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EAN : 9782253162971
336 pages
Le Livre de Poche (03/10/2012)
3.33/5   6 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Jean-Claude Lattès - 04/2011)
ISBN : 9782709635509


À l'heure où Muhammad Yunus est au coeur d'une violente tourmente dans son pays, son nouveau livre révèle les résultats prometteurs du social-business.


Depuis quelques années, la Grameen Bank créée par le Pr Yunus développe, en association avec d'autres entre-prises, le modèle économique du social-business.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Louable de conviction, peinant à convaincre, posant plus de questions qu'il ne peut en résoudre...

Publié en 2010, et venant de paraître en français, le troisième livre de Muhammad Yunus interpelle à plus d'un titre, en espoir comme en doute.

On n'y trouvera pas de concepts nouveaux, l'auteur se contentant d'un rappel à propos du micro-crédit (objet de son premier livre, "Banker to the Poor", 2003), d'une mise à jour bienvenue sur les évolutions récentes du projet-phare, Grameen Danone, dont la genèse était racontée dans le deuxième ouvrage, et d'une généralisation / amplification du plaidoyer et du prosélytisme en faveur du "social-business", dont la définition et l'explication, souvent passionnantes, étaient l'objet principal de ce même deuxième ouvrage ("A World Without Poverty", 2008 - "Vers un nouveau capitalisme" en français).

En guise de rappel, et en simplifiant à outrance, le "social-business" désigne des activités à vocation exclusivement sociale, ne cherchant jamais à dégager du profit pour leurs actionnaires "bienveillants", mais devant s'autofinancer en utilisant toute la panoplie des méthodes modernes de management et d'innovation.

Rappelons également tout le bien authentique que nous pensons de cet activisme social qui pense ET agit, et qui, tout en dressant un terrible constat d'échec du capitalisme libéral contemporain, déploie un formidable optimisme humaniste, qui déplace certainement des collines, à défaut peut-être des montagnes espérées...

L'intérêt principal, en dehors de la description de quelques "cas d'entreprise" récents (essentiellement les réalisations du bienveillant (traduction directe mais pas totalement adéquate ici de l'anglais "benevolent") conglomérat Grameen, seul ou en partenariat avec de grands groupes capitalistes "classiques" tels Danone, Veolia, BASF, Intel ou Adidas) réside sans doute dans les manques et les creux de l'ouvrage, ce qui nous permet de proposer, constructivement, quelques questions :

a) D'un point de vue strictement "business", il est surprenant (vraiment) de découvrir une fraîcheur qui confine trop souvent à la naïveté en matière de mise en marché des produits / services Grameen montés en partenariat. Telles que racontées - certes à destination d'un très large public, donc sans excès de technicité -, et même en approuvant le principe chaleureusement défendu par M. Yunus d' "apprendre en marchant", pour éviter l' "analysis paralysis", les erreurs commises, et reconnues dans le livre avec beaucoup d'honnêteté, ressemblent énormément à des "erreurs de débutant", qu'un minimum de recherche marketing terrain préalable devrait avoir évitées... Curieux, donc.

b) le livre tente de creuser, au-delà des sains principes développés dans "Vers un nouveau capitalisme", les modalités pratiques de fonctionnement d'un "social-business", et bute rapidement sur quelques questions très pratiques, difficiles et donc largement éludées :

- on ne vise pas de profit actionnarial dans la durée, mais le capital initial doit être "remboursable" : or, tant que ce "point mort capitalistique" n'est pas atteint, il importe donc de dégager un surplus de profit au-delà des nécessités d'autofinancement de la croissance... le livre reste muet sur ce point.

- au tardif détour d'une phrase, la nécessité de constituer des réserves financières en cas de crise ou de coup dur est mentionnée... Or l'observateur sait bien que c'est là l'excuse la plus couramment utilisée "en interne" par les entreprises pour maximiser le profit à court terme. Même lorsque ce profit est distribué aux actionnaires, ceux-ci indiquent bien entendu pouvoir recapitaliser l'entreprise en cas de "besoin" : l'expérience montre (et les études existent) que cette recapitalisation significative dans la tourmente intervient dans moins de 3 cas sur 5, l'actionnariat "moderne" préférant de loin les réductions de coûts ultra-agressives, voire les dépôts de bilan... le livre est également muet sur ce point.

- le livre insiste plusieurs fois sur l'aspect "magique" du social-business pour l'état d'esprit de ses salariés : puisqu'ils travaillent pour satisfaire un besoin social, et non à la génération de profit actionnarial, ils sont heureux et dégagés de la pression et de la sensation d'étouffement de l'entreprise capitaliste classique. Au-delà de l'aspect psychologique auto-justificatif, a priori indéniable, la réalité de cette "disparition" de la "sur-pression à l'efficacité" supposerait que les deux points ci-dessus soient résolus, ce qui ne semble pas être le cas...

- seulement évoquée et rapidement évacuée, la question de la concurrence entre entreprises à but lucratif et "socio-business" se pose dès que l'on quitte le terrain des activités réputées non solvables (et même pour celles-ci une fois qu'un socio-business a ou aura démontré qu'elles sont en réalité solvables)...

Il me semble que ces questions devraient titiller l'imagination et l'ingéniosité de tous ceux soucieux de développer des activités socio-économiques dans le sens indiqué par Muhammad Yunus...

c) de manière beaucoup plus macro-économique et politique, un double tabou, extrêmement puissant, transparaît à la lecture, et beaucoup plus marqué que dans les deux premiers ouvrages :

- pour Yunus, l'État ne peut pas être acteur de cette évolution. Un salarié de l'État est par définition un non-acteur, écrasé par la bureaucratie, la politique et/ou la corruption. Pourtant, si l'on veut bien mettre de côté un instant les bureaucraties idéologiques de type stalinien et les gouvernements nourriciers - que connaissent hélas trop de pays il est vrai -, des centaines d'initiatives, dans le monde et au fil des années, montrent que l'État peut être le plus responsable des "actionnaires à long terme", tout en permettant à ses salariés de déployer peu à peu un état d'esprit de type "entrepreneurial". le livre rejette cette possibilité d'emblée, par principe.

- la redistribution n'est pas souhaitable : la croissance éternelle permise par la libération bienveillante de l'initiative fait que les riches deviennent librement plus riches, et les pauvres forcément moins pauvres. Postulat redoutable, soutenu - et avec bien des difficultés - par à peine deux siècles d'histoire occidentale...

En perspective, il faut garder à l'esprit que ce livre, malgré l'optimisme serein qu'il dégage, est aussi écrit dans une période de tempête pour l'auteur : profitant des déboires d'une frange du micro-crédit en Inde, du montage en épingle de quelques personnalités malhonnêtes ayant pu opérer dans le secteur, et de l'appétit de pouvoir et de mainmise à peine dissimulé de l'État bangladais, les critiques ont fusé ces derniers mois en direction du prix Nobel de la Paix 2008... La vigoureuse et intelligente préface de Maria Nowak intervient d'ailleurs à point pour défendre les acquis, balayer les critiques et appeler à résister à la tentation (visiblement trop présente chez certains) de "jeter le bébé avec l'eau du bain".

Au nombre des détracteurs, on trouve d'ailleurs fort logiquement des tireurs venant de la droite, pour qui toute personne refusant de croire intégralement à la "Fable des Abeilles" (Mandeville, 1714), qui fonde largement sur une fiction capitalisme et libéralisme, est proche du dangereux criminel, et des tireurs venus de la gauche, pour qui seule une condamnation sans appel du capitalisme - son contenu d'efficacité gestionnaire y compris - serait recevable...

En refermant l'ouvrage, on ne pourra que s'interroger, peut-être pour la première fois de manière aussi forte, sur la position réelle de Muhammad Yunus : bien que venant d'une idéologie d'économiste classique, il est visiblement trop intelligent pour ne pas déceler les évidentes contradictions et les nombreux "points aveugles" de ses propositions. Il fait le pari d'avancer néanmoins. Est-ce par conviction sur la vertu du chemin, et sur la faculté à traiter les problèmes au fur et à mesure ? Ou par nécessité de ne pas froisser les grands philanthropes américains et les groupes industriels classiques qui sont devenus ses partenaires privilégiés, en même temps que les bailleurs de fonds de toutes les nouvelles initiatives entreprises, et pour qui tout relent de critique radicale de la mécanique capitaliste, sans parler d'analyses marxisantes, vaudrait probablement condamnation instantanée au bannissement ?

Développements à suivre avec intérêt, bien entendu !
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Pour un monde meilleur construire le social-business....

Docteur en économie et fondateur de la Grameen Bank, Muhammad Yunus est un personnage hors du commun qui a obtenu le prix nobel de la paix en 2006. Il combat la pauvreté au Bangladesh et dans le monde grâce au micro-crédit. A partir d'exemples concrets, il expose dans ce livre les principes du social-business. Des expériences de ce type sont menées partout dans le monde y compris en France. Dans un contexte de crise financière, cet ouvrage est à lire comme une alternative humaine à une économie de marché.
Un véritable message d'espoir et une voie innovante pour aider les plus démunis de la planète.

A. MAZZOLA
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Chaque être humain est né avec tout ce qu’il faut pour prendre soin de lui même, mais aussi pour contribuer au bien-être du monde. Certains ont la possibilité de découvrir leur potentiel. D’autres n’auront jamais la chance de développer leurs capacités. Ils meurent sans les avoir exploités et le monde est privé de leur concours
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J’explique souvent qu’il est au moins aussi satisfaisant d’avoir un impact sur la vie des gens que de gagner de l’argent. Essayez. Vous pourriez être fasciné par votre capacité à changer le monde. Vous voudrez en faire toujours plus. Vous vous réveillerez la nuit et réfléchirez à tout ce que vous voudrez essayer de faire dès le matin. Le créateur d’un social-business est tout aussi obsédé par le succès que l’entrepreneur cherchant à maximiser le profit. Seul diffère la définition du succès
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Mais comme le savent les sages, une grave crise offre de grandes opportunités. Le monde ne s’intéresse malheureusement pas à cet aspect de la crise (…) La crise actuelle nous a rappelé que tous les habitants de la planète sont interdépendants. Le destin de Lehman Brothers et celui des femmes pauvres travaillant dans une fabrique de vêtements au Bangladesh sont liés
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Si vous me demandiez qui a les meilleures chances de s’approcher de la réalité de 2030, je choisirai sans la moindre hésitation les écrivains de science-fiction. Mon choix s’explique très simplement. Les experts ont l’habitude de faire des prévisions à partir du passé et du présent, mais le monde réel est façonné par les rêves des gens
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Nous sommes par bonheur entrés dans un âge où les rêves ont les meilleures chances de se réaliser – une époque où le monde est mûr pour les changements extraordinaires que le social-business peut produire (…) Choisissons de croire en nos rêves et efforçons-nous de rendre possible ce qui paraît impossible (…) La vie m’a enseigné que tout individu dispose d’un énorme potentiel de création et d’entrepreneuriat
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Vidéo de Muhammad Yunus
Les matins - Muhammad Yunus .Economiste et entrepreneur bangalais, fondateur de la première institution de micro crédit, la Grameen Bank, prix Nobel de la paix en 2006
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