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Danièle Moyal-Sharrock (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070780884
224 pages
Gallimard (30/11/-1)
4.05/5   40 notes
Résumé :
Wittgenstein, incontestablement un des plus grands philosophes du XXe siècle, est aujourd'hui reconnu comme l'auteur, non de deux, mais de trois œuvres maîtresses : alors que le Tractatus et les Recherches philosophiques appartiennent au premier et au deuxième Wittgenstein. Sans doute la plus importante contribution à l'épistémologie depuis la Critique de la raison pure de Kant. De la certitude est la réponse de Wittgenstein au scepticisme cartésien. La méthode de D... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est dans ce livre qu'on trouve la proposition qui fait délirer :


« 207. C'est un coup du sort étrange : tous les hommes dont on a ouvert le crâne avaient un cerveau ! »


Lu comme ça, ça semble dingue. Mais bon, faudrait pas oublier que nous sommes en présence d'un discours philosophique. On peut donc émettre des propositions qui, dans un autre contexte, sembleraient décalées.


« 467. Je suis assis avec un philosophe dans le jardin ; il dit à maintes reprises : « Je sais que ceci est un arbre » tout en désignant un arbre près de nous. Une tierce personne arrive et entends cela, et je lui dis : « Cet homme n'est pas fou. Nous faisons de la philosophie. » »


Pourquoi, dans un cas, cela semble fou, et pourquoi, dans un autre cas, cela semble normal ? Ce n'est pas lié à la nature des propositions. C'est lié au contexte. Il n'y a donc pas de proposition absolument vraie ou de proposition absolument fausse. Wittgenstein parle de jeux de langage.


« 457. Vais-je donc dire que la certitude réside dans la nature du jeu de langage?»


Le jeu de langage découle de notre primitivité animale. Avant d'être pensants, nous sommes agissants. Nous avons des façons d'agir instinctives et le langage ne serait qu'un développement à pleine plus complexe de ces attitudes. Il a surgi non pas pour fonder des vérités absolues mais pour articuler des propositions qui fonctionnent comme des articulations logiques. Wittgenstein compare les certitudes à des gonds. Elles ne sont pas objets de la connaissance mais elles forment la base pratique permettant de décrire l'environnement dans lequel nous évoluons. En fait, la principale erreur serait de confondre la croyance qui sous-tend la connaissance avec la connaissance en elle-même. Si tant est que celle-ci existe.


Pourquoi ce livre est inévitable :
1) Il constitue la base d'un anarchisme épistémologique. Il nique donc les dogmatismes.
2) Il remet l'homme à sa place en lui rappelant les origines physiologiques du développement de sa pensée et de son langage.
3) Il s'efforce de poser un regard naïf sur notre monde saturé de raccourcis (« 148. Pourquoi est-ce que je ne m'assure pas que j'ai deux pieds quand je veux me lever de ma chaise ? Il n'y a pas de pourquoi. Je ne le fais pas, c'est tout. C'est ainsi que j'agis. »)
4) Et en même temps il nous apprend à relativiser et à nous défaire de notre paranoïa. Qu'il n'y ait pas forcément de raison (de douter, de remettre en question, de vérifier) est nécessaire pour vivre. le doute qui doute de tout n'existe pas puisque, pour douter, il faut au moins avoir la certitude que le langage et le petit cerveau qui permettent de communiquer la nature du doute sont appropriés.


Presque à la fin, Wittgenstein écrit : « 618. Ce serait donc comme s'il fallait que le jeu de langage « montre » les faits qui le rendent possible. »
Et c'est plutôt intéressant, si on compare à ceci qu'il avait plus tôt écrit dans le Tractatus Logico-philosophicus : « 6. 522- Il y a assurément de l'inexprimable. Celui-ci se montre, il est l'élément mystique. »


Voilà ça évitera de perdre son temps dans les débats des emmerdeurs la prochaine fois.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Comme le dit la préface de la traductrice, (Danièle Moyal-Sharrock) qui résume ce livre : de la certitude (Über Gewissheit) est un ensemble de notes écrites par Wittgenstein lors des dix-huit derniers mois de sa vie, entre 1949 et 1951. de la certitude est focalisé sur un problème classique de l'épistémologie (l'étude et la connaissance scientifique / générale). Wittgenstein réagit à George Edward Moore qui ce dernier visait à prouver notre connaissance.

Ici nous avons un même sujet qui est questionné et re-questionné tout en rajoutant à chaque fois une information supplémentaire, qui delà naît ce débat philosophique.
Les connaissances apprissent le long de notre existence résonnent en nous tôt ou tard par des remises en question sur ce qui nous touche, sur soi, et ce décor visible comme le nez au milieu du visage mais qu'on ne prêtait pas attention. le tout devient soudainement autre chose.
Mais pour arriver à penser sur un sujet, une action ; il faut avoir les mots, prendre le temps de se poser, d'observer, de sortir de l'unique point de vue qu'on siège.
Le problème principal réside dans l'être humain qui est persuadé d'avoir raison car la majorité, les études scientifiques, sondages, médias… : appuient les dires sur une population crédule qui réagit très peu contre. Mais nous le sommes tous, causés par de mauvaises informations mélangées à du vrai. Ce qui créer beaucoup de maux et une perte de temps.

Ce n'est pas simple de suivre les pensées de Wittgenstein, mais le sujet est très intéressant.
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Je suis intéressée par un échange sur la pensée de Wittgenstein, philosophe injustement méconnu en France
annemarievin@wanadoo.fr
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Citations et extraits (113) Voir plus Ajouter une citation
p.163.
588. Mais lorsque j’utilise les mots « Je sais que… », est-ce que je ne dis pas que je me trouve dans un certain état, alors que la simple assertion « Ceci est un… » ne dit rien de tel ? Et pourtant suite à une assertion de ce genre, on demande souvent : « Comment le sais-tu ? » - « Oui, mais cela seulement parce que le fait que je l’affirme laisse entendre que je crois le savoir. » - On pourrait exprimer cela ainsi : dans un zoo, il pourrait y avoir une pancarte disant « Ceci est un zèbre », mais non « Je sais que ceci est un zèbre ».
« Je sais » n’a de sens que lorsque c’est une personne qui l’exprime. Cela dit, que l’expression soit « Je sais… » ou « Ceci est… » n’a aucune importance.
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p.85.
286. Ce que nous croyons dépend de ce que nous apprenons. Nous tous croyons qu’il n’est pas possible d’aller sur la lune ; mais il pourrait y avoir des gens qui croient que c’est possible et que ça arrive parfois. Nous disons : ces gens ne savent pas bon nombre de choses que nous savons. Et aussi sûrs qu’ils puissent être de leur affaire, ils ont tort et nous le savons.
Si l’on compare notre système de connaissance au leur, c’est le leur qui se montre de loin le plus pauvre.
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Nous ne saisissons pas le monde d’abord pas la pensée ; nous le saisissons non intellectuellement, plus progressons vers une saisie plus sophistiquée. Cette saisie initiale du monde n’est pas une compréhension raisonnée, mais une saisie immédiate, non réfléchie.
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240. Sur quoi est fondée la croyance que tout être humain a deux parents ? Sur l’expérience. Et comment puis-je fonder cette croyance sûre sur mon expérience ? Eh bien, je la fonde non seulement sur le fait que j’ai connu les parents de certaines personnes, mais sur tout ce que j’ai appris sur la vie sexuelle des êtres humains et leur anatomie et physiologie ; et aussi sur ce que j’ai entendu dire et ce que j’ai vu des animaux. Mais est-ce là vraiment une preuve ?
241. N’est-ce pas plutôt une hypothèse qui, comme je crois, est maintes et maintes fois parfaitement confirmée ?
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85. […] On doit savoir ce que signifie : la terre existe déjà depuis tant et tant d’années. Car il n’est pas donné à n’importe quel adulte raisonnable de le savoir. Nous voyons des gens construire et démolir des maisons, et sommes tentés de demander : « Depuis quand cette maison est-elle là ? » Mais comment l’idée vient-elle à quelqu’un de poser cette question à propos d’une montagne, par exemple ? Et les hommes ont-ils tous le concept de la terre comme d’un corps qui vient à naître et à disparaître ? Qu’est-ce qui m’empêcherait de penser à la terre comme plate, et s’étendant sans fin dans toutes les directions (y compris la profondeur) ? Mais cela ne nous empêcherait pas de dire : « Je sais que cette montagne a existé longtemps avant ma naissance. » -Mais supposons que je rencontre un homme qui ne croit pas ça ?
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Videos de Ludwig Wittgenstein (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ludwig Wittgenstein
Présenté par Robert Maggiori, philosophe co-fondateur des Rencontres Philosophiques de Monaco et critique littéraire.
« Lettres à sa famille. Correspondances croisées 1908-1951 », Ludwig Wittgenstein, Édition de Brian McGuiness, traduction de Françoise Stonborough, @Éditions Flammarion , 414 pp., 26€
Dans la catégorie : Allemagne et AutricheVoir plus
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