Ce livre, c'est l'histoire d'un jeune homme extrêmement beau, naïf et influençable qui est hanté par son double maléfique : le portrait de Dorian Grey. le personnage fait de ce portrait une obsession morbide, qui transforme sa vie en cauchemars. Ce double maléfique sert presque à l'auteur de support pour une réécriture du mythe de Narcisse.
C'est finalement un roman d'apprentissage mental, sur la "déchéance d'un ange" perverti par sa propre réflexion égoïste. (cette citation est prise d'une critique de Babelio, j'ai trouvé cette description très parlante)
Pour moi, cela reste un classique, caractérisé par un langage dont je n'ai pas l'habitude et une conception des péripéties difficile à suivre (surtout que j'ai dû attendre le chapitre 11/20 pour enfin trouver l'histoire intéressante). Mais les références culturelles sont bien amenées et n'alourdissent pas le propos car elles approfondissent le personnage : grand insatisfait de la vie, prêt a boire la culture du monde, Dorian s'investit dans toute une panoplie de culture, religieuse, sensorielle, musicale qui le remplissent un temps mais qui le laisse toujours aussi vide qu'au départ. C'est en résumé l'histoire de la vie vaine d'un homme riche, qui s'ennuie et qui prend peur du temps qui passe.
Je regrette que la passion qui lie les trois hommes ne soient assouvie, ou bien l'est-elle pour l'époque mais cette sensualité inexplorée, pourtant là, toujours mise sous silence, est un peu frustrante.
De même, lorsqu'on se concentre sur les réflexions menées par les différents personnages, je trouve qu'elles sont lancées, comme ça, comme de petits bouts de pensées de l'auteur, mais pas vraiment approfondit. Cela colle avec les personnages et leurs discussions mondaines mais c'est parfois frustrant. le livre contient beaucoup de menues réflexions sur la vie, sur les individus, dont un point de vue sur les femme révoltant, mais ces discussions mondaines sont ponctuées de quelques piques délicieuses et drôles.
Dans le livre, il fait un encart sur sa généalogie qui me rappelle la théorie de l'hérédité de
Zola par certains aspects.
En tout cas, c'est une sacrée descente aux enfers que nous montre Wilde avec son personnage principal. Je n'irai pas jusqu'à dire que je l'ai détesté, mais plusieurs fois je me suis exclamée d'indignation pendant ma lecture. de plus, dans la personnification du double Dorian Grey du tableau, je retrouve un peu de
la Vénus d'Ille de
Mérimée.
Finalement c'est un livre dont les traits fantastiques m'ont mis mal à l'aise, surtout à la fin. J'ai même souhaité la mort d'un personnage, ce qui ne m'étais jamais arrivée auparavant.