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Brigitte Duzan (Traducteur)
EAN : 9782360572885
112 pages
Asiatheque (12/05/2021)
3.86/5   14 notes
Résumé :
« Fenêtre sur cour » dans la Chine contemporaine

La première partie de ce court roman se passe dans un vieux quartier de Shanghai où la maison du jeune Zhang Yingxiong est, comme les autres, promise à démolition ; mais son père refuse toutes les propositions de dédommagement alors que les voisins déménagent un à un, il se met à boire et meurt d’une crise cardiaque. Après son décès, sa veuve signe l’offre de compensation et la maison est rasée. Zhang Y... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
On a du mal à définir quelle est la taille "correcte" pour un roman. On a déterminé qu'à peu près à plus de 500 pages on était dans le pavé. On sait qu'à moins de 50 pages on est clairement dans la nouvelle. le roman se situe donc là, dans l'intervalle. On se dit que 150-200 pages c'est correct, c'est un court roman mais ça va. Et quand on se situe entre 50 et 100 pages, on est où ? La longue nouvelle, le court roman, on ne sait pas trop, on tâtonne. Les anglais ont tranchés, ils appellent ça novella, et les Chinois, surtout vers les années 80, se sont emparés du format, eux qui sont très adeptes des nouvelles. le format s'exprime plutôt en nombre de mots (entre 15000 et 40 000) et correspond à des histoires autour de la centaine de pages, un peu plus ou un peu moins.

C'est ce format qu'emprunte Ren Xiaowen et par lequel elle est pour la première fois éditée en français, elle qui a auparavant publié plusieurs romans en Chine et été récompensé en 2017 du prestigieux prix Mao-Dun. Elle s'intéresse ici, comme dans tous ses romans, aux petites gens de Shangai, à l'envers du décor de la ville moderne et touristique qu'elle est devenue. Ici, elle met particulièrement en lumière les combines autour des expropriations pour démolition des vieilles maisons afin de reconstruire du neuf. Les plus pauvres peuvent soit s'en sortir et récupérer assez d'argent pour bien se reloger dans un appartement neuf, soit se faire flouer et continuer à vivre difficilement, obligés de solliciter leur famille ou de recourir aux colocations.

L'auteure rend parfaitement la rancoeur et l'aigreur que peuvent provoquer ces situations. Elle le fait sans s'attarder longuement à la psychologie des personnages mais plutôt en les confrontant à d'autres. Son personnage principal, au prénom signifiant "héros" et pourtant apathique est très emprunté, évoluera ainsi dans l'opposition d'abord à sa famille (père, mère, oncle) puis en la quittant, en rencontrant ses collègues, ses colocataires, animé tout au long du récit d'un esprit de vengeance qu'il ne sait pas comment incarner réellement. le début de la novella donne un aperçu de la fin et plonge dans un certain suspense tout au long.

Le format moyen de la novella permet d'évoquer une anecdote comme la nouvelle tout en étoffant un peu plus les personnages. Cela amène à une certaine frustration, une envie de lire la même histoire au format roman. C'est sans doute le lot de ces formats intermédiaires, être au milieu du gué, prendre les avantages de chaque forme mais susciter également la question "Pourquoi n'avoir pas développé une idée si intéressante ?".
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A Shanghai, la maison de Zhang Yingxiong doit être rasée au grand désespoir de son père qui refuse toutes les propositions d'indemnisation. Quand les voisins, peu à peu, quittent le quartier, les Zhang résistent mais le père y laisse sa santé et sa vie. Pourvus d'une somme dérisoire, insuffisante pour se reloger, mère et fils se font héberger par un membre de la famille mais Yingxiong ne digère pas cette injustice. Son désir de vengeance se focalise sur Lu Zhiqiang, chargé par la municipalité de convaincre les récalcitrants. Il trouve un emploi dans un restaurant dont l'une des fenêtres donne sur le balcon de son ennemi. Il se met à épier le fonctionnaire et sa fille Shanshan qu'il suit dans les rues du quartier. Trouvera-t-il le courage de se venger ?

Loin des jolies façades coloniales du Bund ou des buildings ultra-modernes de Pudong, Ren Xiaowen nous entraîne dans les quartiers pauvres de Shanghai, dans ces hutongs traditionnels amenés à disparaître au nom du progrès. En peu de pages, l'autrice dessine des personnages forts et une trame où se mêlent chronique sociale, suspense et dénonciation de la misère et des expropriations.
Sur le balcon raconte, avec brio, émotion et justesse, les laissés-pour-compte, la corruption, l'injustice, la part d'ombre de la Perle de l'Orient.
Encore inconnue en France, Ren Xiaowen est célèbre dans son pays pour ses novellas, textes courts entre le roman et la nouvelle, qui ont renouvelé la littérature chinoise, depuis les années 80. Gageons qu'elle saura aussi se faire un nom ici, grâce à la nouvelle collection de L'Asiathèque ‘'Novella de Chine'', dirigée par Brigitte Duzan.
A découvrir !
Merci à Pascaline et aux éditions de L'Asiathèque.
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Bienvenue à Shanghai. Pas celui de Pudong, du quartier français ou du Bund, mais celui des petites gens, qui galèrent pour joindre les deux bouts.
Les Zhang sont sur le point d'être expropriés. Leur immeuble vétuste doit laisser place à un parc. Dans la résidence, c'est magouilles et débrouilles pour tirer le maximum d'argent de cette expropriation.
Petit roman, grande nouvelle, toujours est il qu'en une centaine de pages, l'auteur nous plonge dans le quotidien des débrouillards. Bien écrit, bien traduit, la lecture est simple, nerveuse et ne comportent pas le sentiment d'une traduction compliquée altérant le rythme et la qualité de l'écriture.

Fonctionnaires véreux, paysans venus réussir à la ville, fatalité, emplois précaires, la réalité peinte est plutôt sordide mais pas non plus déprimante ni rédhibitoire.
On retrouve ces jeunes chinois qui dès que la température dépasse 20 degrés se roulent le Tshirt au dessous des pectoraux et surtout le contraste entre la ville occidentalisée et ses habitants restés au bord du chemin de la croissance.
Enfin, on ne sent pas les chinois trop malheureux de quitter leur "habitations historiques" (appelées Lilong à Shanghaï) qui font le bonheur des touristes contre une indemnisation, même si notre famille en pâtit.
Dans le cas où l'opération est honnête, les indemnisations permettent d'acheter un , voire deux appartements dans les nouvelles habitations. Cela a permis à des milliers de Shanghaïens de sortir de la misère.
Un livre extrêmement intéressant donnant un éclairage sur l'envers du décor et qui plonge bien le lecteur dans la réalité chinoise .
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« Il n'y a rien à faire, des petites gens comme nous, on ne peut pas lutter. » (p. 31) Ainsi parle Zhang Suqing, le père de Zhang Yingxiong, dont la maison familiale, située dans un vieux quartier de Shanghai, va être démolie pour laisser place à un parc. Ren Xiaowen s'attache avec Sur le balcon à dépeindre les conditions de vie des habitants des quartiers pauvres : « La maison de Zhang Suqing était une vieille demeure qui lui venait de ses grands-parents. Dans les égouts vivaient de gros rats, trapus et indolents, auxquels les hommes ne faisaient pas peur. Quand l'un d'eux sortait de son trou, il avançait en longeant le mur, en s'arrêtant tous les trois pas, telle une grosse boule de poils emportée par le vent. Les fourmis étaient légion; le sol de ciment collait d'humidité et le dos des meubles était couvert d'une moisissure bleuâtre. Zhang Yingxiong était souvent réveillé en sursaut quand il pleuvait à verse: la pluie s'infiltrait du plafond, lui tombait goutte à goutte sur le visage et allait même tambouriner sur les bols du dîner laissés sur la table depuis la veille au soir. » (p. 19) Lorsque le père de Zhang Yingxiong décède soudainement, ce dernier focalise toute sa colère sur Lu Zhiqiang, du Comité de démolition et relogement, dont il découvre le lieu de résidence et qu'il se met à observer, tout à son désir de vengeance. Versant de plus en plus dans une petite délinquance, jusqu'où ce qu'il ressent le portera-t-il, c'est là toute la question… Si j'ai apprécié la force de l'écriture de Ren Xiaowen et les touches d'ironie - il faut voir comment elle joue de la signification des noms et use de slogans pour faire ressortir la corruption et le mépris des autorités -, je questionne le fait de présenter ce roman comme un « « Fenêtre sur cour » dans la Chine contemporaine », m'ayant fait m'attendre à quelque chose qui ne s'est pas avéré. Zhang Yingxiong n'a rien du héros en quête de justice. C'est néanmoins un personnage complexe qui m'habite encore plusieurs jours après avoir terminé le roman. Une oeuvre qui, je l'espère, sera vite traduite en français.
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Court roman représentatif d'un genre propre à la littérature chinoise "Sur le balcon" de Ren Xiaowen est une histoire contemporaine. Celle d'un jeune homme désabusé, Zhang Yingxiong, qui ne trouve de sens à sa vie que dans la haine et la vengeance.
Un long flash-back constitue la première partie du livre pour expliquer le drame qui va orienter sa vie.
A Shanghai, il n'y a pas que des quartiers modernes, il reste encore quelques maisons anciennes et délabrées où vivent des familles pauvres. C'est là que le père alcoolique et violent de Zhang Yingxiong va mourir, refusant tout compromis face aux faibles dédommagements proposés pour libérer les lieux.
On est dans les bas-fonds de Shanghai et le livre se poursuit avec l'obligation vitale pour Zhang Yingxiong de trouver un travail alors qu'il est obsédé par la vengeance et cherche à retrouver l'employé en charge du programme d'expropriation. Il va trouver un emploi de serveur mal payé qui lui permettra d'observer "Sur le balcon" la triste vie du fonctionnaire.
On se demande si le jeune homme va passer à l'acte et aller jusqu'à commettre un crime tant le désespoir est présent au quotidien.
Je découvre Ren Xiaowen, une autrice dont j'aime l'écriture qui aborde un sujet réaliste bien triste sans tabou.


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Challenge Riquiqui 2022
Challenge Multi-défis 2022
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
- J'ai une famille, donc il me faut une maison, c'est évident. Et je vous préviens que si je la perds, je vais déposer plainte.
- Il y a un milliard trois cent millions d'habitants dans ce pays. Si chacun dépose plainte pour une broutille, comment voulez-vous qu'on arrive à le gérer ? On a des réglementations légales, il faut se conformer aux lois, c'est la base de l'administration d'un pays.
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Après avoir foncé à toute allure dans les rues, il venait d'enlever son casque et hurlait comme un malade. A la lumière des lampadaires, ses cheveux avaient l'air d'un nid de serpents rouges qui se tordaient dans le vent.
"Quand je sors à moto, en fin de journée, c'est comme si je volais" dit-il en caressant la moto avec amour...
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Quand on disait à Zhang Suqing que son fils, Zhang Yingxiong, était en grandissant devenu un garçon vraiment bien, il rétorquait : "Vraiment bien ? Des clous ! c'est une taie d'oreiller brodée sur un sac de paille".
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Il y avait dans l’air une odeur de pourriture. Un rat mort écrasé par une voiture était collé au milieu de la rue, réduit à une tache de poils grisâtres. La pluie emportait des détritus de tous côtés et les amoncelait sur les grilles d'égouts : sacs de plastique, papier d'emballage, feuilles de sterculier, boites de plats préparés jetables dont la surface mouillée réfléchissait la lumière du petit matin.
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