Cet ouvrage est l'autobiographie de
Jeanette Winterson, écrivaine britannique qui a connu le succès dès la parution de son premier roman en 1985, «
les oranges ne sont pas les seuls fruits », qui raconte la même histoire mais de façon plus romancée.
Et cette histoire, c'est son histoire : Jeannette est née en 1959 à Manchester d'une mère biologique de 17 ans qui l'abandonne à 6 semaines, puis adoptée à 5 mois par un couple sans enfant de chrétiens évangélistes pentecôtistes puissance 10 d'Accrington, M et Mrs
Winterson. le livre fait la part belle à ce personnage si fantasque, cruel et autoritaire qu'était sa mère adoptive. Mrs
Winterson ne s'aimait pas et n'a jamais su ce que vivre voulait dire. D'une totale religiosité masochiste, elle pensait que vivre n'était que souffrir et que rien ne pouvait rendre la vie meilleure : « Elle m'a dit une fois que l'univers était une poubelle cosmique- et après y avoir réfléchi un moment, je lui ai demandé si le couvercle était ouvert ou fermé. Fermé, personne n'en réchappe. »
Avec un dynamisme dans l'écriture et dans la pensée,
Jeanette Winterson raconte comment elle a réussi à en ouvrir le couvercle, pour trouver la liberté d'être, de penser et d'aimer.
« Un livre est un tapis volant qui vous emporte loin. Un livre est une porte. Vous l'ouvrez. Vous en passez le seuil. En revenez-vous ? » Ses séances de lecture, les auteurs lus par ordre alphabétique à la bibliothèque en cachette de sa mère, et la découverte de la sexualité vont être les leviers de son élan de liberté. Aucun pathos ou chagrin exagéré dans son récit, la plume est nerveuse, joyeuse et les sentiments sont intelligents. Un livre remarquable sur la résilience qui a la qualité louable de nous questionner sur l'avantage incroyable que le puritanisme et la rigidité peuvent avoir quand ils deviennent les facteurs de la démultiplication de la pulsion créatrice.