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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après le succès outre-Manche de son ouvrage autobiographique 'Les oranges ne sont pas les seuls fruits' (adapté en téléfilm au Royaume-Uni), Jeanette Winterson se livre à nouveau sur sa jeunesse, son éducation à la fois traumatisante et stimulante, son homosexualité, son amour pour les mots (lecture et écriture), la recherche de ses parents biologiques.

Née près de Manchester en 1959, Jeanette a connu une enfance difficile, sans amour. Sa mère adoptive était une femme rigide, glacée, rendue dingue et étouffée par son carcan religieux… Il restait bien peu de place pour le père dans ce foyer dirigé par les conventions sociales et une perception de Dieu totalement castratrice.

Dans ce témoignage, l'auteur ne larmoie pas, ne cède jamais à l'auto-apitoiement ni aux règlements de compte. Malgré des souvenirs douloureux et des passages sombres, le ton est léger, plein d'humour, dynamique et optimiste. Jeanette Winterson dresse un constat de son passé et l'éclaire de réflexions nourries de littérature, de psychologie, de philosophie. Et bien qu'introspectif, le récit s'ancre dans le contexte socio-historique des années 1960-70 du prolétariat anglais, ce qui le rend d'autant plus intéressant. On parvient même à comprendre comment Margaret Thatcher a pu représenter un espoir dans les milieux modestes...

"Figure du mouvement féministe", Jeanette Winston ? Absolument, mais subtilement, en douceur, sans le côté obtus et revanchard qui accompagne parfois le discours militant. Elle signe là un témoignage passionnant, à la fois douloureux, émouvant et drôle. Et visiblement, ses autres textes sont à l'avenant.

Paru dans les années 1980, 'Les oranges...' a été réédité chez L'Olivier en 2012, il me tarde de le découvrir.
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« Pour moi, les livres sont un foyer. Les livres ne font pas un foyer - ils le sont, dans le sens où de même que vous les ouvrez comme vous ouvrez une porte, vous entrez dedans. À l'intérieur, vous découvrez un temps et un espace différents. »

Pour la publication de ce 500ème billet, je tenais à vous présenter un livre vraiment beaucoup aimé, un coup de coeur. Bien souvent, en effet, je ne parle pas de mes coups de coeur. Toujours cette impression de ne pas savoir comment rendre justice à un livre que j'ai adoré, de ne pas arriver à vraiment transmettre mon ressenti puis le temps passe et je finis par ne faire aucun billet.

Dans les années 60, dans le milieu ouvrier anglais, vit Jeannette, une petite fille adoptée par Mr et Mrs Winterson.

Mr est peu présent, préférant fuir une femme qu'il peine à comprendre. Mrs Winterson, ainsi que l'appelle Jeannette, est donc toute puissante, une femme impitoyable, dure et complètement dominée par deux carcans, son obsession pour la religion et sa haine des livres.

C'est pourtant par les livres que la petite Jeannette trouvera son salut, on ne dira jamais assez l'importance des bibliothèques municipales, mais il faudra souvent ruser et parfois en payer durement le prix. L'enfant en passera des nuits, sur le seuil de la porte, sans pouvoir entrer dans la maison. Maison dont elle n'eut jamais la clé.

« Plus je lisais, plus je me sentais lié à travers le temps à d'autres vies et éprouvais une empathie plus profonde. Je me sentais moins isolée. Je ne flottais pas sur mon petit radeau perdu dans le présent ; il existait des ponts qui menaient à la terre ferme. Oui, le passé est un autre pays, mais un pays que l'on peut visiter et dont on peut rapporter ce dont on a besoin. »

À l'adolescence, les rapports vont encore se complexifier entre elles quand Mrs Winterson va se rendre compte que Jeannette est attirée par les filles. Colère, menaces de châtiments divins mais rien n'y fera. Quand Jeannette tentera de lui expliquer qu'il en va de son bonheur, la marâtre aura cette sentence terrible et définitive : « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? »

Contre toute attente, point de pathos ici mais au contraire un récit fluide, plein d'humour et d'autodérision, le temps aidant au détachement et à la résilience.

Devenue auteure reconnue et militante féministe, Jeannette Winterson signe un roman autobiographique poignant et terriblement humain.

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? À lire absolument.

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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais parler d'un texte autobiographique de Jeanette Winterson, intitulé Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

-C'est quoi cette affreuse question ?

-Divulgâchis si je réponds !

Or donc, Jeanette Winterson, autrice reconnue au Royaume-Uni, appelle sa mère adoptive. La conversation ne se passe pas très bien. Petit à petit l'échange s'éloigne et Jeannette raconte ses souvenirs, comment elle a traversé une enfance marquée par les maltraitances pour devenir la personne qu'elle est aujourd'hui.

-Maltraitances ? Super ! Encore un récit sordide et insoutenable, merci beaucoup.

-Justement, non, et c'est là la première chose qui m'a étonnée dans ce texte : son silence.

-Son silence ? Un livre ? Les livres font du bruit, maintenant? Ben ça va pas mieux, Déidamie.

-Laisse-moi expliquer ! J'ai lu plusieurs textes, plus ou moins fictifs, d'enfance malheureuse. Je me souviens des coups et des cris qui pleuvent dans Mon bel oranger. L'Enfant, de Jules Vallès, commence par le bruit des coups signalant l'heure à la voisine. Ma vie rebelle, d'Ayaan Hirsi Ali, est marqué par les engueulades de la famille, les hurlements des petites filles. Ces livres contiennent des cris, des sons violents et bruyants.

Le livre de Jeanette Winterson prend exactement le contre-pied de cette littérature. La violence n'y est pas représentée de façon brute, à la façon d'une liste chronologique. L'autrice n'entre pas non plus dans les détails. Elle énonce des faits très durs, oui, mais sans s'étendre ni s'attarder sur la masse de souffrance qu'ils ont générée.

En fait, ce qui m'a surprise dans ce texte, c'est cette position inédite pour moi : je n'ai pas éprouvé la sensation de lire sa vie, mais celle de lire l'histoire de son esprit, de sa vie intérieure. le résultat m'a beaucoup troublée dans un premier temps, parce que je suis habituée à lire une façon de raconter tout à fait différente, en livrant une très large part d'intimité.

-Et dans un second temps ? Ca ne t'a pas rebutée ? C'est assez froid, finalement, non ?

-Non, ça ne m'a pas rebutée. Je me suis même attachée à ce texte et à ce style cérébral, particulier et brillant : il y a de quoi faire des citations à presque toutes les pages ! D'autre part, Jeanette Winterson ne reste pas constamment centrée sur elle-même : son texte est ponctué de réflexions sur l'histoire et la culture anglaises dont elle est aussi le résultat. Elle se montre également révoltée par le sexisme. Elle livre une intéressante analyse de son drame, celui de l'abandon, de la perte, et réfléchit aussi sur l'amour et ce qu'implique son verbe.

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? ne constitue pas une lecture à faire n'importe quand, dans n'importe quel état d'esprit. Ce n'est pas une prose légère ni facile. La réalité reste terrible à lire malgré tout. Bien que souvent révoltée, j'ai admiré la volonté de vivre de Jeanette et sa personnalité à la fois fragile et combattive.

Un texte riche et stimulant, qui me pousse à découvrir ce qu'elle a écrit en fiction. »
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Aux derniers mots de ce récit – autobiographique - , on referme le livre avec une envie irrépressible d'écrire. Jeanette Winterson y dessine un parcours de vie singulier – le sien - qui pourtant, trouve forcément un écho chez toute personne amoureuse de littérature.
L'auteure anglaise revient sur son enfance passée auprès de ses parents adoptifs à Accrington, petite ville ouvrière morne et grisâtre proche de Manchester. Entre un père effacé, indifférent à tout ce qui l'entoure et une mère tyrannique, la petite Jeanette étouffe. Pentecôtiste, madame Winterson impose à sa fille des principes rigides et de nombreux interdits. Aucune marque d'amour ne se dégage de cette femme égocentrée, qui aurait tellement préféré recueillir un garçon.
Cette enfance douloureuse donne à Jeanette une force incroyable, de la détermination, de l'audace et de l'ambition. Pour fuir cet odieux foyer et sa condition déplorable, Jeanette se réfugie à la bibliothèque où elle entreprend de lire le rayon entier de Littérature Anglaise par ordre alphabétique. La lecture lui permet de s'évader, de toucher du doigt une forme de liberté. Lire Shakespeare, Austen ou encore Virginia Woolf lui ouvre des horizons insoupçonnés. Grâce à sa volonté et son intelligence, elle parviendra à étudier à Oxford.
Alors que Jeanette tente de lui parler de son amour pour une jeune fille, et donc de son homosexualité, Madame Winterson lui balance au visage cette terrible phrase : « Pourquoi être heureux quand on peut être normal? ». Jeanette quitte le domicile familial vers des contrées plus favorable à son épanouissement. On assiste à son ascension sociale, ses succès littéraires et ses amours jusqu'à ce qu' une dépression terrible vienne l'assaillir. Elle ressent à ce moment-là le besoin viscéral de lever enfin le voile sur ses origines véritables, découvrir ses racines, pour mieux se connaître et aller de l'avant. Elle part alors en quête de sa mère biologique.
Si Jeanette nous raconte les souffrances de sa jeunesse, le ton n'est jamais pathétique. le trajet parcouru est évoqué à travers de nombreuses anecdotes, où la fantaisie n'est pas exclue. Son texte est un ensemble de fragments, une sorte de puzzle qui se re-constitue au fil de la lecture. le passé et le présent s'y côtoient sans cesse. C'est un livre sur la quête du bonheur, sur l'identité, sur l'amour, et sur la littérature salvatrice de bien des maux.

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Ce roman publié par la collection Points fait partie de la sélection pour laquelle j'ai l'honneur d'être jurée. Et premier coup de coeur 2014. Ce récit, une fois n'est pas coutume dans mes lectures, est autobiographique. Jeanette Winterson, femme de lettres anglaise, féministe convaincue depuis les années 70, auteur de nombreux romans, y raconte son enfance (disons-le atroce) vécue auprès d'une mère adoptive tyrannique et peu aimante dans le Manchester ouvrier des années 50/60. Cette dernière, fervente croyante, obnubilée par la fin du monde et les visions d'une apocalypse tant redoutée, n'aura de cesse de rejeter et humilier l'enfant, l'adolescente puis la femme qu'est Jeanette Winterson, étant persuadée que « sur le berceau de sa fille le diable s'est penché ». Ce rejet deviendra particulièrement violent lorsque qu'elle découvrira l'homosexualité de sa fille. Enfant mal aimée, rejetée, solitaire, peu liante et turbulente, c'est auprès des mots (la lecture puis l'écriture) que Jeanette Winterson apprendra à panser ses blessures, à survivre et à assumer celle qu'elle est aujourd'hui, être fragile et torturé, incapable d'aimer pense-t-elle et d'être aimée.

Ce récit est d'une grande sensibilité et d'une profonde honnêteté. Jeanette Winterson s'y livre sans concession, sans se ménager, assumant celle qu'elle est, cette femme non désirée (et par sa mère naturelle et par sa mère adoptive, ce double abandon qui l'a détruite) qui rejette à son tour. Ce qui est merveilleux dans ce roman est qu'en dépit de son enfance malheureuse, jamais l'auteur ne tombe dans le pathos ni le règlement de compte : elle conserve un regard empreint d'une certaine tendresse pour sa mère adoptive, être blessé qui n'a jamais su aimer. Et puis que dire de cette déclaration d'amour que Jeanette Winterson offre aux livres, seuls capables de la sauver, récit qui m'a touchée tout particulièrement, me tirant par moments quelques larmes. Ce rapport au mot sera la seule et unique compagne stable et solide dans sa vie chaotique, car d'une enfance malheureuse on ne sort pas indemne : Jeanne Winterson est indéniablement cassée, n'attendez pas de morale dans cette histoire, ce n'est pas du Dickens. Pourquoi être heureux quand on peut être normal est tout à la fois un hymne à la tolérance, un acte de survie, le récit d'une renaissance à travers les mots, une profession de foi envoyée à la vie. Tout simplement beau.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Si Jeanette Winterson avait déjà parlé de son enfance et de ses parents adoptifs les Wintenson dans les oranges ne sont pas les seuls fruits (lu avant ce blog), dans ce roman autobiographique elle revient bien entendu sur cette enfance mais aussi sur sa vie.

Le moins que l'on puisse dire est que Jeanette Winterson n'a pas eu une enfance heureuse. Sa mère adoptive était une femme dotée d'une forte personnalité, méchante, épiscopalienne et obsédée par Dieu. Pas d'amour, des interdits et très vite, Jeanette s'est réfugiée à la bibliothèque de sa ville d'Accrington, une ville ouvrière du nord de l'Angleterre.


la suite sur : http://fibromaman.blogspot.fr/2012/06/jeanette-winterson-pourquoi-etre.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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L'écriture est bordélique. Jeanette Winterson dévide son fil comme un chat déroule une bobine. Ça s'entortille, ça fait des noeuds, ça repart de façon linéaire, pour un temps, à l'image de la mémoire, dynamique et modulable. L'auteure utilise la fiction comme mode de survie. À l'instar d'Elizabeth Munro, elle mêle fiction et réel, construit une autobiographie où l'imagination a une grande part de liberté. C'est apparemment une technique littéraire à part entière, car Jeanette Winterson l'évoque en rapport avec ses études, citant Virginia Woolf et Steiner.

“Je préfère continuer de me lire comme une fiction que comme un fait.” (182)

Ce parti pris de départ, qu'elle manipule avec maestria, lui permet d'évoquer cette mère dont les proportions sont approximatives et instables, dont la façon d'emplir l'espace se modifie selon les situations émotionnelles et relationnelles.
Il y a aussi des passages superbes sur la folie, autour de la page 200. Elle évoque ses “séances de folie” avec humanité et amitié.
Un coup de foudre total.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Comment ne pas être touché par ce témoignage délicat et terrible de cette enfance auprès d'une mère excentrique ? Une merveilleux roman, très touchant où la force de la littérature se déploie, celle qui sauve cette femme en lui ouvrant une fenêtre sur le monde et qui lui permet d'être heureuse en restant elle-même. Foncez, vous ne pouvez qu' être totalement bouleversée par cette force de la nature !
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Le récit de la vie austère et rude d'une enfant adoptée dans l'angleterre des années 60. Une mère envahie par la religion, inabordable, un père "absent" tant la figure maternelle domine. Une vie donc a résisté et se construire.
Un livre magnifiquement écrit, touchant.....
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Un beau pied de nez à la sacro-sainte normalité

Oui, on peut être heureux en étant "anormal". D'une phrase terrible, crachée par une mère adoptive rigide et dominatrice, humiliée par les amours homosexuelles de sa fille unique, cette autobiographie démontre avec audace qu'aucune chaîne n'est trop pesante pour qui a juré de s'en défaire...
La petite fille d'ouvriers du nord de l'Angleterre, élevée dans l'attente du Jugement Dernier (je ne gâcherai pas le plaisir en en disant davantage...) découvrira le bonheur de la lecture et apprendra, envers et malgré son environnement, qu'elle n'est pas seule: il y aura toujours les mots.
A lire absolument, si vous aussi croyez au pouvoir rédempteur de la littérature...
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Ma mère n'avait pas d'opinions nuancées. Il y avait ses amis et ses ennemis. Ses ennemis étaient: le Diable (sous toutes ses formes), les Voisins d'à côté, le sexe (sous toutes ses formes), les limaces. Ses amis étaient: Dieu, notre chienne, tante Madge, les romans de Charlotte Brontë, les granulés anti-limaces, et moi, au début.

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