[Elle verra ..] Des moyens de communications massif au service d'intérêts plus ou moins camouflés déverseront sur le monde avec des visions et des bruits fantômes, un opium du peuple plus insidieux qu'aucune religion n'a jamais été accusée d'en répandre. Une fausse abondance, dissimulant la croissante érosion des ressources, dispensera des nourritures de plus en plus frelatées et des divertissements de plus en plus grégaires, panem et circenses de sociétés qui se croient libres. La vitesse annulant les distances annulera aussi les différences entre les lieux, traînant partout les pèlerins du plaisir vers les mêmes sons et lumières factices, les mêmes monuments aussi menacés de nos jours que les éléphants et les baleines , un Parthénon qui s'effrite et qu'on se propose de mettre sous verre, une cathédrale de Strasbourg corrodée, une Giralda qui n'est plus si bleu, une Venise pourrie par les résidus chimiques Des centaines d'espèces animales qui avaient réussi à survivre depuis la jeunesse du monde seront en quelques années anéanties pour des motifs de lucre et de brutalité; l'homme arrachera ses propres poumons, les grandes forêts vertes. L'eau, l'air et la protectrice couche d'ozone, prodiges quasi uniques qui ont permis la vie sur la terre, seront souillés et gaspillés. A certaines époques, assure-t-on, Siva danse sur le monde, abolissant les formes. Ce qui danse aujourd'hui sur le monde est la sottise, la violence et l'avidité de l'homme.
(livre paru en 1977 !)
...penser comme tout le monde n'est jamais une recommandation; ce n'est pas toujours une excuse. A chaque époque , il est des gens qui ne pensent pas comme tout le monde, c'est à dire qui ne pensent pas comme ceux qui ne pensent pas.
Les yeux de l'enfant et ceux du vieillard regardent avec la tranquille candeur de qui n'est pas encore entré dans le bal masqué ou en est déjà sorti. Et tout l'intervalle semble un tumulte vain, une agitation à vide, un chaos inutile par lequel on se demande pourquoi on a dû passer.
Il m’a fallu longtemps pour comprendre que cette forme d’émotivité est souvent le fait de nature pauvres qui ne donnent rien en retour et s’étonnent qu’on donne.
Ce qui danse aujourd’hui sur le monde est la sottise, la violence, et l’avidité de l’homme.
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* :
_La poudre de sourire : le témoignage de Marie Métrailler,_ recueilli par Marie-Magdeleine Brumagne, précédé de _lettres de Marguerite Yourcenar de l'Académie française à Marie-Magdeleine Brumagne,_ Lausanne, L'Âge d'Homme, 2014, pp. 179-180, « Poche suisse ».
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