsque l'on tombe dans les excès ? .

Un monde abandonné , enfance brisée , détails des plus sordides , tragédies …

Denver est alors l'épicentre d'une misère insondable , fureur et animosité l'animent , laideur du monde des adultes , violence à chaque page , visages ressemblant à de vieilles lames usées , veules et tristes , cadavres ….détritus , coups de pied et de poing , mauvais choix .
Denver est le coeur d'une misère noire qui profite à une poignée de riches bourgeois qui se gobergent .
Mais sous la cendre de vies consumées jusqu'au trognon , au milieu des escroqueries et des fausses bourses de commerce bat parfois le coeur de l'amour….
L'auteur nous conte ces vies dans les bas- fonds au plus noir de l'âme humaine , son écriture au scalpel ,intense , brillante ,réaliste où chaque mot , chaque phrase nous renvoie à nos propres peurs , nos propres effrois .

Le style puissant, m'a fait penser à MC COY .
Il nous fait rougir ou rugir de colère , trembler , frissonner d'une peur contrôlée ou non, sans aucun répit .
Une plume accrocheuse au coeur d'un univers sanglant , pétri d'émotions intenses , de situations et d'aventures vibrantes , une plume rageuse , d'une causticité absolue , efficace et redoutable , jonchée de cadavres , de puanteur et de fureur qui dit les réalités saisissantes d'une société en construction , une Amérique peuplée de protagonistes qui hanteront très longtemps le lecteur car l'auteur n'évite absolument rien de ces noirceurs .

Un extraordinaire roman initiatique , dynamique , pétri d'aventures , caustique et noir , aux chapitres courts et addictifs .

À ne pas mettre entre toutes les mains , il fait froid dans le dos et nous laisse sonné !




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Après « Cry father », j'avais envie de découvrir le dernier roman de Benjamin Whitmer « Les dynamiteurs ». Je remercie Babelio et les Editions Gallmeister de m'avoir permis de satisfaire mes envies.
1895, dans la ville de Denver, Colorado, pauvreté, violence, drogue, prostitution, corruption, alcool, tables de jeux (faro) se côtoient et s'entremêlent…
Cette année-là, Sam, le narrateur a 14 ans et vit avec une bande de jeunes orphelins dans une usine désaffectée. Cora, la plus âgée, protége les petits, bec et ongle, comme une mère, contre les adultes –notamment les clochards, qui cherchaient à se récupérer le lieu. C'est aussi une lutte presque philosophique, un désir de les protéger, de les empêcher d'entrer dans le monde des adultes, pervertis, dépravés, ces adultes qu'ils appelaient « les crânes de noeuds ».
Lors d'une des attaques des clochards, ils vont être secourus par un géant impressionnant, muet, appelé « Goodnight », dont le visage est à moitié défiguré. On apprendra par la suite qu'il était dynamiteur et qu'il a été gravement blessé en posant de la dynamite pour ouvrir un coffre-fort avec son amie. Peu de temps après, Cole, propriétaire d'un bar clandestin et vieil ami de Goodnight, entre en scène. Comme Goodnight ne communique qu'à travers les mots griffonnés sur un carnet, Cole propose à Sam (l'un des seuls à savoir lire), un emploi pour faire l'interprète.
Contre l'avis de Cora qui ne veut pas qu'il côtoie les adultes, qui sait tous les risques et dangers à les fréquenter, Sam accepte en pensant à l'argent qui permettra de nourrir les enfants. Et même s'il est amoureux de la belle et dure à cuire Cora, il va passer outre ses recommandations, peut-être aussi pour lui montrer qu'il est capable de s'occuper des enfants et qu'elle peut compter sur lui. Il met un pas dans l'antre du mal et sera vite aspiré dans l'oeil du cyclone. Ce sera le début d'une plongée en enfer, faite de violence, de sang, de trainée de poudre et de morts. Un aller simple et sans retour.
Sam va peu à peu entrer dans le monde des adultes, à la fois fasciné et plein de défiance. Et nous assistons en même temps que lui à des luttes et combats de plus en plus violents et meurtriers qui balaient tout sur leur passage.
Les mots qu'emploient Sam pour nous raconter son histoire nous laissent presque sans illusion. le titre de chaque chapitre contient son prénom (« Sam et xxx »). Chaque titre marquant une étape de son apprentissage, de ses découvertes d'enfant dans le monde des adultes. Il va être le spectateur de ces hommes rongés par la haine, la douleur et les blessures, presque immunisées contre la pitié ou la compassion pour les autres. Ces titres résonnent un peu comme ceux d'une histoire pour enfants qu'on lirait le soir pour les endormir. Mais avec Cole et Goodnight, il n'y a pas de « Bonne nuit les petits », pas de gentil Gros Nounours en peluche, de Marchand de sable ni de naïves marionnettes. Les bagarres décrites sont brutales, crues et surtout en montent en crescendo. de quoi en faire des insomnies…
Et si parfois on sourit aux remarques et expressions fortes imagées de Sam et des personnages qui l'entourent, ce sourire se transforme rapidement en grimace d'effroi face à ce déchainement de violence. Et le titre de ce roman ne parle finalement que de ces adultes dynamiteurs des rêves et de l'innocence des enfants.
Même si je n'oubliais pas le contexte, la période dans laquelle se déroulait l'histoire, il m'a été parfois difficile de lire ces passages tant la violence était trash, les attaques exécutées froidement comme si elles étaient dans la normalité de la vie. J'imagine que le fait qu'un enfant soit témoin de toutes ces scènes de violence me rendait la lecture difficilement supportable. Difficile aussi de le voir grandir. Difficile peut-être parfois aussi de comprendre la psychologie et les comportements de chacun. J'espérais un peu plus de douceur et de tendresse, dans ce Denver sans foi ni loi, même de la part de Sam vis-à-vis de Goodnight désigné par tous comme monstrueux avec sa moitié de visage ravagé.
J'oubliais que l'âme humaine est plus complexe que cela, plus torturée et sombre. Ce n'est vraiment qu'en toute fin de roman que j'ai enfin compris (ou au moins, un peu mieux). Et je me suis dit que le visage de Goodnight, avec un des deux côtés abimé, était peut-être l'image de l'âme humaine. Et ce n'est qu'en écrivant ce petit billet que j'en prends toute la mesure. Et j'en suis à inventer des symboles et allégories là où il n'y en a pas (comme le choix du prénom Sam qui m'a fait penser à l'oncle…).
Lors des périodes d' «action», les phrases sont sèches, courtes. Telles des images instantanées de la scène implacable qui se déroule sous les yeux du jeune garçon et qu'il nous raconte.
Mais il y a aussi tous ces autres moments entre deux rixes où Sam pense à tout cela, où il a le coeur qui palpite pour Cora, où il nous parle de ces enfants attachants, avec chacun leurs singularités. Durant ces moments-là, Sam a encore ses yeux d'enfant et, nous, adultes, ça nous fait chavirer.
Ce deuxième roman que je lis de Whitmer me confirme qu'il est un des grands romanciers américains de ces dernières années. Whitmer sait raconter des histoires, nous dessiner des personnages profonds, nous plonger dans le coeur des ténèbres de l'Amérique, une période qui a bien y réfléchir n'est pas si ancienne que cela (il suffit d'allumer un peu les informations). Un roman western des plus sombres. Un conte amer pour adultes raconté par un enfant. Une histoire qui bouscule, nous triture les boyaux, nous malaxe le cerveau, et met à mal les quelques utopies qu'ils nous restent, à nous les plus grands. Je mentirai si je disais que j'en redemande tout de suite… Va falloir quand même que je retrouve un peu d'oxygène.
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Denver, 1895. Après une crise terrible survenue deux ans plus tard La ville est plongé dans un abyme de violence et de corruption. Violence sociale et violence des gagnants menent une lutte sans partage. Sam et Cora deux jeybes oprhelins, tentent de survivre et faire le bien en veillant sur une bande d'orphelins réfugiés dans une usine désafectée et les protéger dees tentatives d'irruption de nombreux clocghards en détresse

Hélas, Sam va faire une rencontre et va finir par se bruler les ailes dans l'enfer de Denver .
Avec deux précédents romans Evasion et Pike d'excellente facture Whitmer s'impose avec " Les Dynamiteurs » comme un nouveau maître du roman noir américain.

L'auteur sait aussi y faire avec son style imagé pour décrire des scènes qui seraient certainement assez insoutenables si elles étaient portées à l'écran : la tension monte, au fil des pages et vous plonge au coeur de l'action.

Dans ce nouveau roman d'une belle puissance qui nous prend aux tripes jusqu'à la toute fin , roman politique sur la lutte des classes mais aussi formidable roman d'amour tragique entre deux laissés pour compte de la société américaine, ce roman permet à l'auteur de s'affiner dans son formidable style!

Un roman qui se déroule certes il y a certes plus d'un siècle mais qui semble étrangement parler de l'Amérique de Trump.

Une plongée foudroyante dans une Amérique qui nous montre ici une facette des plus hostiles et inquiétantes !


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Benjamin Whitmer est le Pierre Soulages de la littérature américaine ! Comme le peintre il crée de l'Outrenoir, le noir le plus profond qui soit mais qui parvient tout de même à jouer avec la lumière.

Denver, 1895, Sam a quatorze ans et vit aux côtés de Cora dans une usine désaffectée qu'ils ont transformé en refuge pour orphelins, loin du monde des Crânes de Noeud, les adultes. Ce « foyer » accueille toute une petite bande de gamins que la vie n'a pas épargné. Ils essayent de se protéger du mieux qu'ils peuvent des dangers d'une ville violente et sans pitié. Les clochards du coin se verraient bien mettre la main sur cet abri mais Cora en mère louve défend leur antre. Lors d'une attaque une aide inattendue leur est apportée par Goodnight, un géant effrayant et muet. Ils n'ont d'autre choix que de lui faire une place mais l'arrivée du colosse signe l'entrée du monde des adultes dans leur repère. Sam va se retrouver embarqué dans des règlements de compte entre jeux, prostitution, corruption, alcool et laudanum. L'immoralité et le vice sont partout et le candide Sam va grandir, devenir petit à petit ce qu'il s'était toujours juré de ne pas être, un adulte, il va exposer à la violence ceux qu'il voudrait protéger et s'éloigner malgré lui de Cora.

Toute cette histoire racontée par Sam a quelque chose d'irrespirable. Aucune issue évidente n'apparait dans la trajectoire de Sam. On voudrait qu'il fasse marche arrière, on voudrait qu'il revienne se terrer dans l'usine mais la machine infernale est en marche. Ca s'étripe, ça se charcute, ça flingue, ça saigne et au jeu de la vie selon Whitmer tout le monde a déjà perdu. Il nous rappelle qu'une part de nos choix sont illusoires et sont déterminés par nos origines sociales
Critique d'une Amérique qui veut séparer et exclure, d'un monde cruel dans lequel les enfants sont jetés trop tôt, dénonciation de l'impossible innocence, Les dynamiteurs c'est de la violence brute à coup de meurtres, à coups de feu, à coup d'hémoglobine, sauf que dans un petit coin on entrevoit l'amour et c'est ce miracle que réussit l'auteur : nous faire supporter l'insupportable.

Traduit par Jacques Mailhos

Un grand merci, une nouvelle fois, au Picabo River Book Club grace auquel j'ai pu faire cette lecture bien noire et de haut niveau.
N'hésitez pas à frapper à la porte de ce groupe Facebook qui réunit 2000 passionnés de littérature américaine.
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1895, Denver. Sam et Cora, deux adolescents à l'enfance misérable et chaotique, vivent dans l'Usine, bâtiment désaffecté des bas-fonds de la ville, accompagnés de nombreux enfants des rues, recueillis au fil des années par Cora pour les protéger des Crânes de Noeud, autrement dit les adultes. Car ces enfants qui, à la manière des enfants perdus de Peter Pan, ne veulent pas grandir et détestent les adultes, doivent chaque jour, justement, survivre au milieu de la barbarie inhumaine qu'imposent les hommes du quartier – clochards, souteneurs, vendeurs de drogue… -, particulièrement aux enfants abandonnés. Et c'est à cause d'un Crâne de Noeud, qui va d'abord les défendre face à une attaque de clochards voulant s'installer dans l'Usine, que leur existence va radicalement changer, Sam, narrateur du roman, en tête…

Roman qui commence sur les chapeaux de roues en termes de violence et de cruauté, Les dynamiteurs nous fait plonger au plus profond des bas-fonds de Denver, une des plus grandes villes de l'Ouest américain à cette époque, particulièrement corrompue et dangereuse pour quiconque n'en connaît pas les règles tacites. Ainsi, nous découvrons comment les hommes politiques, policiers, détectives – plus précisément les Pinkerton, association de détectives créée dans les années 1850 et oeuvrant dans tous les Etats-Unis – font ce qu'ils souhaitent en ville, ont leurs propres moyens de subsistance illégaux, et se débarrassent des petits truands qui mettent à mal leur commerce… jusqu'à ce qu'un de ces truands n'accepte plus les règles imposées par les pontes de la ville. Roman en partie historique en somme, qui nous décrit la ville à l'acmé de sa déchéance, à l'âge d'or du Far West sans foi ni loi qui gangrène la société américaine.

Cette description faite sans gants de Denver, c'est Sam, adolescent des rues au coeur de la bataille, qui nous la transmet, à travers un regard d'une grande maturité pour son âge, regard permettant au roman de prendre des allures originales de récit d'apprentissage, en ce que c'est l'apprentissage pour la vie dans les bas-fonds et la marge qui est fait par Sam tout au long de son aventure.

Roman aux multiples facettes, à l'image de Denver, Les dynamiteurs est un roman que j'ai apprécié pour tout ce qu'il décrit, mais duquel je suis restée un peu trop à distance : je n'ai en effet jamais réussi à entrer pleinement dans le récit. La narration, à vouloir présenter la multiplicité et la vivacité de certaines scènes de manière quasi cinématographique, rend l'ensemble parfois indigeste à la lecture, et en toute logique peu crédible : beaucoup de coqs à l'âne sans explication et sans temps mort m'ont empêchée de m'imprégner de ce que je lisais, mon temps étant dévolu à la nécessité de remettre en place certains éléments de l'intrigue pour que le tout me paraisse logique.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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« Ce monde est un monde de têtes coupées, et il n'y a pas beaucoup de place pour les balades dans des putains de champs de jonquilles. »
Voilà ce que pense Sam, le narrateur de cette histoire glauque qui se déroule au début du XXe siècle à Denver, Colorado, une ville où règnent le vice, le jeu et l'alcool en un équilibre bien précaire, toujours proche de l'implosion.
Sam, quatorze ans, vit dans une usine désaffectée avec un groupe d'orphelins recueillis par Cora, quinze ans, qu'il aime d'un amour secret. Se tenant à l'écart du monde des adultes peu fiables, tous deux tentent de maintenir un écran protecteur autour de leur microcosme. Mais l'irruption soudaine d'un géant au visage scarifié, John Henry Goodnight, traînant dans son sillage son acolyte dénommé Cole, emportera tout sur son passage, dans une succession d'actes vengeurs d'une violence inouïe. Dynamite et nitroglycérine au menu, Benjamin Whitner met en scène, dans une suite de chapitre courts et percutants, une flopée d'agents Pinkerton appelés en renfort par des shérifs impuissants et dépassés par l'afflux du banditisme sévissant dans les villes de l'Ouest. Après Évasion, Whitner signe ici un roman d'une noirceur abyssale et absent de toute rédemption.
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