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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Que dit Eliot ? Je veux de ces fragments étayer mes ruines... »
C'est un peu de ces fragments dont l'auteure étaye son récit. Fragments de mémoire, d'enfance, de blessures et de littérature pour étayer les émotions en ruines, les poser sur des mots, construire un récit.

Jeannette a été adoptée dans les années soixante près de Manchester. Sa mère adoptive, incapable d'aimer, n'aura que sa rigueur religieuse, sa sècheresse de cœur, sa folie, ses ténèbres et ses punitions à lui offrir. Jeannette se réfugie dans les livres qu'elle cache sous son matelas et ceux qu'elle dévore à la bibliothèque municipale.
Les mots la réinventent, lui dessinent d'autres horizons. L'idée germe en cette petite fille combative de se construire un nouveau départ, de ne pas rester sur le seuil de cette vie sans bonheur. Elle « investit tout dans son départ ». Elle se construit en opposition au cadre de sa mère, sa ferveur religieuse et sa haine des livres. Elle se libère de ce carcan d'enfer par le paradis des mots, leur liberté, leurs lignes de fuites infinies.

La lecture est ainsi fragmentée de morceaux d'enfance, d'adolescence, puis de vie de femme indépendante, libre d'aller là où elle l'entend, sans recherche de « normalité », mais à la seule recherche du bonheur. Elle s'offre le droit de jouer avec les cartes qui lui ont été distribuées, pour en tirer du bonheur. Et pour cela elle doit aussi repartir sur les traces de sa naissance, savoir d'où elle vient, si elle a été désirée, si sa mère pense à elle, et comprendre pourquoi elle l'a abandonnée.

Un roman autobiographique d'une femme qui a puisé dans la fiction, la poésie et le pouvoir des mots, pour oser sa vie sur le chemin qu'elle a choisi. Il faut un travail et une force extraordinaire pour analyser les blessures et les transformer en atouts. Un bel exemple de résilience et de liberté. Un roman d'une grande précision, fait d'ombres et de lumière, ne laissant rien sous silence.

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C'est dans l'Angleterre des années 70, dans une petite ville industrielle du nord, que tout commence. Jeanette Winterson, petite fille adoptée, plus par dépit que par amour, cherchera des réponses au comportement singulier de Mrs Winterson qui prône le bon dieu, croit en l'Apocalypse et punit sa fille de façon inhabituelle en l'enfermant dehors.
Pourquoi être heureux quand on peut être normal, c'est la question que posera Mrs Winterson à sa fille Jeanette, le jour où celle-ci, du haut de ses 16 ans, décide de quitter la maison familiale, aspirant à un certain bonheur qu'elle ne trouve pas dans cette demeure. Question à laquelle elle ne trouvera jamais de réponse tant celle-ci semble incongrue.
Pourquoi Jeanette se sent-elle si mal et si peu aimée par cette famille adoptive? Pourquoi ne pense-t-elle plus croire à l'amour, elle qui en a reçu si peu et qui pense que les choses sont ainsi faites pour tout un chacun?
Pourquoi sa mère ne veut-elle pas admettre que sa fille puisse être homosexuelle, bafouant ainsi toute l'éducation religieuse qu'elle a reçue?

Roman autobiographique au titre si accrocheur, Jeanette Winterson nous livre son enfance malheureuse, ses déboires, ses problèmes sentimentaux et sa quête du bonheur. C'est une véritable émancipation que nous livre l'auteur. La littérature ainsi que la sexualité occupent une grande place dans ce roman, comme une sorte de porte ouverte sur la vie.
C'est avant tout l'histoire d'un combat, d'une survie, d'un itinéraire intellectuel, spirituel, affectif et amoureux dans lequel Jeanette évolue malgré les souffrances et les humiliations que lui affligeront sa mère adoptive.
Après un succès planétaire avec son premier roman «Les oranges ne sont pas les seuls fruits» auquel l'auteur fait parfois référence, Jeanette nous livre à nouveau une partie de son histoire ô combien enrichissante mais sans larmoiement.
Une réflexion simple mais passionnante sur l'enfance puis l'adolescence.
Une écriture romancée, riche, introspective et profonde donne à ce roman une certaine ampleur.

Pourquoi être heureux quand on peut être normal?... je vous laisse méditer...
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Sur le conseil enthousiaste d'une camarade-libraire, j'ai découvert avec quelque décallage dans le temps... ce "roman autobiographique"....Une enfance tragique d'enfant adoptée, malmenée, harcelée, détruite en partie par une mère sectaire, obsédée par le péché, la religion, détestant la vie, les sourires, tout ce qui fait plaisir, dont ses propres congénères !... Un vrai cataclysme que cette mère !

Cela aurait pu être un einième livre sur la résilience... Mais l'humour décapant, l'esprit caustique de l'auteure transforme la reconstitution de cette enfance , en un jeu de massacre jubilatoire... Car en dépit du caractère destructeur maternel, Jeanette se défend par les mots, les livres qu'elle dévore, et l'écriture qui deviendra son objectif exclusif, prioritaire , pour échapper à l'emprise toxique de cette mère, qui n'aime personne !

"Quand l'amour n'est pas fiable et qu'on est enfant, on suppose que c'est la nature del'amour-sa qualité-de ne pas être fiable. Les enfants ne trouvent des défauts à leurs parents que beaucoup plus tard. L'amour que l'on reçoit au début est l'amour qui marque. "(p. 94)

Hommage aux mots, mais aussi au courage des femmes... un roman largement autobiographique, qui offre aussi la "photographie" d'une réalité sociale: celle des années 1970, en Angleterre, avant et pendant l'exercice de la "Dame de Fer", , Margaret Tatcher ainsi que les changements
économiques et les bouleversements des mentalités , entre autres vis à vis des femmes et de la libération des moeurs !
L'auteure parle dans ces lignes de son atttirance pour les femmes ,de son homosexualité, largement stigmatisée à cette époque...
Un questionnement éternel, permanent sur nos origines.... interrogations douloureuses à l'infini...

"Plus je lisais, plus je me sentais liée à travers le temps à d'autres vies et éprouvais une empathie plus profonde. Je me sentais moins isolée. Je ne flottais pas sur mon petit radeau perdu dans le présent; il existait des ponts qui menaient à la terre ferme. Oui, le passé est un autre pays, mais
un pays que l'on peut visiter et dont on peut rapporter ce dont on a besoin.
la littérature est un terrain d'entente. "(p. 167)

Une lecture forte et des plus toniques sur un sujet délicat....

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Le titre est une phrase prononcée par la mère de Jeannette quand celle-ci lui confirme son homosexualité. Jeannette doit partir, elle est mise à la porte de la maison familiale, elle a seize ans.

Jeannette est une enfant adoptée par un couple, ou plutôt par Mme W, femme autoritaire, imposante, complexée, asociale, exaltée par Dieu et redoutant les péchés. Cette petite fille est le mauvais berceau, Mme W attendait un petit garçon, elle a reçu Jeannette comme une punition. le père est inexistant, donne des raclées à la petite sur ordre de sa femme.

Face à cette femme, mentalement instable, mais persuadée de prendre le bon chemin dans la vie, une petite fille qui tire le bonheur vers elle. Malgré les coups, les interdictions, la pauvreté, Jeannette a déjà beaucoup d'humour et détourne l'éducation de sa mère pour faire ce qu'elle veut. Sa mère l'envoie à la médiathèque pour ses propres livres mais lui interdit la lecture. Jeannette passionnée par la littérature, va cacher pendant des années ses livres sous son matelas. Enfermée dans la cave, interdite de rentrer dans la maison, le tout en guise de punition, Jeannette positive malgré sa peur.

Jeannette fera les études qu'elle veut grâce à une main tendue, essaiera une dernière fois de revenir voir sa mère, comprendra que cette dernière ne changera jamais et ne la reverra jamais. Jeannette avance dans sa vie, avec sa bonne humeur et son appétit de vivre. de ses failles elle a fait une force de vie.

Pourtant Jeannette passera par la dépression, ce qu'elle appelle sa folie. Un moment indispensable pour faire le deuil de son enfance, de ses parents. Elle fera des recherches sur sa mère biologique et apprendra qu'elle était désirée et que son abandon était surtout un geste d'amour.

Le bonheur féroce, vous connaissez ?
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Ouvrage sélectionné pour le Prix des lycéens et apprentis de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur pour l'année 2014, c'est donc tout naturellement que je me suis intéressé à ce ce dernier car je suis originaire (et réside encore dans cette région) et non pas, et ce, à mon grand regret parce que je suis encore lycéenne...(je me rends comte que le temps passe trop vite).

Bref, légèrement déstabilisée au début de cette lecture car l'auteure s'amuse à intercaler des chapitres dans lesquels elle nous fait, à nous lecteurs, un bref récapitulatif de ce qu'était l'Angleterre dans les années '60-'70 mais aussi de ce qu'était la ville dans laquelle elle a grandi, Accrington. Jeannette ayant toujours su qu'elle était une enfant adoptée, n'a pourtant entrepris des recherches pour retrouver sa véritable mère biologique que très tard. Bien que ses parents adoptifs aient été on ne peut plus sévères avec elle (et en particulier sa mère, celle qu'elle appelle dans cet ouvrage Mrs. Winterson, Mrs. W ou encore Mère mais jamais "maman") lui apportant que très peu d'amour, Jeannette ne regrette rien. Bien qu'elle se soit retrouvée à la rue à l'âge de seize ans car elle avait le malheur d'aimer les filles dans une famille où il ne fallait surtout pas enfreindre les règles du Seigneur et que cela était contre nature, qu'ayant grandi dans un lieu où les livres qui ne se rapprochaient pas de ce dernier étaient proscrits, Jeannette est néanmoins fière d'être devenue ce qu'elle est. Lisant en cachette durant toute son enfance puis ayant plus tard intégré l'université d'Oxford, Jeannette est devenue une romancière renommée mais cela même, sa mère adoptive continue d'avoir honte de cette fille qu'elle trouve si éloignée de ses propres principes et pourtant...

Enfin, je ne vous en dis pas plus mais vous recommande vivement à venir découvrir cet ouvrage. Un conseil, si, comme moi, au départ, vous avez un peu de mal à vous fondre dans l'histoire et que l'écriture vous gêne avec tous ses flash-back et ses références sur la classe ouvrière dans les années '60 en Angleterre, surtout n'abandonnez pas ! Allez jusqu'au bout car je vous assure que vous ne serez pas déçus ! Un roman sur l'amour, la quête d'identité, sur chacun d'entre nous quoi, car qui ne s'est jamais posé ces questions existentielles ? Qui suis-je, quel est mon rôle sur Terre ?...et bien d'autres encore. A découvrir !
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Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? Telle est la question que posera la mère adoptive de Jeannette Winterson,icône des lettres britanniques et féministe gay convaincue, lorsque celle ci lui avouera son homoexualité.

C'est aussi le titre de ce récit ( plus qu'un roman) autobiographique qui a énormément plu des deux cotés de la manche. Il faut dire que ce livre est un formidable récit iniatique et une ode à la littérature puisque Jeannette Winterson va conquérir son autonomie par rapport à cette mère assez tyrannique grace aux pouvoir des livres qui ont été pour elle, encore plus que pour d'autres un refuge, une ouverture sur le monde et ont permis d'apaiser ses souffrances et ses doutes.

Brillant récit d'une émancipation abordée de façon singulière et avec pas mal d'humour, ce beau livre, qui a recu le prix Marie Claire a permis aux lecteurs français, et à moi même par la même occasion, de faire connaitre ce grand nom de la littérature britannique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans ce récit, Jeannette Winterson nous expose sa vie d'enfant adoptée par une mère obsédée par la Bible et l'apocalypse et un père sans caractère qui ne fait qu'obéir à sa femme.
« le diable nous a dirigé vers le mauvais berceau » est la phrase qui rythme la jeune existence de la narratrice, en effet sa mère espérait le garçon du berceau d'à côté.
Jeanette va apprendre à vivre privée d'amour.

Très vite elle trouve refuge dans la lecture qui lui permettra de combler le vide de son existence.
Après que sa mère ait brulé tous les livres qu'elle avait cachés sous son lit, Jeanette lira à la bibliothèque l'intégralité du rayon littérature britannique en suivant l'ordre alphabétique.
A l'adolescence lorsque Jeanette avoue à sa mère son homosexualité et le bonheur qu'elle vit auprès de sa jeune compagne, sa mère lui lance cette phrase terrible :
« Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? »
de son enfance meurtrie jusqu'à l'âge adulte Jeannette Winterson saura trouver le chemin, sinon du bonheur, au moins celui de l'apaisement et nous prouvera que la lecture et l'écriture peuvent être les meilleurs des remèdes.


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Une couverture et un titre qui m'ont fait de l'oeil, une auteure que je connaissais pas, et au final une belle découverte, très émouvante, le récit d'une enfance douloureuse, volée «J'ai grandi comme dans tous ces romans de Dickens où la vraie famille est celle qu'on s'invente ; ces gens avec qui se nouent, dans la durée, des liens d'affection profonds deviennent votre famille.», mais aussi celui d'un combat, le combat d'une femme audacieuse, qui a puisé force et santé dans la littérature et la créativité, qui a su se libérer, se forger sa propre identité, prendre son destin en main «L'existence n'est qu'une question de seconde chance et tant que nous serons en vie, jusqu'à la fin, il restera toujours une autre chance.» et poursuivre son chemin, sa quête du bonheur, une quête qui «dure toute la vie et n'est pas tenue par l'obligation de résultat.»

Une introspection salvatrice pour l'auteure; car son histoire se dénoue dans le pardon et non dans règlement de compte ou la tragédie. «J'ai remarqué que pour moi le pardon était important. J'ai eu une vie assez mouvementée. Je savais que mes parents ne me pardonneraient jamais ce que j'avais fait, mais il est venu un moment où je devais leur pardonner. C'est un choix que j'ai fait, sachant qu'il n'y aurait pas de réciproque, et ne désirant peut-être pas qu'il y en ait.»

Jeanette Winterson nous livre une autofiction passionnante à la portée universelle.
Un très beau message d'espoir empreint d'une grande sensibilité.

«C'est vrai, les histoires sont dangereuses, ma mère avait raison. Un livre est un tapis volant qui vous emporte loin. Un livre est une porte. Vous l'ouvrez. Vous en passez le seuil. En revenez-vous ?»
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Avoir été élevée par une mère adoptive totalement névrosée, mystique et perverse, quel fardeau! Mais Jeanette va apprendre que l'amour construit un être, et elle se sort de ses souffrances en écrivant, et en écrivant très bien!
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Le fait de n'avoir jamais lu un livre de Jeanette Winterson ne m'a pas empêchée de me plonger avec fascination dans cette biographie sans complaisance aucune. En revenant sur son parcours, l'écrivaine analyse, avec profondeur et lucidité, les faits, les failles, les conséquences.

De nombreux passages m'ont touchée et cette lecture me restera longtemps en mémoire. le personnage de Ms Winterson, la mère toxique et maltraitante de Jeanette, est digne d'un roman de Dickens. Il m'a captivé. Si vous rencontrez quelques problèmes avec votre mère, lisez-ce livre et vous vous direz que la vôtre a fait de son mieux.

L'autobiographie est pudique, féroce, d'une grande force. S'il est parfois glaçant de s'imaginer son enfance, Jeanette Winterson y apporte beaucoup de distance, d'humour et la capacité à aborder de nombreux sujets sur un ton dénué d'amertume. La complexité de la relation mère fille, l'adoption, la maltraitance, l'apprivoisement de la vie et de sa sexualité. Ambitieux, rythmé, résilient. Chapeau bas !
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Ma mère n'avait pas d'opinions nuancées. Il y avait ses amis et ses ennemis. Ses ennemis étaient: le Diable (sous toutes ses formes), les Voisins d'à côté, le sexe (sous toutes ses formes), les limaces. Ses amis étaient: Dieu, notre chienne, tante Madge, les romans de Charlotte Brontë, les granulés anti-limaces, et moi, au début.

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