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EAN : 9788493802783
237 pages
13e Note Editions (23/05/2012)
3.93/5   14 notes
Résumé :
Au carrefour de la tradition amérindienne et de la littérature de
prison, de l'humour et de la poésie, Joel Williams, le boxeur
guitariste, nous fait partager les hantises mais aussi les espoirs
qui rythment ses journées: tentation de la folie et de
l'autodestruction, méfiance, violence, trafics, rivalités de
gangs, recherche des racines ethniques, survie face à la
mesquinerie et aux humiliations, défoulement dans le s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Joel Williams - l'auteur - est détenu depuis 1985 dans un pénitencier de haute sécurité, en Californie. A vingt et un ans, il a tué son père après des années de sévices et de terreur, entrecoupées de courts répits et de fugues.

Sur une cinquantaine de page, l'auteur retrace sa jeunesse. Il évoque les conditions de vie de cette famille mixte (père blanc et mère d'origine amérindienne) et surtout l'environnement délétère qui l'a conduit à la délinquance, à l'alcoolisme, à la toxicomanie, puis au parricide.

A cette présentation succèdent des nouvelles que Joel Williams a écrites en prison, et inspirées de son expérience.
Expérience de la misère, de la détresse et de la violence de ceux qui vivent dans les rues, d'abord.
Expérience de l'univers carcéral dans une seconde partie : loi du plus fort, clans en fonction des origines, règlements de comptes, petits boulots, matons et détenus zélés, vie à deux en cellule, visiteuses de prison, fantasmes, frustration sexuelle... Et pour lui : la lecture et l'écriture, planches de salut.

Les textes sont sombres, sordides, dérangeants, empreints de souffrance, de violence et de cruauté. Mais douceur, amitié et espoir sont de plus en plus présents au fil des nouvelles, qui sont parfois même teintées d'humour.

Dans la note de l'éditeur, on apprend que la liberté conditionnelle a été refusée pour la troisième fois à Joel Williams en 2011. Principal motif invoqué : "Le détenu devrait travailler sur lui-même plutôt que perdre son temps à écrire". L'écriture semble pourtant lui être salvatrice, tout comme elle le fut pour Aïssa Lacheb lorsqu'il était incarcéré (cf. 'Scènes de la vie carcérale'). Quoi qu'il en soit, ils ont tous les deux un indéniable talent d'écrivain.
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« Je m'appelle Joel Williams. J'ai 46 ans, je suis un amérindien de la tribu shoshone-païaute. Je suis incarcéré depuis vingt-cinq ans, suite à une condamnation à perpétuité assortie d'une peine plancher de vingt-sept ans. Je suis également écrivain. »

Né en 1964, Joel Williams a tué son père, alcoolique et violent, alors qu'il n'avait que 21 ans. Actuellement incarcéré à la prison de haute sécurité de Mule Creek State, en Californie, il a commencé à écrire en 2002. Découvrant une de ses nouvelles dans une revue canadienne, Éric Vieljeux, responsable des éditions 13e Note, le contacte afin d'envisager la publication d'un recueil. Sur les vingt textes envoyés par le détenu, treize sont réunis ici. L'ouvrage se compose de trois parties bien distinctes. D'abord une longue introduction au cours de laquelle Joel Williams revient sur les événements tragiques qui l'ont mené en prison. Ensuite, cinq nouvelles « urbaines » mettant en scène Jake Wallace, le double fictionnel de l'auteur, dans les rues de Los Angeles. Drogue, alcool, bagarre… une plongée au coeur de l'Amérique des laissés pour compte. Enfin, la dernière partie regroupe des histoires se déroulant derrière les barreaux, toujours avec le même Jake Wallace. C'est cette partie que j'ai le plus apprécié. On y sent malheureusement tout le vécu de l'auteur. Mais l'intérêt premier réside dans le fait que, balayant toute tentation de pathos et de larmoiement, il préfère donner dans l'autodérision. A la fois meurtri, maussade, optimiste ou abattu, le narrateur porte un regard lucide et plein de bon sens sur sa situation. du réfectoire à la visite chez le dentiste, du codétenu excentrique aux prémices d'histoires d'amour avec des visiteuses de prison affriolantes, chaque texte porte un éclairage nouveau sur sa condition d'homme reclus.

Si vous vous attendez à lire de la grande littérature, vous risquez d'être déçu. Mais il ne faut jamais oublier que tout ce que Joel Williams connaît de l'écriture, il a dû l'apprendre par lui-même dans la solitude d'un quartier de haute sécurité. Et puis dites-vous bien qu'en puisant son inspiration chez des auteurs comme Carver Fante, Bukowski ou Knut Hamsun, le bonhomme est allé à bonne école. Alors oui, la qualité est inégale d'un texte à l'autre. Mais, et c'est l'avantage avec les nouvelles, on est jamais à l'abri d'une vraie bonne surprise. Ici, elle survient page 192 avec « Un vrai mec, absolument », petit bijou d'humour noir bien cradingue comme je les aime.

Devenue son principal moyen de survie, l'écriture est aussi pour l'auteur, comme précisé dans la postface, « un acte de défi existentiel, un cri de résistance personnel… et l'affirmation d'une liberté de l'imaginaire si exceptionnelle que nous autres, vivant hors les murs, ne pouvons l'appréhender qu'en lisant ses récits. »

Une dernière petite info pas vraiment réjouissante : pour la troisième fois depuis son incarcération, la mise en liberté conditionnelle de Joel William lui a été refusée en 2011 par les autorités pénitentiaires.


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Saluons le travail de la défunte -et regrettée- maison d'éditions 13e Note, qui avec "Du sang dans les plumes" nous offre une fois encore un titre original, qui ne se cantonne pas à un genre, puisqu'il mêle autobiographie, nouvelles, fiction et récit.
Dans la première partie de l'ouvrage, introduction qui se mue en texte à part entière, l'auteur se présente. Joel Williams a alors 46 ans, et est incarcéré depuis qu'il en a 22, condamné à perpétuité pour le meurtre de son père.

Il nous explique "comment tout a commencé", remonte le temps jusqu'à son enfance douloureuse.

Ses parents divorcent lorsqu'il a deux ans, sa mère quitte le foyer et un mari maltraitant. le père emmène alors ses deux enfants (Joel et sa soeur aînée) en Californie, pour se soustraire aux recherches de la police, ainsi que son fils l'apprendra bien plus tard. Les jeunes Williams sont élevés par une belle-mère originaire du Honduras pendant que le père enchaîne des emplois de soudeur. Une tranche de vie dont la banalité et la relative tranquillité ont laissé des souvenirs heureux. Puis le père se retrouve au chômage et le climat entre ses parents se tend. le couple prend l'habitude de se défoncer à l'herbe ou aux amphétamines. Joel est corrigé à coups de planche au moindre prétexte. L'école devient son refuge, le garçon est doué en sport, et dévore l'encyclopédie ; mais les violences et la terreur qu'impose le père à toute la famille, et la passivité des adultes (à l'école ou dans le voisinage) face aux bleus dont il est régulièrement couvert, font de lui un enfant angoissé, qui perd ses cheveux et fait pipi au lit. Adolescent, il commence à boire puis à dealer des amphétamines. Il rencontre sa mère, qu'il n'avait pas revue depuis la séparation de ses parents. Il apprend alors ses origines indiennes, sa mère étant une authentique shoshone-païute. de retour en Californie, lycéen émotionnellement et socialement handicapé sans perspective d'avenir, il mène une existence chaotique, en grande partie dans la rue, jusqu'à sa condamnation.

La deuxième partie de l'ouvrage est constituée de deux séries de courts textes, respectivement intitulées "Dérives urbaines" et "Derrière les barreaux".

On y part d'abord, aux côtés de Jack Wallace, sorte d'alter ego de l'auteur, dans un univers sordide où règnent la misère, la crasse, la drogue et l'alcool, celui des laissés-pour-compte de l'Amérique. Un univers d'où semble absente toute possibilité de salut, où les existences, régies par d'iniques contingences, sont focalisées sur la violence et sur le manque.

"La ville est comme ça, elle garde toujours nos désirs et nos besoins dans des parkings différents."

La seconde partie des textes se déroule en prison. Joel Williams y décrit les techniques de survie (qu'il s'est bien appropriées), le bruit incessant, les cadences infernales du travail, les petites intrigues, le délitement de l'âme, les "passions qui se font la malle", mais aussi l'inattendue survenance de l'amour, puis les désillusions qui s'ensuivent...

Il l'affirme, c'est l'écriture qui lui a permis de survivre, l'empêchant de replonger dans la violence, l'alcool, ou le désespoir. Et si ces textes peuvent révéler quelques maladresses, ils sont porteurs d'une énergie et surtout d'une sincérité qui, en leur apportant une dimension quasi-viscérale, prend le lecteur aux tripes. Joel Williams raconte crument et avec lucidité des épisodes significatifs d'un parcours marqué par la souffrance, sans jamais tomber ni dans la vulgarité ni dans l'auto apitoiement. Il parvient même, au contraire, à capter dans les situations parfois les plus sordides, la touche de grâce ou de drôlerie qui vient compenser, en les colorant, la noirceur de ses textes.
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Comme les Bruno Dante ou Chinaski de ses modèles littéraires, l'auteur à un alter égo de fiction : Jake Wallace. Mais comme l'auteur, le personnage à pris perpétuité... une écriture distancée de seulement quelques syllabes donc, qui n'exclue en rien la solitude, l'ennui, la frustration ou la perspective d'un avenir lointain et parfois incertain. Qu'ils s'agissent de nouvelles "en dehors" ou "en dedans" (des murs de béton de son quotidien) Williams écrit pour survivre, ce qui en dépit d'un style encore en maturation, donne une sacrée profondeur à ce recueil.
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postface de Stephen Cooper : "la vraie question étant : pourquoi un homme aurait-il besoin d'une arme alors qu'il peut écrire ?
Dans le cas de Joël Williams, l'écriture n'est pas seulement son principal moyen de survie. C'est également un acte de défi existentiel, un cri de résistance personnel...et l'affirmation d'une liberté de l'imaginaire, si exceptionnelle que nous autres, vivant hors les murs, ne pouvons l'appréhender qu'en lisant ses récits"
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[Stephen Cooper] : "Nous savons, depuis Michel Foucault, que nos prétendus centres de réhabilitation ne sont qu'un système de détention et de torture psychologique destiné à briser et soumettre le prisonnier. Même si des raffinements tels que l'écorchage avec les pinces chauffées à blanc et l'écartèlement sont passés de mode, la France du XVIIIe siècle n'aurait rien à envier aux Etats-Unis d'aujourd'hui en matière de punition des infortunés qui se mettent la justice à dos."
(p. 218)
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Chuck, mon codétenu, a personnalisé sa moitié de cellule avec des polaroïds le montrant aux côtés de criminels célèbres incarcérés en Californie au cours des vingt dernières années, Charlie Manson, Charles "Tex" Watson, Sirhan Sirhan, Angelo Buono... La liste est longue. Chuck et ses "amis", tout sourire sur les photos, fraternisent en se serrant la louche.
- Un jour, ça vaudra du pognon, Jake [me dit-il].
Il en a parlé à sa mère qui, depuis, ne lui écrit plus. Pauvre femme. Pauvre Chuck. Pauvres de nous.
(p. 134-135)
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[A 13 ans] je commençais aussi à m'intéresser aux filles. La timidité m'empêchait d'attirer leur attention ou de solliciter leur amitié. J'étais fasciné par l'une d'elles. On était dans la même classe d'anglais. Je voulais trouver le courage d'engager la conversation, mais en vain. J'avais pris l'habitude de dessiner en secret des bites sur son casier. (p. 38)
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Ouais, la vie est une guerre sans fin contre le destin.On a intérêt à se cramponner pour garder la tête hors de l'eau, parce qu'une fois à la flotte faut pas trop espérer qu'on nous balance un gilet de sauvetage.
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La prison possède sa propre logique : ça s'appelle la loi de la jungle. (p. 50)
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Du sang dans les plumes
« Je m'appelle Joel Williams. J'ai 46 ans, je suis un Amérindien de la tribu Shoshone-Paiute. Je suis incarcéré depuis vingt-cinq ans [...] Je suis également écrivain. Voici comment tout a commencé... » Joel Williams, "Du sang dans les plumes", collection PULSE (en librairie le 23 mai 2012)
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