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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour qui sonne ce titre, « Un homme, un vrai » ? Que faut-il faire, qui faut-il être pour justifier ce qualificatif dans Atlanta, la ville de Martin Luther King, celle où il est né et où il est enterré ?
Atlanta, capitale de la Géorgie est, à l'échelle des USA, une ville moyenne. Mais elle s'enorgueillit d'être l'une des trois* seules ayant hébergé les Jeux Olympiques d'Eté, ceux du centenaire en 1996 (le roman date de 1998). Siège de Coca Cola et de CNN, elle est à soixante-dix pour cent noire. Si la mairie est occupée par un représentant de la communauté la plus nombreuse, si comme on dit là-bas, « Atlanta is too busy to hate », il n'empêche que le dépliant touristique des JO était curieusement amputé d'une partie de la ville, le sud qui abrite les quartiers noirs pauvres (il y a des quartiers noirs qui sont riches) où les autorités ne souhaitaient visiblement pas que des touristes s'égarent. En résumé, elles ont beau prétendre le contraire, l'un de leurs soucis est d'éviter des émeutes raciales dans ce qui est également la ville de Margaret Mitchell. Alors, quand un « incident » menace de dresser les deux communautés l'une contre l'autre…le maire doit s'en préoccuper.
Un maire retors qui prépare sa réélection, un avocat ambitieux et un peu honteux de n'être pas assez noir, un promoteur mégalomane et imprudent, son ex-femme délaissée qui lui coûte cher, sa nouvelle, de trente ans plus jeune que lui, qui lui coûte encore plus cher, un sportif célèbre aussi inculte qu'antipathique, une jeune héritière qui tente de se faire passer pour une oie blanche, un jeune homme dont le rêve américain a tourné au cauchemar, un cadre de banque vivotant qui voudrait jouer dans la cour des grands, des banquiers aussi imprudents que stupides, un recouvreur de dettes qui utilise les méthodes psychologiques des commandos. Tom Wolfe poursuit sa Comédie Humaine en dépeignant précisément et ironiquement les travers de la société américaine. le racisme dans toutes ses formes (le blanc comme le noir), la presse, la politique, le mythe de l'éternelle jeunesse, la dictature du corps parfait, l'argent, le divorce, la rumeur, la vanité, la lâcheté, la peur du qu'en dira-ton. Il enchaîne à très vive allure des situations ubuesques, explosives et délicieusement drôles, pour forme un savoureux cocktail.
Alors, qui est vraiment « Un homme, un vrai » ?
« Il jeta sa main droite vers le sol et saisit le serpent à sonnettes par le cou, à la base du crâne. D'un seul geste il se redressa, arrachant le crotale du sol, et il le tint par la tête, à bout de bras devant lui. »
Ca, c'est Charlie Crocker, l'ancien sportif vedette de Georgia Tech, qui est devenu ce promoteur mégalomane dont la tour plane au-dessus de la cité pendant que la faillite plane au-dessus de sa tête, ça pourrait être lui, le gars qui en a ?
« Lentement, il retira son enveloppe de sa poche de chemise et glissa son gros index sous le rabat pour l'ouvrir. Il y avait le chèque rose, comme d'habitude. Et, derrière, il y avait une feuille de papier blanc. Il lut les premiers mots : « En raison d'une réduction nécessaire des capacités de production de cette entreprise, vos services… » Puis il leva les yeux. Kenny et l'Ampoule le fixaient. Il ne parvenait pas à parler. Il ne pouvait que hocher la tête de haut en bas pour leur signifier « oui, c'est vrai. »
Ca, c'est Conrad, le modeste magasinier de Crocker Global Foods, qui a tout perdu, sa femme, ses enfants et sa liberté ? Pourquoi pas lui ? L'un ou l'autre ? Aucun des deux ? Un troisième homme pourquoi pas, le maire ou bien un dénommé Epictète ou encore un autre, un copain avec un drôle de nom, Agrippinus ?
Vous n'en saurez plus qu'après avoir dévoré, comme moi, ce formidable roman qui se lit comme un thriller. D'ici là, ne soyez pas impatients, restez philosophes et, pour faire votre choix, lisez. Vous vous régalerez !
*les deux autres sont Los Angeles et Saint Louis
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Un livre, un vrai.
C'est un pavé (+1000 pages en poche) qu'on est content de tenir dans les mains, d'esquinter, d'entraîner partout avec soi, car c'est un univers à lui tout seul. Quel talent, bon sang. Des morceaux d'anthologie comme la réunion où le Croker se fait lessiver par ses créanciers autour d'une table de réunion, la saillie dans le ranch devant un public effaré, l'enlèvement de la voiture d'un chômeur par la fourrière... La venue d'Epictète et des stoïciens dans le livre loin d'entrainer le lecteur dans un délire de plus, le ramène à une certaine sagesse.
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A Atlanta, Fareek Fanon, le meilleur joueur noir de l'équipe de foot de l'Université de Georgia Tech est accusé d'avoir violé la fille d'un des plus importants membres de l'élite affairiste blanche.
Ex-star de football, richissime promoteur immobilier à qui tout a réussi, Charlie Crocker, 60 ans, est un des maîtres d'Atlanta. Il est malheureusement au bord de la faillite pour s'être lancé dans des projets pharaoniques qui se sont révèlés calamiteux.
Conrad Hensley, jeune père de famille prolétaire et idéaliste, perd son emploi de magasinier dans un entrepôt frigorifique appartenant à Crocker, suite à une compression de personnel. Très vite la machine s'emballe et Conrad se retrouve au fond du trou, une monstrueuse prison californienne où il découvre par hasard Epictète et la philosophie stoïcienne…
Tels sont les trois points de départ d'une fresque sociale aussi féroce qu'inoubliable. Wolfe nous fait découvrir avec un même mordant l'avidité, l'hypocrisie et le snobisme de la haute société d'une part, la bassesse, la décrépitude morale et la lâcheté des bas-fonds d'autre part. (La description de la vie dans la prison, parfaitement documentée, est à dresser les cheveux sur la tête…)
Ce roman digne des plus grands (Balzac, Dostoïevski) est bâti comme une merveilleuse mécanique de précision. Tout s'enchaîne implacablement et de manière souvent surprenante. Les destins s'entrecroisent, les ambitions s'affrontent, les complots se trament, les pires instincts se déchaînent jusqu'au dénouement inattendu, mais logique. Les personnages sont humains, attachants, croqués sur le vif. Un coup de coeur pour Conrad, l'ouvrier idéaliste dont on suit le terrible chemin de croix et un oeil finalement attendri pour Charlie, sympathique crapule que les épreuves amènent à une sorte de rédemption.
Ce livre à l'humour féroce aborde sans tabou aucun tous les problèmes de la société américaine actuelle : prégnance insupportable de l'argent et du matérialisme, totalitarisme de l'anti-racisme et du politiquement correct. Basé sur un véritable travail d'enquête et d'investigation, ce livre magistral est l'oeuvre d'une plume lucide, libre et…géniale. Alors, Wolfe, plus grand écrivain américain vivant ? Sans aucun doute !
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Tom Wolfe dans ce livre n'aborde pas un unique sujet mais constitue une fresque de l'Amérique à la fin du vingtième siècle. Tour à tour vont apparaître un entrepreneur blanc dans le Sud profond, parfait exemple du self made man resté vulgaire, une vedette noire du football américain accusé du viol d'une jeune blanche, gloire rapide et éphémère, et un manutentionnaire viré d'une des sociétés de l'homme d'affaire, qui va connaître la prison et la rédemption.
A cela s'ajoute le complexe système judiciaire américain et la pression des média.
Tout se combine pour former une relecture des travers de l'Amérique. Société qui met ses valeurs en avant, mais qui n'a pas totalement tourné la page de la ségrégation raciale, qui loue les succès économiques, mais ne veut pas en connaître tous les fondements, qui place l'argent devant la morale, mais est aussi habitée par de braves gars qui vont de l'avant.
Car finalement le personnage qui me reste en mémoire (j'ai lu ce livre peu de temps après sa parution en France, autant dire dans un autre siècle), c'est avant tout le plus banal, ce manutentionnaire qui est livré aux événements, qui subit sans comprendre, et qui peut à peu se reconstruit autour de la philosophie stoïcienne. Une vraie leçon de vie...
J'ai été tellement marqué par ce livre qu'il m'a amené à lire le manuel d'Epictète auquel il est si souvent fait référence. Comme quoi un vrai bon livre amène des interrogations et de nouvelles lectures.
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La comédie humaine transposée à Atlanta à la fin du 20ème siècle. Charlie Crocker, force de la nature, bourru, ancienne vedette de l'équipe de football d'Atlanta, magnat de l'immobilier voit, à la soixantaine, son empire s'effondrer dans la crise financière et les créanciers venir lui prendre ses biens les plus précieux, sa plantation, son avion de luxe avant le reste. le roman est construit autour de lui selon deux axes : ses proches qui vont le trahir ou qu'il va trahir ; des personnes qui sont inconnues de lui mais que les circonstances vont faire le rencontrer (le jeune Conrad).
Sur ce plan TW nous entraîne dans une histoire ténue, à suspense, en brassant des thèmes majeurs (les barrières sociales et raciales, la quête éperdue de l'argent, le culte des apparences).
Il nous plonge avec une acuité sidérante dans des milieux très spéciaux (prison de Santa Rita, travail dans les entrepôts frigorifiques, monde du recouvrement bancaire) qu'il décrit avec une grande précision en se fondant sur une documentation impeccable.
Certaines scènes sont d'anthologie : Charlie fatigué et boitant qui, arrivant dans sa plantation sidère ses invités en capturant un redoutable crotale à mains nues ; le tremblement de terre à Santa Rita et l'évasion de Conrad.
Comme son modèle Balzac, TW a l'art de la description, de personnages, bien sûr, leur morphologie, leur psychologie, de lieux, de paysages, d'atmosphères.
C'est passionnant. le genre de livre qu'on ne voudrait jamais terminer. Chef d'oeuvre !
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Tom Wolfe raconte avec beaucoup d'humour, très grinçant, la vie de personnages très intéressants. le sujet central est la ville d'Atlanta aux Etats-Unis. Voici un livre très agréable à lire et amusant, trop rare, plein d'idées.
Ce livre est moins célèbre que "Le bûcher des vanités" mais Tom est véritablement un très grand écrivain, et le sujet de ce livre est précurseur aussi de ce qu'Atlanta est une ville particulière.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Pour moi Wolfe n'a pas la place qu'il mérite dans la littérature… Dans la mouvance du néo journalisme il se place pourtant largement au coude à coude avec Capote (et encore plus s'il avait fait une oeuvre) ou Joan Didion.
Je le lis depuis des années et chaque fois ces livres m'apportent quelque chose et ne s'oublient pas (j'ai lu le bucher des vanités quand j'avais 12 ans, des pans entiers sont pourtant restés encore dans ma mémoire), parce que ces romans éclairent sur le monde tel qu'il est mieux et comme des récits légendaires ils montrent les ressorts et les tensions qui le traversent.
Ici le roman parle d'Atlanta, la vieille ville sudiste et montre surtout les fractures irréparables entre riches et pauvres, noirs et blancs, hommes et femmes, ancien et modernes, les mâles et les valeurs traditionnelles et les hommes jeunes (qui est au fond le thème de toute l'oeuvre de WOLFE mais ça c'est le fantôme dans la machine) … Et montre surtout sans le dire et sans discours théorique que ces communautés ne se parlent plus et vivent cote à cote sans jamais se croiser, que la ville n'est qu'un leurre réduit à des fractions de communauté autonomes, autistes et haineuses.
On a beaucoup reparlé de ce livre lors de l'élection de Trump et effectivement même s'il date de 1998, il est plus que jamais d'actualité. En 1998 on n'avait pas de portable mais les ressorts étaient déjà là.
Bref c'est un très très grand livre et pour moi le chapitre 11 (chaque chapitre est en fait une nouvelle en soi) mérite sa place directement dans le panthéon de la littérature contemporaine.

Ps Wolfe n'a écrit que très peu de romans donc je les économise à plaisir… le seul qui m'ait déçu je ne renie pas était « charlotte Simmons ». Mais je sais qu'il ne me reste plus maintenant que « Bloody Miami » à découvrir….
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Un vrai bonheur de renouer avec une épopée sociologique et politique de Tom Wolfe. Il n'a pas son pareil pour décrire les rapports humains et leurs dévoiements par l'argent ou l'origine sociale. de plus, on (re)découvre Atlanta et ses ressorts raciaux, toujours présents plus d'un siècle après la guerre de Sécession. Tom Wolfe est un auteur américain indispensable pour saisir l'air du temps.
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Superbe portrait d'un riche industriel confronté aux vissitudes de l'existence et ui va devoir revoir sa vison du monde au fur et à meure de sa chute: Une fable sociale superbe à lire et relire !
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Un monument, un vrai. À mes yeux, Tom Wolfe signe là le roman le plus abouti de son incroyable carrière, le plaçant aux côtés des grands écrivains réalistes de l'histoire tels que Dickens, Balzac ou Zola, mais toujours avec ce style si caractéristique et plus particulièrement le recours à une ironie féroce.
De même qu'il est parvenu à exécuter un croquis complet de la société new-yorkaise dans le bûcher des vanités, il nous peint cette fois-ci le portrait magistral d'une Amérique dévorée par la cupidité, les tensions raciales et la soif de pouvoir. de tout ce brouhaha aux accents du Sud, émerge une petite musique familière nous rappelant cette profonde angoisse qui hante l'esprit de nos contemporains - quelle que soit leur condition sociale - à savoir la peur de n'être "qu'un homme ordinaire" pour reprendre les termes de Dostoievski. Car personne n'aime à se considérer comme un simple fil de la tunique comme l'écrit Wolfe, mais plutôt comme "la teinture de pourpre, cette touche de brillance qui donne sa distinction à l'ensemble".
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