AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782707158161
148 pages
La Découverte (04/06/2009)
4.05/5   30 notes
Résumé :
Nauru est une île du Pacifique et la plus petite République du monde. Elle fut dans les années 1970-1980, l'un des pays les plus riches du monde grâce à l'extraction intensive du phosphate. Nauru n'est plus qu'un désastre écologique, où règnent le blanchiment d'argent sale et l'instabilité politique. Le taux de diabète est parmi le plus élevé au monde, l'espérance de vie est en chute libre. Nauru est une parabole édifiante qui montre comment le rêve de prospérité pe... >Voir plus
Que lire après Nauru, l'île dévastée : Comment la civilisation capitaliste a détruit le pays le plus riche du mondeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
4,05

sur 30 notes
5
1 avis
4
7 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Luc Folliet, en se rendant sur l'île de Nauru, non moins sans difficultés et jours de trajet, réalise une enquête, brève mais précise, qui nous décrit tant ce qu'est devenue l'île lorsqu'il s'y rend que L Histoire qui l'a menée à cet état de fait.

Car, en effet, il y a encore un peu moins d'un siècle, Nauru était le pays le plus riche du monde. Riche en phosphate d'une grande pureté, d'abord, objet de toutes les convoitises pour les pays occidentaux en premier lieu, pour les pays asiatiques ensuite, car très utilisé dans l'exploitation agricole intensive des sols ; riche, par la suite, de fait, d'une certaine fortune qui va entraîner, vitesse grand V, les nauruans dans les affres du capitalisme, chacun dépensant sans compter, puisque l'argent coule à flots, tant les habitants que les gouvernants qui, à partir de l'indépendance en 1968, vont s'en mettre particulièrement plein les poches, et laisser faire de nombreuses transactions mafieuses par l'intermédiaire de sociétés et banques écrans.

Depuis, l'île est exsangue, a perdu toutes ses traditions, ses habitants vivotent au gré des arrivées anarchiques d'essence pour faire le tour de l'île à partir de l'unique route la traversant, ou d'argent dans l'unique banque ayant survécu. Elle se vend au plus offrant pour obtenir quelques liquidités afin de subsister un peu plus longtemps : en résultent, par exemple, l'ouverture d'un camp australien de réfugiés, ou encore une surexploitation du phosphate, de moins en moins disponible. Mais, paradoxalement, la ruine de Nauru, aussi soudaine que la prospérité qui l'a précédée, mène progressivement les nauruans à renouer avec leurs traditions - pêche, récoltes... - pour survivre.

Une enquête éclairante sur les méfaits du capitalisme, qui date malheureusement déjà de 2009 : en a-t-on véritablement tiré la moindre leçon depuis ? du tout !
Commenter  J’apprécie          241
Le journaliste Luc Folliet nous entraîne dans un exotique voyage à l'autre bout du globe, au milieu de l'océan Pacifique. Située sur l'équateur, entre Kiribati et la Micronésie, l'île de Nauru est la plus petite république du monde : 21 km², 9.000 habitants tout au plus et une capitale, Yaren, peuplée de 700 âmes seulement. Ce minuscule atoll aux marges des cartes aurait pu connaître le sort anonyme d'un pays sans histoire. Pourtant son destin édifiant peut se lire comme une parabole des temps modernes.

Nauru a bénéficié d'une bénédiction qui s'est révélée au fil du temps une malédiction : l'île produit l'un des phosphates les plus purs au monde qui fut longtemps exploité et exporté, garantissant aux Nauruans, indépendants depuis 1968, un revenu par habitant parmi les plus élevés de la planète. Mais cette manne a été mal gérée. Les dividendes du phosphate ont été investis à tort et à travers par des magiciens de la finance peu scrupuleux, souvent de connivence avec une classe politique incompétente voire malhonnête : une compagnie aérienne surdimensionnée au service d'un projet politique mégalomane entendant faire de Nauru le « hub du Pacifique », des investissements ostentatoires dans des complexes immobiliers en Australie ou aux Etats-Unis …. Pendant ce temps, les Nauruans ont vu leurs conditions de vie évoluer pour le meilleur mais aussi pour le pire : ils sont devenus si riches qu'ils n'ont plus eu besoin de travailler ; l'Etat pourvoyait à tout ; tout était importé depuis l'alimentation de base (Nauru n'a aucune agriculture) jusqu'aux 4x4 flambant neufs.

le réveil est brutal lorsque les réserves de phosphate s'épuisent dans les années 90. La gestion hasardeuse de sa richesse n'a pas laissé un sou vaillant et Nauru doit s'endetter pour maintenir un niveau de vie qu'elle ne parvient pas à réduire. Abrutis par un hyperconsumérisme aliénateur, les habitants de Nauru ont oublié leurs traditions et perdu le goût de travailler. Ils souffrent d'un diabète généralisé (Nauru connaît le taux d'obésité le plus élevé au monde) qui met en péril jusqu'à la survie démographique de cette société. Enfoncé dans une détresse économique profonde, le micro-Etat tente de monnayer les rares atouts que lui confère sa souveraineté internationale au point de se transformer quasiment en « Etat voyou ». Nauru devient un paradis fiscal placé sur la liste noire du GAFI ; il vend à l'encan sa citoyenneté (deux terroristes liés à al Qaida sont arrêtés en 2002 avec des passeports nauruans). Il obtient un prêt du Japon en échange de sa voix à la Commission baleinière internationale (CBI), noue au grand dam de Pékin des relations diplomatiques avec Taipeh au moment de son entrée à l'Onu en 1999 et accepte à la demande de Canberra d'accueillir des boat people qui tentaient de se réfugier en Australie.

Contrairement à ce que laisse entendre le sous-titre inutilement racoleur qu'a probablement imposé l'éditeur « Comment la civilisation capitaliste a anéanti le pays le plus riche du monde », le capitalisme n'est pas le seul responsable de la triste destinée de Nauru. L'histoire de ce petit atoll est avant tout celle d'une minuscule communauté incapable de prendre son destin en main, quelque part entre Robinson Crusoe et Sa majesté des Mouches. Comme l'a magistralement exposé Jared Diamond dans Effondrement (Gallimard, 2006), la question pour les Nauruans et à travers eux pour l'ensemble de l'humanité est de savoir « comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ».
Commenter  J’apprécie          80
Ce court essai du journaliste Luc Folliet est extrêmement intéressant, nous permettant d'en apprendre plus sur le destin de Nauru (à prononcer Naourou), plus petite république au monde (21 kilomètres carrés).

Luc Folliet nous brosse le portrait de cette petite île, son histoire, son exploitation du phosphare qui en a fait un des pays les plus riches au monde dans les années 70, puis son déclin dans les années 90.

J'ai été surprise d'apprendre les habitudes de vie assez abbhérentes des habitants à l'époque de l'âge d'or où on n'hésitait pas à racheter une voiture plutôt que de réparer l'ancienne, où des femmes de ménage australiennes étaient embauchées pour tenir les maisons et où l'argent coulait à flot et avec une grande facilité.

L'exploitation du phosphate a été leur tremplin, celui qui leur a permis de connaître une vie aisée et oisive, mais au dépend de l'environnement, de leur culture et leurs coutumes, mais aussi de leur santé. En effet, cette grande richesse a également amené le diabète, puisque la plupart des Nauruans ne mangent que des plats préparés et ne font pas d'exercice.

Cette denrée prisée qu'est le phosphate a également attiré les convoitises de l'étranger et il ne cesse depuis d'avoir des luttes d'influence. J'ai d'ailleurs été surprise d'apprendre la lutte entre la Chine et Taiwan pour avoir l'allégeance de la petite île.

L'auteur met également en lumière toutes les horreurs engendrées, entre la corruption, le blanchiment d'argent, la vente de faux passeports, les luttes de pouvoir, les arnaques, ll'investissement dans des projets fous voire idiots, la création de la Pacific Solution qui consiste en l'établissement de camps de migrants dont l'Australie ne voulaient pas sur son sol.

Cet essai est donc un condensé de ce qui peut arriver quand un peuple se retrouve immensémment riche du jour au lendemain, sans savoir gérer cette nouvelle aisance.
Commenter  J’apprécie          130
Ce n'est tout d'abord pas le titre de ce livre qui m'a attiré vers lui : je n'apprécie pas les entrées en scène racoleuses. Mais je trouve que Nauru représente bien un avant-goût de ce qui pourrait nous arriver à tous si nous n'y prêtons pas plus attention : diabète, désastre économique, dévastation de l'environnent. Au premier abord, l'histoire de Nauru et de sa politique, après la pseudo indépendance, que je ne connaissais pas m'a paru rocambolesque, comme iréelle, si elle n'avait pas était si tragique. Monter si haut (trop), tomber si bas (bien trop), je pense que ce livre ne fait certes pas dans la nuance. J'ai trouvé dommage le point de vue centré sur l'économie et la politique sans jamais vraiment toucher à la profondeur des habitants de l'île. Mais cela aura eu l'avantage de me donner envie d'en savoir plus encore. L'ouvrage est simple et rapide à lire, instructif pour une introduction à l'histoire de Nauru.
Commenter  J’apprécie          151
Honnêtement, si je ne m'étais pas engagée dans le challenge Globe trotter des lecteurs de Babelio, jamais je n'aurai déniché cet essai  passionnant qui montre comment l'île de Nauru a dégringolé en quelques années du pays au plus fort PIB par habitant à un pays assisté ! 

La richesse de Nauru : le phosphate : des millénaires de fientes d'oiseaux transformées en phosphate quasi pur dont les voisins australiens et néo-zélandais avaient un impérieux besoin pour développer leur agriculture ! 

C'est ainsi que tout a commencé pour Nauru, petite île du Pacifique, intégrée dans l'Empire britannique comme tant d'autres, mais qui grâce à cette découverte s'est faite exploiter par ses grands voisins au cours du XXème siècle avant d'en reprendre - malheureusement - l'exploitation à son compte.

A son indépendance en 1968, les contrats furent renégociés au profit de la toute jeune république et son PIB par habitant dépassa les 20000 $/ habitant : supérieur à celui des pays du Golfe.

Conséquence : plus personne n'avait besoin de travailler, l'argent coulait à flots, les achats de biens de consommation ont explosé, il n'était plus nécessaire pour les habitants de vivre de la pêche, ni de marcher, ni de cuisiner ... tout était à portée de dollars, alors pourquoi faire des efforts ou réparer ... 

Les voitures, 4x4 rutilants de grandes marques sont arrivés par avion puis, quand ils sont tombés en panne, ils ont été remplacés aussitôt, les anciens jonchant les bas-côtés de l'unique route faisant le tour de l'île.

Les politiciens se sont remplis les poches, dépensant sans compter et succombant aux sirènes de consultants, de promoteurs véreux, achetant à prix d'or des quartiers entiers de Melbourne, des hôtels de luxe dans les îles avoisinantes, mais sans forcément savoir les gérer, et ont souscrit de nombreux emprunts  ... et quand les gisements se sont taris, l'argent a manqué, les infrastructures se sont détériorées et les dettes ont grevé les maigres profits qui entraient encore ...

Alors il a fallu trouver de nouveaux revenus comme ceux du blanchiment pour la mafia russe quand l'île multiplia les officines sur une seule adresse ! Et l'île devint un paradis fiscal ! 

A défaut d'avoir su gérer la manne du phosphate, d'avoir sécurisé ses investissements, Nauru est aujourd'hui un pays assisté qui, moyennant un vote favorable à l'ONU pactise avec Taïwan ou la Chine selon le volume des investissements de l'une ou de l'autre ... 

Une histoire édifiante et triste ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
Commenter  J’apprécie          72

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Les gens ne sont pas méfiés il y a une trentaine d'années. Pourtant ce n'est pas faute de les avoir avertis. On a bien essayé de les mettre en garde. Mais quand la vie est facile, vous ne faites pas attention.
Commenter  J’apprécie          30
C'est tout le paradoxe de l'île. Le paradoxe de notre pauvreté actuelle. On est en meilleure santé à cet instant que lorsque nous avions des liasses de billets plein les poches.
Commenter  J’apprécie          30
Nauru existe bien. J'avais découvert son existence à l'âge de dix ans, un gamin cherchant dans un atlas les îles paradisiaques du Pacifique. J'étais tombé par hasard sur une capitale de 700 habitants, Yaren, perdue sur un îlot du Pacifique à quarante kilomètres au sud de la ligne de l'équateur.
Commenter  J’apprécie          10
L'indépendance sonne surtout comme une phosphate dependance. Avec les revenus de cette industrie directement dans leurs poches, les Nauruans viennent de toucher le jackpot.
Commenter  J’apprécie          10
Nauru-Dubaï : la même mégalomanie pour les mêmes symptômes.
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : nauruVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (52) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..